Chronique de Guillaume de Nangis/Année 1180

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Règne de Philippe II Auguste (1180-1223)

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[1180]


Le jeune Philippe, roi des Français, prit en mariage Isabelle, fille de Baudouin, comte du Hainaut, et nièce par sa sœur de Philippe, comte de Flandre, et reçut avec elle Arras, et tout ce que le comte possédait de terre aux environs de la Lys ; Guy, archevêque de Sens, la sacra reine à Saint- Denis, promesse ayant été faite auparavant qu’il ne réclamerait pour cela aucun droit sur l’église de Saint-Denis, en France, qui est indépendante de sa juridiction et de celle de l’évêque de Paris. Louis, roi de France, succomba sous une paralysie et les infirmités de la vieillesse, et fut enseveli dans une abbaye de Cîteaux par lui construite, sous le nom de Saint-Port, dans le lieu appelé Barbeaux, près du château de Melun, sur la Seine. Il fut louable par son honnêteté, simple et bienveillant envers ses sujets, aimant la paix ; il fit ou soutint quelquefois, mais rarement, la guerre, et gouverna son royaume tranquillement et avec bonté. C’est pourquoi sous son règne un grand nombre de nouvelles villes furent bâties et d’anciennes agrandies. Beaucoup de forêts furent coupées et divers ordres religieux s’étendirent en différens lieux. Il eut pour successeur son fils, le roi Philippe. Manuel, empereur de Constantinople, mourut et eut pour successeur son fils Manuel encore jeune, qui avait pris en mariage la fille de Louis, roi de France. Il s’éleva de violentes discussions entre Frédéric, empereur des Romains, et le duc de Saxe. Beaucoup de gens furent pris et tués, et beaucoup de villes et d’églises incendiées et détruites. Guérrin, archevêque de Bourges, et Jean, évêque de Chartres, moururent ; c’étaient des hommes aussi fameux par leur sagesse que par la fermeté de leur esprit. Jean écrivit la passion de saint Thomas, archevêque de Cantorbéry, dont il avait été le compagnon.