Chansons en sabots/Par le petit doigt
PAR LE PETIT DOIGT
Quand tu revenais de classe
Tout le long du grand chemin,
Dès que je te voyais lasse
Vers toi je tendais la main
Et je te ramenais chez toi
Bien gentiment
Par le petit doigt,
Lonla, lonlaire,
Par le petit doigt, ┐bis,
Lonla ! ┘
Lorsque venait le dimanche
Tu mettais ton gilet bleu,
Je mettais ma coiffe blanche
Et nous allions prier Dieu
Au vieux bourg de Saint-Jean-du-Doigt,
Modestement
Par le petit doigt,
Lonla, lonlaire,
Par le petit doigt, ┐bis,
Lonla ! ┘
Puis, aux bons soirs d’assemblée,
Après la moisson d’Août,
Nous dansions la Dérobée
Au son d’un gai biniou.
Et tu ne dansais qu’avec moi
Bien gentiment
Par le petit doigt,
Lonla, lonlaire,
Par le petit doigt, ┐bis,
Lonla ! ┘
Mais, un vilain soir d’automne,
Mon Pierric part à Toulon
Disant : « Adieu, mon Yvonne,
Quatre ans… ça sera bien long ! »
Moi, j’avais l’âme en désarroi
Bien tristement
Par le petit doigt,
Lonla, lonlaire,
Par le petit doigt, ┐bis,
Lonla ! ┘
Quatre ans passent, quoi qu’on dise,
Tant et si bien qu’un beau jour
Nous sortîmes de l’Église
Tous les deux unis d’amour,
Le cœur empli d’un doux émoi,
En nous tenant
Bien fièrement
Par le petit doigt,
Lonla, lonlaire,
Par le petit doigt, ┐bis,
Lonla ! ┘
Et nous voici père et mère
D’un mignon petit enfant
Qui se traîne encore à terre
Quoiqu’il ait bientôt un an :
Il ne marche sans trop d’effroi
Qu’en nous tenant
Bien fortement
Par le petit doigt,
Lonla, lonlaire.
Par le petit doigt, ┐bis,
Lonla ! ┘
Il serait doux, il me semble,
Quand nous serons vieux, très vieux.
De fermer, tous deux ensemble,
Pour toujours nos pauvres yeux
Dans notre vieux lit-clos étroit,
En nous tenant
Bien doucement
Par le petit doigt,
Lonla, lonlaire.
Par le petit doigt, ┐bis,
Lonla ! ┘
Et nous dirons à Saint Pierre :
« Ouvre-nous vite les cieux !
Mais il faut prendre la paire
Ou nous refuser, tous deux,
Car nous voulons entrer chez Toi
En nous tenant
Bien gentiment
Par le petit doigt,
Monsieur Saint-Pierre,
Par le petit doigt, ┐bis,
Lonla ! » ┘