Comédie humaine - Répertoire/B

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Babylas, groom ou « tigre » d’Amédée de Soulas, en 1834, à Besançon ; âgé de quatorze ans à cette époque ; fils d’un des fermiers de son maître. — Il gagnait trente-six francs par mois à la charge de se nourrir, mais il était blanchi et habillé (Albert Savarus).

Baptiste, valet de chambre de la duchesse de Lenoncourt-Chaulieu, en 1830 (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Barbanchu, bohème, à chapeau pointu, appelé, de chez Véfour, par des journalistes qui déjeunaient là aux frais de Jérôme Thuillier, en 1840, et invité par eux à venir profiter de cette bonne aubaine ; ce qu’il fit (Les Petits Bourgeois).

Barbanti (Les), famille corse qui avait réconcilié les Piombo et les Porta, en 1800 (La Vendetta).

Barbet. — Dynastie de libraires-bouquinistes-escompteurs à Paris, sous la Restauration et sous Louis-Philippe. Ils étaient Normands. En 1821 et les années suivantes, l’un d’eux avait un petit magasin quai des Grands-Augustins et achetait des livres à Lousteau. En 1836, un Barbet, libraire associé avec Métivier et Morand, était propriétaire d’une pauvre maison située rue Notre-Dame-des-Champs et boulevard du Mont-Parnasse, où le baron Bourlac demeurait avec sa fille et son petit-fils. En 1840, les Barbet, véritables usuriers, vendaient des créances à la maison Cérizet et Cie. La même année, un Barbet occupait, dans une maison appartenant à Jérôme Thuillier, rue Saint-Dominique-d’Enfer[1], un appartement au premier étage et une boutique au rez-de-chaussée ; c’était alors « le requin de la librairie ». — Barbet junior, neveu de celui-ci et éditeur passage des Panoramas, mit en vente, à la même époque, une brochure composée par Th. de la Peyrade, mais signée par Thuillier et ayant pour titre : « De l’Impôt et de l’Amortissement » (Un Grand Homme de province à Paris. — Un Homme d’Affaires. — L’Envers de l’Histoire contemporaine. — Les Petits Bourgeois).

Barbette, femme du grand Cibot, dit Galope-Chopine (Les Chouans). — V. Cibot (Barbette).

Barchou de Penhoën (Auguste-Théodore-Hilaire), né à Morlaix (Finistère), le 28 avril 1801, mort à Saint-Germain-en-Laye le 29 juillet 1855. — Condisciple de Balzac, de Jules Dufaure et de Louis Lambert et son voisin de dortoir au collège de Vendôme, en 1811. Plus tard officier, puis écrivain à hautes vues philosophiques, traducteur de Fichte, interprète et ami de Ballanche. En 1849, il fut envoyé, par ses compatriotes du Finistère, à l’Assemblée législative, où il représenta les idées légitimistes et catholiques. Il protesta contre le coup d’État du 2 décembre 1851 (Voir l’Histoire d’un crime, par Victor Hugo). Enfant, il affectait du pyrrhonisme ; il nia, un moment, les facultés de Louis Lambert, qu’il eut aussi pour condisciple à Vendôme (Louis Lambert).

Bargeton (De), né entre 1761 et 1763. — Arrière-petit-fils d’un jurat de Bordeaux, nommé Mirault, anobli sous Louis XIII et dont le fils, sous Louis XIV, devenu Mirault de Bargeton, fut officier dans les gardes de la porte. Propriétaire d’un hôtel à Angoulême, rue du Minage[2], où il vivait avec sa femme, Marie-Louise-Anaïs de Nègrepelisse, à laquelle il était entièrement soumis ; pour elle et à son instigation, il se battit avec un des habitués de son salon, Stanislas de Chandour, qui avait colporté dans la ville un bruit calomnieux sur madame de Bargeton, et il logea une balle dans le cou de son adversaire. Son beau-père, M. de Nègrepelisse, fut l’un de ses témoins dans cette affaire ; M. de Bargeton se retira auprès de lui, dans le domaine de l’Escarbas, près de Barbezieux, lorsque sa femme, à la suite de ce duel, quitta Angoulême pour Paris. M. de Bargeton avait été fort « endommagé par les dissipations de sa jeunesse amoureuse ». Homme insignifiant et fort gourmand, il mourut d’indigestion, vers la fin de 1821 (Illusions perdues).

Bargeton (Madame de), née Marie-Louise-Anaïs Nègrepelisse, femme du précédent, puis, devenue veuve, remariée au baron Sixte du Châtelet. — V. Châtelet (baronne Sixte du).

Barillaud, connu de Frédéric Alain, dont il excita la défiance à l’endroit de Mongenod (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Barimore (Lord), Anglais, gendre du vieux lord Dudley. — Vieux lui-même (en 1839), il soupirait, cependant, pour Luigia, alors cantatrice au Théâtre Italien de Londres (Le Comte de Sallenauve).

Barimore (Lady), fille de lord Dudley et, selon toute évidence, femme de lord Barimore, dont il est question plus haut. — Un peu après 1830, elle assistait à un raout, chez mademoiselle des Touches, rue de la Chaussée-d’Antin, où Marsay racontait son premier amour (Autre Étude de femme).

Barker (William), l’une des « incarnations » de Vautrin. — Sous ce pseudonyme, en 1824 ou 1825, il figurait l’un des créanciers de M. d’Estourny et se faisait endosser des billets par Cérizet, l’associé de ce M. d’Estourny (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Barnheim, bonne famille de Bade ; famille maternelle de madame du Ronceret, née Schiltz, dite Schontz (Béatrix).

Barniol, gendre de Phellion. — Chef d’institution, rue Saint-Hyacinthe-Saint-Michel[3], en 1840. C’était un homme considéré dans le faubourg Saint-Jacques ; il fréquentait le salon des Thuillier (Les Petits Bourgeois).

Barniol (Madame), née Phellion, femme du précédent. — Elle avait été sous-maîtresse dans le pensionnat des demoiselles Lagrave, rue Notre-Dame-des-Champs (Les Petits Bourgeois).

Barry (John), jeune piqueur anglais, célèbre dans le comté où le prince de Loudon l’alla prendre pour l’employer chez lui. — Il était, chez ce grand seigneur, en 1829-1830 (Modeste Mignon).

Bartas (Adrien de), d’Angoulême. — En 1821, avec sa femme, il fréquentait assidûment le salon des Bargeton. M. de Bartas s’occupait exclusivement de musique, se piquait d’en parler et chantait, sans qu’on l’en priât, des airs de basse-taille. Il passait pour être l’amant de madame de Brébian, la femme de son meilleur ami ; il est vrai que, d’après la chronique scandaleuse, M. de Brébian devait être l’amant de madame de Bartas (Illusions perdues).

Bartas (Madame Joséphine de), femme du précédent, habituellement appelée Fifine, à cause de son prénom (Illusions perdues).

Bastienne, modiste à Paris, en 1821. — Le journal de Finot vantait ses chapeaux, moyennant finances, et dénigrait ceux de Virginie qu’il avait d’abord prônés (Illusions perdues).

Bataille (Les), bourgeois parisiens, commerçants du Marais, voisins et amis des Baudoyer et des Saillard, en 1824. — M. Bataille était capitaine dans la garde nationale et ne laissait ignorer son grade à personne (Les Employés).

Baudoyer (M. et madame), anciens mégissiers à Paris, rue Censier. Ils y étaient propriétaires d’une maison, en même temps qu’ils avaient une maison de campagne à l’Isle-Adam. Père et mère d’un fils unique, Isidore, dont suit la biographie. Madame Baudoyer, née Mitral, était la sœur de l’huissier de ce nom (Les Employés).

Baudoyer (Isidore), né en 1788, fils unique de M. et madame Baudoyer, mégissiers, rue Censier, à Paris. — Il avait fait des études complètes, était entré dans l’administration des finances, et, malgré son incapacité notoire, au moyen d’intrigues, il était parvenu au grade de chef de bureau. En 1824, un chef de division, M. de La Billardière, étant venu à mourir, l’intelligent et travailleur Xavier Rabourdin aspirait à cette succession ; elle échut à Isidore Baudoyer, qui avait pour lui la puissance de l’argent et l’influence de l’Église, — Il ne garda pas longtemps ce poste ; six mois après, il était percepteur à Paris. — Isidore Baudoyer habitait avec sa femme et ses beaux-parents un hôtel de la place Royale[4] dont ils étaient ensemble propriétaires (Les Employés). — En 1840, il dînait souvent chez Thuillier, ancien employé des finances, alors domicilié rue Saint-Dominique-d’Enfer, qui avait renouvelé connaissance avec ses anciens collègues (Les Petits Bourgeois). — En 1845, cet homme, qui avait été un mari modèle et qui professait des sentiments religieux, entretenait Héloïse Brisetout ; il était alors maire de l’arrondissement de la place Royale (Le Cousin Pons).

Baudoyer (Madame), femme du précédent et fille d’un caissier du ministère des finances ; née Élisabeth Saillard, en 1795. — Sa mère, une Auvergnate, avait un oncle, Bidault, dit Gigonnet, prêteur à la petite semaine dans le quartier des Halles ; d’autre part, la mère de son mari était la sœur de l’huissier Mitral : avec l’aide de ces deux hommes d’argent, qui exerçaient une véritable puissance secrète, et, grâce à sa dévotion qui la mettait en relations avec le clergé, elle parvint à pousser son mari aux plus hautes fonctions administratives, en profitant des besoins d’argent de Clément Chardin des Lupeaulx, secrétaire général aux finances (Les Employés).

Baudoyer (Mademoiselle), fille d’Isidore Baudoyer et d’Élisabeth Saillard, née en 1812 ; élevée par ses parents pour être la femme de l’adroit et actif spéculateur Martin Falleix, frère de l’agent de change Jacques Falleix (Les Employés).

Baudrand, caissier d’un théâtre du boulevard, dont Gaudissart devint le directeur vers 1834. — Il y fut remplacé, en 1845, par le gagiste Topinard (Le Cousin Pons).

Baudry (Planat de), receveur général des finances sous la Restauration. — Il avait épousé l’une des filles du comte de Fontaine ; il passait généralement l’été à Sceaux, avec presque toute la famille de sa femme (Le Bal de Sceaux).

Bauvan (Comte de), l’un des organisateurs d’un soulèvement des chouans dans le département d’Ille-et-Vilaine, en 1799. — Par une révélation secrète faite au marquis de Montauran, son ami, sur le passé de mademoiselle de Verneuil, le comte de Bauvan amena, indirectement, le massacre des Bleus à la Vivetière. Plus tard, surpris dans une embuscade par les soldats républicains, il fut fait prisonnier par mademoiselle de Verneuil et lui dut la vie ; il lui devint, dès lors, tout dévoué, et assista, comme témoin, à son mariage avec Montauran (Les Chouans).

Bauvan (Comtesse de), vraisemblablement, la femme du personnage précédent. — Lui survécut. — Elle se trouvait, en 1822, propriétaire, à Paris, d’un bureau de loterie qui, vers la même époque, employa madame Agathe Bridau (La Rabouilleuse).

Bauvan (Comte et comtesse de), père et mère d’Octave de Bauvan. — Vieillards de l’ancienne cour, vivant dans un antique hôtel de la rue Payenne, à Paris, où ils moururent, vers 1815, à quelques mois de distance l’un de l’autre, et avant le malheur conjugal de leur fils (V. Octave de Bauvan). — Probablement alliés aux deux personnages précédents (Honorine).

Bauvan (Comte Octave de), homme d’État et magistrat français, né en 1787. — À l’âge de vingt-six ans, il épousa Honorine, jeune fille belle et riche, élevée sous ses yeux chez M. et madame de Bauvan, père et mère, dont elle était la pupille. Deux ou trois ans après, elle quitta le domicile conjugal, au grand désespoir du comte, qui n’eut plus d’autre souci que celui de la reconquérir ; il parvint, au bout de plusieurs années, à la ramener chez lui par pitié, mais elle mourut bientôt de cette réconciliation, laissant un fils né de leur rapprochement. — Le comte de Bauvan partit, désespéré, pour l’Italie, vers 1836. — Il eut deux domiciles à Paris, deux hôtels, l’un rue Payenne (héritage paternel) ; l’autre au faubourg Saint-Honoré, qui reçut le ménage réconcilié (Honorine). En 1830, le comte de Bauvan, alors président de la cour de cassation, cherchait, avec MM. de Granville et de Sérizy, à soustraire Lucien de Rubempré à un jugement criminel, et, après le suicide de ce malheureux, il suivait son enterrement (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin).

Bauvan (Comtesse Honorine de), femme du précédent. — Née en 1794. Mariée à dix-neuf ans au comte Octave de Bauvan ; après avoir abandonné son mari, elle fut, elle-même, étant enceinte, délaissée par un amant, dix-huit mois plus tard. Elle vécut alors fort retirée rue Saint-Maur, sous la surveillance occulte du comte de Bauvan, qui faisait acheter fort cher les fleurs qu’elle fabriquait : elle tenait ainsi de lui une existence assez large qu’elle croyait ne devoir qu’à son travail. Elle mourut, réconciliée avec son mari, peu de temps après la révolution de juillet 1830. — Honorine de Bauvan perdit et pleura toujours son enfant adultérin. Pendant ses années de laborieux exil dans un faubourg de Paris, elle coudoya successivement Marie Gobain, Jean-Jules Popinot, Félix Gaudissart, Maurice de l’Hostal et l’abbé Loraux (Honorine).

Beaudenord (Godefroid de), né en 1800. — Il était, en 1851, avec Marsay, Vandenesse, Ajuda-Pinto, Maxime de Trailles, Rastignac, le duc de Maufrigneuse et Manerville, l’un des rois de la mode (Un Grand Homme de province à Paris). Sa noblesse et sa particule n’étaient peut-être pas très authentiques ; suivant mademoiselle Émilie de Fontaine, il était mal fait et gros et n’avait à son avantage que ses cheveux bruns (Le Bal de Sceaux). Cousin, par alliance, de son tuteur le marquis d’Aiglemont, il fut, comme lui, ruiné par le baron de Nucingen, dans l’affaire des mines de Wortschin. Un moment, Godefroid de Beaudenord songea à plaire à la marquise d’Aiglemont, sa belle cousine. — En 1827, il épousa Isaure d’Aldrigger et, après avoir vécu avec elle dans un petit hôtel confortable de la rue de la Planche, il fut réduit à solliciter un emploi au ministère des finances, emploi qu’il perdit lors de la révolution de 1830 ; replacé, néanmoins, par la protection de Nucingen, en 1836, il vivait modestement avec sa belle-mère, sa belle-sœur Malvina, non mariée, sa femme et quatre enfants qu’elle lui donna, à un troisième étage au-dessus de l’entresol, rue du Mont-Thabor (La Maison Nucingen).

