Chronique du 15 novembre 1873

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8 novembre 1873

15 novembre 1873

22 novembre 1873

CHRONIQUE

Les lustres de l’Assemblée nationale. — Jusqu’ici on allumait à l’avance les lustres destinés à éclairer nos représentants ; on faisait brûler le gaz à petite flamme jusqu’au moment où, en ouvrant le robinet de canalisation, on donnait aux lumières leur intensité normale. Ce système avait l’inconvénient de brûler du gaz inutilement, d’élever la température de l’air en été et de vicier l’atmosphère par les produits de la combustion. Aujourd’hui, grâce à un ingénieux système électrique, on allume les 352 becs de la salle d’un seul coup. On a disposé à l’avance des fils conducteurs minces qui permettent à l’étincelle électrique de jaillir à l’orifice même de chaque bec de gaz. Ce procédé, fort pratique, devrait être utilisé dans les théâtres et dans les établissements qui ont un grand nombre de brûleurs. L’application de ce système ingénieux est dû à M. Ruhmkorff, et remonte déjà à dix ans environ, quoique certains journaux mal renseignés lui donnait une origine récente.

La médecine pneumatique. — M. le docteur Béclard, secrétaire perpétuel de l’Académie de médecine, a récemment présenté à la docte assemblée de nouveaux appareils inhalateurs fort ingénieux, dus au docteur J. Rengade. Ces appareils donnent au medecin la possibilité d’administrer directement, par les voies aériennes, des médicaments extrêmement actifs, et de pratiquer, par conséquent, avec beaucoup plus d’efficacité qu’on ne l’a fait jusqu’à ce jour, le traitement rationnel des maladies laryngées et pulmonaires. M. le docteur Rengade a publié sous le titre de Médecine pneumatique une fort intéressante brochure, où il décrit les appareils qu’il a imaginés pour l’inhalation des gaz, des vapeurs, des poussières liquides qui semblent se présenter comme les plus utiles auxiliaires de la thérapeutique pour combattre les terribles maladies des voies respiratoires.

Ascension du ballon de Nassau. — Le 26 septembre, M. Coxwell a fait une ascension avec le ballon le Nassau, qu’il avait acheté à la mort de l’aéronaute, Green, et qu’il a réparé avec le plus grand soin. Ce ballon avait servi au duc de Brunswick pour traverser la Manche, et au malheureux Cooking pour faire sa fatale expérience avec le parachute retourné. Cette ascension a eu lieu des ruines du palais d’Alexandra Park ; elle avait pour but de démontrer qu’il n’existe pas de courant général aérien dans la direction du Sud-Ouest, et par conséquent que la tentative pour traverser l’Atlantique en ballon est insensée. Le temps était clair et le vent inférieur venait de l’est. À une hauteur assez faible, le vent a tourné vers le nord-est, et à 10 000 pieds anglais, il était nord-sud. Les nuages supérieurs suivaient cette direction aussi loin que la vue des aéronautes qui s’étaient élevés à 3 000 mètres pouvait porter. Ils avaient pris avec eux dans les airs une hélice horizontale destinée à modérer leur force ascendante.

2e échec du ballon Transatlantique. — L’ascension du ballon Transatlantique dont les dimensions avaient été diminuées, a eu lieu le 6 octobre de Capitoline Grounds (New-York). Le vent, qui semblait pousser les voyageurs aériens vers la mer, les a rejetés vers le nord. Ils sont arrivés après quatre heures de voyage à New Canaan (Connecticut), ayant parcouru une distance totale d’environ 120 kilomètres. L’ascension s’est terminée d’une façon qui n’est point nettement expliquée, mais il semble que le ballon s’est choqué contre une colline.

Cet accident, peu ordinaire, a mis le désarroi dans l’équipage, qui a sauté à terre. Le ballon, abandonné à son malheureux sort, a été retrouvé à un mille de distance. Cette ascension malheureuse est cependant digne de marquer sous certain point de vue dans les annales de la science, car les aéronautes ont, pendant ce court voyage, lancé six fois du haut des airs des pigeons qui sont revenus en quelques minutes au point de départ.

Le télégraphe du Colorado. — On vient d’établir dans le Colorado, aux États-Unis, une nouvelle ligne télégraphique qui passe au sommet du pic de Peak. Cette montagne à plus de 3 000 mètres d’élévation. La station télégraphique qui a été construite à son sommet est à un niveau qui dépasse de beaucoup celui des stations créées jusqu’ici sur les montagnes. Elle sert de poste météorologique, et, trois fois par jour, elle envoie à Washington une dépêche donnant l’état de l’atmosphère.