Chansons populaires du Canada, 1880/p268
je ne veux pas d’un habitant
Nous n’appelons habitant, en Canada, que celui qui possède une terre à la campagne et qui la cultive lui-même. Les ouvriers et les journaliers qui demeurent à la campagne ne sont pas des habitants, pas plus que les résidants des villes. L’origine de cette distinction remonte, sans aucun doute, aux premiers temps de la colonie. La société canadienne d’alors se composait, à part les ecclésiastiques, de trois classes d’hommes : les soldats, les commerçants et les agriculteurs, Les premiers n’étaient ici, pour la plupart, que temporairement, tandis que les agriculteurs, en s’emparant du sol même du pays, s’y fixaient d’une manière irrévocable, et devaient être seuls considérés comme les véritables habitants de la colonie.
On m’a chanté cette mélodie tantôt avec le sol dièze, tantôt avec le sol naturel.
À part les couplets où il est question d’un habitant et d’un colporteur, toute cette chanson nous vient de France. On en chante encore une variante aujourd’hui en Saintonge.
Mais j’ai grand’ peur de me tromper :
Ils sont si malhonnêtes !
Ma luron, ma lurette,
Ils sont si malhonnêtes !
Ma luron, ma luré.
Il faut toujours aller au champ,
Et rouler la charrette,
Ma luron, etc.
Il faut toujours toucher les bœufs
Et manier la curette,
Ma luron, etc.
Rarement ils se font honneur
En portant la cassette,
Ma luron, etc.
Car ils passent trop de contrats,
Ils embrass’ nt les fillettes,
Ma luron, etc.
Ils ont toujours pilul’ s en main,
Des pris’ s et des lancettes,
Ma luron, etc.
Car ils aiment trop les ducats,
Ils trompent les fillettes,
Ma luron, etc.
Je marcherais à pas carrés
Dans ma joli’ chambrette,
Ma luron, ma lurette,
Dans ma joli’ chambrette,
Ma luron, maluré.