Beaudenord (Madame de), femme du précédent ; née Isaure d’Aldrigger, à Strasbourg, en 1807. — Blonde langoureuse, danseuse émérite, d’une nullité absolue au point de vue moral et intellectuel (La Maison Nucingen).

Beaumesnil (Mademoiselle), célèbre actrice du Théâtre-Français, à Paris : déjà mûre sous la Restauration. Elle fut la maîtresse du policier Peyrade, dont elle eut une fille, Lydie, qu’il reconnut. Le dernier domicile de mademoiselle Beaumesnil était rue de Tournon ; elle s’y laissait voler des diamants d’un assez grand prix par Charles Crochard, son amant de cœur, au commencement du règne de Louis-Philippe (Les Petits Bourgeois. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Une Double Famille).

Beaupied, ou Beau-Pied, surnom de Jean Falcon. — Voir ce nom.

Beaupré (Fanny), actrice du théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris, sous Charles X. — En 1825, jeune et jolie, elle se fit une réputation dans un rôle de marquise d’un mélodrame intitulé la Famille d’Anglade. À cette époque, elle avait remplacé Coralie, morte alors, dans les affections de Camusot, le marchand de soieries. Ce fut chez Fanny Beaupré qu’Oscar Husson, l’un des clercs de l’avoué Desroches, perdit au jeu une somme de cinq cents francs appartenant à son patron et qu’il fut surpris, par son oncle Cardot, étendu ivre-mort sur un divan (Un Début dans la Vie). En 1829, Fanny Beaupré passait pour être, à prix d’or, la meilleure amie du duc d’Hérouville (Modeste Mignon). En 1842, après sa liaison avec madame de la Baudraye, Lousteau vivait maritalement avec elle (La Muse du Département). Habituée de l’hôtel splendide installé, pour Esther Gobseck, par le baron de Nucingen, elle connut tout le monde galant et viveur des années 1829 et 1830 (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Beauséant (Marquis et comte de), père et frère aîné du vicomte de Beauséant, le mari de Claire de Bourgogne (La Femme abandonnée). — En 1819, le marquis et le comte de Beauséant demeuraient ensemble dans leur hôtel, rue Saint-Dominique, à Paris (Le Père Goriot). Sous la Révolution, le marquis avait émigré ; l’abbé de Marolles fut en relations avec lui (Un Épisode sous la Terreur).

Beauséant (Marquise de). En 1824, une marquise de Beauséant, alors très âgée, se trouvait en relations avec les Chaulieu. C’était, probablement, la veuve du marquis de ce nom et la mère du comte et du vicomte de Beauséant (Mémoires de Deux Jeunes Mariées). La marquise de Beauséant était une Champignelles, de la branche aînée (La Femme abandonnée).

Beauséant (Vicomte de), mari de Claire de Bourgogne. — Il connaissait les relations de sa femme avec Miguel d’Ajuda-Pinto, et, bon gré mal gré, il respectait cette espèce d’union morganatique, reconnue par le monde. Le vicomte de Beauséant avait son hôtel à Paris, rue de Grenelle, en 1819 ; il entretenait alors une danseuse et aimait surtout la bonne chère ; il devint marquis, à la mort de son père et de son frère aîné. C’était un galant homme, un homme de cour, méthodique et cérémonieux ; il s’obstinait à vivre égoïstement : sa mort eût permis à madame de Beauséant d’épouser Gaston de Nueil (Le Père Goriot. — La Femme abandonnée).

Beauséant (Vicomtesse de), née Claire de Bourgogne, en 1792 ; femme du précédent, cousine d’Eugène de Rastignac ; d’une famille presque royale. — Trompée par son amant, Miguel d’Ajuda-Pinto, qui, tout en continuant des relations avec elle, demandait et obtenait la main de Berthe de Rochefide, la vicomtesse, avant ce mariage, quitta subitement Paris, au matin d’un grand bal donné chez elle et où elle parut dans tout son éclat et toute sa fierté. En 1822, cette « femme abandonnée » vivait, depuis trois ans, dans la plus sévère retraite, à Courcelles, près de Bayeux. Gaston de Nueil, jeune homme de vingt-trois ans, envoyé en Normandie pour rétablir sa santé, parvint à se faire recevoir chez elle, s’en éprit tout de suite, et, après de longues résistances, devint son amant à Genève, où elle avait fui ; leurs relations durèrent neuf ans et furent brisées par le mariage du jeune homme. — En 1810, à Paris, la vicomtesse de Beauséant recevait les plus illustres impertinents de l’époque, les Maulincour, les Ronquerolles, les Maxime de Trailles, les Marsay, les Vandenesse, mêlés aux femmes les plus élégantes, lady Brandon, la duchesse de Langeais, la comtesse de Kergarouët, madame de Sérizy, la duchesse Carigliano, la comtesse Ferraud, madame de Lanty, la marquise d’Aiglemont, madame Firmiani, la marquise de Listomère, la marquise d’Espard et la duchesse de Maufrigneuse. Elle était également en relations avec les Grandlieu et le général de Montriveau. Rastignac, pauvre alors et à ses débuts, était aussi admis chez elle (Le Père Goriot. — La Femme abandonnée. — Albert Savarus).

Beaussier, bourgeois d’Issoudun sous la Restauration. — Ayant vu Joseph Bridau, à la diligence, lors du voyage de l’artiste et de sa mère en 1822, il disait qu’il ne voudrait pas le rencontrer la nuit au coin d’un bois, car il lui trouvait l’air d’un brigand : le soir même, Beaussier, accompagné de sa femme, venait en visite chez les Hochon, pour contempler le peintre de plus près (La Rabouilleuse).

Beaussier fils, dit le grand Beaussier, fils du précédent, l’un des chevaliers de la Désœuvrance, dirigés par Maxence Gilet, à Issoudun, sous la Restauration (La Rabouilleuse).

Beauvisage, médecin du couvent des Carmélites, à Blois, sous Louis XVIII. — Il fut connu par Louise de Chaulieu et par Renée de Maucombe, élevées dans ce couvent. D’après Louise de Chaulieu, ce n’était certes pas l’homme de son nom (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Beauvisage. — Avait été fermier de la magnifique ferme de Bellache, dépendant de la terre de Gondreville à Arcis-sur-Aube ; père de Philéas Beauvisage. — Mort tout au commencement du XIXe siècle (Une Ténébreuse Affaire. — Le Député d’Arcis).

Beauvisage (Madame), femme du précédent. — Elle lui survécut de beaucoup et put assister au triomphe de son fils Philéas (Le Député d’Arcis).

Beauvisage (Philéas), fils du fermier Beauvisage ; né en 1792 ; bonnetier à Arcis-sur-Aube, sous la Restauration ; maire de cette ville, en 1839. — Après un premier échec, il fut nommé député, en 1841, lorsque Sallenauve donna sa démission. — Ami et admirateur de Crevel, dont il s’efforçait d’imiter les belles manières. Millionnaire et vaniteux, il aurait pu, selon Crevel, fournir à madame Hulot, au prix de ses faveurs, les deux cent mille francs dont cette malheureuse femme avait besoin vers 1842 (La Cousine Bette. — Le Député d’Arcis. — La Famille Beauvisage).

Beauvisage (Madame), née Grévin, Séverine, en 1795 ; femme de Philéas Beauvisage, qu’elle dominait en tout. — Fille de Grévin, notaire d’Arcis-sur-Aube, l’ami intime du sénateur Malin de Gondreville. Elle tenait de son père de remarquables qualités de finesse, et, quoique plus petite, rappelait beaucoup mademoiselle Mars par sa physionomie et ses manières (Le Député d’Arcis. — La Famille Beauvisage).

Beauvisage (Cécile-Renée), fille unique de Philéas Beauvisage et de Séverine Grévin ; née en 1820. — Son véritable père était le vicomte Melchior de Chargebœuf, qui fut sous-préfet d’Arcis-sur-Aube au commencement de la Restauration ; elle lui ressemblait absolument et avait ses manières aristocratiques. Le comte de Gondreville était son parrain ; madame Keller, fille du comte, sa marraine. — Elle se maria, au mois de mai 1841, à Paris, avec Maxime de Trailles, et, en 1847, obtint contre lui la séparation pour excès, sévices et injures graves (Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Beauvoir (Charles-Félix-Théodore, chevalier de), cousin de madame la duchesse de Maillé. — Chouan, prisonnier de la République, en 1799, au château de l’Escarpe ; héros d’une histoire de vengeance maritale, racontée en 1836, par Lousteau, devant madame de la Baudraye, et que le narrateur disait tenir de Charles Nodier (La Muse du Département).

Bécanière (La), surnom de Barbette Cibot. — Voir ce dernier nom.

Becker (Edme), étudiant en médecine, demeurant, en 1828, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, no 22, dans la maison habitée par le marquis d’Espard (L’Interdiction).

Bedeau, petit clerc, saute-ruisseau chez maître Bordin, procureur au Châtelet, en 1787 (Un Début dans la Vie).

Béga, chirurgien dans un régiment français de l’armée d’Espagne en 1808. — Après avoir accouché secrètement une Espagnole sous la surveillance de son amant, il fut assassiné par le mari, qui le surprit au moment où il racontait cette opération clandestine. — Aventure narrée, en 1836, devant madame de la Baudraye, par le receveur des finances Gravier, ancien payeur aux armées (La Muse du Département).

Bégrand (La), danseuse, en 1820, au théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris[5] ; Mariette, qui débutait à cette époque, se fit remarquer à côté d’elle (La Rabouilleuse).

Bélisaire, l’un des fils de la Pouraille. — Marchand de chevaux, condamné en rupture de ban (janvier 1840) ; à cette époque, il eut maille à partir, dans un café, avec Armand de L’Estorade, alors collégien, qui venait de sortir, un peu gris, d’un banquet de la Saint-Charlemagne. Un duel devait avoir lieu ; mais, par l’intervention de Sallenauve, Armand fut tiré de ce mauvais pas et Bélisaire, sur l’ordre de Saint-Estève, fut arrêté (La Famille Beauvisage).

Bellefeuille (Mademoiselle de), nom d’emprunt de Caroline Crochard.

Bellejambe, domestique du lieutenant-colonel Husson, en 1837 (Un Début dans la Vie).

Belor (Mademoiselle de), jeune fille de Bordeaux, y vivant en 1822 ; était à la recherche d’un mari qui, pour une cause ou pour une autre, ne se trouvait pas. — En relations probablement avec les Évangélista (Le Contrat de mariage).

Bemboni (Monsignor), attaché à la Secrétairerie d’État, à Rome, se chargeait de faire passer au duc de Soria, à Madrid, les lettres du baron de Macumer, son frère, Espagnol réfugié à Paris en 1823-1824 (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Bénard (Pieri). — Après deux ans de correspondance avec l’Allemagne, il trouva une Vierge de Dresde, gravée par Muller, sur papier de Chine et avant la lettre, qui coûta quinze cents francs à César Birotteau : le parfumeur destinait cette gravure au savant Vauquelin, dont il était l’obligé (César Birotteau).

Benassis (Docteur), né vers 1779, dans une petite ville du Languedoc. — Il fut élevé au collège de Sorèze (Tarn), dirigé par des Oratoriens, et, ensuite, fit ses études médicales à Paris, où il habita le quartier Latin. À l’âge de vingt-deux ans, il perdit son père, qui lui laissait une grande fortune, et il abandonna une jeune fille, dont il avait un fils, pour se livrer aux plus folles dissipations. Cette jeune fille, tout à fait bonne et dévouée, mourut deux ans après cet abandon, malgré les soins assidus de son amant repenti. Plus tard, Benassis rechercha en mariage une autre jeune fille appartenant à une famille janséniste ; d’abord agréé, il fut repoussé définitivement, lorsqu’on sut son passé, qu’il avait caché jusque-là ; il consacra alors toute sa vie à son fils, mais cet enfant mourut dans l’adolescence. Après avoir hésité entre le suicide et la Grande-Chartreuse, le docteur Benassis s’arrêta, par hasard, dans un pauvre village de l’Isère, à cinq lieues de Grenoble ; il n’en sortit plus et transforma la misérable bourgade, habitée par des crétins languissants, en un chef-lieu de canton actif et prospère. Benassis mourut, en 1829, maire de cette commune : tous les habitants pleurèrent ce bienfaiteur, plein de génie (Le Médecin de Campagne).

Benedetto, Italien vivant à Rome, dans le premier tiers du XIXe siècle. — Musicien passable en même temps qu’agent de police ; laid, petit, ivrogne et pourtant mari heureux de Luigia, dont il cherchait à exploiter la splendide beauté. Sa femme, dégoûtée, un soir qu’il rentrait pris de vin, alluma un réchaud après avoir fermé toutes les issues de la chambre conjugale ; les voisins accourus la sauvèrent seule : Benedetto était mort (Le Député d’Arcis).

Bérénice, femme de chambre et cousine de Coralie, l’actrice des Panorama et Gymnase Dramatiques. — Grosse Normande, aussi laide que sa maîtresse était jolie, mais fine et déliée d’esprit en proportion directe de sa corpulence. Elle avait été la compagne d’enfance de Coralie et lui restait dévouée absolument. En octobre 1822, elle donna à Lucien de Rubempré, alors sans aucune ressource, quatre pièces de cinq francs qu’elle devait à la générosité d’amants d’une heure rencontrés sans doute, sur le boulevard Bonne-Nouvelle. Cette somme permit au malheureux poète de retourner à Angoulême (Illusions perdues).

Bergerin était le meilleur médecin de Saumur sous la Restauration. — Il donna des soins aux Félix Grandet dans leur dernière maladie (Eugénie Grandet).

Bergmann (M. et madame), Suisses. — Anciens jardiniers d’un comte Borromeo, dont ils entretinrent les parcs situés dans les deux célèbres îles du lac Majeur ; en 1823, ils étaient propriétaires, à Gersau, dans le canton de Lucerne, près du lac des Quatre-Cantons, d’une maison dont ils louaient, depuis l’année précédente, un étage au prince et à la princesse Gandolphini. — Personnages d’une nouvelle : l’Ambitieux par amour, publiée par Albert Savarus, dans la Revue de l’Est, en 1834 (Albert Savarus).

Bernard. — V. baron de Bourlac.

Bernus, voiturier-messager, conduisant les voyageurs, les marchandises et, peut-être, les lettres de Saint-Nazaire à Guérande, sous Charles X et Louis-Philippe (Béatrix).

