Chants populaires de la Basse-Bretagne/Ollivier Hamon

La bibliothèque libre.

OLLIVIER HAMON
________


  Je suis natif du canton,
Mon nom est Ollivier Hamon.

  Mon père et ma mère sont d’honnêtes gens,
Et moi, je suis un méchant issu d’une bonne famille.

  Mon père et ma mère avaient du bien,
Et ils m’envoyèrent à Guingamp aux écoles.

  À Guimgamp et à Saint-Brieuc,
Et à Tréguier j’avais étudié ;

  J’avais étudié à Tréguier,
Et j’y avais dépensé cinq cents écus.

  Quand les autres clercs allaient à l’étude,
Moi, j’allais boire à la taverne :

  Boire du vin, caresser les filles,
Voilà le devoir du clerc ;

  Puis, coucher la nuit sur le pavé,
Se battre, offenser Dieu,

  Et dépenser du bien sans remords,
En fréquentant le bal et la danse.

  À la fin, mon père s’est lassé,
En voyant ma vie de désordre.

  Mon père m’envoya l’ordre
D’aller à la maison, pour travailler aux champs.

  Mes côtes alors trouvèrent dur
De manier pelles et pioches,

  Au lieu d’être à Tréguier,
À manier plume, encre et papier.

  Quand j’eus été un an chez mon père,
Je ne voulais plus travailler.

  Alors je songeai à me marier,
Si je trouvais une femme qui me plût.

  Et mon père me trouva
Une honnête fille, de bonne famille.


  J’eus la valeur de quatre mille écus.
Fonds et droits, avec ma femme ;

  Fonds et droits, avec ma femme,
Et je pouvais en avoir autant moi-même ;

  J’en avais autant, pour le moins ;
J’ai tout dépensé en trois ans !

  J’allai alors à Rennes,
Et je m’engageai comme dragon.

  Quand le temps fut venu de partir,
Je songeai à déserter.

  Je revins à la maison de mon père ;
Ce fut pour eux un grand crêve-cœur.

  On envoya les archers
Pour me chercher à Saint-Adrien ;

  On fouilla les vieilles maisons,
Jusqu’à la paille des lits.

  Si on m’avait pris, j’étais mort,
Ils m’auraient passé par les armes.

  Il a coûté beaucoup de biens à mon père,
(Issu) d’une famille de bons gentilshommes et de prêtres.

  Jeunes gens, je vous prie,
Obéissez à votre père, quand il le convient ;

  Obéissez à votre père, priez Dieu,
Et jamais vous n’aurez mauvaise chance !


Chanté par Jeanne Le Gall,
Servante à Keramborgne — 1849.