Comédie humaine - Répertoire/C

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C

Cabirolle, conducteur des voitures de Minoret-Levrault, le maître de poste de Nemours. — Veuf, sans doute, il avait un fils. Vers 1837, sexagénaire, il épousa Antoinette Patris, dite la Bougival, âgée de plus de cinquante ans, mais qui possédait douze cents francs de rente (Ursule Mirouet).

Cabirolle, fils du précédent. — En 1830, il était cocher du docteur Minoret, à Nemours ; il fut ensuite cocher de Savinien de Portenduère, après le mariage du vicomte avec Ursule Mirouet (Ursule Mirouet).

Cabirolle (Madame), femme de Cabirolle père ; née Antoinette Patris, en 1786, d’une pauvre famille de la Bresse. — Veuve d’un ouvrier appelé Pierre et dit Bougival, elle était ordinairement désignée par ce dernier nom. Après avoir été la nourrice d’Ursule Mirouet, elle devint la servante du docteur Minoret et, vers 1837, se maria avec Cabirolle (Ursule Mirouet).

Cabirolle (Madame), mère de Florentine, la danseuse. — Ancienne portière rue Pastourelle, elle vivait, en 1820, avec sa fille, rue de Crussol, dans une modeste aisance dont Cardot, l’ancien marchand de soieries, faisait tous les frais depuis 1817. Selon Giroudeau, c’était une femme d’intelligence (Un Début dans la Vie. — La Rabouilleuse).

Cabirolle (Agathe-Florentine), dite Florentine, née en 1804. — Elle fut rencontrée, en 1817, au sortir de la classe de Coulon, par Cardot, l’ancien marchand de soieries, et établie par lui, avec sa mère, dans un appartement relativement modeste, rue de Crussol. Après avoir figuré au théâtre de la Gaîté, elle y dansa, vers 1820, son premier pas dans le mélodrame à spectacle, intitulé les Ruines de Babylone[1]. Elle succéda ensuite à Mariette dans l’emploi de première danseuse au théâtre de la Porte-Saint-Martin ; puis, en 1823, débuta à l’Opéra par un pas de trois avec Mariette et Tullia. Au temps où Cardot la protégeait, elle avait pour amant l’ancien capitaine Giroudeau et était en relations avec Philippe Bridau, à qui, au besoin, elle prêtait de l’argent. En 1825, Florentine occupait, depuis trois ans environ, l’ancien appartement de Coralie, et c’est là qu’Oscar Husson perdit au jeu l’argent que lui avait confié son patron, l’avoué Desroches, et fut surpris par son oncle Cardot (Un Début dans la Vie. — Illusions perdues. — La Rabouilleuse).

Cabot (Armand-Hippolyte), Toulousain, qui fondait à Paris, place de la Bourse, en 1800, un salon de coiffure. — Sur le conseil de son client le poète Parny, il avait pris le nom de Marius, qui resta attaché à la maison. En 1845, Cabot, pourvu de vingt-quatre mille francs de rente, vivait à Libourne, et un cinquième Marius, appelé Mougin, dirigeait l’établissement créé par lui (Les Comédiens sans le savoir).

Cabot (Marie-Anne), dit Lajeunesse, ancien piqueur du marquis Carol d’Esgrignon ; impliqué dans l’affaire des chauffeurs de Mortagne et exécuté en 1809 (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Cachan, avoué d’Angoulême, sous la Restauration. — Comme Petitclaud, mêlé aux affaires traitées par celui-ci et aux gens qu’il voyait. En 1830, Cachan, devenu maire de Marsac, était en relations avec les Séchard (Illusions perdues. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Cadenet, en 1840, marchand de vins au rez-de-chaussée d’un hôtel garni, situé à Paris, au coin de la rue des Postes et de la rue des Poules[2], et où demeurait alors Cérizet. — Cadenet, propriétaire de la maison, était mêlé aux opérations du « banquier des pauvres » Cérizet (Les Petits Bourgeois).

Cadignan (Prince de), grand seigneur de l’ancien régime, père du duc de Maufrigneuse, beau-père du duc de Navarreins. — Ruiné par la Révolution, il avait retrouvé, au retour des Bourbons, charges et pensions ; mais il était très dépensier et mangeait tout : il avait ruiné sa femme. Il mourut fort âgé, quelque temps avant la révolution de Juillet (Les Secrets de la Princesse de Cadignan). À la fin de 1829, alors grand veneur de Charles X, le prince de Cadignan assistait, près du Havre, à une grande chasse où se trouvaient, parmi une société des plus aristocratiques, le duc d’Hérouville, organisateur de la fête, Canalis et Ernest de la Brière, tous trois prétendant à la main de Modeste Mignon, également présente (Modeste Mignon).

Cadignan (Prince et princesse de), fils et belle-fille du précédent. — V. Maufrigneuse (duc et duchesse de).

Cadine (Jenny), actrice au théâtre du Gymnase, sous Charles X et sous Louis-Philippe ; la plus espiègle des femmes, la seule rivale de Déjazet. — Née en 1814, découverte, élevée et « protégée », dès l’âge de treize ans, par le baron Hulot ; amie intime de Josépha Mirah (La Cousine Bette). Entre 1835 et 1840, entretenue par Couture, elle habitait, rue Blanche, un délicieux rez-de-chaussée avec jardin, où lui succédèrent Fabien du Ronceret et madame Schontz (Béatrix). En 1845, maîtresse de Massol, elle demeurait rue de la Victoire[3] ; à cette époque, elle parut ruiner en quelques jours Palafox Gazonal, conduit chez elle par Bixiou et Léon de Lora (Les Comédiens sans le savoir). Elle fut, vers cette époque, victime d’un vol de bijoux qu’après arrestation des voleurs lui fit rendre Saint-Estève (Vautrin), alors chef de la police de sûreté (Le Député d’Arcis).