Berquet, ouvrier à Besançon, dressa en 1834, dans le jardin des Watteville, un kiosque élevé, d’où Rosalie, leur fille, pouvait observer tous les faits et gestes d’Albert Savarus, logé à proximité (Albert Savarus).

Berthier (Alexandre), maréchal de l’Empire, né à Versailles en 1753, mort en 1815. — Ministre de la guerre à la fin de 1799, il écrivait à Hulot, qui commandait alors la 72e demi-brigade, pour refuser sa démission et lui donner des instructions (Les Chouans). — La veille de la bataille d’Iéna, le 13 octobre 1806, il accompagnait l’Empereur et rencontrait, avec lui, le marquis de Chargebœuf et Laurence de Cinq-Cygne, venus exprès de France pour implorer la grâce des Simeuse, des Hauteserre, de Michu, condamnés comme auteurs de l’enlèvement du sénateur Malin de Gondreville (Une Ténébreuse Affaire).

Berthier, notaire à Paris, successeur de Cardot, chez qui il était second premier clerc et dont il épousa la fille, Félicité (ou Félicie). — En 1843, il était le notaire de madame Marneffe ; à la même époque, il était également chargé des affaires des Camusot de Marville, et Sylvain Pons dînait souvent chez lui. Maître Berthier rédigea le contrat de mariage de Wilhem Schwab avec Émilie Graff et l’acte d’association entre Fritz Brunner et Wilhem Schwab (La Cousine Bette. — Le Cousin Pons). Berthier (Madame), née Félicie Cardot, femme du précédent. — Elle avait été séduite par le premier clerc de l’étude de son père ; ce jeune homme mourut subitement, la laissant enceinte ; elle épousa, alors, en 1837, le second clerc Berthier, après avoir été sur le point de se marier avec Lousteau. Berthier avait les secrets du premier clerc ; tous deux, dans cette affaire, n’agirent que par intérêt. Le mariage fut relativement heureux : madame Berthier, pleine de reconnaissance pour son mari, s’était faite son esclave. Aussi, vers la fin de 1844, accueillit-elle plus que froidement Sylvain Pons alors en disgrâce dans l’entourage de famille (La Muse du Département. — Le Cousin Pons).

Berton, receveur des contributions à Arcis-sur-Aube en 1839 (Le Député d’Arcis).

Berton (Mademoiselle), fille du receveur des contributions d’Arcis-sur-Aube. — Jeune fille insignifiante qui servait de satellite à Cécile Beauvisage et à Ernestine Mollot (Le Député d’Arcis).

Berton (Docteur), médecin de Paris. — En 1836, il demeurait rue d’Enfer[6] ; affilié à l’œuvre de bienfaisance de madame de la Chanterie, il visitait les malades pauvres qu’elle lui désignait ; il soignait, entre autres, Vanda de Mergi, la fille du baron de Bourlac (M. Bernard). — Le docteur Berton était un homme froid et sévère (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Béthune (Prince de), le seul homme, dans l’aristocratie, qui ait compris le chapeau, suivant le dire du chapelier Vital, en 1845 (Les Comédiens sans le savoir).

Beunier et Cie, maison sur laquelle Bixiou se renseignait, en 1845, auprès de madame Nourrisson (Les Comédiens sans le savoir).

Bianchi, Italien. — Capitaine sous le premier Empire, dans le 6e régiment de ligne français, presque entièrement composé d’hommes de sa nationalité. Célèbre, parmi les siens, pour avoir parié de manger le cœur d’une sentinelle espagnole et avoir tenu ce pari. Le capitaine Bianchi planta, le premier, le drapeau français sur la muraille de Tarragone (Espagne), lors de l’assaut de 1808 ; mais il y fut tué par un moine (Les Marana).

Bianchon (Docteur), médecin de Sancerre, père d’Horace Bianchon, frère de madame Popinot, la femme du juge Popinot (L’Interdiction).

Bianchon (Horace), médecin de Paris, célèbre sous Charles X et sous Louis-Philippe, officier de la Légion d’honneur, membre de l’Institut, professeur à la Faculté de médecine, premier médecin d’un hôpital en même temps que de l’École polytechnique ; né à Sancerre (Cher), dans les dernières années du XVIIIe siècle. — En 1819, interne à l’hôpital Cochin, il prenait ses repas à la pension Vauquer, où il se lia avec Eugène de Rastignac, alors étudiant en droit, et connut Goriot et Vautrin (Le Père Goriot). Un peu plus tard, il devint, à l’Hôtel-Dieu, l’élève préféré du chirurgien Desplein, qu’il assista à ses derniers moments (La Messe de l’Athée). Neveu du juge Jean-Jules Popinot et allié d’Anselme Popinot, il fut en relations avec César Birotteau, le parfumeur, qui disait lui devoir la recette de sa fameuse huile de noisette et qui l’invita à ce grand bal où sa ruine commença (César Birotteau. — L’Interdiction). Membre du cénacle de la rue des Quatre-Vents et lié intimement avec tous les jeunes gens qui faisaient partie de cette réunion, il fut, par la suite, en mesure de mettre Daniel d’Arthez en relations avec Rastignac, devenu sous-secrétaire d’État ; il soigna aussi Lucien de Rubempré, blessé, en 1822, dans un duel avec Michel Chrestien, ainsi que Coralie, la maîtresse de Lucien, et madame Bridau, à leur lit de mort (Illusions perdues. — La Rabouilleuse. — Les Secrets de la Princesse de Cadignan). En 1824, le jeune docteur Bianchon accompagnait Desplein, appelé auprès de Flamet de la Billardière mourant (Les Employés). Avec le même Desplein et le docteur Martener, de Provins, en 1828, il donna les soins les plus empressés à Pierrette Lorrain (Pierrette). En cette même année 1828, il voulut un moment se faire attacher à l’expédition de Morée ; il était alors le médecin de madame de Listomère, dont il apprit et raconta plus tard le quiproquo avec Rastignac (Étude de femme). En 1829, encore avec Desplein, il fut appelé par madame de Nucingen, dans le but d’étudier l’état du baron de Nucingen, son mari, malade d’amour pour Esther Gobseck ; en 1830, toujours avec son illustre maître, il fut rappelé par Corentin pour juger le cas de mort de Peyrade et le cas de folie de Lydie, sa fille ; puis, encore avec Desplein et avec le docteur Sinard, auprès de madame de Sérizy, que l’on craignait de voir devenir folle après le suicide de Lucien de Rubempré (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin). Toujours avec Desplein et à la même époque, il assiste aux derniers moments d’Honorine, la femme du comte de Bauvan (Honorine) et vit la fille du baron de Bourlac (M. Bernard), qui était atteinte d’une étrange maladie polonaise : la plique (L’Envers de l’Histoire contemporaine). Horace Bianchon était, en 1831, l’ami et le médecin de Raphaël de Valentin (La Peau de Chagrin). En relations avec le comte de Granville, en 1833, il soigna sa maîtresse, Caroline Crochard (Une Double Famille). Il soigna encore madame du Bruel, alors maîtresse de La Palférine, qui s’était blessée en tombant la tête la première contre l’angle aigu d’une cheminée (Un Prince de la Bohème) ; puis, en 1835, madame Marie Gaston (Louise de Chaulieu), perdue sans espoir (Mémoires de Deux Jeunes Mariées). En 1837, il accoucha, à Paris, madame de la Baudraye, enceinte des œuvres de Lousteau ; il était assisté du célèbre accoucheur Duriau (La Muse du Département). En 1838, il était médecin du comte Laginski (La Fausse Maîtresse). En 1840, Horace Bianchon demeurait rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, dans la maison où mourut son oncle le juge Popinot, et il était question de le nommer conseiller municipal, en remplacement de l’intègre magistrat ; mais il refusa en déclarant que son candidat était Thuillier (Les Petits Bourgeois). Médecin du baron Hulot, de Crevel et de madame Marneffe, avec sept de ses collègues, il observa la terrible maladie qui emporta Valérie et son second mari en 1842, et, 1843, il soigna également Lisbeth Fischer dans sa dernière maladie (La Cousine Bette). Enfin, en 1844, le docteur Bianchon fut amené en consultation par le médecin Roubaud auprès de madame Graslin, à Montégnac (Le Curé de Village). Horace Bianchon, conteur brillant et spirituel, narra dans le monde les aventures qui ont pour titres : Étude de femme, — Autre Étude de femme, — La Grande Bretèche.

Bibi-Lupin, chef de la police de sûreté, de 1819 à 1830 ; ancien forçat. — En 1819, il arrêta lui-même, à la pension Vauquer, Jacques Collin, dit Vautrin, son ancien compagnon de bagne et son ennemi personnel. Sous le nom de Gondureau, Bibi-Lupin s’était mis en relations avec mademoiselle Michonneau, pensionnaire de madame Vauquer, et, par elle, il avait obtenu les renseignements dont il avait besoin sur la véritable identité de Vautrin, alors en rupture de ban et, plus tard (mai 1830), son successeur comme chef de la police de sûreté (Le Père Goriot. — La Dernière Incarnation de Vautrin).

Bidault (M. et madame), frère et belle-sœur de Bidault, dit Gigonnet, père et mère de M. et madame Saillard, marchands de meubles sous les piliers des Halles centrales, vers la fin du XVIIIe siècle et aussi, peut-être, vers le commencement du XIXe (Les Employés).

Bidault dit Gigonnet, né en 1755, originaire de l’Auvergne, oncle de madame Saillard, du côté paternel. — Ancien marchand de papier, retiré depuis l’an II de la République, il avait, dès cette époque, commencé l’escompte avec un Hollandais, le sieur Werbrust, ami de Gobseck. En relations d’affaires avec ce dernier, il était, comme lui, un des plus redoutables usuriers de Paris sous l’Empire, pendant la Restauration et les premières années du gouvernement de Juillet. Il demeurait rue Greneta (Les Employés. — Gobseck). Luigi Porta, officier supérieur en disponibilité sous Louis XVIII, avait vendu à Gigonnet tout l’arriéré de sa solde (La Vendetta). Bidault fut l’un des syndics de la faillite Birotteau en 1819. À cette époque, il persécutait madame Madou, marchande d’avelines aux Halles, sa débitrice (César Birotteau). En 1824, il parvint à faire nommer son petit-neveu, Isidore Baudoyer, chef de division au ministère des finances, en agissant, avec le concours de Gobseck et de Mitral, sur le secrétaire général Chardin des Lupeaulx, accablé de dettes et candidat à la députation (Les Employés). Bidault, homme très fin, devina la spéculation dissimulée sous la troisième liquidation, opérée par Nucingen en 1826, et sut en profiter (La Maison Nucingen). En 1833, M. du Tillet engageait Nathan, qui avait grand besoin d’argent, à s’adresser à Gigonnet ; ce conseil avait pour but de mettre Nathan dans l’embarras (Une Fille d’Ève). Le surnom de Gigonnet venait à Bidault d’un mouvement fébrile et convulsif qu’il avait dans une jambe (Les Employés).

Biddin, orfèvre rue de l’Arbre-Sec, à Paris, en 1829 ; l’un des créanciers d’Esther Gobseck (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Biffe (La), concubine du malfaiteur Riganson, dit le Biffon. — Cette femme, espèce de Jacques Collin en jupon, dépistait la police, à la faveur de ses déguisements ; elle savait admirablement faire la marquise, la baronne, la comtesse ; elle avait une voiture et des gens (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Biffon (Le), surnom de Riganson.

Bigorneau, commis romanesque chez Fritot, marchand de châles à Paris, dans le quartier de la Bourse, sous Louis-Philippe (Gaudissart II).

Bijou (Olympe). — V. Grenouville (madame).

Binet, aubergiste du département de l’Orne en 1809. — Il fut impliqué dans un procès qui eut alors un certain retentissement et qui assombrit l’existence de madame de la Chanterie, frappée dans sa fille, madame des Tours-Minières. Binet logeait les brigands dits chauffeurs ; traduit devant le tribunal, il fut condamné à cinq ans de réclusion (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Birotteau (Jacques), closier des environs de Chinon. — Il épousa la femme de chambre d’une dame chez laquelle il faisait les vignes, eut trois garçons, François, Jean et César ; perdit sa femme en couches du dernier enfant (1779), et mourut lui-même peu de temps après (César Birotteau).

Birotteau (L’abbé François), fils aîné de Jacques Birotteau ; né vers 1766, vicaire à l’église Saint-Gatien de Tours, ensuite curé de Saint-Symphorien dans cette même ville. — En 1817, après la mort de l’abbé de la Berge, il devint le confesseur de madame de Mortsauf, qu’il assista à ses derniers moments (Le Lys dans la Vallée). En 1819, son frère César, le parfumeur, lui écrivit après sa ruine pour demander du secours ; l’abbé Birotteau envoya, dans une lettre attendrie, une somme de mille francs, qui représentait toutes ses économies et même, en plus, un emprunt fait à madame de Listomère (César Birotteau). Accusé d’avoir capté quinze cents francs de rente que cette même madame de Listomère lui laissa à sa mort, l’abbé Birotteau fut interdit, en 1826, victime de la terrible haine de l’abbé Troubert (Le Curé de Tours).

Birotteau (Jean), deuxième fils de Jacques Birotteau ; il fut tué, étant capitaine, à la fameuse bataille de la Trebia, qui dura trois jours, du 17 au 19 juin 1799 (César Birotteau).

Birotteau (César), troisième fils de Jacques Birotteau, né en 1779 ; marchand parfumeur à Paris, rue Saint-Honoré, no 397, près de la place Vendôme, dans l’ancienne boutique de l’épicier Descoings qui fut exécuté, en 1794, avec André Chénier. — César Birotteau avait succédé au sieur Ragon après le 18 brumaire et transporté le fonds de la Reine des roses à l’adresse ci-dessus indiquée ; il avait connu, chez son patron, les Georges, les La Billardière, les Montauran, les Bauvan, les Longuy, les Manda, les Bernier, les Guénic et les Fontaine : ces relations avec des royalistes militants l’engagèrent dans la conspiration du 13 vendémiaire (1795) contre la Convention, et il fut blessé, comme il le répétait souvent, par Bonaparte, sur les marches de Saint-Roch. Le parfumeur Birotteau épousa, au mois de mai 1800, Constance-Barbe-Joséphine Pillerault, et eut d’elle une fille unique, Césarine, mariée en 1822 à Anselme Popinot. Tour à tour capitaine, puis chef de bataillon dans la garde nationale et adjoint au maire du IIe arrondissement, Birotteau fut nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1818. Pour célébrer sa nomination dans l’ordre, il donna un grand bal[7] qui, ayant nécessité des changements très importants dans son appartement, amena, avec de mauvaises spéculations, sa ruine totale et sa mise en faillite, l’année suivante. Par un travail obstiné et une économie très scrupuleuse, Birotteau arriva à désintéresser entièrement ses créanciers trois ans plus tard, en 1822 ; mais il mourut aussitôt après sa réhabilitation solennelle par le tribunal. Il avait, en 1818, au nombre de ses clients : le duc et la duchesse de Lenoncourt, la princesse de Blamont-Chauvry, la marquise d’Espard, les deux Vandenesse, Marsay, Ronquerolles et le marquis d’Aiglemont (César Birotteau. — La Rabouilleuse). César Birotteau fut aussi en relations amicales avec les Guillaume, marchands de draps rue Saint-Denis (La Maison du Chat qui pelote).

