Charles Baudelaire, sa vie et son œuvre/IV

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IV

EDGAR POË



Vers ce temps-là auſſi, une curioſité nouvelle s’empara de l’eſprit de Baudelaire & remplit ſa vie. On devine que je veux parler d’Edgar Poë, qui lui fut révélé par les traductions de Mme Adèle Meunier, publiées en feuilletons dans les journaux. Dès les premières lectures il s’enflamma d’admiration pour ce génie inconnu qui affinait au ſien par tant de rapports. J’ai peu vu de poſſeſſions auſſi complètes, auſſi rapides, auſſi abſolues. À tout venant, où qu’il ſe trouvât, dans la rue, au café, dans une imprimerie, le matin, le ſoir, il allait demandant : — Connaiſſez-vous Edgar Poë ? Et, ſelon la réponſe, il épanchait ſon enthouſiaſme, ou preſſait de queſtions ſon auditeur.

Un ſoir, fatigué d’entendre ce nom nouveau revenir ſans ceſſe dans nos converſations & tourbillonner à mes oreilles comme un hanneton exaſpéré, je dis à mon tour : — Qu’eſt-ce qu’Edgar Poë ?

En réponſe à cette ſommation directe, Baudelaire me raconta, ou plutôt me récita le conte du Chat noir, qu’il poſſédait comme une leçon appriſe, & qui, dans cette traduction improviſée, me fit une vive impreſſion.

Dès lors, Baudelaire ne ceſſa plus de s’occuper d’Edgar Poë. Il ne fit plus une démarche, plus un pas dans un autre ſens. Quiconque, à tort ou à raiſon, était réputé informé de la littérature anglaiſe & américaine, était par lui mis littéralement à la queſtion. Il accablait les libraires étrangers de commiſſions & d’informations ſur les diverſes éditions des œuvres de ſon auteur, dont quelques-uns n’avaient jamais entendu parler. J’ai été plus d’une fois témoin de ſes colères, lorſque l’un d’eux lui avouait ne connaître ni l’auteur ni l’ouvrage, ou lui répétait une fauſſe indication. Comment pouvait-on vivre ſans connaître par le menu Poë, ſa vie & ſes œuvres ?

Je l’accompagnai un jour à un hôtel du boulevard des Capucines, où on lui avait ſignalé l’arrivée d’un homme de lettres américain qui devait avoir connu Poë. Nous le trouvâmes en caleçon et en chemiſe, au milieu d’une flottille de chauſſures de toutes sortes qu’il eſſayait avec l’aſſiſtance d’un cordonnier. Mais Baudelaire ne lui fit pas grâce : il fallut, bon gré mal gré, qu’il ſubît l’interrogatoire, entre une paire de bottines et une paire d’eſcarpins. L’opinion de notre hôte ne fut pas favorable à l’auteur du Chat noir. Je me rappelle notamment qu’il nous dit que M. Poë était un eſprit bizarre et dont la converſation n’était pas du tout conſéquioutive. Sur l’eſcalier, Baudelaire me dit en enfonçant ſon chapeau avec violence : — « Ce n’est qu’un yankee ! »

Au bout de quelques jours, je fus au courant de ſes griefs contre M. Rufus Grifwold, le détracteur de Poë, & de ſes ſympathies pour Willis & pour Mss Cleems, son apologiſte & ſon ange gardien. Il ne permettait pas qu’aucun de ſes amis ignorât la moindre circonſtance de la biographie de ſon héros, & ſe fâchait ſi on ne ſaiſiſſait pas du premier coup une intention comique, une alluſion, une fineſſe. Au reſte, le premier venu lui ſuffiſait. Il était, comme tous les écrivains qui ont pour habitude de cauſer leurs ſujets & de les uſer dans la converſation, peu difficile en fait d’auditoire. Un garçon de café, pourvu qu’il ſût parler anglais, lui ſervait de prétexte à diſcuter le ſens d’un mot, d’une expreſſion proverbiale, d’un terme d’argot. Il prit longtemps pour conſeil un tavernier anglais de la rue de Rivoli, chez lequel il allait boire le wiſky & lire le Punch, en compagnie des grooms du faubourg Saint-Honoré.

