Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Le clerc de Morlaix
Un petit clerc de la ville de Morlaix
Est venu en ce pays se choisir une maîtresse ;
Mais il en a choisi une un peu loin de sa maison ;
Il faudra qu’il ait un bon cheval pour l’aller saluer.
Le petit clerc disait, en arrivant près de la porte :
— Lève-toi de là, mineure, pour ouvrir ta porte ;
Lève-toi de là, mineure, pour ouvrir ta porte,
Ton plus aimé est ici demandant qu’on lui ouvre.
— Qu’y a-t-il là, dit-elle, à cette heure de la nuit,
Où tout honnête homme devrait être allé reposer ?
Qu’y a-t-il là, dit-elle, si tôt avant le jour ?
Si c’était un honnête homme, il serait au lit.
— Venez avec moi, mineurette, venez avec moi dans mon pays,
Je vous choisirai un habit de la plus belle étoffe qui soit ;
Je vous choisirai un habit de satin gris, (si beau)
Que les gens de mon pays diront que j’aurai eu la fille d’un marquis.
Je vous achèterai un habit de satin blanc, (si beau)
Que les gens de mon pays diront que j’aurai eu une demoiselle.
— Sauf votre grâce, dit-elle, je ne suis pas une pauvresse,
Je n’irai pas avec vous à votre pays, à la façon d’une gourgandine.
Moi, il faudra qu’il y ait des témoins, un prêtre, à mon mariage,
À cette condition, jeune clerc, je vous suivrai dans votre pays ;
Il faudra qu’il y ait des témoins, un prêtre à mon mariage,
À cette condition, jeune clerc, je vous suivrai dans votre maison ;
Alors oui, jeune clerc, je vous suivrai dans votre maison,
Et, tant que je serai en vie, je vous serai attachée.