Birotteau (Madame), née Constance-Barbe-Joséphine Pillerault, en 1782, femme de César Birotteau, avec qui elle se maria au mois de mai 1800. — Elle était première « demoiselle » au Petit Matelot[8], magasin de nouveautés à l’encoignure du quai d’Anjou et de la rue des Deux-Ponts, à Paris, lors de son mariage. Elle avait, pour unique parent et protecteur, Claude-Joseph Pillerault, son oncle (César Birotteau).

Birotteau (Césarine). — V. Popinot (madame Anselme).

Bixiou[9], épicier à Paris, rue Saint-Honoré, au XVIIIe siècle, avant la Révolution. — Il avait un employé, nommé Descoings, qui épousa sa veuve. L’épicier Bixiou était le grand-père du célèbre caricaturiste Jean-Jacques Bixiou (La Rabouilleuse).

Bixiou, fils du précédent et père de Jean-Jacques Bixiou. — Il fut tué, colonel du 21e de ligne, à la bataille de Dresde, le 26 ou 27 août 1813 (La Rabouilleuse).

Bixiou (Jean-Jacques), célèbre dessinateur, fils du colonel Bixiou, tué à Dresde, petit-fils de madame Descoings, veuve en premières noces de l’épicier Bixiou. — Né en 1797, il fit des études complètes dans un lycée, où l’on avait obtenu pour lui une demi-bourse et où il eut pour camarades Philippe et Joseph Bridau, ainsi que maître Desroches. Il entra ensuite dans l’atelier du peintre Gros ; puis, en 1819, la protection des ducs de Maufrigneuse et de Rhétoré, qu’il connut chez des danseuses, le fit admettre au ministère des finances ; il resta dans cette administration jusqu’au mois de décembre 1824, époque à laquelle il donna sa démission. En cette même année, il fut l’un des témoins de Philippe Bridau, qui épousait Flore Brazier, dite la Rabouilleuse, alors veuve de J.-J. Rouget. Après la mort de cette femme, en 1828, déguisé en prêtre, il se fit conduire à l’hôtel de Soulanges, raconta au comte le scandale de cette mort, savamment amenée par le mari, les mauvaises mœurs et les indélicatesses de Philippe Bridau, et fit ainsi manquer le mariage du soudard avec mademoiselle Amélie de Soulanges. Caricaturiste de talent, mystificateur émérite, en même temps qu’un des rois reconnus du bon mot, il menait une vie effrénée. Il était en relations avec tous les artistes et toutes les lorettes de son temps. Il connaissait entre autres le peintre Hippolyte Schinner. Il donna des portraits, d’ailleurs tout fantaisistes, lors de la publication des procès de Fualdès et de Castaing : ce fut pour lui une bonne affaire (La Rabouilleuse. — Les Employés. — La Bourse). Il dessina des vignettes pour les œuvres de Canalis (Modeste Mignon). Avec Blondet, Lousteau et Nathan, il était l’un des habitués de la maison d’Esther Gobseck, rue Saint-Georges, en 1829-1830 (Splendeurs et Misères des Courtisanes). En 1836, dans un cabinet de restaurant célèbre, il racontait, avec beaucoup de verve, l’origine de la fortune de Nucingen, devant Finot, Blondet et Couture (La Maison Nucingen). En 1837, au mois de janvier, il fut chargé par son ami Lousteau de venir lui reprocher, à lui-même Lousteau, ses relations irrégulières avec madame de la Baudraye, tandis que celle-ci, cachée dans une chambre voisine, entendrait tout : cette scène convenue eut lieu ; elle avait pour but de faire éclater l’attachement inébranlable, en apparence, de Lousteau pour sa maîtresse (La Muse du Département). En 1838, il était chez Héloïse Brisetout, quand elle pendit la crémaillère rue Chauchat ; dans la même année, il assista au mariage de Steinbock avec Hortense Hulot et à celui de Crevel avec madame veuve Marneffe (La Cousine Bette). En 1830, le sculpteur Dorlange-Sallenauve, connu de Bixiou, avait à se plaindre de ses médisances (Le Député d’Arcis). Très bien accueilli par madame Schontz, vers 1838, il pouvait passer pour son préféré, quoique, en réalité, leurs relations n’eussent pas dépassé les bornes de l’amitié (Béatrix). En 1840, chez Marguerite Turquet, entretenue par le notaire Cardot, il écoutait, avec Lousteau, Nathan et La Palférine, un récit fait par Desroches (Un Homme d’Affaires). Bixiou assista, vers 1814, aux scènes de haute comédie qui se passèrent à propos du châle Sélim, cédé par Fritot à mistress Noswell ; Bixiou était dans le magasin avec M. du Ronceret, achetant lui-même un châle pour madame Schontz (Gaudissart II). En 1845, Bixiou montrait Paris et les Comédiens sans le savoir au pyrénéen Gazonal, en compagnie de Léon de Lora, cousin du provincial. À cette époque, Bixiou, qui avait habité la rue de Ponthieu, au temps où il était employé, demeurait rue Richelieu, no 112, au sixième (Les Comédiens sans le savoir) et il était l’amant de cœur d’Héloise Brisetout (Le Cousin Pons).

Blamont-Chauvry (Princesse de), mère de madame d’Espard, tante de la duchesse de Langeais, grand’tante de madame de Mortsauf ; véritable d’Hozier en jupon. — Son salon faisait autorité dans le faubourg Saint-Germain, et les mots de ce Talleyrand femelle y étaient écoutés comme des oracles. Très âgée au commencement du règne de Louis XVIII, elle était le plus poétique débris du règne de Louis XV, dit le Bien-Aimé, au surnom duquel elle avait, suivant la chronique, contribué pour sa quote-part (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais). Madame Firmiani était reçue chez la princesse, en souvenir des Cadignan, auxquels elle appartenait par sa mère (Madame Firmiani), et Félix de Vandenesse y fut admis sur la recommandation de madame de Mortsauf ; il trouva du reste, dans cette vieille femme, une amie dont les sentiments avaient quelque chose de maternel. La princesse fut du conseil de famille qui eut à juger une escapade amoureuse de la duchesse Antoinette de Langeais (Le Lys dans la Vallée. — Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Blandureau (Les), riches marchands de toiles à Alençon, sous la Restauration. — Ils avaient une fille unique à laquelle le président du Ronceret voulait marier son fils et qui épousa Joseph Blondet, fils aîné du juge Blondet : ce mariage mettait en hostilités secrètes les deux pères, dont l’un était le chef de l’autre (Le Cabinet des Antiques).

Blondet, juge à Alençon en 1824, né en 1758, père de Joseph et d’Émile Blondet. — Ancien accusateur public sous la Révolution. Botaniste émérite, il avait une serre remarquable, où il cultivait surtout le pélargonium. Cette serre fut visitée par l’impératrice Marie-Louise, qui en parla à l’Empereur, et le juge obtint la décoration de la Légion d’honneur. Après l’affaire de Victurnien d’Esgrignon, vers 1825, le juge Blondet fut promu officier dans l’ordre et nommé conseiller à la cour royale : il ne resta dans ses fonctions que le temps nécessaire pour prendre sa retraite et revint habiter sa chère maison d’Alençon. Il s’était marié, en 1798, âgé de quarante ans, avec une jeune fille de dix-huit ans, qui le trompa dans la suite. Il savait qu’Émile, son second fils, n’était pas de lui ; aussi n’avait-il d’affection que pour l’aîné, et éloigna-t-il le cadet au plus vite. (Le Cabinet des Antiques). Vers 1838, Fabien du Ronceret fut remarqué dans un concours agricole pour une fleur que lui avait donnée le vieux Blondet, et qu’il présenta comme obtenue dans sa propre serre (Béatrix).

Blondet (Madame), femme du précédent, née en 1780, mariée en 1798. — Elle devint la maîtresse d’un préfet de l’Orne, qui fut le père naturel adultérin d’Émile Blondet. Des liens éloignés la rattachaient à la famille de Troisville : elle y introduisit Émile, son enfant préféré, et, lorsqu’elle mourut, en 1818, elle le recommanda à son ancien amant et surtout à la future générale de Montcornet, avec qui il avait été élevé (Le Cabinet des Antiques).

Blondet (Joseph), fils aîné du juge Blondet, d’Alençon ; né dans cette ville vers 1799. — Il exerçait, en 1824, la profession d’avocat, et aspirait à y devenir juge suppléant. Dans la suite, il succéda à son père, dont il occupa le siège jusqu’à sa mort. D’une remarquable et générale médiocrité (Le Cabinet des Antiques).

Blondet (Madame Joseph), née Claire Blandureau, femme de Joseph Blondet, qu’elle épousa lorsqu’il fut nommé juge à Alençon. Elle était fille de riches marchands de toiles de la ville (Le Cabinet des Antiques).

Blondet (Émile), né à Alençon, vers 1800, était, légalement, le fils cadet du juge Blondet, mais, en réalité, le fils d’un préfet de l’Orne. Tendrement aimé de sa mère, il était, au contraire, odieux au juge Blondet, qui l’envoya, en 1818, faire son droit à Paris. Émile Blondet connaissait, dans Alençon, la noble famille d’Esgrignon et portait à la dernière fille de cette illustre maison une estime qui allait jusqu’à l’admiration (La Vieille Fille. — Le Cabinet des Antiques). Émile Blondet était, en 1821, un très beau jeune homme ; il venait de débuter aux Débats par des articles d’une grande portée, et déjà Lousteau le déclarait « l’un des princes de la critique » (Un Grand Homme de province à Paris). En 1821, il écrivait dans une revue dirigée par Finot, où collaborait aussi Lucien de Rubempré, et il se laissait exploiter avec insouciance par son directeur. Émile Blondet avait les mœurs les plus décousues, et il fréquentait sans vergogne, avec la plus complète intimité, ceux qu’il abîmerait le lendemain. Il avait de continuels besoins d’argent. En 1829-1830, il était, avec Bixiou, Lousteau et Nathan, l’un des habitués de la maison d’Esther, rue Saint-Georges (Splendeurs et Misères des Courtisanes). Blondet, fort railleur, ne respectait aucune gloire consacrée ; il avait parié, et avec succès, de troubler le poète Canalis, pourtant plein d’assurance, en dirigeant un regard obstiné sur sa frisure, sur ses bottes ou sur les basques de son habit, tandis qu’il récitait des vers ou débitait des propos emphatiques, campé dans une pose étudiée (Modeste Mignon). En relations avec mademoiselle des Touches, il se trouvait chez elle, peu de temps après 1830, à un raout où Henri de Marsay racontait l’histoire de son premier amour ; il prenait part à la conversation et dépeignait la « femme comme il faut » au comte Adam Laginski (Autre Étude de femme). En 1832, il était reçu chez la marquise d’Espard et s’y rencontrait avec madame de Montcornet, son amie d’enfance, avec la princesse de Cadignan, lady Dudley, MM. d’Arthez, Nathan, Rastignac, le marquis d’Ajuda-Pinto, Maxime de Trailles, le marquis d’Esgrignon, les deux Vandenesse, M. du Tillet, le baron de Nucingen et le chevalier d’Espard, beau-frère de la marquise (Les Secrets de la Princesse de Cadignan). Blondet présenta Nathan, vers 1833, chez madame de Montcornet, où la jeune comtesse Félix de Vandenesse fit la connaissance du poète et s’éprit de lui, pendant quelque temps (Une Fille d’Ève). En 1836, il assistait avec Finot et Couture au récit des débuts de Nucingen racontés avec beaucoup de verve par Bixiou, dans un cabinet particulier de restaurant célèbre (La Maison Nucingen). Huit ou dix ans avant février 1848, Émile Blondet, tout près du suicide, vit sa position changer absolument ; il fut nommé préfet et épousa la riche veuve du comte de Montcornet, qui vint lui offrir sa main dès qu’elle fut libre : ils se connaissaient et s’aimaient depuis l’enfance (Les Paysans).

Blondet (Virginie), femme en secondes noces d’Émile Blondet, née vers 1797, fille du vicomte de Troisville, petite-fille de la princesse russe Scherbelloff. — Elle avait été élevée, à Alençon, avec son futur mari. En 1819, elle épousa le général de Montcornet, et, veuve, une vingtaine d’années plus tard, se remaria avec son ami d’enfance, qui depuis longtemps était son amant (Le Cabinet des Antiques. — Les Secrets de la Princesse de Cadignan. — Les Paysans). En 1821, de concert avec madame d’Espard, elle travaillait à convertir Lucien de Rubempré aux idées monarchiques (Illusions perdues). Un peu après 1830, elle était présente à un raout chez mademoiselle des Touches, où Marsay racontait son premier amour, et elle prenait part à la conversation (Autre Étude de femme). Elle recevait une société, un peu mêlée, au point de vue aristocratique, où se trouvaient les célébrités de la finance, des arts et de la littérature (Le Député d’Arcis). Madame Félix de Vandenesse vit, pour la première fois, et remarqua, chez madame de Montcornet, en 1834-1835, le poète Nathan (Une Fille d’Ève). Madame Émile Blondet, alors générale de Montcornet, passa l’été et l’automne de 1823 en Bourgogne, à sa belle terre des Aigues, où elle vécut d’une vie occupée et agitée au milieu de types multiples de paysans. Remariée, devenue préfète, elle eut à traverser, sous Louis-Philippe, huit ans au moins avant février 1848, ses anciennes propriétés (Les Paysans).

Bluteau (Pierre), nom d’emprunt de Genestas (Le Médecin de Campagne).

Bocquillon, personnage connu de madame Étienne Gruget : en 1820, rue des Enfants-Rouges, à Paris, elle prenait pour lui l’agent de change Jules Desmarets entrant chez elle (Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants).