Cadot (Mademoiselle), vieille servante-maîtresse du juge Blondet, à Alençon, sous la Restauration. — Elle choyait son maître et, comme lui, préférait l’aîné des deux fils du magistrat (Le Cabinet des Antiques).

Calvi (Théodore), dit Madeleine, né en 1803. — Corse, condamné aux travaux forcés à perpétuité pour onze meurtres, à l’âge de dix-huit ans ; compagnon de chaîne de Vautrin, de 1819 à 1820 ; évadé avec lui du bagne. En mai 1830, ayant assassiné la veuve Pigeau (de Nanterre), il fut arrêté et, cette fois, condamné à mort ; les intrigues de Vautrin, qui avait eu pour lui une affection contre nature, lui sauvèrent la vie : sa peine fut commuée (La Dernière Incarnation de Vautrin). En 1839, Calvi était le secrétaire du même Vautrin, incarné en seigneur suédois sous le nom d’Halpertius (Le Comte de Sallenauve).

Cambon, marchand de bois, l’adjoint du maire Benassis, en 1829, dans une commune des environs de Grenoble, et l’un des auxiliaires dévoués de l’œuvre rénovatrice entreprise par le médecin (Le Médecin de Campagne).

Cambremer (Pierre), pêcheur du Croisic (Loire-Inférieure), qui, pour l’honneur du nom compromis, avait jeté à la mer son fils unique, et depuis, resté veuf, vivait tout seul sur un promontoire élevé, au temps de Louis-Philippe, en expiation de son crime de justice paternelle (Un Drame au bord de la Mer. — Béatrix).

Cambremer (Joseph), frère cadet de Pierre Cambremer, père de Pierrette, dite Pérotte (Un Drame au bord de la Mer).

Cambremer (Jacques), fils unique de Pierre Cambremer et de Jacquette Brouin. — Gâté par ses parents, par sa mère surtout, il devint un scélérat de la pire espèce. Jacques Cambremer évita la justice, parce que son père le précipita dans la mer, après l’avoir garrotté (Un Drame au bord de la Mer).

Cambremer (Madame), née Jacquette Brouin, femme de Pierre Cambremer et mère de Jacques. — Elle était de Guérande ; elle avait reçu de l’éducation ; écrivant comme « un greffier », elle enseigna la lecture à son fils ; ce qui le perdit. On l’appelait ordinairement la belle Brouin. Elle mourut quelques jours après Jacques (Un Drame au bord de la Mer).

Cambremer (Pierrette), dite Pérotte, fille de Joseph Cambremer ; nièce de Pierre et sa filleule. — Chaque matin, la douce et jolie créature venait apporter à son oncle le pain et l’eau dont il usait exclusivement (Un Drame au bord de la Mer).

Caméristus, célèbre médecin de Paris, sous Louis-Philippe ; le Ballanche de la médecine, l’un des défenseurs des doctrines abstraites de Van Helmont ; chef des vitalistes, opposé à Brisset, le chef des organistes. Il fut, ainsi que Brisset, appelé en consultation auprès de Raphaël de Valentin très gravement malade (La Peau de Chagrin).

Camps (Octave de), amant, puis mari de madame Firmiani. — Elle lui fit restituer toute une fortune à la famille Bourgneuf, ruinée dans un procès par le père d’Octave, et le réduisit ainsi à vivre de leçons de mathématiques. Il n’avait que vingt-deux ans, lorsqu’il connut madame Firmiani ; il l’épousa d’abord à Gretna-Green. Le mariage à Paris eut lieu en 1824 ou en 1825. Octave de Camps demeurait, avant son mariage, rue de l’Observance[4] ; il descendait du fameux abbé de Camps, si connu des bibliophiles et des savants (Madame Firmiani). Octave de Camps reparut ensuite comme maître de forges, sous le règne de Louis-Philippe. Aussi, à cette époque, résidait-il rarement à Paris (Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Camps (Madame Octave de), née Cadignan ; nièce du vieux prince de Cadignan, cousine du duc de Maufrigneuse. — Elle épousa, en 1813, âgée de seize ans, M. Firmiani, receveur général dans le département de Montenotte, qui mourut en Grèce vers 1822, et elle devint madame de Camps en 1824 ou 1825 ; elle demeurait, à cette époque, rue du Bac et était reçue chez la princesse de Blamont-Chauvry, l’oracle du faubourg Saint-Germain. Femme accomplie et excellente, elle était aimée de ses rivales : la duchesse de Maufrigneuse, sa cousine, madame de Macumer (Louise de Chaulieu) et la marquise d’Espard (Madame Firmiani). Elle recherchait et protégeait madame Xavier Rabourdin (Les Employés). À la fin de l’année 1824, elle donna un bal où Charles de Vandenesse fit la connaissance de madame d’Aiglemont, dont il devint l’amant (La Femme de Trente Ans). En 1834, madame Octave de Camps essayait de détourner la calomnie propagée sur le compte de madame Félix de Vandenesse, qui se compromettait avec le poète Nathan, et elle conseillait sagement cette jeune femme (Une Fille d’Ève). Elle donnait encore de très bons avis à madame de l’Estorade, qui craignait de s’éprendre de Sallenauve (Le Député d’Arcis). L’ex-madame Firmiani se partageait alors entre Paris et les forges de M. de Camps ; mais elle leur donnait trop la préférence, du moins au dire de madame de l’Estorade, une de ses intimes (Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Camuset, l’un des noms d’emprunt de Bourignard ; celui sous lequel il se faisait appeler chez madame Étienne Gruget, rue des Enfants-Rouges (Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants).

