Chants populaires de la Basse-Bretagne/Madame de Kercadio

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MADAME DE KERCADIO
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I

  Madame de Kercadio disait
En marchant sur le pavé de Morlaix ;

  — Hâtons-nous de faire nos marchés,
Afin que nous allions voir Anne Guillou ;

  Afin que nous allions voir ma filleule,
Qui est malade, cette année.

II

  Madame de Kercadio souhaitait le bonjour,
En arrivant chez le vieux Le Guillou :

  — Bonjour et joie à tous, dans cette maison,
À vous, vieux Le Guillou, premièrement ;

  Où sont toutes vos filles, que je ne les vois ?
Où est ma filleule, votre fille aînée ?

  — Elle est là-bas dans son lit, malade,
J’ai peur de la perdre.

  Quand Madame de Kercadio entendit (cela),
Elle monta l’escalier tournant.

  Madame de Kercadio disait,
En arrivant dans la chambre de sa filleule :

  Bonjour et joie, ma filleule.
— À vous pareillement, ma marraine.

  — Ma filleule, puisque je suis venue vous voir,
Que désirez-vous de moi ?

  Un prêtre, ou un pot de vin,
Ou mon mari, pour médecin ?

  — Je veux un prêtre pour m’extrémiser,
Les gens de ma maison me l’iront chercher.

  Madame de Kercadio disait,
En se promenent par la chambre de sa filleule :


  — J’avais pensé, ma filleule,
Que vous aviez un enfant de mon mari.

  Elle n’avait pas fini de parler,
Qu’Anne Le Guillou passa (mourut).

III

  Quand Anne Le Guillou allait en terre,
La branche sifflait au-dessus de la charrette :

  La branche disait par son sifflement :
— Anne Le Guillou est loin d’ici !

  Madame de Kercadio disait
Au vieux Le Guillou, quand elle entendit (cela) :

  — Dût-il m’en coûter cinq cents écus,
Il faudra ouvrir le cercueil !

  Quand le cercueil fut ouvert.
On y trouva Anne Le Guillou ;

  Anne le Guillou y fut trouvée,
Belle comme un cierge bénit :

  (Elle tenait) la Vierge Marie sur ses genoux.
Et près d’elle était un ange blanc !

  Madame de Kercadio disait
À sa filleule, en la voyant :

  — Je promets, avec la grâce de Dieu,
De faire dire, pendant un an une messe par jour !

  Anne Le Guillou répondit
À sa marraine, quand elle l’entendit :

  — Priez pour vous même,
Pour moi, je ne suis pas en peine !


Chanté par Marguerite Philippe.