Bogseck (Madame van), nom donné par Jacques Collin à Esther van Gobseck, lorsqu’en 1825, il la livra, transformée intellectuellement et moralement, à Lucien de Rubempré, dans un élégant appartement de la rue Taitbout (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Boirouge, président du tribunal de Sancerre, au temps où la baronne de la Baudraye régnait sur cette ville. — Apparenté, par sa femme, aux Popinot-Chandier, au juge Popinot, de Paris, et à Anselme Popinot. Propriétaire, par héritage, d’une maison dont il ne savait que faire, il la loua avec empressement à la baronne, pour y établir une société littéraire, qui dégénéra très vite en un cercle vulgaire. Le président Boirouge fut, par jalousie, l’un des auteurs de l’échec du procureur Clagny à la députation. Il passait pour leste en ses propos (La Muse du Département).

Boirouge (Madame), née Popinot-Chandier, femme du président Boirouge ; importante bourgeoise de Sancerre. — Après avoir été, pendant neuf ans, à la tête d’une opposition contre madame de la Baudraye, elle persuada à son fils Gatien de se faire recevoir chez celle-ci, se flattant de le voir bientôt dans ses bonnes grâces. Profitant du séjour de Bianchon à Sancerre, madame Boirouge obtint du célèbre médecin, son parent, une consultation gratuite, en lui expliquant de prétendues douleurs nerveuses à l’estomac, dans lesquelles il reconnut des indigestions périodiques (La Muse du Département).

Boirouge (Gatien), fils du président Boirouge ; né en 1814, le plus jeune « patito » de madame de la Baudraye, qui l’employait à toute sorte de petits offices. — Gatien Boirouge fut joué par Lousteau, à qui il avait confié son amour pour cette femme supérieure (La Muse du Département).

Boisfranc (De), procureur général, puis premier président d’une cour royale sous la Restauration. — V. Dubut.

Boisfranc (Dubut de), président à la cour des Aides, sous l’ancien régime, frère de Dubut de Boisfrelon et de Dubut de Boislaurier (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Boisfrelon (Dubut de), frère de Dubut de Boisfranc et de Dubut de Boislaurier ; ancien conseiller au parlement, né en 1736, mort en 1832, dans la maison de la baronne de la Chanterie, sa nièce. — Il y eut pour successeur Godefroid. M. de Boisfrelon devait être l’un des « frères de la Consolation ». Il était marié ; mais sa femme mourut probablement avant lui (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Boislaurier (Dubut de), frère de Dubut de Boisfranc et de Dubut de Boisfrelon et leur cadet. — Chef supérieur des rebelles de l’Ouest en 1808-1809 et désigné alors sous le prénom d’Auguste. Il organisa, avec Rifoël, chevalier du Vissard, l’affaire des chauffeurs de Mortagne. Lors du procès des « brigands », il fut condamné à mort par contumace (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Bois-Levant, chef de division au ministère des finances, en 1824, à l’époque où Xavier Rabourdin et Isidore Baudoyer se disputaient la succession d’une autre division, celle de F. de la Billardière (Les Employés).

Boleslas, Polonais au service du comte et de la comtesse Laginski, à Paris, rue de la Pépinière, entre 1835 et 1842 (La Fausse Maîtresse).

Bonamy (Ida), tante de mademoiselle Antonia Chocardelle. — Elle gardait, sous Louis-Philippe, rue Coquenard[10], « à deux pas de la rue Pigalle », un cabinet de lecture donné à sa nièce par Maxime de Trailles (Un Homme d’Affaires).

Bonaparte (Napoléon), empereur des Français ; né à Ajaccio le 15 août 1769 ou 1768, suivant une double version ; mort à Sainte-Hélène, le 5 mai 1821. — En octobre 1800, alors premier consul, il recevait, aux Tuileries, le Corse Bartholomeo di Piombo et tirait d’embarras son compatriote compromis dans une vendetta (La Vendetta). Le 13 octobre 1806, la veille de la bataille d’Iéna, il était rejoint, sur le terrain même, par Laurence de Cinq-Cygne, venue tout exprès de France, et lui accordait la grâce des Simeuse et des Hauteserre, compromis dans l’affaire de l’enlèvement du sénateur Malin de Gondreville (Une Ténébreuse Affaire). On vit Napoléon Bonaparte s’intéresser fort à son lieutenant Hyacinthe-Chabert pendant le combat d’Eylau (Le Colonel Chabert). En novembre 1809, il était attendu à un grand bal donné par le sénateur Malin de Gondreville ; mais il fut retenu aux Tuileries par une scène qui éclata, le soir même, entre Joséphine et lui, scène qui révéla le prochain divorce entre les deux époux (La Paix du Ménage). Il excusa les manèges infâmes du policier Contenson (L’Envers de l’Histoire contemporaine). En avril 1813, passant une revue sur la place du Carrousel, à Paris, Napoléon remarqua mademoiselle de Chatillonest, venue là, avec son père, pour voir le beau colonel d’Aiglemont, et, se penchant vers Duroc, il lui dit une phrase courte qui fit sourire le grand maréchal (La Femme de Trente Ans).

Bonaparte (Lucien), frère de Napoléon Bonaparte ; né en 1775, mort en 1840. — Au mois de juin 1800, il venait annoncer chez Talleyrand, ministre des relations extérieures, en présence de Fouché, de Sieyès et de Carnot, la victoire de son frère à Montebello (Une Ténébreuse Affaire). Au mois d’octobre de la même année, rencontré par son compatriote Bartholomeo di Piombo, il l’introduisait auprès du premier consul, donnait sa bourse au Corse, et contribuait ensuite à le sortir tout à fait d’embarras (La Vendetta).

Bonfalot ou Bonvalot (Madame), vieille parente de F. du Bruel, à Paris. — En 1834, La Palférine, qui rencontrait, pour la première fois madame du Bruel sur le boulevard, la suivait avec audace jusque chez madame de Bonfalot, où elle allait en visite (Un Prince de la Bohème).

Bonfons (Cruchot de), né en 1786, neveu du notaire Cruchot et de l’abbé Cruchot ; président du tribunal de première instance de Saumur, en 1819. — Les trois Cruchot, soutenus par bon nombre de cousins, alliés à vingt maisons de la ville, formaient un parti comme jadis à Florence les Médicis, et, comme les Médicis, les Cruchot avaient leurs Pazzi ; c’étaient les des Grassins. Le prix de la lutte entre les Cruchot et les des Grassins était la main de la riche héritière Eugénie Grandet. En 1827, après neuf ans d’attente, le président Cruchot de Bonfons épousa enfin la jeune fille, restée orpheline. Auparavant, il avait été chargé par elle de désintéresser complètement, intérêts et capital, les créanciers du père de Charles Grandet. Six mois après son mariage, Bonfons fut nommé conseiller à la cour royale d’Angers ; puis, au bout de quelques années, s’étant signalé par son dévouement, il devint premier président. Nommé, enfin, député de Saumur en 1832, il mourut huit jours après, laissant sa veuve en possession d’une fortune immense, encore augmentée par les successions de l’abbé et du notaire Cruchot. Bonfons était le nom d’une propriété du magistrat ; il n’avait épousé Eugénie que par cupidité ; il avait l’aspect d’« un grand clou rouillé » (Eugénie Grandet).

Bonfons (Eugénie Cruchot de), fille unique de M. et madame Félix Grandet ; née en 1796, à Saumur. — Élevée étroitement par une mère douce et religieuse et par un père dur et avare ; sa vie n’eut d’autre lueur qu’un amour absolument platonique pour son cousin Charles Grandet ; mais ce jeune homme, une fois loin d’elle, l’oublia, et, revenu des Indes, enrichi, en 1827, se maria avec une jeune fille noble. C’est alors qu’Eugénie Grandet, devenue orpheline, après avoir désintéressé complètement les créanciers du père de Charles, accorda sa main au président Cruchot de Bonfons, qui la recherchait depuis neuf ans. À trente-six ans, restée veuve sans avoir cessé d’être vierge, suivant sa volonté expresse, elle se retira tristement dans la sombre maison paternelle de Saumur et consacra le reste de son existence à des œuvres de bienfaisance et de charité. Après la mort de son père, Eugénie Grandet était souvent désignée, par les Cruchot et leurs partisans, sous le nom de mademoiselle de Froidfond, nom d’une de ses propriétés. On chercha, d’ailleurs, à remarier madame de Bonfons au marquis de Froidfond, ruiné, veuf avec plusieurs enfants et plus que quinquagénaire, en 1832 (Eugénie Grandet).

Bongrand, né en 1769, d’abord avoué à Melun, puis juge de paix à Nemours, de 1814 à 1837. — Ami du docteur Mirouet, il concourut à l’éducation d’Ursule Mirouet, la protégea de son mieux après la mort du vieux médecin, et contribua à lui faire restituer sa fortune, dont Minoret-Levrault s’était emparé par le vol du testament du docteur. M. Bongrand aurait voulu marier Ursule Mirouet avec son fils ; mais elle aimait Savinien de Portenduère ; le juge de paix devint président de tribunal à Melun, après le mariage de la jeune fille avec Savinien (Ursule Mirouet).

Bongrand (Eugène), fils du juge de paix Bongrand. — Il étudia la procédure à Paris, chez l’avoué Derville, tout en faisant son droit ; devint procureur du roi à Melun, après la Révolution de 1830, et procureur général en 1837 ; n’ayant pu épouser Ursule Mirouet, il se maria, probablement, avec la fille de M. Levrault, ancien maire de Nemours (Ursule Mirouet).

Bonnac, très beau jeune homme, premier clerc du notaire Lupin, à Soulanges, en 1823. — Sans autre fortune que ses appointements ; aimé platoniquement de sa patronne, madame Lupin, dite Bébelle, grosse femme ridicule et sans aucune éducation (Les Paysans).

Bonnébault, ancien soldat de cavalerie, le Lovelace du village de Blangy (Bourgogne) et des environs, en 1823. — Bonnébault, amant de Marie Tonsard, qui était folle de lui, avait encore d’autres « bonnes amies » et vivait à leurs dépens ; leurs libéralités ne suffisaient pas à ses dissipations, à ses dépenses de café, à son goût effréné pour le billard. Il rêvait d’épouser Aglaé Socquard, fille unique du père Socquard, propriétaire du café de la Paix, à Soulanges. Bonnébault se fit donner trois mille francs par le général de Montcornet, en lui venant avouer, spontanément, qu’il était chargé de le tuer pour ce prix. Cette révélation amena, d’ailleurs, le général, las de sa lutte sauvage avec les paysans, à mettre en vente sa propriété des Aigues, qui devint la proie de Gaubertin, de Rigou et de Soudry. Bonnébault était « bigle », et son aspect physique valait presque sa dépravation (Les Paysans).

Bonnébault (La mère), grand’mère de l’ancien soldat Bonnébault. — Elle avait, en 1823, à Conches (Bourgogne), où elle résidait, une vache qu’elle ne se faisait pas faute de mener paître dans les prés du général de Montcornet ; les nombreuses déprédations de la vieille femme, couverte de condamnations pour des délits semblables, décidèrent le général à faire saisir cette vache (Les Paysans).

Bonnet (L’abbé), curé de Montégnac, près Limoges, depuis 1814. — Il assistait encore, en cette qualité, à la confession publique de madame Graslin, sa pénitente, dans l’été de 1844. Sorti du séminaire de Saint-Sulpice à Paris, il ne voulut plus quitter le village où il avait été envoyé et où il apporta, soit seul, soit avec le concours de madame Graslin, des améliorations matérielles et morales qui renouvelèrent absolument un pays misérable. C’est lui qui ramena dans le giron de l’Église le révolté Tascheron et le conduisit jusqu’au pied de l’échafaud avec un dévouement dont sa sensibilité, très délicate, souffrit beaucoup. Né en 1788, il avait embrassé la carrière ecclésiastique par pure vocation et dès ses études terminées : il appartenait à une famille plus qu’aisée ; son père, seul artisan de sa fortune, était un homme dur et inflexible. L’abbé Bonnet avait un frère aîné et une sœur qu’il conseillait à sa mère de marier le plus tôt possible, afin de délivrer la jeune fille du terrible joug paternel (Le Curé de Village).

Bonnet, frère aîné de l’abbé Bonnet, engagé volontaire comme simple soldat, vers le commencement de l’Empire ; général en 1813, il fut tué à Leipsig (Le Curé de Village).

Bonnet (Germain), valet de chambre de Canalis, en 1829, à l’époque où le poète vint au Havre disputer à des concurrents la main de Modeste Mignon. — Domestique plein de finesse, d’une mise irréprochable, faisant admirablement valoir son maître. Courtisait Philoxène Jacmin, femme de chambre de madame de Chaulieu. L’office imitait le salon, l’académicien ayant la grande dame pour maîtresse (Modeste Mignon).

Bontems, propriétaire rural des environs de Bayeux, qui s’enrichit beaucoup sous la Révolution, en achetant, à vil prix, force biens nationaux. — C’était un bonnet rouge foncé ; il fut président de son district. Père d’Angélique Bontems qui épousa, sous l’Empire, Granville ; Bontems était mort, à l’époque de ce mariage (Une Double Famille).

Bontems (Madame), femme du précédent, d’une piété outrée et d’une vanité considérable ; mère d’Angélique Bontems, qu’elle avait élevée dans ses sentiments et dont le mariage avec un Granville fut si malheureux (Une Double Famille).

Bontems (Angélique). — V. Granville (madame de).

Borain (Mademoiselle), la plus habile couturière de Provins, au temps de Charles X, fut chargée, par les Rogron, de faire un trousseau complet à Pierrette Lorrain, lorsque cette jeune fille leur fut envoyée de Bretagne (Pierrette).

Bordevin (Madame), bouchère, rue Charlot, à Paris, au temps où Sylvain Pons demeurait rue de Normandie, près de là. — Madame Bordevin était parente de madame Sabatier (Le Cousin Pons).

Bordin, procureur au Châtelet avant la Révolution, puis avoué près le tribunal de première instance de la Seine, sous l’Empire. — En 1798, il renseignait et conseillait M. Alain, créancier de Mongenod ; tous deux avaient été clercs chez le procureur. En 1806, le marquis de Chargebœuf alla chercher à Paris Me. Bordin, qui défendit les Simeuse devant la cour criminelle de Troyes, dans l’affaire de la séquestration et de l’enlèvement du sénateur Malin. En 1809, il défendit également Henriette Bryond des Tours-Minières, née La Chanterie, dans l’affaire dite des chauffeurs de Mortagne (Une Ténébreuse Affaire. — L’Envers de l’Histoire contemporaine). En 1816, Bordin fut consulté par madame d’Espard au sujet de son mari (L’Interdiction). Sous la Restauration, un banquier d’Alençon comptait, tous les trois mois, au chevalier de Valois, cent cinquante livres envoyées de Paris par Bordin (La Vieille Fille). Bordin fut, pendant dix ans, l’avoué de la noblesse ; il aurait eu pour successeur Derville (Une Ténébreuse Affaire).