Camusot, marchand de soieries, rue des Bourdonnais, à Paris, sous la Restauration ; né en 1765, gendre et successeur de Cardot, dont il avait épousé la fille aînée, étant veuf d’une demoiselle Pons, unique héritière des fameux Pons, brodeurs de la cour sous l’Empire. — Il se retira des affaires vers 1834 et devint membre du conseil des manufactures, député, pair de France et baron. Il eut quatre enfants. En 1821-1822, il entretenait Coralie, qui s’éprit si vivement de Lucien de Rubempré. Bien qu’elle l’eût abandonné pour Lucien de Rubempré, il promit au poète, après la mort de l’actrice, d’acheter, au Père-Lachaise, un terrain à perpétuité, et de faire graver sur la tombe ces simples mots : Coralie, morte à 19 ans (22 août 1829.) (Illusions perdues. — La Rabouilleuse. — Le Cousin Pons). Plus tard, il se chargea de Fanny Beaupré, avec laquelle il vécut longtemps (La Muse du Département). Il assista avec sa femme au fameux bal de César Birotteau, en décembre 1818, et fut nommé juge-commissaire de la faillite du parfumeur, en remplacement de Gobenheim-Keller, d’abord désigné (César Birotteau). Il avait été en relations avec les Guillaume, marchands de draps rue Saint-Denis (La Maison du Chat qui pelote).

Camusot de Marville, fils du premier lit de Camusot, le marchand de soieries ; né vers 1794. — Il prit, sous Louis-Philippe, le nom d’une terre et d’herbages normands (Marville), pour se distinguer d’un frère du second lit ; en 1824, juge d’instruction à Alençon, il contribua à faire rendre une ordonnance de non-lieu en faveur de Victurnien d’Esgrignon, coupable d’un faux (Le Cousin Pons. — Le Cabinet des Antiques). En 1828, juge à Paris, il fut désigné pour remplacer Popinot dans le tribunal chargé de se prononcer sur la demande en interdiction présentée par madame d’Espard contre son mari (L’Interdiction). Au mois de mai 1830, en qualité de juge d’instruction, il avait fait un rapport concluant à l’élargissement de Lucien de Rubempré, accusé de l’assassinat d’Esther Gobseck ; mais le suicide du poète rendit inutile la mesure proposée ; cette mort renversait momentanément les projets ambitieux du magistrat (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin). Camusot de Marville avait été président du tribunal de Mantes ; en 1844, il était président de la cour royale de Paris et commandeur de la Légion d’honneur. À cette époque, il habitait dans une maison de la rue de Hanovre, achetée par lui en 1834, où il recevait son cousin le musicien Pons. Le président de Marville fut nommé député en 1840 (Le Cousin Pons).

Camusot de Marville (Madame), née Thirion (Marie-Cécile-Amélie), en 1798 ; fille d’un huissier du cabinet de Louis XVIII, femme du magistrat. — En 1814, elle fréquentait l’atelier du peintre Servin, qui faisait un cours pour les jeunes filles ; cet atelier était divisé en deux clans : mademoiselle Thirion dirigeait le parti de la noblesse, quoique d’origine roturière, et persécutait Ginevra di Piombo, du parti bonapartiste (La Vendetta). En 1818, elle fut invitée, avec son père et sa mère, au fameux bal de César Birotteau ; à cette époque, il était question de la marier à Camusot de Marville (César Birotteau). Ce mariage eut lieu en 1819, et, immédiatement, l’impérieuse jeune fille s’empara de l’esprit du juge, qu’elle faisait agir absolument à son gré et dans l’intérêt de son ambition démesurée : c’est elle qui amena l’élargissement du jeune d’Esgrignon en 1824, le suicide de Lucien de Rubempré en 1830 ; par elle, le marquis d’Espard faillit être interdit. Madame de Marville n’eut pas autant d’influence sur son beau-père, le vieux Camusot, qu’elle fatiguait beaucoup et qu’elle importunait singulièrement. Elle causa aussi, par ses mauvais procédés, la mort de Sylvain Pons, le « parent pauvre », dont elle recueillit avec son mari l’importante succession artistique (Le Cabinet des Antiques. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin. — Le Cousin Pons).

Camusot (Charles), fils des précédents, mort en bas âge, à une époque où ses parents ne possédaient ni leur terre ni leur titre de Marville, et où ils se trouvaient même dans une situation de fortune presque voisine de la gêne (Le Cousin Pons).

Camusot de Marville (Cécile). — V. Popinot (vicomtesse).

