Colloque Sentimental entre Émile Zola et Fagus/LI
Apparence
Société libre d’édition des gens de lettres, (p. 62).
LI
« LA TERRE » : le paysan
— Terre ! éternelle Riche, avec ta chevelure
De végétaux crêpus et tordus sur ta peau,
Et tes foisonnements d’animaux, et troupeaux
De peuples t’emplissant, fourmillante fourrure,
Comment peux-tu souffrir la dévorante ordure
Te raviner, du parasite malfaisant,
Gale qui te perfore et mord : le Paysan,
Et déglutit à même ton flanc sa pâture !
— Le Paysan mangeur de terre est mon enfant
Plus que la bonne vache et plus que l’éléphant
Patriarche, et plus que l’herbe ou le ver de terre :
Lui, ne vit que pour moi ; pas même un végétal,
Mais une végétation héréditaire,
De la terre qui bouge et qui mâche, au total.
15 avril 1898.