Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Aliette Le Paléfré
Aliette Le Paléfré,
La plus jolie fille qui soit dans la contrée !
Si j’étais avec elle couché,
Je serais avec ma plus aimée.
— Mon cuisinier, mon valet de maison,
Va pour moi jusqu’à elle,
Et dis-lui, si elle ne le sait,
Qu’elle est fille aimée sur la terre.
— Et bonjour à vous, Aliette.
— Et à vous cuisinier, puisque vous voilà venu.
— Je viens vous apporter une lettre,
De la part de Bernez, votre serviteur.
— Merci pour votre lettre,
Prenez nourriture, et allez à la maison ;
Prenez nourriture, et retournez
Dire à votre maître que je suis mariée...
— Et bonjour à vous, mon seigneur maître,
En voici d’une autre nouvelle ;
En voici d’une nouvelle tout autre,
Aliette est mariée !
— Mon cuisinier, mon valet de maison,
Va pour moi à l’écurie,
Et selle-moi ma haquenée,
Que j’aille savoir la vérité.
— Et bonjour à vous, Aliette.
— Et à vous, Bernez, puisque vous voilà venu.
— Nouvelle étrange j’ai entendu,
Croire qu’elle soit vraie, je m’en suis gardé.
— La nouvelle pourrait être vraie ;
Tout le monde n’a pas ce qu’il désire.
Et moi, j’ai un frère clerc ;
S’il apprenait cela, je serais tuée.
— Laissez votre frère clerc, le gentilhomme,
Et quand il porterait épée d’acier ;
Et quand il porterait épée d’acier,
Pour un écu qu’il a, moi, j’en ai mille.
Moi, j’ai une maison en Tréguier,
Dix-huit moulins sur une rivière ;
Dix-huit moulins sur un étang,
Dont toutes les meules tournent à l’aide de courroies
en fil d’argent.
Les fenêtres (sont) en or jaune,
Les portes, en argent blanc ;
Cinq mille écus par an de rente,
Ce n’est pas tout le monde qui en possède autant.
Tout vous appartiendra, Aliette,
Si vous consentez à me prendre.
— Messire, votre père fera esclandre,
Quand il verra son fils payer la taille,
S’agenouiller à l’église, tout au bas,
Alors que vous êtes issu de race haute.
Monsieur, mettez pied à terre, entrez en la maison,
Mettez votre cheval à l’écurie ;
Mettez votre cheval à l’écurie,
Donnez-lui foin et avoine à manger.
Placez votre main dans la mienne,
Que nous allions tous deux nous fiancer ;
Que nous allions tous deux nous fiancer,
Et, ensuite, célébrer notre noce.