Canalis (Constant-Cyr-Melchior, baron de), poète (chef de l’école angélique), député, ministre, pair de France, membre de l’Académie française, commandeur de la Légion d’honneur, né à Canalis (Corrèze), en 1800. — Vers 1821, il devint l’amant de madame de Chaulieu, qui le poussa aux emplois les plus élevés et constamment le fit valoir, mais qui se montra toujours exigeante. Un peu plus tard, Canalis se trouvait, un soir, à l’Opéra, dans la loge de madame d’Espard, qui lui présentait Lucien de Rubempré. Dès 1824, il était le poète à la mode (Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Illusions perdues). En 1829, il demeurait rue Paradis-Poissonnière[5], no 29, et était maître des requêtes au conseil d’État ; c’est à cette époque qu’il fut en rapports avec Modeste Mignon et qu’il espéra pouvoir épouser cette opulente héritière (Modeste Mignon). Un peu après 1830, déjà consacré grand homme, il assistait chez mademoiselle des Touches, à une soirée où Henri de Marsay racontait son premier amour ; Canalis prenait part à la conversation et prononçait, d’un accent emphatique, une tirade sur Napoléon (La Peau de Chagrin. — Autre Étude de femme). En 1838, il épousa la fille de Moreau (de l’Oise), qui lui apportait une très grosse dot (Un Début dans la Vie). En octobre 1840, il assistait, avec madame de Rochefide, à une représentation des Variétés, où Calyste du Guénic revit, après trois ans, cette femme dangereuse (Béatrix). En 1845, Canalis était montré à la Chambre des députés, par Léon de Lora, à Palafox Gazonal (Les Comédiens sans le savoir). En 1845, encore, il accepta d’être le témoin de Sallenauve se battant avec Maxime de Trailles. Canalis fut, d’ailleurs, toujours favorable à Sallenauve, et, en 1839, il contribua, par la parole et par le vote, à faire valider l’élection contestée du député d’Arcis (Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Canalis (Baronne Melchior de), femme du précédent et fille de M. et madame Moreau (de l’Oise). — Vers le milieu du règne de Louis-Philippe, mariée assez récemment, elle fit un voyage en Seine-et-Oise. Elle se dirigeait sur Beaumont et Presles. Madame de Canalis occupait, avec sa fille et l’académicien, le coupé de la diligence Pierrotin (Un Début dans la Vie).

Cane (Marco-Facino), dit le père Canet, vieillard aveugle, pensionnaire de l’hospice des Quinze-Vingts, exerçait à Paris, sous la Restauration, le métier de musicien. Il joua de la clarinette dans un bal d’ouvriers, rue de Charenton, à l’occasion du mariage de la sœur de madame Vaillant. — Il se disait Vénitien, prince de Varèse, descendant du fameux condottiere Facino Cane, dont les conquêtes passèrent au duc de Milan, et il racontait d’étranges histoires sur sa jeunesse patricienne. Il mourut en 1820, plus qu’octogénaire. Il était le dernier des Cane de la branche aînée, et transmit à Emilio Memmi, son parent, le titre de prince de Varèse (Facino Cane. — Massimilla Doni).

Canet (Le père). — Surnom du précédent.

Canquoëlle (Père), nom d’emprunt du policier Peyrade, sous la Restauration (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Cante-Croix (Marquis de), sous-lieutenant dans un des régiments qui passèrent à Angoulême, de novembre 1807 à mars 1808, pour aller en Espagne. — Colonel, à Wagram, le 6 juillet 1809, il n’avait que vingt-six ans ; un boulet de canon lui écrasa sur le cœur le portrait de madame de Bargeton, éprise de lui (Illusions perdues).

Cantinet, ancien marchand de verreries, bedeau de l’église Saint-François, au Marais, à Paris, en 1845, demeurant rue d’Orléans[6] ; paresseux et ivrogne (Le Cousin Pons).

Cantinet (Madame), femme du précédent, loueuse de chaises à l’église Saint-François. — Intronisée in extremis garde-malade de Sylvain Pons par Fraisier et Poulain, qui surent facilement la mettre dans leurs intérêts et la diriger (Le Cousin Pons).

Cantinet fils. — Il aurait pu être nommé suisse à l’église Saint-François, où son père et sa mère étaient employés ; mais il avait préféré la carrière du théâtre : il était figurant au Cirque-Olympique[7] en 1845. Il désolait sa mère par une vie échevelée et des emprunts forcés à la bourse maternelle (Le Cousin Pons).

Capraja, noble Vénitien, dilettante émérite, ne vivant que par et pour la musique ; surnommé il Fanatico ; en relations avec le duc et la duchesse Cataneo et leurs amis (Massimilla Doni).

Carabine, surnom de Séraphine Sinet. — Voir ce nom.

Carbonneau, médecin que le comte de Mortsauf, en 1820, parlait de consulter pour sa femme, au lieu du docteur Origet, dont il croyait avoir à se plaindre (Le Lys dans la Vallée).

Carcado (Madame de), fondatrice d’une œuvre de bienfaisance parisienne dans laquelle madame de la Baudraye fut nommée quêteuse, en mars 1843, par l’entremise des prêtres amis de madame Piédefer. — Cette nomination avait pour résultat important de faire rentrer dans le monde la « muse » égarée et plus que compromise par ses relations avec Lousteau (La Muse du Département).

Cardanet (Madame de), grand’mère de madame de Senonches (Illusions perdues).

Cardinal (Madame), revendeuse de poissons, à Paris, fille d’un sieur Toupillier, commissionnaire à charrette ; veuve d’un fort de la halle ; nièce de Toupillier, le pauvre de Saint-Sulpice, dont, en 1840, avec la complicité de Cérizet, elle cherchait à capter le trésor caché. — Cette femme avait trois sœurs, quatre frères et trois oncles qui auraient pu partager avec elle la succession du mendiant. Les manœuvres de madame Cardinal et de Cérizet furent déjouées par M. du Portail (Corentin) (Les Petits Bourgeois).

