Chanson (Corneille, III)

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Chanson (Corneille, III)
Poésies diverses, Texte établi par Charles Marty-LaveauxHachettetome X (p. 168-169).
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LX

Chanson.

Cette chanson a paru pour la première fois à la page 92 de la cinquième partie des Poésies choisies de Sercy. Les pièces LX-LXIV ne se trouvent pas dans les Œuvres diverses publiées par Granet ; elles sont au nombre de celles qu’il a considérées comme étant « d’une galanterie trop libre. » Voyez la Notice, p. 19.


Vos beaux yeux sur ma franchise
N’adressent pas bien leurs coups :
Tête chauve et barbe grise
Ne sont pas viande pour vous.
Quand j’aurois l’heur de vous plaire, 5
Ce seroit perdre du temps :
Iris, que pourriez-vous faire
D’un galant de cinquante ans ?

Ce qui vous rend adorable
N’est propre qu’à m’alarmer. : 10
Je vous trouve trop aimable,
Et crains de vous trop aimer :
Mon cœur à prendre est facile,
Mes vœux sont des plus constants ;
Mais c’est un meuble inutile 15
Qu’un galant de cinquante ans.

Si l’armure n’est complète,
Si tout ne va comme il faut,
Il vaut mieux faire retraite
Que d’entreprendre un assaut : 20

L’amour ne rend point la place
À de mauvais combattants,
Et rit de la vaine audace
Des galants de cinquante ans.