Un M. Bordin (Jérôme-Sébastien), également procureur au Châtelet et, en 1806, avoué au tribunal de la Seine, succéda à Me Guerbet et céda son étude à Sauvagnest, qui la vendit à Desroches (Un Début dans la Vie).

Born (Comte de), frère de la vicomtesse de Grandlieu. — Il se trouvait mêlé, chez sa sœur, dans l’hiver de 1829-1830, à une conversation dans laquelle l’avoué Derville racontait les malheurs conjugaux de M. de Restaud, l’histoire de son testament et sa mort. Le comte de Born prenait la parole et expliquait le caractère de Maxime de Trailles, l’amant de madame de Restaud (Gobseck).

Borniche, gendre de M. Hochon, le vieil avare d’Issoudun. — Il mourut du chagrin d’avoir fait de mauvaises affaires et de n’avoir reçu aucun secours de son père et de sa mère ; sa femme le précéda ou le suivit de près dans la tombe ; ils laissèrent un fils et une fille, Baruch et Adolphine, élevés par leur grand-père du côté maternel, avec François Hochon, autre petit-fils du bonhomme. Borniche devait être calviniste (La Rabouilleuse).

Borniche (M. et madame), père et mère du précédent. — Ils vivaient encore en 1823, alors que leur fils et leur bru étaient morts depuis longtemps ; au mois d’avril de cette année, la vieille madame Borniche et son amie, madame Hochon, qui faisaient autorité dans Issoudun, assistèrent au mariage de la Rabouilleuse avec Jean-Jacques Rouget (La Rabouilleuse).

Borniche (Baruch), petit-fils des précédents et de M. et madame Hochon. — Né en 1800, orphelin de bonne heure, il fut élevé avec sa sœur par son grand-père du côté maternel. Il était l’un des séides de Maxence Gilet et participait à toutes les expéditions nocturnes des « chevaliers de la désœuvrance ». Lorsque son aïeul apprit sa conduite, en 1822, il se hâta de l’éloigner d’Issoudun et l’envoya étudier la banque à Paris, chez Mongenod (La Rabouilleuse).

Borniche (Adolphine), sœur de Baruch Borniche ; née en 1804. — Élevée presque en recluse dans la froide et monotone maison de son grand-père Hochon, elle regardait toujours par les fenêtres, dans l’espérance de pénétrer quelque chose des énormités qui, suivant la légende, se passaient chez Jean-Jacques Rouget, voisin de son aïeul. Elle attendait aussi avec impatience l’arrivée de Joseph Bridau à Issoudun, souhaitant de lui inspirer quelque sentiment, et prenant le plus vif intérêt au peintre, à cause des monstruosités qu’on lui prêtait, en sa qualité d’artiste (La Rabouilleuse).

Borniche-Hérau ou Héreau, nom d’une des familles les plus considérables d’Issoudun sous la Restauration ; Carpentier, officier de cavalerie retiré dans cette ville, avait épousé une Borniche-Hérau (La Rabouilleuse).

Borromeo (Comte), propriétaire dans les deux îles du lac Majeur, au commencement du xixe siècle. — Personnage de l’Ambitieux par amour, nouvelle publiée par Albert Savarus, dans la Revue de l’Est, en 1834 (Albert Savarus).

Boucard, maître-clerc de l’avoué Derville, en 1818, au temps où le colonel Chabert cherchait à faire valoir ses droits sur sa femme, remariée au comte Ferraud (Le Colonel Chabert).

Boucher, négociant de Besançon, en 1834, fut le premier client d’Albert Savarus dans cette ville et eut la direction financière de la Revue de l’Est, fondée par l’avocat. M. Boucher était allié, par sa femme, à l’un des plus forts éditeurs de grands ouvrages ecclésiastiques (Albert Savarus).

Boucher (Alfred), fils aîné du précédent ; né en 1812. — Jeune homme très avide de gloire littéraire, qu’Albert Savarus attacha à la rédaction de sa Revue de l’Est, lui fournissant des idées, lui donnant des sujets d’articles. Alfred Boucher admirait fort son directeur, qui le traitait en ami. Le premier numéro de la Revue contenait une « méditation » d’Alfred. Cet Alfred Boucher croyait exploiter Savarus ; le contraire avait réellement lieu (Albert Savarus).

Boudet, pharmacien célèbre de Paris, chargé de l’embaumement du corps de M. de l’Estorade, qui mourut en 1841 (La Famille Beauvisage).

Bouffé (Marie), alias Vignol, acteur, né à Paris le 4 septembre 1800, jouait, vers 1822, au théâtre du Panorama-Dramatique, sur le boulevard du Temple, à Paris, le rôle de l’alcade dans une pièce de MM. Raoul Nathan et du Bruel, intitulée : L’Alcade dans l’embarras, imbroglio en trois actes, et venait, le soir de la première représentation, annoncer les auteurs sous les noms de Raoul et de Cursy. Cet artiste, alors tout jeune, révélait, pour la première fois, dans ce rôle, où il obtint un grand succès, son talent pour se grimer en vieillard. Le feuilleton de Lucien de Rubempré le constata (Illusions perdues). On sait que le Panorama-Dramatique offrait la particularité d’un rideau de glace. Ce théâtre faisait face à la rue Charlot. Il devint une maison, d’où Fieschi tira sur Louis-Philippe, et ensuite un autre immeuble dont Mourier, des Folies-Dramatiques, était propriétaire[11].

Bougival (La). — V. Cabirolle (madame).

Bougniol (Mesdemoiselles) tenaient à Guérande (Loire-Inférieure), sous le règne de Louis-Philippe, une auberge où logèrent des artistes, amis de Félicité des Touches (Camille Maupin), venus de Paris pour la voir (Béatrix).

Bourbonne (De), riche propriétaire de Tours, au temps de Louis XVIII et de Charles X. — Oncle d’Octave de Camps, il vint en 1824 à Paris pour se rendre compte des motifs de la ruine de son neveu et unique héritier, qui passait pour avoir tout dissipé avec madame Firmiani. M. de Bourbonne, ancien mousquetaire et jadis homme à bonnes fortunes, était de haute compagnie ; il avait des relations dans le faubourg Saint-Germain par les Listomère, les Lenoncourt, les Vandenesse ; il se fit présenter chez madame Firmiani sous le nom de M. de Rouxellay, nom de sa terre. Les conseils de Bourbonne, esprit fort avisé, auraient pu tirer François Birotteau des griffes de Troubert ; car l’oncle de M. de Camps devinait le plan ténébreux du futur évêque de Troyes. Bourbonne voyait alors beaucoup les Listomère, de Tours (Madame Firmiani. — Le Curé de Tours).

Bourdet (Benjamin), ancien soldat de l’Empire, autrefois sous les ordres de Philippe Bridau. — Retiré dans les environs de Vatan et en relations avec Fario, il se mit, en 1822, à la complète disposition de l’Espagnol, et surtout de l’officier, qui l’avait obligé jadis, et les servit secrètement dans leur haine et leurs projets contre Maxence Gilet (La Rabouilleuse).

Bourgeat, enfant trouvé de Saint-Flour. — Porteur d’eau à Paris, vers la fin du XVIIIe siècle, l’ami de jeunesse et le bienfaiteur du célèbre chirurgien Desplein. Habita, rue des Quatre-Vents, une pauvre maison doublement célèbre par le séjour de Desplein et par celui de Daniel d’Arthez. Catholique fervent, croyant robuste. Se vit fermer les yeux par le fameux futur savant qui veillait à son chevet (La Messe de l’Athée).

Bourget, oncle des frères Chaussard ; vieillard impliqué dans l’affaire des chauffeurs de Mortagne, en 1809. — Il mourut pendant l’instruction, en faisant des aveux ; sa femme, également poursuivie, parut devant le tribunal et fut condamnée à vingt-deux ans de réclusion (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Bourgneuf (Les), famille ruinée par MM. de Camps, vivant pauvre et retirée à Saint-Germain en Laye, dans les premières années du XIXe siècle. Cette famille comprenait le vieux père, qui gérait un bureau de loterie, la mère, presque toujours malade, et deux filles charmantes qui faisaient le ménage et tenaient les écritures. Les Bourgneuf furent tirés de la misère par Octave de Camps, qui, aux dépens de tout son avoir et à l’instigation de madame Firmiani, restitua la fortune spoliée par son père (Madame Firmiani).

Bourguier (Du). — V. Bousquier (du).

Bourignard (Gratien-Henri-Victor-Jean-Joseph), père de madame Jules Desmarets ; l’un des Treize et l’ancien chef de l’ordre des Dévorants sous le nom de Ferragus XXIII. — Il avait été ouvrier, puis entrepreneur de bâtiments ; il eut sa fille d’une femme du monde. Condamné, vers 1807, à vingt ans de travaux forcés, il parvint à s’évader pendant le transport de la chaîne de Paris à Toulon et revint à Paris ; il y vivait en 1820, sous divers noms et divers travestissements, demeurant tour à tour rue des Vieux-Augustins[12], au coin de la rue Soly[13], puis rue Joquelet no 7, enfin, chez madame E. Gruget, rue des Enfants-Rouges[14], no 12, changeant à cette époque de domicile pour échapper aux investigations d’Auguste de Maulincour. Frappé par la mort de sa fille, qu’il adorait, et avec laquelle il n’avait que des entrevues secrètes afin de cacher à tous l’origine compromettante de la jeune femme, il finit sa vie place de l’Observatoire, spectateur à peu près idiot et inconscient des parties de cochonnet dont le terrain compris entre le Luxembourg et le boulevard du Montparnasse était alors le théâtre. L’un des noms d’emprunt de Bourignard était le comte de Funcal. En 1815, Bourignard, dit Ferragus, avait aidé Henri de Marsay, l’un des Treize, dans son entreprise sur l’hôtel San-Réal, habité par Paquita Valdès (Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants ; la Fille aux yeux d’or).

Bourlac (Bernard-Jean-Baptiste-Macloud, baron de), né en 1771, ancien procureur général près la cour royale de Rouen, grand-officier de la Légion d’honneur. — Il avait épousé, par inclination, la fille du Polonais Tarlowski, colonel dans la garde impériale, française, et en avait eu Vanda, qui devint baronne de Mergi. Veuf et retraité, il vint à Paris, en 1829, pour faire soigner Vanda, atteinte d’une étrange et très grave maladie. Après s’être établi avec sa fille et son petit-fils dans le quartier du Roule, il habitait en 1838, depuis plusieurs années et fort à l’étroit, une pauvre maison du boulevard du Montparnasse, où Godefroid, nouvel « initié » des frères de la Consolation, le vint secourir de la part de madame de la Chanterie et de ses associés. On découvrit, ensuite, que le baron de Bourlac était le terrible magistrat qui avait fait condamner cette noble femme et sa fille, lors du procès des chauffeurs de Mortagne, en 1809. Les secours n’en continuèrent pas moins. Vanda fut guérie, grâce à un médecin étranger, Halpersohn, procuré par Godefroid. M. de Bourlac put faire publier son grand ouvrage sur l’Esprit des lois modernes ; on créa pour lui, à la Sorbonne, une chaire de législation comparée ; enfin il se fit pardonner de madame de la Chanterie, aux pieds de laquelle il était allé se jeter (L’Envers de l’Histoire contemporaine). En 1817, le baron de Bourlac, alors procureur général, de qui relevait Soudry fils, procureur du roi, contribua, par sa protection, à faire nommer Sibilet régisseur des propriétés du général de Montcornet, aux Aigues (Les Paysans).

Bournier, fils naturel de Gaubertin et de madame Socquard, la femme du limonadier de Soulanges. — Son existence était ignorée de madame Gaubertin. Envoyé à Paris sous la surveillance de Leclercq, il y apprit le métier d’imprimeur, y devint prote, et, ensuite, fut appelé par Gaubertin, à la Ville-aux-Fayes, où il fonda une imprimerie et un journal, le Courrier de l’Avonne, entièrement dévoué aux intérêts du triumvirat Rigou, Gaubertin et Soudry (Les Paysans).

Bousquier (Du), ou Croisier (du), ou Bourguier (du), né vers 1760, issu d’une vieille famille d’Alençon. — Il avait été entrepreneur des vivres aux armées de 1793 à 1799, avait fait des affaires avec Ouvrard et avait eu des relations suivies avec Barras, Bernadotte et Fouché. C’était alors un des gros personnages de la finance. Brisé par Bonaparte en 1800, il se retira dans sa ville natale[15], n’ayant plus que douze cents francs de rente viagère, après avoir vendu, pour désintéresser ses créanciers, l’hôtel de Beauséant, dont il était propriétaire. Vers 1816, il épousa mademoiselle Cormon, vieille fille qui était recherchée également par le chevalier de Valois et Athanase Granson. Redevenu riche par ce mariage, il se mit à la tête de l’opposition, fonda un journal libéral, le Courrier de l’Orne, et fut nommé, après la Révolution de 1830, receveur général des finances. Il faisait une guerre acharnée aux royalistes du drapeau blanc, et, par haine pour eux, il favorisa secrètement les désordres de Victurnien d’Esgrignon, jusqu’au moment où ce jeune homme ayant commis un faux à son préjudice, il le fit arrêter, cherchant à le perdre pour toujours. L’affaire fut apaisée au moyen d’influences puissantes ; mais le jeune noble provoqua en duel M. du Bousquier, qui le blessa assez grièvement et ensuite lui fit épouser sa nièce, mademoiselle Duval, doté de trois millions (La Vieille Fille. — Le Cabinet des Antiques). Il était, peut-être, le père de Flavie Minoret, fille d’une danseuse célèbre de l’Opéra ; mais il ne s’occupa point de cette enfant, qui fut dotée par la princesse Galathionne et épousa Colleville (Les Petits Bourgeois).

Bousquier (Madame du), née Cormon (Rose-Marie-Victoire) en 1773. — Héritière très riche, elle vivait avec son oncle maternel, l’abbé de Sponde, dans une vieille maison d’Alençon[16], en 1816, recevant la noblesse de la ville, à laquelle elle tenait par des alliances. Recherchée, à la fois, par Athanase Granson, le chevalier de Valois et M. du Bousquier, elle accorda sa main à l’ancien vivrier, dont les formes athlétiques et le passé libertin l’impressionnaient vaguement, mais qui trompa bien ses secrètes espérances, puisqu’elle convenait plus tard qu’elle ne supportait pas l’idée de mourir fille. Madame du Bousquier était fort pieuse. Elle descendait d’intendants des anciens ducs d’Alençon. En cette même année 1816, elle crut à tort pouvoir épouser un Troisville déjà marié. Elle supporta péniblement l’état d’hostilité déclarée entre M. du Bousquier et les Esgrignon (La Vieille Fille. — Le Cabinet des Antiques).

