Chansons populaires de la Basse-Bretagne/La petite Madelon
Une plume, de l’encre, un bout de papier,
Je composerais une chanson, qui serait agréable,
Au sujet d’une jeune fille qui a eu peine de cœur.
Sa mère, la considérant,
Un jour, lui demande :
— Terriblement je vous trouve changée, ma fille Madelon !
Votre visage est jaune, comme un morceau de sable.
Ma fille, si vous avez quelque maladie,
Faites-m’en l’aveu,
J’irai incontinent en ville trouver un bon médecin,
Ma fille Madelon, pour qu’il vienne vous guérir.
— Ma mère, avant de me guérir,
Il faudrait me trouver un gars déluré,
Qui s’en est allé en Italie, voici quelque temps,
Et, s’il ne revient à la maison, mon cœur se brisera.
— Vous me rendez toute surprise,
(De voir) combien tôt vous avez fauté.
Vous n’avez que seize ans, vous entrez dans votre
dix-septième (année),
Je croyais nourrir une fille sage et parfaite.
— Ça, ma mère, si vous avez bonne souvenance,
Vous aviez fauté, au même âge.
Vous n’aviez que seize ans, vous entriez dans votre dix-septième (année),
Quand vous contraignîtes mon père, ma mère, de vous épouser !
Et allons écrire des lettres,
Que nous enverrons au premier dragon (il ne perdra point sa peine),
(Pour lui dire) de venir épouser Madelon et son petit dragon.
septembre 1888.