Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Les matelots de Lorient
A Lorient, s’est trouvé
Un bâtiment chargé de blé ;
Un bâtiment chargé de blé :
Venez toutes, filles, et vous le verrez.
— Matelot, combien le blé ?
— Sept livres, madame, j’en ai trouvé,
Sept livres, madame, j’en ai trouvé ;
Venez sur le pont, et vous verrez.
Le capitaine dit alors
A ses matelots, ce jour-là ;
— Poussez au large, matelots,
Une fille jolie j’ai attrapée !
La jeune fille dit
Au capitaine, quand elle l’entendit :
— Écoutez, je suis fille d’un baron,
Je ne couche pas avec un homme de goudron ;
Je suis fille d’un homme d’honneur,
Je ne couche pas avec des gens de mer ;
Je suis fille d’un conseiller,
Je ne couche pas avec un pirate !
Le capitaine dit alors
A la jeune fille, en l’entendant,
— Ecoutez, fillette, ne murmurez point ;
A aussi bien que vous vous avez affaire,
Car je suis fils de bon pirate,
Qui a six doigts à chaque pied ;
Et de tout temps mes parents à moi
Ont valu les vôtres.
Les matelots de Lorient
Sont gars fort savoureux,
Mais ils n’ont pas beaucoup d’honneur,
A voler une fille du seuil de sa porte.
A Port-Louis, on a déchargé
Un bâtiment chargé de blé ;
Un bâtiment chargé de blé,
De froment rouge bariolé.
Une demoiselle jolie, de la ville,
Et fille d’un grand marchand de drap ;
Et fille d’un grand marchand de drap,
Descendit sur le bord de la rivière (du quai).
« Demoiselle jolie, si vous le désirez,
A (notre) bord vous descendrez !
A (leur) bord quand elle est descendue,
Le capitaine lui a dit :
— « Demoiselle jolie, bien y songez,
Cette nuit, avec moi vous resterez.
La demoiselle jolie disait,
Sur le pont comme elle se promenait :
— « J’entends mon père qui m’appelle
(Et me crie) de venir à la maison, soigner mon enfant.
— « Vous n’avez pas couleur sur votre visage,
D’avoir couché jamais avec mari.
— « Capitaine, si vous ne le croyez pas,
Approchez-vous du bord, et vous entendrez !
Et du bord quand il s’est approché,
Au milieu de la mer elle l’a jeté.
— Fillette, fillette, fillette jolie,
Entrez dans le bâtiment.
Dans le bâtiment quand elle est entrée,
Au milieu du chenal on a mouillé.
— Je suis fille d’un orfèvre,
Je ne couche pas avec un homme de mer.
— Fussiez-vous la fille du Roi,
Cette nuit vous coucherez avec moi ;
Cette nuit vous coucherez avec moi,
La nuit suivante, avec l’autre.
Faites faire par le tambour le tour ds la ville ;
Elle a perdu son tablier.
Faites battre le tambour dans le canton,
La demoiselle est allée à dame.
Cinq cent mille écus elle a eu,
Pour salaire de sa dernière campagne,
Et un fils aux blonds cheveux frisés.
Qu’a personne à dire (à cela) ?