Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Le deuil d’un époux
Dimanche matin, quand je me levai,
Ramtura rudenno !
Conduire mes moutons j’allai ;
O ramtura rudenno, o ramtura tra la la,
O ramtura durenno !
Quand je fus arrivée près de l’échalier,
Moi de rencontrer trois cavaliers.
Trois cavaliers bien dégagés,
Un à cheval, et deux à pied ;
L’un de venir et de me dire :
— Jeune fillette, donnez-moi un baiser !
— Prenez-en un et allez en votre chemin,
Je vaux autant, à présent, qu’avant.
Tenez-en un et allez maintenant !
J’entends mon enfant qui pleure ;
J’entends mon enfant qui pleure,
Mon mari (est) sur son lit malade.
Mon mari (est) sur son lit malade ;
Il m’étourdit (à force de crier) ;
Si tu es étourdie (de ses cris),
Prends un couteau et tue-le !
— Cavalier, je vous obéirai,
Puis je viendrai vous épouser.
Et jeudi, s’il est refroidi,
S’en ira mon mari en terre ;
Et vendredi, après mon dîner,
Je piétinerai la terre sur son dos ;
Et samedi, après midi,
Il y aura des sonneurs sur sa tombe !
Si l’on sonne, je danserai ;
Si on ne le fait pas, je chanterai.
Et dimanche, après les vêpres,
Toutes mes poules prendront le deuil ;
Avec des rubans rouges à leur queue,
Des rubans bleus à leurs pattes ;
Des rubans bleus à leurs pattes,
Et de jaunes à leur cou !