Chants et chansons politiques/La Cour du roi Pétaud

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G. Guérin, libraire (p. 5-7).

LA COUR DU ROI PÉTAUD



Air : Il était un roi d’Yvetot,

Jadis, la cour du roi Pétaud,
      Était très-familière.
Le seigneur frôlait le rustaud
     Dans cette fourmilière.
C’était un turbulent séjour,
Où l’on parlait et nuit et jour
          D’amour.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah
Quel doux régime c’était là !
          La, la.

Pétaud était gai, bon, ouvert,
      Mais léger de cervelle ;
Il tenait du roi Dagobert
      Et de Jean de Nivelle.

Le peuple payait les valets,
Tout en faisant de son palais
          Les frais.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel doux régime c’était là !
          La, la.

Ah ! quelle existence on menait
     Dans cette pétaudière !
Chacun jasait, allait, venait,
     Vivant à sa manière.
Mais on était toujours d’accord,
Quand il fallait prendre au Trésor
          De l’or.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel doux régime c’était là I
          La, la.

Le roi faisait, sans réfléchir,
     Les plus folles dépenses ;
Les Grands prenaient pour s’enrichir
     Le restant des finances ;
Et le peuple, fort indulgent,
Remplaçait, quand c’était urgent,
          L’argent.

Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel doux régime c’était là !
          La, la.

À ce prince on prêtait serment ;
     Mais c’était pour la forme ;
Quand il voulait du dévoûment,
     Il attendait sous l’orme.
Pour paraître de bonne foi,
On arrangeait chacun pour soi
          La loi.
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel doux régime c’était là !
          La, la.

On ne sut bien ce qu’il était
     Que lorsqu’il fut en terre ;
Et le peuple qui le fêtait,
     Le maudit de colère !
Comme beaucoup de gouvernants,
Ce père avait mis ses enfants
          Dedans.[1]
Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
Quel doux régime c’était là !
          La, la.

  1. La lâche capitulation de Napoléon III à Sedan ne donne-t-elle pas pleinement raison à l’auteur ?
    (Note de l’Éditeur).