Chants et chansons politiques/Monsieur Alfred

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G. Guérin, libraire (p. 28-30).


MONSIEUR ALFRED


Air : de Calpigi.


Monsieur Alfred n’est plus des nôtres.
Il a fait comme beaucoup d’autres,[1]
À l’empereur il a vendu
Son tout petit individu, (bis)
Ce député de camelotte.
Porte à présent frac et culotte
En l’honneur du petit chapeau…
Il a déserté son drapeau, (bis)


Monsieur Alfred est un parjure
Qui salit jusqu’à sa roture,
Car, descendant d’un perruquier
Il se conduit comme un Pasquier. (bis)
Au séné passant la rhubarbe,
De rouge il n’a plus que la barbe,
Mais à la cour il fait le beau…
Il a déserté son drapeau. (bis)

Monsieur Alfred socialiste
S’est fait fervent bonapartiste ;
Pour vouloir manger de ce pain
Fallait qu’il eût diablement faim (bis)
Paris le fit sortir de terre,
Il n’était rien, l’ingrat préfère
Être familier du château…
Il a déserté son drapeau. (bis)

Soit par calcul, soit par bêtise
Ainsi qu’on change de chemise,
Alfred a changé de serment,
il est né pour le changement, (bis)
Quand on l’accueille aux Tuileries :
Il paie en basses singeries
Sa petite part du gâteau…
Il a déserté son drapeau. (bis)

Monsieur Alfred, là, fait la roue,
Mais c’est un paon que l’on bafoue

Bien qu’il accepte le mandat
De mouche du char de l’État, (bis)
Un jour, il dira : qu’on fusille
De l’Élysée à la Bastille,
Je vaux Ponsard et Pastoureau !…[2]
Il a déserté son drapeau ! (bis)



    sanction législative aux scandaleuses violations de la loi, prouvées par l’opposition et avouées par M. Rouher, ministre d’État. La majorité a couvert de son approbation le dictateur de l’Hôtel-de-Ville ; puisqu’elle a souffert qu’il restât maître de continuer le cours de ce que M. Rouher a bien voulu appeler des irrégularités. (Mars 1869.)

  1. M. Alfred Darimon après s’être fait nommer député de Paris, par l’opposition républicaine, devint ardent bonapartiste. Il était l’ami intime d’Émile Ollivier, c’est tout dire.
  2. M. Ponsard, secrétaire général de la préfecture de la Nièvre, et M. Pastoureau, préfet du département du Var, entraînés par leur zèle, firent fusiller de sang-froid des républicains qui avaient pris les armes contre le coup d’État du 2 décembre 1851. Nous citerons entre autres : l’exécution du cabaretier Thème, au bourg de Neuvy (Nièvre), et celle de Martin-Bidauré, à la ville d’Aups (Var). Il fut fusillé deux fois. Voy. Le Coup d’État par M. Eug. Ténot). — Le Chevalier, éditeur, 61, rue Richelieu.