Chansons en sabots/Voilà Pierre-qui-roule !
VOILA PIERRE-QUI-ROULE !
Ne voulant ni Maître ni Loi,
Je m’en vas tout droit devant moi,
Car j’ai d’inusables souliers
Faits avec le cuir de mes pieds…
Gai, lon la ! Gai, lon la !
Voilà Pierre-qui-Roule !
Gai, lon la ! Gai, lon la !
Qui roule et roulera !
« Mousse jamais n’amasserai »…
Mais la mousse me gênerait,
Car j’ai l’univers pour maison
Quand je cours après l’horizon…
Quand j’ai faim, je trempe un croûton
Dans la sauce d’une chanson,
Puis me grise, comme un oiseau,
Au cabaret du clair ruisseau !
Quand je m’éveille, le matin,
Je suis tout parfumé de thym ;
Lorsque je me couche, le soir,
Aux étoiles je dis : « Bonsoir !… »
Et je ris, en plaignant le sort
Des pauvres Riches, cousus d’or,
Qui mourront sans avoir jamais
Dormi la nuit dans les forêts…
… Mourront sans connaître le bruit
De l’oiselet rêvant, la nuit ;
Qui mourront sans jamais avoir
Vu l’aube éclairer le ciel noir…
Ils mourront sans avoir souffert
Du chaud, l’été, du froid, l’hiver…
Mais mourront sans avoir goûté
L’ivresse de la Liberté !…