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Cent Ballades (Christine de Pisan)/Ballade XXIV

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Cent Ballades, Texte établi par Maurice RoyFirmin Didot (p. 25).


XXIV



Ma doulce amour, ma plaisance cherie,
Mon doulz ami, quanque je puis amer,
Vostre doulceur m’a de tous maulz garie,
4Et vrayement je vous puis bien clamer
     Fontaine dont tout bien vient,
Et qui en paix et joye me soustient,
Et dont plaisirs me vienent a largece ;
8Car vous tout seul me tenez en leece.

Et la doulour qui en mon cuer norrie
S’est longuement, qui tant m’a fait d’amer,[1]
Le bien de vous a de tous poins tarie ;
12Or ne me puis complaindre ne blasmer
     De Fortune qui devient
Bonne pour moy, se en ce point se tient.
Mis m’en avez en la voye et adrece ;
16Car vous tout seul me tenez en leece.

Si lo Amours qui, par sa seigneurie,
A tel plaisir m’a voulu reclamer ;
Car dire puis de vray sanz flaterie,
20Qu’il n’a meilleur de la ne de ça mer[2]
     De vous, m’amour, ainsi le tient[3]
Mon cuer pour vray, qui tout a vous se tient,[4]
N’a aultre rien sa pensée ne drece ;[5]
24Car vous tout seul me tenez en leece.

  1. B1 Est
  2. B de ça ne de la m. ; B1 Q. n’i a m.
  3. Sic dans tous les mss. ; corr. ainsi en si ?
  4. B q. a v. t. se t.
  5. B Si ne desir nulle plus grant richesce