Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Yvonnette Le Ged
— Qui est celle-là, là-bas, qui va par la rue,
Avec ses bas de soie, ses chaussures noires ?
La diron, la dira, tra la la ! (bis)
— Celle-là, là-bas, c’est Yvonnette Le Ged,
Qui a fortune, qui a beauté ;
Qui a fortune, qui a beauté,
Mais de la sagesse, elle n’en a point.
Monsieur le comte disait
A son petit page, ce jour-là :
— Je voudrais, pour cinq cents écus,
Aller avec elle une nuit coucher.
— Seigneur, donnez-moi vos cinq cents écus,
Et je vous ferai coucher avec elle ;
Et je vous ferai coucher avec elle,
Au lieu d’une nuit, deux, si voulez.
Le petit page boujourait,
Dans le manoir quand il arrivait :
— Bonjour et joie, en ce manoir !
Yvonnette, où est-elle ?
Et le vieux Ged dit
Au petit page, dès qu’il l’entendit :
— Elle est là-bas, au bas de la maison,
Qui empèse et qui repasse ;
Qui empèse et qui repasse,
Petit page, va la trouver.
Le petit page disait
A Yvonnette, quand il la saluait :
— Envie à monsieur le baron
Que vous veniez, cette nuit, à Goashamon.
— Je n’irai pas, cette nuit, à Goashamon,
A la maison se trouve mon frère Guyon ;
S’il savait que j’aille là,
Il me broierait les membres ;
Il me broierait les membres ;
J’irai, le plus tôt que je pourrai.
Yvonnette bonjourait,
A Goashamon quand elle arrivait :
— Donnez-moi escabeau pour m’asseoir,
Serviette pour essuyer ma sueur ;
Serviette pour essuyer ma sueur,
Si je dois être belle-fille en cette maison.
La mère du Seigneur dit
A Yvonnette, quand elle l’entendit :
— Belle-fille ici vous ne serez point,
Sinon pour attendre qu’il en vienne une meilleure ;
C’est la fille du comte de Lannion,
C’est celle-là qui sera ici dame.
Quand elle eut été trois mois dans la maison,
Voilà Yvonnette de commencer à pommer.
Monsieur de Goashamon disait
A Yvonnette, un jour fut ;
Pars, Yvonnette, quand tu voudras,
Je ne veux pas de filles en ma maison,
Je ne veux pas de filles en ma maison,
Quand il leur arrive de pommer.