Ce qui ôte tout ridicule à cette manière de procéder, c’eſt le résultat. En allant ainſi de l’un à l’autre, du littérateur à l’épicier, Baudelaire ſavait ce qu’il faiſait. Il entretenait ſon eſprit par la contradiction dans une gymnaſtique perpétuelle. De ſon voyage aux Indes il avait rapporté une connaissance très-ſuffiſante de la langue anglaiſe. Mais pour traduire un auteur aussi ſubtil que Poë, & auſſi moderne, il fallait ſavoir plus que l’anglais littéraire. Son ironie froide, impaſſible, ſe diſtille en demi-ſens, en équivoques, en jeux de mots, alluſions à de petits faits journaliers, & à des plaiſanteries courantes qu’un domeſtique ou un petit négociant étaient plus capables de ſaiſir & d’expliquer qu’un académicien.

Alors qu’il publiait dans le Moniteur les Aventures de Gordon Pym, troiſième volume de sa traduction (1858), il courait les tavernes & les tables d’hôte pour découvrir un marin anglais qui pût lui donner le ſens exact des termes de navigation, de manœuvre, &c. Un jour, le voyant ſe creuſer la tête à propos d’un détail d’orientation, j’eus le malheur de le plaiſanter ſur sa rigueur d’exactitude.

— Eh bien ? me dit-il en relevant la tête, et les gens qui liſent en ſuivant sur la carte !

Je ſens encore ſon regard chargé de mépris et de fureur, & qui voulait dire : Vous ne comprenez donc pas que toute choſe que j’écris doit être irréprochable, & que je ne dois pas plus donner priſe à la cenſure d’un matelot qu’à la critique d’un littérateur ?

J’avoue que je ne pus m’empêcher de rire ce jour-là en imaginant un abonné du Moniteur liſant son journal le doigt ſur un atlas.

Et pourtant j’avais tort, & Baudelaire avait raiſon. Ce n’eſt que par ce ſoin ſcrupuleux, minutieux, opiniâtre, qu’on arrive à donner aux œuvres une valeur définitive. C’est grâce à cette application continuelle que la traduction d’Edgar Poë a obtenu le ſuccès ſuprême auquel peut prétendre un travail de ce genre, de naturaliſer un auteur dans une littérature étrangère, avec l’approbation de ſes nationaux. Cette traduction fit en effet beaucoup d’honneur à Baudelaire en Angleterre, & il en recueillit de grands avantages lors de la publication de ſon recueil de poéſies. Dans un article du Spectator[1], qui contient une très-lucide & très-élogieuse appréciation des Fleurs du mal, Baudelaire eſt préſenté au public anglais comme déjà recommandable pour ſes « admirables » traductions & pour ſes judicieuses critiques des écrivains américains & anglais[2]. Tout récemment encore, le rédacteur d’une Revue de Londres, examinant les dernières productions de la poéſie anglaiſe, reconnaiſſait Baudelaire comme un chef d’école dont l’influence s’était fait ſentir même en dehors de ſon pays.