Boutin, ancien maréchal des logis dans le régiment de cavalerie dont Chabert était le colonel. — Il vivait à Stuttgard, en 1814, montrant des ours blancs très bien dressés par lui. Dans cette ville, il rencontra son ancien chef, dépourvu de toutes ressources, sortant de l’hôpital des fous ; il le secourut comme il put et se chargea d’aller à Paris apprendre à madame Chabert l’existence de son mari. Mais Boutin, qui fut tué à Waterloo, ne put, sans doute, accomplir sa mission (Le Colonel Chabert).

Bouvard (Docteur), médecin de Paris, né vers 1758. — Ami du docteur Minoret, avec qui il eut de très vives discussions sur Mesmer, dont il avait adopté le système, tandis que Minoret en niait la vérité. Ces discussions finirent par brouiller les deux amis, et pour longtemps. Enfin, en 1829, Bouvard écrivit à Minoret pour lui demander de venir à Paris assister à des expériences concluantes de magnétisme. À la suite desdites expériences, le docteur Minoret, de matérialiste et d’athée qu’il était, devint spiritualiste et catholique. En 1829, le docteur Bouvard demeurait rue Férou (Ursule Mirouet). Il avait servi de père au docteur Lebrun, médecin de la Conciergerie en 1830, qui, d’après son propre aveu, lui devait son état, et rapportait souvent les idées de son maître sur la force nerveuse (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Bouyonnet, avoué à Mantes, sous Louis-Philippe, poussé par ses confrères et stimulé par le procureur du roi, signala Fraisier, également avoué dans cette ville, qui avait « occupé » dans une affaire, pour les deux parties à la fois. Cette dénonciation eut pour effet de forcer Fraisier à vendre son étude et à quitter Mantes (Le Cousin Pons).

Brambourg (Comte de), titre de Philippe Bridau, dans lequel Joseph, son frère, lui succéda (La Rabouilleuse. — Les Comédiens sans le savoir).

Brandon (Lady Marie-Augusta), mère de Louis Gaston et de Marie Gaston, enfants adultérins. — Liée avec la vicomtesse de Beauséant, elle assistait, en compagnie du colonel Franchessini, son amant peut-être, à ce fameux bal au matin duquel la maîtresse trompée d’Ajuda-Pinto quitta subitement Paris (Le Député d’Arcis). En 1820, retirée à la Grenadière, près de Tours, avec ses deux enfants, elle vit Félix de Vandenesse au moment de la mort de madame de Mortsauf et le chargea d’un message pressant auprès de lady Arabelle Dudley (Le Lys dans la Vallée). Elle mourut à trente six-ans, sous la Restauration, dans cette maison de la Grenadière, et fut enterrée au cimetière de Saint-Cyr. Son mari, lord Brandon, qui l’avait abandonnée, demeurait à cette époque, à Londres, Brandon-Square, Hyde Park. On ne connut à lady Brandon, en Touraine, qu’un nom — d’emprunt — probablement celui de madame Willemsens (La Grenadière).

Braschon, tapissier ou ébéniste au faubourg Saint-Antoine, fameux sous la Restauration. — Il fit des travaux importants pour César Birotteau et figura parmi les créanciers de sa faillite (César Birotteau. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Braulard, né en 1782. — Chef de claque au théâtre du Panorama-Dramatique, vers 1822, puis au Gymnase ; alors amant de mademoiselle Millot ; demeurant à cette époque rue du faubourg du Temple, dans un appartement assez confortable, où il donnait des dîners fins à des actrices, à des directeurs de journaux et à des auteurs, entre autres : Adèle Dupuis, Finot, Ducange et Frédéric du Petit-Méré. Il passait pour avoir gagné vingt mille francs de rente dans le trafic des billets d’auteur et de faveur (Illusions perdues). Vers 1843, encore chef de claque, il avait, dans son personnel, Chardin dit Idamore (La Cousine Bette) et gouvernait ses « romains » au théâtre du boulevard (Opéra-féerie-ballet populaires) dont Félix Gaudissart possédait le privilège (Le Cousin Pons).

Brazier (Famille), composée ainsi :
Un paysan de Vatan (Indre), oncle paternel et tuteur de mademoiselle Flore Brazier, dite la Rabouilleuse ; en 1799, il la plaça chez le docteur Rouget, à des conditions très avantageuses pour lui, Brazier. Relativement enrichi par le médecin, il mourut deux ans avant ce dernier, en 1805, d’une chute au sortir du cabaret, où il passait sa vie depuis sa fortune ;
Sa femme, tante marâtre de Flore ;
Enfin le frère et beau-frère des tuteurs de cette fille, propre père de la Rabouilleuse, mort, veuf et fou, à l’hospice de Bourges, en 1799 (La Rabouilleuse).

Brazier (Flore). — V. Bridau (madame Philippe).

Bréautey (Comtesse de), vieille femme qui, à Provins, en 1827-1828, dans la ville haute, tenait le seul salon aristocratique de la localité (Pierrette).

Brébian (Alexandre de), membre de l’aristocratie d’Angoulême en 1821. — Il fréquentait le salon des Bargeton. Artiste comme son ami Bartas, il était, lui, maniaque de dessin et gâtait tous les albums du département de ses productions saugrenues. Il passait pour être l’amant de madame de Bartas, comme Bartas pour être l’amant de madame de Brébian (Illusions perdues).

Brébian (Charlotte de), femme du précédent. — On l’appelait couramment Lolotte (Illusions perdues).

Breintmayer, maison de banque de Strasbourg, chargée, vers 1803, par Michu, de passer des fonds à MM. de Simeuse, jeunes officiers de l’armée de Condé (Une Ténébreuse Affaire).

Brézac (Les), Auvergnats, grands brasseurs d’affaires et dépeceurs de châteaux, au temps de la Révolution, de l’Empire et de la Restauration. Ils étaient en rapports d’intérêts avec Pierre Graslin, Jean-Baptiste Sauviat et Martin Falleix (Le Curé de Village. — Les Employés).

Bricheteau (Jacques), musicien, organiste de l’église Saint-Louis-en-l’Île, à Paris, sous Louis-Philippe ; en même temps, employé à la salubrité. — Neveu de sœur Marie-des-Anges, supérieure des Ursulines à Arcis-sur-Aube, il était, probablement, originaire de cette ville. Ce fut lui qui protégea, secrètement, l’enfance de Dorlange et qui fut chargé de pourvoir à son existence et à son éducation ; il avait connu la mère du sculpteur et l’avait aimée platoniquement. Par son entremise, le marquis de Sallenauve, tombé dans la misère, consentit, pour une fortune, à reconnaître légalement Dorlange. Bricheteau demeura, tour à tour, quai de Béthune et rue Castex, no 5. En 1840, Jacques Bricheteau, sous le pseudonyme de Larchevêque, au Feu éternel, restaurant du boulevard de l’Hôpital, à Paris, recevait mesdames Matifat, Tancrède, Joséphine Madou, Victorine, qu’il renseignait sur leur filleul Dorlange-Sallenauve. En 1845, il était organiste à Saint-Jean de Latran de Rome, et c’est là que, vraisemblablement, il termina sa vie, toute de dévouement (Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Bridau, père de Philippe et de Joseph Bridau, l’un des secrétaires de Roland, ministre de l’intérieur en 1792, et le bras droit de tous ceux qui se succédèrent à ce ministère. — Attaché fanatiquement à Napoléon, qui sut l’apprécier, il fut nommé chef de division par lui, en 1804, et mourut en 1808, au moment d’être promu directeur général et conseiller d’État avec le titre de comte. Il connut Agathe Rouget, dont il fit sa femme, chez l’épicier Descoings, qu’il essaya d’arracher à l’échafaud (La Rabouilleuse).

Bridau (Agathe Rouget, dame), femme du précédent, née en 1773, fille légale du docteur Rouget, d’Issoudun, mais, peut-être, fille naturelle du subdélégué Lousteau ; le docteur, qui ne l’aimait pas, l’envoya de bonne heure à Paris, où elle fut élevée par son oncle, l’épicier Descoings. — Elle mourut à la fin de l’année 1828. De ses deux fils, Philippe et Joseph, madame Bridau préféra toujours l’aîné, qui ne lui causa que des chagrins (La Rabouilleuse).

Bridau (Philippe), fils aîné de Bridau et d’Agathe Rouget, né en 1796. — Entré à l’école de Saint-Cyr en 1813, il en sortit, six mois après, sous-lieutenant de cavalerie. Nommé lieutenant à la suite d’une affaire d’avant-garde, pendant la campagne de France, puis capitaine après la bataille de La Fère-Champenoise, où Napoléon le prit pour officier d’ordonnance, il fut décoré à Montereau. Témoin des adieux de Fontainebleau, il revint chez sa mère en juillet 1814, âgé de moins de dix-neuf ans, ne voulant pas servir les Bourbons. En mars 1815, Philippe Bridau rejoignit l’empereur à Lyon et l’accompagna aux Tuileries ; il fut promu chef d’escadrons aux dragons de la garde et nommé officier de la Légion d’honneur à Waterloo. Mis en demi-solde sous la Restauration, il conserva néanmoins son grade et sa croix d’officier. Il rejoignit le général Lallemand au Texas et revint d’Amérique, au mois d’octobre 1819, profondément perverti. En 1820-1821, il était gérant d’un journal d’opposition à Paris ; il menait alors la vie la plus dissipée et, amant de Mariette Godeschal, était de toutes les parties de Tullia, de Florentine, de Florine, de Coralie, de Matifat et de Camusot. Non content de soustraire continuellement de l’argent à son frère Joseph, il vola une caisse à lui confiée et dépouilla de ses dernières économies madame Descoings, qui mourut de chagrin. Compromis dans un complot militaire, il fut envoyé, en 1822, à Issoudun, sous la surveillance de la haute police. Là, il jeta le désordre dans le « ménage de garçon » de son oncle Jean-Jacques Rouget, tua en duel Maxence Gilet, l’amant de Flore Brazier, fit ensuite épouser cette fille à son oncle, et se maria lui-même avec elle quand elle devint veuve, en 1824. À l’avènement de Charles X, Philippe Bridau rentra dans l’armée comme lieutenant-colonel au régiment du duc de Maufrigneuse, passa en 1827, avec ce grade, dans un régiment de cavalerie de la garde royale et fut fait comte de Brambourg, du nom d’une terre qu’il avait achetée ; de plus, il fut promu commandeur dans la Légion d’honneur ainsi que dans l’ordre de Saint-Louis. Après avoir organisé savamment la mort de Flore Brazier, sa femme, il chercha à épouser Amélie de Soulanges, appartenant à une grande famille ; mais ses manœuvres furent déjouées par Bixiou. La Révolution de 1830 fit perdre à Philippe Bridau une partie de la fortune qu’il tenait de son oncle par son mariage. Il reprit encore du service sous le gouvernement de Juillet, qui le nomma colonel, et fut tué en 1839, dans un engagement contre les Arabes, en Afrique (La Rabouilleuse. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Bridau (Joseph), peintre, frère cadet de Philippe Bridau, né en 1799. — Élève de Gros, il exposa pour la première fois au salon de 1823. Puissamment soutenu par les membres du cénacle de la rue des Quatre-Vents, dont il dépendait, par son maître, par Gérard et par mademoiselle des Touches, d’ailleurs travailleur obstiné et artiste de génie, il fut décoré en 1827, et, vers 1839, par la protection du comte de Sérizy, chez lequel il avait fait des travaux autrefois, il épousa la fille unique d’un ancien fermier devenu millionnaire. À la mort de son frère Philippe, il hérita de son hôtel de la rue de Berlin, de sa terre de Brambourg et de son titre de comte (La Rabouilleuse. — Illusions perdues. — Un Début dans la Vie). Joseph Bridau fit des vignettes pour les œuvres de Canalis (Modeste Mignon). Il était étroitement lié avec Hippolyte Schinner, qu’il avait connu dans l’atelier de Gros (La Bourse). Un peu après 1830, il assistait chez mademoiselle des Touches à un raout où Henri de Marsay racontait son premier amour, et il prenait part à la conversation (Autre Étude de femme). En 1832, il entrait avec fracas chez Pierre Grassou, lui empruntait cinq cents francs et lui conseillait « d’aborder la nature » ou même de se jeter dans la littérature, puisqu’il ne pouvait être qu’un mauvais peintre. À cette même époque, Joseph Bridau peignait la salle à manger du château d’Arthez (Pierre Grassou). Ami de Marie Gaston, il fut l’un des deux témoins de son mariage avec Louise de Chaulieu, veuve de Macumer, en 1833 (Mémoires de Deux Jeunes Mariées). Il assista également au mariage de Steinbock avec Hortense Hulot, et, en 1838, à l’instigation de Stidmann, se cotisa avec Léon de Lora, afin de donner quatre mille francs au Polonais emprisonné pour dettes. Il avait fait le portrait de Josépha Mirah (La Cousine Bette). En 1839, chez madame de Montcornet, Joseph Bridau exaltait le talent et le caractère du statuaire Dorlange (Le Député d’Arcis).

Bridau (Flore Brazier, dame Philippe), née en 1787, à Vatan (Indre), connue sous le nom de « la Rabouilleuse », parce que son oncle l’employait ordinairement, dans son enfance, à battre, à « rabouiller » les ruisseaux où pouvaient se trouver des écrevisses. — Elle fut remarquée, à cause de sa grande beauté, par le docteur Rouget, d’Issoudun, et recueillie par lui en 1799 ; Jean-Jacques Rouget, fils du docteur, s’éprit d’elle, mais n’en obtint rien qu’à force d’argent ; elle s’éprit elle-même, en 1816, de Maxence Gilet, qu’elle introduisit dans la maison du vieux garçon, aux dépens duquel il vécut. L’arrivée de Philippe Bridau à Issoudun changea tout : Gilet fut tué en duel, et Rouget épousa, en 1823, la Rabouilleuse. Bientôt devenue veuve, elle se maria avec le soudard et mourut à Paris, en 1828, abandonnée de son mari, dans la plus grande misère, en proie à plusieurs maladies terribles, produites par la vie dévergondée dans laquelle Philippe Bridau l’avait jetée à dessein ; elle demeurait alors rue du Houssay[17], au coin de la rue Chantereine[18], à un cinquième étage, qu’elle quitta pour la maison Dubois du faubourg Saint-Denis, déplacée aujourd’hui et située plus haut (La Rabouilleuse).

Bridau (Madame Joseph), fille unique de Léger, ancien fermier plus que millionnaire à Beaumont-sur-Oise ; mariée au peintre Joseph Bridau, vers 1839 (La Rabouilleuse).