Cardinal (Olympe). — V. Cérizet (madame).

Cardot (Jean-Jérôme-Séverin), né en 1755. — Premier commis dans une vieille maison de soieries, au Cocon d’or, rue des Bourdonnais, il acheta cet établissement en 1793, au moment du maximum, et fit, en dix ans, une grande fortune, grâce à la dot de cent mille francs que lui apporta sa femme, une demoiselle Husson, dont il eut quatre enfants : deux filles, l’aînée mariée à Camusot, successeur de son beau-père, la seconde, Marianne, mariée à Protez, de la maison Protez et Chiffreville ; deux fils, l’aîné, qui devint notaire, le cadet, Joseph, associé de la maison de droguerie Matifat. Cardot était le protecteur de la danseuse Florentine, qu’il avait découverte et lancée. Il demeurait, en 1822, à Belleville[8], dans l’une des premières maisons situées au-dessus de la Courtille ; il était alors veuf depuis six ans. Oncle d’Oscar Husson ; il s’était à peu près chargé du sort et de l’entretien de cet étourdi, mais tout changea, lorsque, par le vieillard, le jeune homme fut trouvé endormi, un matin, sur le canapé de Florentine, après une orgie où il avait dépensé de l’argent que lui avait confié son patron, l’avoué Desroches (Un Début dans la Vie. — Illusions perdues. — La Rabouilleuse). Cardot était en relations avec les Guillaume, marchands de draps, rue Saint-Denis (La Maison du Chat qui pelote). Il fut invité, avec tous ses enfants, au fameux bal donné par César Birotteau, le 17 décembre 1818 (César Birotteau).

Cardot, fils aîné du précédent ; notaire à Paris, successeur de Sorbier ; né en 1794 ; marié à une demoiselle Chiffreville, d’une famille célèbre dans les produits chimiques. — Il eut de sa femme trois enfants : un fils, l’aîné, qui, en 1836, était quatrième clerc, chez son père et devait lui succéder, mais rêvait la gloire littéraire ; Félicie, qui épousa Berthier ; une autre fille, née en 1824. Le notaire Cardot entretenait Malaga, au temps de Louis-Philippe (La Muse du Département. — Un Homme d’Affaires. — Le Cabinet des Antiques). En 1839, il fut chargé de liquider la succession de Marie Gaston (Le Comte de Sallenauve). Il était le notaire de Pierre Grassou, qui lui portait, tous les trois mois, ses économies (Pierre Grassou). Notaire également des Thuillier, il avait présenté, dans leur salon de la rue Saint-Dominique d’Enfer[9], en 1840, Godeschal, prétendant à la main de Céleste Colleville. Après avoir demeuré place du Châtelet[10], Cardot devint l’un des locataires de la maison achetée par les Thuillier, près de la Madeleine (Les Petits Bourgeois). En 1844, il était maire et député de Paris (Le Cousin Pons).

Cardot (Madame), née Chiffreville, femme du notaire Cardot ; dévote, femme de bois, « vraie brosse de pénitence ». — Vers 1840, elle demeurait à Paris, avec son mari, place du Châtelet. À la même époque, la notaresse conduisait sa fille, Félicie, rue des Martyrs, chez Étienne Lousteau qu’elle rêvait alors pour gendre, mais que, finalement, elle repoussa, en raison de la vie décousue du journaliste (La Muse du Département).

Cardot (Félicie ou Félicité). — V. Berthier (madame).

Carigliano (Maréchal, duc de), l’un des illustres soldats de l’Empire, mari d’une demoiselle Malin de Gondreville, qu’il adorait, qui le trompait, à laquelle il obéissait et dont il avait peur (La Maison du Chat qui pelote). En 1819, le maréchal de Carigliano donna un bal, où Eugène de Rastignac fut présenté par sa cousine, la vicomtesse de Beauséant, et où il fit ainsi ses débuts dans le grand monde (Le Père Goriot). Il possédait, sous la Restauration, près de l’Élysée-Bourbon, un bel hôtel qu’il vendit à M. de Lainty (Sarrasine).

Carigliano (Duchesse de), femme du précédent, fille du sénateur Malin de Gondreville. — Elle était, à la fin de l’Empire, alors âgée de trente-six ans, la maîtresse du jeune colonel d’Aiglemont et presque en même temps celle du peintre Sommervieux, récemment marié à Augustine Guillaume. La duchesse de Carigliano reçut la visite de madame de Sommervieux et lui donna les conseils les plus ingénieux sur la manière de reconquérir son mari et de se l’attacher à jamais par la coquetterie (La Maison du Chat qui pelote). En 1821-1822, elle avait une loge à l’Opéra auprès de madame d’Espard ; Sixte du Châtelet l’y vint saluer, le soir-même où Lucien de Rubempré, tout nouvellement arrivé à Paris, fit si piètre figure dans ce théâtre, auprès de madame de Bargeton (Illusions perdues). C’est la duchesse de Carigliano qui, après de grands efforts, découvrit une femme noble pour le général de Montcornet, mademoiselle de Troisville (Les Paysans). Duchesse napoléonienne, madame de Carigliano n’en était pas moins dévouée aux Bourbons et attachée particulièrement à la duchesse de Berry ; lancée aussi dans la plus haute dévotion, elle venait, presque chaque année, faire une retraite aux Ursulines d’Arcis-sur-Aube. En 1839, les amis de Sallenauve comptaient sur l’appui de la duchesse pour le faire nommer député (Le Député d’Arcis).

