Aller au contenu

Catriona/Introduction

La bibliothèque libre.
Catriona (Les Aventures de David Balfour, II)
Traduction par Jean de Naÿ.
Hachette (p. Introduction-xi).


INTRODUCTION


Deux frères, Alexandre et Ebenezer Balfour[1], de la maison de Sharos, près de Cramorad, dans la forêt d’Eltrick, s’étaient épris de la même jeune fille. Elle donna la préférence à Alexandre, et il fut convenu entre les deux frères qu’en compensation, Ebenezer, quoique cadet, hériterait du domaine de Sharos.

Alexandre et sa femme s’installèrent à Essendean, où ils vécurent très simplement, ayant pris la charge de l’école du village. Ils n’eurent qu’un fils, David Balfour, qui est le héros de cette histoire. David fut élevé dans l’ignorance de ses droits sur le domaine, il perdit ses parents avant l’âge de dix-huit ans, et se trouva ainsi abandonné sans autre fortune qu’une lettre cachetée, adressée par son père à son oncle Ebenezer. Cette lettre lui fut remise par le pasteur d’Essendean, M. Campbell. David alla se présenter à son oncle et lui remit la lettre ; il le trouva seul, vivant comme un vieux ladre à Sharos. Ebenezer reçut très mal son neveu, essaya même de se débarrasser de lui en l’exposant à un péril mortel, et enfin, l’embarqua sur le brick le Covenant, capitaine Hoseason, à destination des Carolines, où David devait être vendu pour travailler dans les plantations. À peine parti, et encore dans le Minch, le Covenant ayant abordé un bateau non ponté, le coula ; un passager seul fut sauvé : Alan Breck Stewart, l’un des proscrits de 1745, qui s’employait à faire parvenir les redevances du clan au chef Ardshiel, réfugié en France. Hoseason et son équipage, apprenant qu’Alan était porteur d’une forte somme, complotèrent de le dépouiller et de le tuer. David surprit le complot, en avertit Alan et lui promit de l’aider à se défendre.

Abrités dans le carré du bord, et grâce au courage d’Alan et à son habileté à l’escrime, tous les deux purent se défaire de leurs assaillants, ils en tuèrent plusieurs et se rendirent maîtres des autres. Le capitaine se voyant alors à la merci d’Alan, consentit à le débarquer sur un point de la côte d’où il pourrait rejoindre facilement son pays natal, la province d’Appin. Mais le Covenant s’échoua sur la côte de Müll. L’équipage se sauva comme il put. David demeuré seul, aborda sur l’île d’Errald, et, de là, gagna Müll. Alan l’avait précédé par le même chemin et lui avait laissé un mot pour lui dire de le rejoindre chez son parent James Stewart des Glens. En se rendant à cet appel, David se trouva sur le territoire d’Appin le même jour que l’agent du roi d’Angleterre, Colin Roy Campbell de Glenure, venu avec un détachement de troupes pour chasser les fermiers des domaines confisqués d’Ardshiel.

Cet agent fut tué sur la route, en présence de David, d’un coup de feu parti des taillis voisins. Soupçonné de complicité au moment où il essayait d’atteindre le meurtrier inconnu, David prit la fuite et fut aussitôt rejoint par Alan Breck, qui était aux aguets non loin de là.

Tous les deux se cachèrent dans les bruyères, car le pays était en rumeur à cause du crime. On accusait du crime James Stewart, Alan Breck, déjà proscrit, et un jeune homme inconnu qui n’était autre que David Balfour ; leurs têtes furent mises à prix, et le pays fut envahi par les troupes.

David et Alan s’arrêtèrent chez James Stewart à Ancharn, puis se cachèrent dans la loge de Cluny Macpherson et reçurent l’hospitalité dans la maison de Duncan Dhu Maclaren, à Baldwidder, où Alan soutint un pari de cornemuses contre Robin Oig, le fils de Rob Roy. Après mille périls et mille souffrances, ils poursuivirent leur route jusqu’à la frontière des Highlands et au Forth, n’osant pas cependant traverser la rivière de peur d’être arrêtés. Enfin, la fille de l’hôtelier de Limekilns, Alison Nastie, voulut bien les transporter sur l’autre rive, dans le pays de Lothian, à la faveur de la nuit. Une fois là, Alan continua à se cacher de son mieux, tandis que David se faisait connaître à M. Hope of Rankeillor, homme d’affaires chargé du domaine de Sharos ; celui-ci prit en main la cause du jeune homme et combina avec l’aide d’Alan une scène où Ebenezer Balfour fut contraint de reconnaître les droits de son neveu à l’héritage de Sharos, et, en même temps, de signer l’engagement de lui faire une pension sur ses revenus.

David Balfour ayant ainsi reconquis sa fortune, se propose de se rendre à Leyde pour y compléter son instruction. Mais il veut d’abord satisfaire aux droits de l’amitié en aidant Alan à quitter l’Écosse, et aux droits de l’humanité en témoignant de l’innocence de James Stewart déjà en prison sous la prévention d’avoir commis le crime d’Appin.



  1. Voir les Aventures de David Balfour (Kidnapped). Un vol. in-8, illustré (Hachette et Cie).