Brigaut (Le major), de Pen-Hoël (Vendée) ; ancien major dans les armées catholiques agissant contre la République française. — Homme de fer, d’un dévouement et d’un désintéressement absolus ; il avait servi sous Charette, sous Mercier, sous le baron du Guénic et le marquis de Montauran. Il mourut en 1819, six mois après madame Lorrain, veuve d’un major des armées impériales, qu’il consolait, disait-on, de la perte de son mari. Le major Brigaut avait reçu vingt-sept blessures (Pierrette. — Les Chouans).

Brigaut (Jacques), fils du major Brigaut ; né vers 1811. — Compagnon d’enfance de Pierrette Lorrain, qu’il aimait naïvement, à peu près comme Paul aimait Virginie, et dont il était aimé de la même façon. Lorsque Pierrette fut envoyée à Provins, chez les Rogron, ses parents, Jacques vint aussi dans cette ville, où il exerça le métier de menuisier. Il assista aux derniers moments de la jeune fille et s’engagea ensuite comme soldat ; il devint chef de bataillon, après avoir cherché maintes fois la mort sans la trouver (Pierrette).

Brigitte. — V. Cottin (madame).

Brigitte, servante de Chesnel depuis 1795. — Elle était encore chez lui, rue du Bercail, à Alençon, en 1824, à l’époque des frasques du jeune d’Esgrignon. Brigitte caressait la gourmandise de son maître, le seul défaut du bonhomme (Le Cabinet des Antiques).

Brignolet, clerc chez l’avoué Bordin, en 1806 (Un Début dans la Vie).

Brisetout (Héloïse), maîtresse de Célestin Crevel en 1838 et jusqu’au moment où il fut nommé maire. — Elle succéda à Josépha Mirah, dans un petit hôtel, rue Chauchat[19], après avoir habité rue Notre-Dame-de-Lorette (La Cousine Bette) ; en 1844-1845, première danseuse dans un théâtre du boulevard, elle se partageait entre Bixiou et Gaudissart, son directeur. C’était une fille excessivement littéraire, en renom dans la bohème, élégante et gracieuse ; elle connut de grands artistes et sut lancer le musicien Garangeot, son parent (Le Cousin Pons). Vers la fin du règne de Louis-Philippe, elle avait pour protecteur Isidore Baudoyer, alors maire de l’arrondissement de Paris dont relevait la place Royale (Les Petits Bourgeois).

Brisset, célèbre médecin de Paris, sous Louis-Philippe. — Successeur de Cabanis et de Bichat, matérialiste ; chef des organistes, opposé à Caméristus, chef des vitalistes. Il fut appelé en consultation auprès de Raphaël de Valentin, très gravement malade (La Peau de Chagrin).

Brochon, soldat réformé qui, en 1822, pansait les chevaux et faisait les gros ouvrages chez Moreau, régisseur de Presles, propriété du comte de Sérizy (Un Début dans la Vie).

Brossard (Madame veuve du), reçue chez madame de Bargeton, à Angoulême, en 1821. — Aussi noble que pauvre, elle cherchait à marier sa fille, et, dans ce but, malgré sa dignité pincée et aigre-douce, faisait de véritables avances aux hommes (Illusions perdues).

Brossard (Camille du), fille de la précédente, née en 1794 ; grande et grosse ; passant pour être très forte sur le piano ; non encore mariée, à l’âge de vingt-sept ans (Illusions perdues).

Brossette (L’abbé), né vers 1790, curé de Blangy (Bourgogne) en 1823, au temps où le général de Montcornet luttait contre ses paysans. — L’abbé était lui-même l’objet de leur défiance et de leur haine. C’était le quatrième fils d’une bonne famille bourgeoise d’Autun, un prêtre fidèle, un royaliste convaincu et un homme d’intelligence (Les Paysans). En 1840, il était devenu curé à Paris, dans le faubourg Saint-Germain, et s’employait, sur la demande de madame de Grandlieu, à détacher Calyste du Guénic de madame de Rochefide, pour le ramener à sa femme (Béatrix).

Brouet (Joseph), chouan, mort de blessures reçues au combat de la Pèlerine ou au siège de Fougères, en 1799 (Les Chouans).

Brouin (Jacquette), femme de Pierre Cambremer. — Voir ce nom.

Brousson (Le docteur) soignait le banquier Jean-Frédéric Taillefer, peu de temps avant la mort de ce financier (L’Auberge rouge).

Bruce (Gabriel), dit Gros-Jean, l’un des chouans les plus féroces de la division Fontaine ; impliqué en 1809 dans l’affaire des chauffeurs de Mortagne ; condamné à mort par contumace (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Bruel (Du), chef de division au ministère de l’intérieur, sous l’Empire. — Ami de Bridau père, mis à la retraite dès l’avènement de la Restauration, en relations constantes avec madame veuve Bridau, il venait chaque soir faire sa partie de cartes chez elle, rue Mazarine, avec ses anciens collègues Claparon et Desroches. Ces trois vieux employés étaient appelés les « trois sages de la Grèce » par mesdames Bridau et Descoings. M. du Bruel descendait d’un traitant anobli à la fin du règne de Louis XIV ; il mourut, vers 1821 (La Rabouilleuse).

Bruel (Madame du), femme du précédent. — Elle lui survécut. Elle était la mère de l’auteur dramatique Jean-François du Bruel, baptisé Cursy sur les affiches parisiennes. Bien que sévère bourgeoise, madame du Bruel reçut et accueillit la danseuse Tullia, devenue sa bru (Un Prince de la Bohème).

Bruel (Jean-François du), fils des précédents, né vers 1797, placé par la protection du duc de Navarreins, en 1816, au ministère des finances (La Rabouilleuse). — Il était sous-chef du bureau de Rabourdin, en 1824, au moment où celui-ci disputait à Baudoyer une place de chef de division (Les Employés). En novembre 1825, Jean-François du Bruel assistait, au Rocher de Cancale, à un déjeuner donné aux clercs de l’étude Desroches par Frédéric Marest fêtant sa bienvenue ; il était présent aussi à l’orgie qui suivit, chez Florentine (Un Début dans la Vie). M. Du Bruel devint successivement chef de bureau, directeur, conseiller d’État, député, pair de France, commandeur de la Légion d’honneur, reçut le titre de comte et entra dans une des classes de l’Institut ; tout cela par les intrigues de sa femme, Claudine Chaffaroux, l’ancienne danseuse Tullia, qu’il épousa en 1829 (Un Prince de la Bohème. — Les Petits Bourgeois). Il signa longtemps des vaudevilles, sous le pseudonyme de Cursy. Nathan, le poète, avait été obligé de s’associer à lui ; Jean-François du Bruel mettait en œuvre les idées de l’écrivain et les réduisait en petites pièces productives, spirituelles, toujours faites pour des acteurs. MM. du Bruel et Nathan inventèrent Florine, actrice à recettes ; ils furent les auteurs de l’Alcade dans l’embarras, imbroglio en trois actes, représenté au théâtre du Panorama-Dramatique, vers 1822, où elle débuta et où jouaient aussi Coralie, et Bouffé, sous le nom de Vignol (Illusions perdues. — Une Fille d’Ève).

Bruel (Claudine Chaffaroux, dame du), née à Nanterre, en 1799. — L’une des premières danseuses de l’Opéra de 1817 à 1827 ; elle fut la maîtresse du duc de Rhétoré pendant plusieurs années (La Rabouilleuse) et ensuite celle de Jean-François du Bruel, qui s’éprit d’elle en 1823 et l’épousa en 1829 ; elle avait alors quitté le théâtre. Vers 1834, elle rencontra Charles-Édouard de la Palférine, en devint follement amoureuse, et, pour lui plaire, pour paraître auprès de lui en grande dame, poussa son mari aux plus hauts emplois et sut acquérir le titre de comtesse. À cette époque, elle jouait néanmoins la vertu et elle s’était fait accepter dans le monde bourgeois (Un Prince de la Bohème. — Illusions perdues. — Mémoires de Deux Jeunes Mariées). En 1840, sur la recommandation de madame Colleville, son amie, elle s’occupait de la décoration de Thuillier (Les Petits Bourgeois). Madame du Bruel porta sur les planches et dans le monde galant le nom de Tullia. Elle habitait alors, dans la rue Chauchat, un hôtel où lui succédèrent mesdames Mirah et Brisetout, quand Claudine, après son mariage, se logea rue de la Victoire.

Brunet, huissier à Blangy (Bourgogne), en 1823. — Il était à la fois la terreur et le conseiller du canton ; il avait pour praticiens Michel Vert dit Vermichel et le père Fourchon (Les Paysans).

Brunner (Gédéon), père de Frédéric Brunner. — Il tenait, au temps de la Restauration française et de Louis-Philippe, le grand hôtel de Hollande à Francfort-sur-le-Mein ; l’un des fondateurs des chemins de fer badois ; il mourut vers 1844, laissant quatre millions. Calviniste. Il fut marié deux fois (Le Cousin Pons).

Brunner (Madame), première femme de Gédéon Brunner, mère de Frédéric Brunner ; parente des Virlaz, opulents fourreurs israélites de Leipsig ; juive convertie. — Sa dot forma les éléments de la fortune de son mari. Elle mourut jeune, laissant un fils âgé de douze ans seulement (Le Cousin Pons).

Brunner (Madame), seconde femme de Gédéon Brunner ; fille unique d’un aubergiste allemand. — Elle avait été très gâtée par ses parents. Stérile, dissipée, prodigue, elle rendit son mari fort malheureux, vengeant ainsi la première madame Brunner ; marâtre abominable, elle lança son beau-fils dans une vie effrénée, espérant que les débauches dévoreraient l’enfant et la fortune de la juive. Elle mourut, après dix ans de mariage, avant ses parents, ayant fortement entamé l’avoir de Gédéon Brunner (Le Cousin Pons).

Brunner (Frédéric), fils unique de Gédéon Brunner, né dans les quatre premières années du siècle. — Il dissipa dans une vie folle l’héritage maternel, puis aida son ami Wilhem Schwab à dévorer les cent mille francs qui lui avaient été laissés par ses parents ; sans ressource, alors abandonné de son père, il vint, en 1835, à Paris, où, sur la recommandation de l’hôtelier Graff, il fut employé chez les Keller à six cents francs d’appointements par an ; en 1843, il n’en gagnait encore que deux mille ; mais, Gédéon Brunner étant mort, il devint plusieurs fois millionnaire et fonda avec son ami Wilhem, sous la raison sociale « Brunner, Schwab et Cie », une maison de banque dont le siège était rue Richelieu, entre la rue Neuve-des-Petits-Champs et la rue Villedo, dans un magnifique hôtel appartenant au tailleur Wolfgang Graff. Frédéric Brunner avait été présenté par Sylvain Pons aux Camusot de Marville ; il aurait épousé leur fille, si elle n’avait pas été enfant unique. La rupture de ce mariage entraîna celle des relations de Pons avec la famille de Marville et, par suite, la mort du musicien (Le Cousin Pons).

Bruno, valet de chambre de Corentin à Passy[20], rue des Vignes, en 1830 (Splendeurs et Misères des Courtisanes). — Il était encore au service de Corentin, qui s’incarnait alors en M. du Portail, rue Honoré-Chevalier à Paris, vers 1840 (Les Petits Bourgeois). Ce nom est quelquefois orthographié Bruneau.

Brutus, en 1799, à Alençon, dans la Grande-Rue, tenait l’hôtel des Trois-Maures, où Alphonse de Montauran rencontra pour la première fois mademoiselle de Verneuil (Les Chouans).

Bryond. — V. Tours-Minières (Bernard-Polydor Bryond, baron des).

Bulot, probablement commis voyageur ; Gaudissart en parlait comme d’« un grand imbécile » (L’Illustre Gaudissart).

Buneaud (Madame) tenait à Paris, sur la montagne Sainte-Geneviève, une pension bourgeoise, rivale de celle de madame Vauquer, en 1819 (Le Père Goriot).

Butifer, fort chasseur, braconnier et contrebandier, l’un des habitants du village des environs de Grenoble où le docteur Benassis vint s’établir sous la Restauration. — À l’arrivée du médecin dans le pays, Butifer lui tira un coup de fusil au coin d’un bois ; mais, plus tard, il lui devint entièrement dévoué. Il fut chargé par Genestas de l’éducation physique du fils adoptif de cet officier. Peut-être Butifer s’engagea-t-il dans le régiment de Genestas, après la mort du docteur Benassis (Le Médecin de Campagne).

Butscha (Jean), premier clerc de maître Latournelle, notaire au Havre, en 1829 ; né vers 1804, fils naturel d’un matelot suédois et d’une demoiselle Jacmin, de Honfleur ; bossu ; type d’intelligence et de dévouement. — Tout acquis à Modeste Mignon, qu’il aimait sans espoir, il contribua, par ses adroites manœuvres, à lui faire épouser Ernest de la Brière : Butscha jugeait que cette union rendrait la jeune fille heureuse (Modeste Mignon).


  1. Aujourd’hui, rue Royer-Collard.
  2. Porte encore aujourd’hui ce nom (renseignement donné par M. Albéric Second, angoumoisin, balzacien des plus compétents).
  3. Aujourd’hui, rue Le Goff et rue Malebranche.
  4. Aujourd’hui, place des Vosges.
  5. Elle a brillé, il y a plus de soixante ans, comme artiste chorégraphique renommée aux boulevards.
  6. Aujourd’hui, rue Denfert-Rochereau.
  7. Le 17 décembre, un jeudi réellement, non un dimanche, comme il est dit inexactement.
  8. Ce magasin existe encore au même emplacement (43, quai d’Anjou et 40, rue des Deux-Ponts), sous la direction de M. L. Bellevaut.
  9. Le nom se prononçait « Bissiou ».
  10. Depuis Février 1848, rue Lamartine.
  11. Détails fournis par madame Bouffé.
  12. Aujourd’hui rue d’Argout.
  13. Ruelle disparue par suite de la reconstruction de l’hôtel des Postes.
  14. C’est aujourd’hui la partie de la rue des Archives allant de la rue Pastourelle à la rue Portefoin.
  15. Rue du Cygne, qui continue d’exister aujourd’hui sous le même nom. Ce renseignement exact, avec d’autres concernant Alençon, est fourni par un de nos amis, M. Charles Nô, dont le théâtre des Nations jouait, il y a quatre ans, les Carbonari.
  16. Rue du Val-Noble, actuellement d’Avesgé.
  17. Fragment de la rue Taitbout actuelle.
  18. Redevenue rue de la Victoire depuis le règne de Louis-Philippe.
  19. Depuis un quart de siècle, modifiée profondément.
  20. Passy fait aujourd’hui partie du XVIe arrondissement de Paris.