Carmagnola (Giambattista), vieux gondolier de Venise, en 1820 ; entièrement à la dévotion d’Emilio Memmi (Massimilla Doni).

Carnot (Lazare-Nicolas-Marguerite), né à Nolay (Côte-d’Or), en 1753, mort en 1823. En juin 1800, étant ministre de la guerre, il assistait, avec Talleyrand, Fouché et Sieyès, à un conciliabule tenu rue du Bac, au ministère des relations extérieures, et où se méditait le renversement du premier consul Bonaparte (Une Ténébreuse Affaire).

Caroline (Mademoiselle), nom sous lequel la duchesse de Langeais, en 1818-1819, partit pour l’Espagne comme femme de chambre de lady Julia Hopwood, après son aventure avec le général de Montriveau (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Caroline (Mademoiselle), sous l’Empire, gouvernante des quatre enfants de M. et madame de Vandenesse, dont les trois connus sont : Charles, Félix et madame de Listomère. Elle était « terrible » (Le Lys dans la Vallée).

Caroline, à Paris, rue Saint-Dominique-Saint-Germain[11] entre 1827 et 1828, femme de chambre de la marquise de Listomère, quand celle-ci reçut une lettre d’Eugène de Rastignac destinée à Delphine de Nucingen (Étude de femme).

Caroline, servante des Thuillier, en 1840 (Les Petits Bourgeois).

Caron, avocat chargé des affaires de mademoiselle Gamard, à Tours, en 1826. — Il agit contre l’abbé François Birotteau (Le Curé de Tours).

Carpentier, ancien capitaine des armées impériales, retiré à Issoudun sous la Restauration. — Il avait une place à la mairie ; il s’allia par son mariage à l’une des familles les plus considérables de la ville, les Borniche-Héreau. Ami intime du capitaine d’artillerie Mignonnet, dont il partageait l’aversion pour le commandant Maxence Gilet, il fut, avec lui, le témoin de Philippe Bridau dans son duel avec le chef des chevaliers de la désœuvrance (La Rabouilleuse).

Carpi (Benedetto), geôlier d’une prison de Venise, où était détenu Facino Cane, entre 1760 et 1770. — Acheté par le prisonnier, il prit la fuite avec lui, emportant une partie du trésor secret de la République ; mais il périt presque aussitôt en mer, dans une traversée (Facino Cane).

Carthagenova, basse superbe du théâtre de la Fenice à Venise. — Il chantait, en 1820, le Moïse de Rossini, avec Genovese et la Tinti, devant le duc et la duchesse Cataneo, Capraja, Emilio Memmi et Marco Vendramini (Massimila Doni).

Cartier, jardinier du quartier Montparnasse à Paris, au temps de Louis-Philippe. — En 1838, il fournissait à M. Bernard (le baron de Bourlac) des fleurs pour sa fille Vanda (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Cartier (Madame), femme du précédent, approvisionnait de lait, d’œufs et d’herbes madame Vauthier, concierge d’un pauvre hôtel du boulevard Montparnasse, et M. Bernard, locataire de l’immeuble (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Casa-Réal (Duc de), frère cadet de madame Balthazar Claës. — Allié aux Évangélista, de Bordeaux ; d’une famille illustre sous la monarchie espagnole ; sa sœur avait renoncé à la succession de père et mère, afin de lui procurer un mariage digne de la noble maison. Il mourut jeune, en 1805, laissant à madame Claës une assez grosse fortune en argent (La Recherche de l’Absolu. — Le Contrat de Mariage).

Castagnould, second du Mignon, joli brick de cent tonneaux, dont Charles Mignon était le capitaine et le propriétaire, et avec lequel il fit des voyages au long cours et des affaires considérables, de 1826 à 1829. — Castagnould était un Provençal et un ancien serviteur de la famille Mignon (Modeste Mignon).

Castanier (Rodolphe), ancien chef d’escadron dans les dragons, sous l’Empire. — Caissier du baron de Nucingen, sous la Restauration, décoré de la Légion d’honneur, il entretint madame de la Garde (Aquilina) et, pour elle, contrefit, en 1821, la signature du banquier sur une lettre de change d’une valeur considérable. L’Anglais John Melmoth le tira de ce mauvais pas, en échangeant son individualité contre celle de l’ancien officier. Castanier eut ainsi toute-puissance, mais s’en dégoûta promptement, et, par le même procédé d’échange, la transmit à un financier nommé Claparon. Castanier était du Midi ; il avait servi depuis l’âge de seize ans jusqu’à près de quarante ans (Melmoth réconcilié).

Castanier (Madame), femme du précédent, mariée sous le premier Empire. — Sa famille, de la bourgeoisie de Nancy, trompa Castanier sur le chiffre de la dot et sur celui des « espérances » ; madame Castanier était vertueuse, laide et d’humeur aigre ; séparée de son mari, à l’amiable, depuis plusieurs années, elle vivait, en 1821, aux environs de Strasbourg (Melmoth réconcilié).