Dans ce travail conſidérable, puiſque l’ouvrage entier comprend cinq volumes de texte compacte, Baudelaire a donné la meſure de ſa puiſſance d’application & de ſa pénétration d’eſprit ; il a auſſi livré ſa méthode. J’ai déjà ſignalé ailleurs, en parlant de Gérard de Nerval, l’habitude ſystématique chez de certains écrivains, de colporter leurs ſujets, de les cauſer, de les cuire, ſi je puis ainſi parler, à tous les fours, en les ſoumettant au jugement des grands & des petits, des lettrés & des naïfs. Cette méthode était auſſi celle de Baudelaire ; & c’eſt ce qui explique à la fois le petit nombre & l’excellence de ſes ouvrages. Baudelaire travaillait en dandy[3]. Nul ne fut moins beſogneur que lui. S’il aimait le travail, comme art, il avait en horreur le travail-fonction. J’ai entendu des gens qui l’avaient mal connu, ou qui l’avaient connu trop tard, s’étonner que, « avec un ſi grand talent », Baudelaire ne gagnât pas beaucoup d’argent. C’était le méconnaître abſolument. Quoiqu’il ait longtemps manifeſté la prétention & même la conviction de s’enrichir par ſon travail, Baudelaire était trop délicat & trop respectueux de lui-même pour devenir jamais un money-making author. Plus que personne il avait parlé dans sa jeuneſſe des quinze cents francs qu’il lui fallait à la fin de la ſemaine & qu’il ne doutait pas de gagner en trois jours, & d’autres tours de force de rapidité. C’était là, ſi l’on veut, de la forfanterie juvénile ; c’était mieux encore, un moyen de ſe ſtimuler & d’affirmer ſa confiance en ſoi-même. Plus tard, à l’âge où l’on juge poſitivement de ſes forces & de ſon génie, il en était venu à des conjectures moins fantaſtiques. La deſtinée qu’il se prédiſait était celle d’un M. *** produiſant peu & ſe faiſant payer très-cher. La vérité eſt que Baudelaire travaillait lentement & inégalement, repaſſant vingt fois ſur les mêmes endroits, ſe querellant lui-même pendant des heures ſur un mot, &. s’arrêtant au milieu d’une page pour aller, comme je l’ai dit, cuire ſa penſée au four de la flânerie & de la converſation. Il y avait là quelque choſe d’analogue au phénomène de la machine à prier des prêtres japonais, qui attachent une prière écrite à une roue mécanique, & s’en vont ſe promener dans la campagne pendant que la machine fonctionne pour eux & adreſſe leurs vœux & leurs témoignages d’amour à la divinité. Baudelaire, ami du myſtère, croyait peut-être à un phénomène ſemblable dans les opérations de l’eſprit. Peut-être ſupposait-il que le mécaniſme cérébral peut quelquefois fonctionner utilement hors du concours de la volonté. Il pouvait appuyer cette opinion de certains phénomènes du ſommeil, d’exemples ſouvent cités de ſavants, d’orateurs qui ont trouvé ou reçu comme par magie, en s’éveillant, la ſolution de difficultés qui les avaient arrêtés le ſoir précédent. En ſomme, la flânerie (lenteur, inégalité) était pour lui une condition de perfection & une néceſſité de nature. Il le prouva ſurtout par la manière dont fut conduite cette traduction de Poë, qu’il prépara pendant quatre ans avant de commencer le manuſcrit. Ces quatre années, il les employa à conſulter, à s’enquérir, à ſe perfectionner dans la connaiſſance de la langue anglaiſe & à entrer dans une communication de plus en plus intime avec ſon auteur.


La première geſtation ſérieuse fut l’étude sur Edgar Allan Poë, ſa vie & ſes œuvres, publiée dans la Revue de Paris, & qui, refondue & remaniée d’après de nouveaux renſeignements, a ſervi de préface aux deux ſéries des Hiſtoires extraordinaires[4]. Mais c’eſt en 1855 que la traduction des Contes parut & ſe poursuivit régulièrement dans le Pays. Cette année-là, Baudelaire réſolut le dur problème d’écrire un feuilleton par jour. Le feuilleton, il eſt vrai, n’avait que ſix colonnes, les deux premières pages du Pays étant conſacrées aux romans originaux, et la troiſième ſeulement aux traductions, variétés, &c. La tâche, cependant, n’en était pas moins dure, ſi l’on ſonge à la différence d’une traduction parlée ou rêvée, & d’une traduction écrite, & auſſi à la ponctualité exigée par le journal. Baudelaire ſoutint vaillamment la gageure qu’il avait faite avec lui-même. Pour s’épargner le temps d’ouvrir ſa porte, ou l’ennui des malentendus, il laiſſait la clef dans la ſerrure, & recevait tout en travaillant les viſites de gens quelquefois très-importuns & très-indiſcrets, qu’il ne ſe donnait même pas la peine de congédier, & qui ne ſe retiraient que vaincus par ſon ſilence & ſa distraction, ou agacés par le bruit de la plume courant ſur le papier. Souvent en l’allant voir le ſoir, un peu tard, j’ai trouvé endormi dans un coin le garçon d’imprimerie chargé de rapporter, ſoit la copie, ſoit les épreuves que Baudelaire lui faiſait quelquefois attendre longtemps.

