Cinq lettres bénédictines/01

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I.


Paris, 13 octobre 1817.


Mon cher et respectable confrère[1],

Si j’avois pu vous joindre vendredi dernier à l’institut[2], mon intention étoit de vous proposer de faire imprimer avec l’inscription dont j’ai rendu compte dernièrement, le rapport que j’ai fait, il y a plus de sept ans, sur la découverte du tombeau du Roi Pepin, qui est entre les mains de M. Dacier[3] Comme il ne doit pas trouver place, avec mes autres memoires, dans la prochaine livraison des mémoires de l’Academie[4], je ne serois pas fâché que vous le missiez dans votre Recueil[5], si M. Dacier n’y trouve point d’inconvénient, Il faudroit pour cela faire graver au simple trait le plan du lieu et le dessin du tombeau qui a été fourni par l’architecte.

Lorsque vous imprimerez mon rapport sur l’inscription à la fin du troisième alinéa, après ces mots, et ne fut en état d’être consacrés que l’an 774, ajoutez que le chiffre arabe ne commença à ètre en usage en France que trois ou quatre cents ans après le règne de Pepin. Je ne dirai pourtant pas, etc[6].

J’ai l’honneur de vous saluer, monsieur et cher confrere.

Brial


  1. Ce billet autographe, qui est sans adresse, avait pour destinataire, comme le démontre le texte, l’archéologue A.-L. Millin, qui allait mourir l’année suivante (14 août 1818).
  2. Dom Brial ne met pas de majuscule en tête du mot Institut.
  3. Le baron B.-J. Dacier, qui avait été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions en 1783, renommé en 1795 et 1801, et qui devait garder cette place jusqu’à sa mort (4 février 1833). Dom Brial avait d’abord écrit par inadvertance du roi au lieu de Dacier. Il effaça le mot roi, mais par une nouvelle inadvertance il laissa subsister la syllabe du, de sorte qu’on lit : du M. Dacier. C’est l’occasion de rappeler que Dacier lut une excellente notice sur Dom Brial, dans la séance de l’Académie du 31 juillet 1829. Rapprochons-en une notice par Daunou, en tête du tome XVII de l’Histoire littéraire de la France (1832) et du tome XIX du Recueil des historiens des Gaules et de la France (1833), une autre notice par A. Trognon dans la Revue encyclopédique de 1828, enfin quelques pages bien curieuses sur la vie intime du dernier des Bénédictins du XVIIIe siècle dans le Voyage Bibliographique en France, de Dibdin (tome IV, pp. 422-434.), où, un peu plus loin, il est aussi fort question de Millin.
  4. Dom Brial ne met pas d’accent sur l’e d’Académie.
  5. On sait que Millin était directeur des Annales encyclopédiques. Il donna satisfaction à son confrère en insérant dans le tome VI de ce recueil (p. 63), le Rapport sur le tombeau de Pepin. Déjà, dans le tome V du même recueil (p. 178) avait paru une note de Dom Brial sur une inscription de l’église de Saint-Denis. Les deux morceaux ont été réunis dans un tirage à part qui forme une plaquette excessivement rare, dont un exemplaire est conservé dans les riches collections bénédictines de M. Wilhelm. Voici le titre exact des deux petits mémoires :Notice relative à la découverte d’un tombeau qu’on croit être celui du roi Pepin. Inscription gravée sur le portail de l’église royale de Saint-Denis. (Paris, imprimerie de Le Normant, rue de Seine, 1818, in-8o  de 20 pages). Le premier mémoire occupe les 17 premières pages ; le second mémoire n’est donc que de trois pages. C’est par erreur que le bibliographe Weiss, dans la Biographie universelle, met en 1811 (note 3 de la page 509 du tome V) l’impression du mémoire qui parut dans les Annales encyclopédiques en novembre 1817. Ce qui explique l’excessive rareté de la plaquette de 1848, c’est que non seulement le tirage en fut fait à très petit nombre, mais qu’encore, comme le constate Quérard (La France littéraire, tome I, p. 509), elle ne fut pas mise dans le commerce, pas plus, du reste, qu’un autre opuscule de Dom Brial : Éloge historique de Dom P. Dan. Labat, religieux bénédictin. (Paris, 1803, in-8o )
  6. Millin n’a pas manqué de tenir compte de toutes les recommandations de son confrère.