Casteran (De), très ancienne famille noble de la Normandie, alliée à Guillaume le Conquérant ; apparentée aux Verneuil, aux Esgrignon, aux Troisville. — Ce nom se prononce Cateran ; tantôt il prend un accent aigu sur l’e, tantôt il l’abandonne. Une demoiselle Blanche de Casteran fut la mère de mademoiselle de Verneuil et mourut abbesse de Notre-Dame de Séez (Les Chouans). En 1807, en Normandie, des Casteran accueillaient madame de la Chanterie, alors veuve (L’Envers de l’Histoire contemporaine). Un marquis et une marquise de Casteran, vieux alors, fréquentaient, en 1822, le salon du marquis d’Esgrignon, à Alençon (Le Cabinet des Antiques). La marquise de Rochefide, née Béatrix-Maximilienne-Rose de Casteran, était la fille cadette d’un marquis de Casteran, qui voulait marier ses deux filles sans dot, afin de réserver toute sa fortune au comte de Casteran, son fils (Béatrix). Un comte de Casteran, gendre du marquis de Troisville, parent de madame de Montcornet, était préfet d’un département de la Bourgogne, entre 1820 et 1825 (Les Paysans).

Cataneo (Duc), noble Sicilien, né en 1773 ; premier mari de Massimilla Doni. — Ruiné physiquement par l’abus de toutes les jouissances dès avant son mariage, il n’exerçait en aucune façon ses prérogatives d’époux et ne vivait plus que par et pour la musique. Très riche, il avait fait élever Clara Tinti, découverte par lui tout enfant et simple servante d’auberge : la jeune fille était devenue, par ses soins, la célèbre prima donna du théâtre de la Fenice à Venise, en 1820. Le merveilleux ténor Genovese, du même théâtre, appartenait également au duc Cataneo, qui le soldait fort cher pour ne chanter qu’avec la Tinti. Le duc Cataneo, d’une tournure ridicule, « semblait avoir pris à tâche de justifier le Napolitain que Serolemo met toujours en scène sur son théâtre de marionnettes » (Massimilla Doni).

Cataneo (Duchesse), née Massimilla Doni, femme du précédent ; remariée à Emilio Memmi, prince de Varèse. — V. Varèse (princesse de).

Catherine, vieille femme au service de M. et madame Saillard, en 1824 (Les Employés).

Catherine, femme de chambre de Laurence de Cinq-Cygne et sa sœur de lait, jolie fille de dix-neuf ans en 1803. — Catherine était, ainsi que Gothard, dans les secrets de sa maîtresse, dont elle favorisait toutes les tentatives (Une Ténébreuse Affaire).

Cavalier, associé de Fendant ; tous deux libraires-éditeurs-commissionnaires rue Serpente, à Paris, en 1821. — Cavalier voyageait pour la maison, qui était sous la raison sociale Fendant et Cavalier. Les deux associés firent faillite, peu de temps après avoir publié, sans aucun succès, le fameux roman de Lucien de Rubempré, l’Archer de Charles IX, dont ils avaient changé le titre en une dénomination bizarre (Illusions perdues). En 1838, une maison Cavalier publia l’Esprit des Lois modernes, du baron de Bourlac, et partagea les bénéfices avec l’auteur (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Cayron, Languedocien, petit marchand de parapluies, d’ombrelles, et de cannes, rue Saint-Honoré, dans une maison mitoyenne de celle qui était habitée, en 1818, par le parfumeur Birotteau. — Avec le consentement de son propriétaire (Molineux), Cayron céda à son voisin deux pièces qu’il avait au-dessus de sa boutique ; il fit de mauvaises affaires et disparut subitement, peu de temps après le grand bal donné par Birotteau. Cayron admirait et implorait Birotteau, qu’il accompagna, cour Batave (quartier Saint-Denis)[12], chez Molineux (César Birotteau).

Célestin, valet de chambre de Lucien de Rubempré, à Paris, quai Malaquais, dans les dernières années du règne de Charles X (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Cérizet, orphelin de l’hospice des Enfants-Trouvés, de Paris ; né en 1802. — Apprenti chez les célèbres typographes Didot, il y fut remarqué par David Séchard, qui l’emmena à Angoulême et l’employa dans son imprimerie, où Cérizet remplit les triples fonctions de metteur en pages, de compositeur et de prote. Bientôt, il trahit son maître et, d’intelligence avec les frères Cointet, rivaux de David Séchard, il se rendit acquéreur de son fonds (Illusions perdues). Ensuite, il fut acteur en province, gérant de journaux libéraux sous la Restauration, sous-préfet au commencement du règne de Louis-Philippe, et enfin homme d’affaires. Dans cette dernière position, il fut condamné à deux ans de prison pour escroqueries. Après avoir été l’associé de Georges d’Estourny, puis de Claparon, il tomba dans la misère et devint expéditionnaire au greffe de la justice de paix, dans le quartier Saint-Jacques ; en même temps, il entreprit de prêter à la petite semaine et acquit une certaine aisance à spéculer sur les pauvres gens. Quoique absolument délabré par ses vices, Cérizet épousa Olympe Cardinal, vers 1840. À cette époque, il était mêlé aux intrigues de Théodose de la Peyrade et aux intérêts de Jérôme Thuillier. Il avait successivement habité, à Paris, la rue du Gros-Chenet[13], la rue Chabannais et la rue des Poules[14], au coin de la rue des Postes. En 1833, s’étant rendu acquéreur d’une créance signée Maxime de Trailles, il parvint, par des ruses de Scapin, à en obtenir le remboursement intégral (Un Homme d’Affaires. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Les Petits Bourgeois).

