Chanson (Corneille, III)
LX
Chanson.
Cette chanson a paru pour la première fois à la page 92 de la cinquième partie des Poésies choisies de Sercy. Les pièces LX-LXIV ne se trouvent pas dans les Œuvres diverses publiées par Granet ; elles sont au nombre de celles qu’il a considérées comme étant « d’une galanterie trop libre. » Voyez la Notice, p. 19.
Vos beaux yeux sur ma franchise
N’adressent pas bien leurs coups :
Tête chauve et barbe grise
Ne sont pas viande pour vous.
Quand j’aurois l’heur de vous plaire,
Ce seroit perdre du temps :
Iris, que pourriez-vous faire
D’un galant de cinquante ans ?
Ce qui vous rend adorable
N’est propre qu’à m’alarmer. :
Je vous trouve trop aimable,
Et crains de vous trop aimer :
Mon cœur à prendre est facile,
Mes vœux sont des plus constants ;
Mais c’est un meuble inutile
Qu’un galant de cinquante ans.
Si l’armure n’est complète,
Si tout ne va comme il faut,
Il vaut mieux faire retraite
Que d’entreprendre un assaut :
L’amour ne rend point la place
À de mauvais combattants,
Et rit de la vaine audace
Des galants de cinquante ans.