Ce texte imprimé ſervit de première épreuve pour le livre. Chaque colonne de feuilleton, proprement découpée, fut collée au milieu d’une grande feuille de papier biſtré dont les marges ſe couvrirent de corrections. Le manuſcrit ainsi préparé, ſerré dans un monumental carton vert, louvoya longtemps dans Paris, faiſant eſcale à toutes les librairies, chez Lecou, chez Hachette, &c., & prit terre définitivement rue Vivienne, chez Michel Lévy. Encore, de tirage en tirage, ſubit-il bien des modifications contre leſquelles proteſtait l’éditeur, mais que l’auteur accompliſſait religieuſement ſous le feu des réclamations.

Comme, en général, tous les poëtes que la rigueur de la proſodie rend attentifs à la moindre altération, Baudelaire mettait un ſoin exceſſif à la correction des épreuves. Une faute d’impreſſion le faiſait bondir & troublait ſon ſommeil. Toute épreuve imparfaite était renvoyée à l’imprimerie raturée, ſoulignée & chargée à la marge d’admoneſtations impératives, d’objurgations verbeuſes tracées d’une main furibonde & accentuées de points d’exclamation. Il retenait par cœur les noms des ouvriers inſcrits en tête des feuillets de copie par les metteurs en page, & les invectivait avec colère dans ſa chambre toutes les fois qu’il était mécontent de leur travail. Dans les imprimeries où l’on emploie des femmes à la compoſition, Baudelaire avait particulièrement à ſouffrir de la légèreté & de l’ignorance de ces équipes femelles. Ces noms de filles & de femmes mêlés à ſes imprécations faiſaient l’effet le plus comique. « — Ah ! cette Anna ! — Ah ! cette Urſule ! — Je reconnais bien là cette infâme Hortenſe ! — Cette s… Pulchérie n’en fait jamais d’autres ! » &c., &c. Pendant l’impreſſion du ſecond volume des Histoires extraordinaires, il alla ſe loger pendant un mois à Corbeil, pour être à portée de l’imprimerie Creté où ſe composait le livre, & dont les ouvriers ont dû garder le ſouvenir de ce ſéjour.

En ſomme, ces minuties, cette fureur de remaniement dont gémiſſaient les éditeurs, ont profité au livre en lui donnant ce cachet de perfection qui aſſure la durée.

Nous n’avons pas à apprécier ici les mérites de la traduction de Charles Baudelaire, déſormais claſſique & indétrônable. L’auteur a réſolu le problème d’être libre & brillant comme l’inſpiration, malgré les gênes innombrables de cette tranſpoſition d’une langue dans une autre, & d’être gracieux en danſant, comme diſait Balzac, avec les fers aux pieds.

Pour moi, en liſant cette proſe ſi claire, ſi ſouple, ſi agile, j’ai peine à me persuader que Poë n’ait pas profité en quelque choſe à une telle interprétation ; de même qu’on a dit autrefois que Hoffmann avait bénéficié du ſtyle élégant de son traducteur, M. Loèwe Weimars. Pour arriver à un tel réſultat, il fallait, outre un talent ſupérieur, une rare énergie de ſympathie ; & cette ſympathie, on la retrouve vive & palpitante à chaque page de la traduction de Charles Baudelaire. Quel dévouement à ſon auteur ! Quel éloquent plaidoyer pour le génie malheureux, méconnu, mépriſé même, que ces deux préfaces intitulées : Edgar Poë, ſa Vie & ſes Œuvres, & Notes nouvelles ſur Edgar Poë ! Baudelaire s’était identifié avec ſon modèle au point d’épouſer toutes vives ſes amitiés & ſes haines. Et jamais, certainement, Poë lui-même n’eût été plus âpre envers ſes ennemis & ſes détracteurs, plus tendre envers Mss Cleems, ſa bienfaitrice, & Mss Francy Osgood, ſon amie, que ne l’eſt ſon traducteur dans cette véhémente oratio pro poëta.

