Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Les trois Marie
Comme les trois Marie causaient
Dans le grand jardin de la Prairie ?
Arriva monsieur Saint Jean près d’elles,
Pour leur annoncer nouvelle nouvelle.
— « Et bonjour à vous, ma tante,
N’avez-vous pas vu le Sauveur du monde ? —
— Monsieur Saint-Jean, vous étiez avec lui,
Et devez savoir où il est ;
— Depuis jeudi midi,
Je n’ai pas entendu parler de lui.
La Vierge Marie, quand elle entendit,
Trois fois à terre tomba.
— Taisez-vous, tante, ne pleurez point ;
J’irai à sa recherche, s’il le faut.
Je continuerai à marcher jour et nuit
Jusqu’à ce que j’aie retrouvé le fils de Dieu.
Comme les trois Marie s’en allaient par le chemin,
Elles rencontrèrent un jeune garçon.
— Bonjour à vous, dit le jeune garçon,
Un salut fait toujours plaisir,
Un salut fait toujours plaisir,
Aussi bien aux vieux qu’aux jeunes.
— Où allez-vous, où avez-vous été,
Où avez-vous dessein d’aller ?
Je m’en retourne de la montagne,
(Après avoir) été voir dresser un nouveau Calvaire ;
Voir dresser un calvaire de bois,
Pour crucifier Dieu le fils.
La Vierge Marie, quand elle entendit,
Trois fois à terre tomba.
Trois fois à terre elle est tombée,
Le jeune garçon l’a relevée
— Est-ce rire que vous faites, ou vous moquer,
Ou donner à Marie angoisse de cœur ?
— Je ne ris pas, je ne me moque point,
Je ne donne pas à Marie angoisse de cœur.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
— Dites-moi, vous, Pilate,
Lequel de ces trois là-bas est mon fils ?
— Celui qui va devant, avec la croix la plus grande,
Et gravit la montagne, le premier.
Il a été pris, à huit heures de nuit,
A l’aide de chandelles claires et de lanternes closes.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ecartez cette femme de ce lieu !
Elle augmente encore mes peines.
— Pourquoi dis-tu femme (en parlant) de ta mère ?
Bien fort est mon cœur, puisqu’il ne se brise ;
Bien fort est mon cœur, puisqu’il ne se brise,
En entendant mon fils dire femme à sa mère !
... Descendez mon fils de la croix,
Que je l’emmaillotte, une fois encore !
— Donnez-moi ici un mouchoir,
Que j’essuie mon sang qui s’égoutte...
... Tenez, ma mère, le mouchoir ;
Il a en lui le sang du Sauveur ;
Et ne l’emportez pas au lavoir,
Car le sang du Sauveur est en lui ;
En lui est le Baptème,
L’Extrême-Onction et le Sacrement ;
Car en lui est l’Extrême-Onction,
Prête à être administrée à qui la demande.
Comme les trois Marie s’en allaient par le chemin,
Elles rencontrèrent une jeune fille :
— Tenez, jeune fille, ce mouchoir ;
En lui est le sang de notre Sauveur,
En lui est le Baptême,
L’Extrême-onction et le Sacrement,
En lui est en vérité l’Extrême-Onction
Prête à être administrée à qui la demande ;
Et ne l’emportez pas au lavoir,
Car le sang de notre Sauveur est en lui.
La jeune fille n’a pas obéi,
(Il y en a bien d’autres qui ne le font pas),
Au lavoir elle l’a emporté ;
Elle a fait se dessécher l’étang ;
Elle a fait se dessécher l’étang,
Notre Sauveur est apparu ;
Notre Sauveur apparut,
Lui enleva le mouchoir :
— « Donnez ici, jeune fille, le mouchoir
Dans lequel se trouve le sang de notre Sauveur ;
Quand le mouchoir vous fut donné
Vous aviez fermé sous vous la porte de l’Enfer ;
Vous aviez fermé sous vous la porte de l’Enfer,
Ouvert au-dessus de vous la porte du Paradis.
Maintenant que le mouchoir vous est enlevé,
L’Enfer sous vos pieds est ouvert ;
L’Enfer sous vos pieds est ouvert,
Le Paradis au-dessus de votre tête est fermé ! »