Sonnet (Corneille, VI)

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Sonnet (Corneille, VI)
Poésies diverses, Texte établi par Charles Marty-LaveauxHachettetome X (p. 167).
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LIX

Sonnet.

Ce sonnet, inséré par Granet dans les Œuvres diverses (p. 207), a été publié pour la première fois à la page 90 de la cinquième partie des Poésies choisies de Sercy. La page 91 est occupée par le Sonnet perdu au jeu, que sa date, exactement déterminée, nous a permis de placer plus haut, p. 140.


Usez moins avec moi du droit de tout charmer :
Vous me perdrez bientôt, si vous n’y prenez garde.
J’aime bien à vous voir, quoi qu’enfin j’y hasarde ;
Mais je n’aime pas bien qu’on me force d’aimer.

Cependant mon repos a de quoi s’alarmer : 5
Je sens je ne sais quoi dès que je vous regarde ;
Je souffre avec chagrin tout ce qui m’en retarde ;
Et c’est déjà sans doute un peu plus qu’estimer[1].

Ne vous y trompez pas : l’honneur de ma défaite
N’assure point d’esclave à la main qui l’a faite ; 10
Je sais l’art d’échapper aux charmes les plus forts ;

Et quand ils m’ont réduit à ne me plus défendre[2],
Savez-vous, belle Iris, ce que je fais alors ?
Je m’enfuis, de peur de me rendre.


  1. Ce vers semble faire allusion à la pièce LVI.
  2. « À ne plus me défendre, » dans le texte de Granet, et, par suite, dans toutes les éditions postérieures.