En naturaliſant Edgar Poë près des lecteurs français, Baudelaire, comme l’a dit un critique-poëte, a ajouté une note au clavier de nos admirations — & de nos jouiſſances.

  1. Du 6 ſeptembre 1862
  2. L’auteur de l’article a évidemment rapproché de la traduction des œuvres de Poë l’analyſe faite par Baudelaire des Confeſſions d’un mangeur d’opium de de Quincey, dans le livre des Paradis artificiels, publié avant la ſeconde édition des Fleurs du Mal. Cette ſeconde édition, ainſi qu’en témoigne la date, qui fait le ſujet de l’article du Spectator.
  3. Ce mot de dandy, Baudelaire l’employait fréquemment dans ſa converſation & dans ſes écrits, en le prenant dans un ſens particulier, — héroïque & grandioſe. Le dandy était à ſes yeux l’homme parfait, ſouverainement indépendant, ne relevant que de lui-même, & régnant ſur le monde en le dédaignant. L’écrivain-dandy était celui qui mépriſe l’opinion commune & ne s’attache qu’au beau, & encore ſelon ſa conception particulière. Le mot revient ſouvent dans les notes manuscrites dont j’ai déjà cité quelques lignes. En tête d’une page, je lis : — Supériorité du dandy. Qu’eſt-ce que le dandy ? Malheureuſement, la page eſt blanche. Mais on peut recompoſer la réponſe de diverſes notes éparpillées çà et là & ſur différents ſujets. Par exemple : — « Le dandy eſt le roi du monde. » — « La femme eſt le contraire du dandy, parce qu’elle eſt naturelle, c’eſt-à-dire vulgaire. » — « Le dandy ne fait rien ; il mépriſe toute fonction. Se figure-t-on un dandy parlant au peuple, autrement que le bafouer ? » &c. Le dandyſme en littérature ſerait donc tout ce qui est oppoſé de la cuiſtrerie, du pédantiſme & de la beſogne. Dans un livre projeté, ſous le titre un peu primitif de Réflexion ſur quelques uns de mes contemporains, Baudelaire avait réservé un chapitre à part aux dandys-littéraires. C’était Chateaubriand, le marquis de Cuſtine, Paul de Molène (militaire et écrivain), M. Barbey d’Aurevilly, &c., &c.
  4. Pour être tout à fait exact, je dois noter que c’eſt en 1848 (Liberté de penser du 15 juillet) que Baudelaire publia ſon premier eſſai de traduction : la Révélation meſmérienne, précédé d’un en-tête de deux pages, curieux en ce qu’il y expoſe ſans feinte ſa fameuse théorie de l’étonnement. J’en citerai quelques lignes : — « On a beaucoup parlé dans ces derniers temps d’Edgar Poë… Avec un volume de nouvelles, cette réputation a traverſé les mers. Il a étonné, étonné ſurtout, plutôt qu’ému & enthouſiaſmé. Il en eſt ainsi de tous les romanciers qui ne marchent qu’appuyés ſur une méthode créée par eux-mêmes, & qui eſt la conſéquence même de leur tempérament… Tous ces gens, avec une volonté & une bonne foi infatigable, décalquent la nature, la pure nature, laquelle ? la leur. Auſſi ſont-ils généralement bien plus étonnants & originaux que les ſimples imaginatifs qui ſont tout à fait indoués d’eſprit philoſophique & qui entaſſent & alignent les événements ſans les claſſer & ſans en expliquer le ſens myſtérieux. J’ai dit qu’ils étaient étonnants ; je dis plus, c’eſt qu’ils viſent généralement à l’étonnant... »