Chants populaires de la Basse-Bretagne/Le Petit Baron

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LE PETIT BARON
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I

  Le petit baron souhaitait le bonjour,
En arrivant au Pont-Neuf :

  — Bonjour et joie à tous dans cette maison,
La petite servante où est-elle ?

  — Elle est là-bas dans le jardin,
À choisir des choux et des herbes fines ;

  À choisir des choux et des herbes
Qui servent à faire la soupe.

  — Petit page, petit page, mon petit page,
Va dire à la petite servante

  De venir à la maison, et de venir vite,
Afin de parler au petit baron.

  — Petite servante, vous vous donnez de la peine ;
Est-ce choisir de la salade que vous faites ?

  — Je ne choisis pas de la salade,
Mais des choux et des herbes fines ;

  Je choisis les choux et les herbes
Qui servent à faire la soupe.

  — On vous dit, petite servante,
De venir à la maison, et de venir vite ;

  De venir à la maison, et de venir vite,
Afin de parler au petit baron.

  — Dites au petit baron, dites-lui,
Que je n’ai pas affaire à lui.

  — Dites-moi, mon petit page,
Ce que vous a répondu la petite servante ?

  — La petite servante est sage et jolie,
Mais elle est un peu arrogante ;

  Elle m’a dit de vous répondre
Qu’elle n’avait pas affaire à vous.


  — Faites-moi, hôtesse,
Coucher une nuit avec votre servante ;

  Je vous donnerai cinq cents écus en argent blanc,
Et autant en or jaune ;

  Et autant en or jaune,
Et à la petite servante, ce qu’elle demandera.

  — Petite servante, ma petite servante,
Venez à la maison, et venez vite ;

  Venez à la maison et venez vite,
Pour préparer à souper au baron ;

  Et pour lui faire son lit,
Et le défaire après :

  Je vais dans mon lit, je suis malade,
Vous préparez à souper au baron ;

  Quand vous lui porterez le dernier mets,
Vous recevrez de lui un beau présent.

  — Sauf votre grâce, dit-elle ma maîtresse,
Puisque vous avez été traîtresse à mon endroit,

  Je vais mettre mes souliers légers,
Pour servir à souper au baron.

II

  Quand elle eut servi le dernier mets,
Elle alla chercher logement (ailleurs) ;

  Elle alla chercher logement.
Et elle se rendit dans la maison de son parrain.

  — Mon parrain, ouvrez votre porte,
C’est votre filleule qui demande qu’on lui ouvre ;

  J’aime mieux perdre la vie
Que perdre mon honneur au Pont-Neuf !


Chanté par Jeanne Le Gall,
Plouaret — 1849.