Chansons populaires de la Basse-Bretagne/L’homme neuf fois veuf
Neuf fois veuf j’ai été,
Et neuf veuves j’ai eu (pour femmes).
En se courbant pour souffler le feu
Est morte d’abord une ;
Et, auprès du feu, de froid,
Est morte une autre : voilà deux ;
Et en se courbant pour traire la chèvre,
Est morte une autre : voilà trois ;
En gardant les vaches, autour du blé,
Est morte la quatrième ;
Et en mettant la bouillie en trempe,
Mourut une autre : voilà cinq ;
Et en mettant les pois en trempe,
Mourut une autre : voilà six ;
Et quand prit le feu en Bretagne,
Mourut une autre ; voilà sept ;
Et quand s’éteignit le feu en Bretagne,
Mourut une autre : voilà huit.
Maintenant, j’avais une vieille petite femme,
Laquelle n’avait qu’une petite molaire ;
Une petite molaire, qui était longue,
Lui attrapait jusqu’à la nuque ;
En triant des pois d’entre des fèves,
Mourut celle-là : voilà neuf !
Le lendemain, au matin,
On met la vieille dans sa tombe (son cercueil)
Et vendredi, si elle est refroidie,
Ira ma pauvre femme en terre ;
Et samedi, après midi,
Iront les sonneurs sur sa tombe ;
Iront les sonneurs sur sa tombe,
Et, s’ils dansent, je le ferai aussi.
Dimanche, après vêpres,
Iront mes chiens en deuil ;
Iront mes chiens en deuil,
Des rubans noirs à leurs queues.