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Charité (Gilkin)

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La NuitLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 203-204).




CHARITÉ



En se signant très bas, ils disent : « Va, bamboche,
Au fond_Moque-toi du Père et du Fils,
Au fond des mauvais lieux porte à Dieu cent défis
Au fond_Dans le blasphème et la débauche,

Au nez de nos vertus chante et ris tout le jour,
Au fond_Tapage, raille, fais des dupes,
Vide les larges brocs et chiffonne les jupes :
Au fond_Nous rirons bien à notre tour

Lorsque nous te verrons, tout nu, parmi les flammes,
Au fond_Rôtir, une broche à travers
Ce ventre, où grouillera, comme un paquet de vers,
Au fond_Un peuple de démons infâmes !

De noirs Satans broieront tes membres dans leur groin ;
Au fond_Ils tremperont dans tes prunelles
Leurs ongles phosphoreux ; et leurs dents éternelles
Au fond_Mâcheront ta langue avec soin.

Crie, alors ! Pleure ! Hurle ! Éventés par les anges,
Au fond_Nous chanterons avec les saints :
« Bénis sois-tu. Seigneur, dans tes justes desseins !
Au fond_« Les cieux sont pleins de tes louanges.

« Ton équité punit l’immonde criminel
Au fond_« Avec une force admirable
« Et ta gloire apparaît quand on voit le coupable
Au fond_« Brûler dans l’abîme éternel. »

— Ainsi fleurit au cœur de ton peuple féroce,
Au fond_Ô Christ, ta sainte charité !
Saigne, saigne ! Ton sang remplit l’éternité
Au fond_Sans étancher leur soif atroce.