Chants populaires de la Basse-Bretagne/François Morvan

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FRANÇOIS MORVAN
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I

  — Je vais au pardon à Bulat,
Mon père, Je vous demande la permission.

  — Si vous demandez ma permission,
Quelle est votre société pour y aller ?

  — François Morvan, celui-là y va,
Celui-là, mon père, sera mon mari.

II

  Quand ils arrivèrent à Bulat,
Ils descendirent dans une auberge ;

  Ils descendirent dans une auberge.
Et demandèrent à loger.

  — Hôtesse, dites-moi,
Nous donnerez-vous deux lits ?

  Nous donnerez-vous deux lits ?
Car nous ne sommes pas deux époux.

  Il n’avait pas fini de parler,
Qu’un capitaine entra (dans la maison) :

  — François Morvan, dis-moi.
Veux-tu me céder ta maîtresse ?

  — J’aimerais mieux perdre la vie.
Que de céder mon amour, (celle que j’aime).

  Quand le capitaine entendit (cela).
Il sauta sur François Morvan ;

  Il sauta sur François Morvan,
Et le renversa par terre.

  François était leste et léger,
Et il se releva bien vite.

  Quand les soldats virent cela,
Ils sautèrent sur François Morvan,


  Et ils le renversèrent encore par terre,
Et le tuèrent sur la place.

  La jeune fille pleurait,
Et elle ne trouvait personne pour la consoler ;

  Et elle ne trouvait personne pour la consoler,
Si ce n’est le capitaine, celui-là le faisait ;

  Celui-là lui disait toujours :
— Taisez-vous, Jeune fille, ne pleurez pas,

  Vous me suivrez sur le pavé,
Mes soldats viendront après nous ;

  Vous me suivrez sur la rue,
Mes soldats seront des deux côtés.

  — Seigneur capitaine, si vous m’aimez,
Vous me prêterez votre couteau,

  Votre couteau, ou votre poignard,
Pour couper mon lacet (ceinture) qui est trop serré.

  Ce n’est pas son lacet qu’elle a coupé,
Mais elle l’a planté dans son cœur (le couteau) !

  Quand le capitaine se détourna,
La jeune fille était (couchée) sur la bouche ;

  La jeune fille était (couchée) sur la bouche,
Et le sang était sous elle, par mares :

  — Si je ne craignais de damner mon âme,
Tu ne serais pas allée vierge devant Dieu ![1]

  Quand on meurt l’un pour l’autre,
L’amour n’est pas mort !


Chanté par Françoise Le Gac,
de Guerlesquin — Finistère.







  1. Ces deux vers se rencontrent fréquemment, en pareille situation : Voir « Rozmelchon », et le « Marquis de Coatrédrez », pages 309 et 337 du premier volume des « Gwerziou ».