Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Yves Camus
Yves Camus chantait gaiment,
(En allant) chercher ses chevaux, un dimanche matin
Yves Camus, de Ploumilliau,
Le plus beau jeune gars qu’il y ait au pays.
Et quand il a trouvé ses chevaux,
Sur le gazon il s’est assis ;
Sur le gazon, quand il s’est assis,
Son nez à saigner s’est mis.
— Qu’est-ce qui me survient de nouveau,
Que mon nez saigne si matin ;
Que mon nez saigne de si bonne heure ?
Il n’est pas coutumier de le faire.
Lui, d’appuyer sa tête à un chêne,
De se mettre à songer, à méditer ;
De se mettre à songer, à méditer,
En attendant les gens de la messe de passer.
— Ma sœur, fille de la messe du matin[1] ,
Qu’avez-vous entendu de nouveau ?
— Assez de nouveauté j’ai entendu,
Puisqu’elle est morte, celle que vous aimez...
Yves Camus, quand il entendit,
Trois fois à terre tomba.
Trois fois à terre il est tombé,
Sa pauvre sœur l’a relevé :
— Taisez-vous, mon frère, ne pleurez pas !
Taisez-vous, mon frère, consolez-vous !
Assez de filles sont au pays,
Vous êtes jeune et en trouverez ;
Vous êtes jeune et en trouverez,
Et les vieux s’en passeront.
— Y eût-il autant de filles au pays,
Qu’il y a de grains de sable dans la mer,
Je n’aurai aucune d’entre elles,
Puisqu’il est vrai que mon amour est morte ;
Jamais mariage ne sera sur ma tête,
Puisque est morte Marie Penduenn[2] .