Chants et chansons politiques/La Cour du roi Pétaud
LA COUR DU ROI PÉTAUD
Jadis, la cour du roi Pétaud,
Était très-familière.
Le seigneur frôlait le rustaud
Dans cette fourmilière.
C’était un turbulent séjour,
Où l’on parlait et nuit et jour
D’amour.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah
Quel doux régime c’était là !
La, la.
Pétaud était gai, bon, ouvert,
Mais léger de cervelle ;
Il tenait du roi Dagobert
Et de Jean de Nivelle.
Le peuple payait les valets,
Tout en faisant de son palais
Les frais.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel doux régime c’était là !
La, la.
Ah ! quelle existence on menait
Dans cette pétaudière !
Chacun jasait, allait, venait,
Vivant à sa manière.
Mais on était toujours d’accord,
Quand il fallait prendre au Trésor
De l’or.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel doux régime c’était là I
La, la.
Le roi faisait, sans réfléchir,
Les plus folles dépenses ;
Les Grands prenaient pour s’enrichir
Le restant des finances ;
Et le peuple, fort indulgent,
Remplaçait, quand c’était urgent,
L’argent.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel doux régime c’était là !
La, la.
À ce prince on prêtait serment ;
Mais c’était pour la forme ;
Quand il voulait du dévoûment,
Il attendait sous l’orme.
Pour paraître de bonne foi,
On arrangeait chacun pour soi
La loi.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel doux régime c’était là !
La, la.
On ne sut bien ce qu’il était
Que lorsqu’il fut en terre ;
Et le peuple qui le fêtait,
Le maudit de colère !
Comme beaucoup de gouvernants,
Ce père avait mis ses enfants
Dedans.[1]
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel doux régime c’était là !
La, la.
- ↑ La lâche capitulation de Napoléon III à Sedan ne donne-t-elle pas pleinement raison à l’auteur ? (Note de l’Éditeur).