Cérizet (Olympe Cardinal, femme), née vers 1824, fille de madame Cardinal, marchande de poisson. — Actrice à Bobino (Luxembourg)[15], puis aux Folies-Dramatiques[16], où elle débuta dans le Télégraphe de l’Amour. D’abord maîtresse d’un premier comique, elle eut ensuite pour amant Julien Minard ; elle reçut du père de ce dernier trente mille francs, pour renoncer à son fils. Cet argent constitua sa dot et contribua à amener son mariage avec Cérizet (Les Petits Bourgeois).

Césarine, ouvrière blanchisseuse à Alençon. — Maîtresse du chevalier de Valois et mère d’un enfant qu’on attribuait au vieux noble ; on disait même, dans la ville, en 1816, qu’il avait épousé secrètement Césarine. Ces bruits chagrinaient d’autant plus le chevalier qu’il espérait, à cette époque, mademoiselle Cormon. Césarine, légataire universelle de son amant, n’en recueillit pourtant que six cents livres de rente (La Vieille Fille).

Césarine, petite danseuse à l’Opéra de Paris, en 1822, de la connaissance de Philippe Bridau, qui eut, un moment, l’idée de la détacher auprès de son oncle Rouget, à Issoudun (La Rabouilleuse).

Chabert (Hyacinthe, dit), comte, grand-officier de la Légion d’honneur, colonel d’un régiment de cavalerie. — Laissé pour mort sur le champ de bataille d’Eylau (7-8 février 1807), il fut guéri à Heilsberg, puis enfermé à l’hospice des fous de Stuttgard. Revenu en France après la chute de l’Empire, il vivait, en 1818, très pauvrement, rue du Petit-Banquier, à Paris, chez le nourrisseur Vergniaud, ancien sous-officier de son régiment. Après avoir cherché à faire valoir, sans scandale, ses droits auprès de Rose Chapotel, sa femme, remariée au comte Ferraud, il retomba dans la misère et fut condamné pour vagabondage. Il finit son existence à l’hospice de Bicêtre ; il était sorti de l’hospice des Enfants-Trouvés (Le Colonel Chabert). La scène parisienne s’empara, par deux fois, à vingt ans d’intervalle, de cette poignante histoire : le Vaudeville de la rue de Chartres monta, en 1832, un Colonel Chabert[17], drame en deux actes, signé : Louis Lurine et Jacques Arago, et, plus tard, le théâtre Beaumarchais (direction Bartholy) donna un autre Colonel Chabert, avec ce sous-titre : la Femme à deux Maris, auteur : Paul de Faulquemont.

Chabert (Madame), née Rose Chapotel. — V. Ferraud (comtesse).

Chaboisseau, ancien libraire, escompteur de la librairie, quelque peu usurier, millionnaire, demeurant, en 1821-1822, quai Saint-Michel, où il traita une affaire avec Lucien de Rubempré, amené par Lousteau (Illusions perdues). — Ami de Gobseck et de Gigonnet, il fréquentait, comme eux, en 1824, le café Thémis, situé à l’angle de la rue Dauphine et du quai des Augustins (Les Employés). Sous Louis-Philippe, il était en rapports avec la société Cérizet-Claparon (Un Homme d’Affaires).

Chaffaroux, entrepreneur de bâtiments, l’un des créanciers de César Birotteau (César Birotteau), oncle de Claudine Chaffaroux, qui devint madame du Bruel. — Riche et célibataire, il aimait beaucoup sa nièce : elle l’avait aidé à se lancer dans les affaires. Il mourut dans la seconde moitié du règne de Louis-Philippe, laissant quarante mille francs de rente à l’ancienne danseuse (Un Prince de la Bohème). En 1810, il fit divers travaux dans une maison inachevée des environs de la Madeleine, achetée par les Thuillier (Les Petits Bourgeois). Chaffaroux pouvait être des environs de Paris, de Nanterre, qu’il habita, du moins à une certaine époque.

Chamarolles (Mesdemoiselles) dirigeaient, à Bourges, au commencement du siècle, un pensionnat de jeunes filles qui jouissait d’une grande réputation départementale et où furent élevées Anna Grossetête, mariée plus tard au troisième fils du comte de Fontaine, et Dinah Piédefer, devenue par la suite madame de la Baudraye (La Muse du Département).

Champagnac, chaudronnier de Limoges, Auvergnat, veuf. — Jérôme-Baptiste Sauviat épousa, en 1797, la fille de Champagnac, âgée d’au moins trente ans (Le Curé de Village).

Champignelles (De), illustre famille de la Normandie. — En 1822, à Bayeux, un marquis de Champignelles était le chef de la maison princière du pays ; par ses alliances, cette famille tenait aux Navarreins, aux Blamont-Chauvry, aux Beauséant. C’est ce marquis de Champignelles qui introduisit Gaston de Nueil chez madame de Beauséant (La Femme abandonnée). Un M. de Champignelles — peut-être le même — présenta, avec MM. de Beauséant et de Verneuil, madame de la Chanterie à Louis XVIII, au commencement de la Restauration. La baronne de la Chanterie était, d’ailleurs, une Champignelles (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Champion (Maurice), jeune garçon de Montégnac (Haute-Vienne), fils du maître de poste de cette commune ; employé comme garçon d’écurie chez madame Graslin, au temps de Louis-Philippe (Le Curé de Village).

Champlain (Pierre), vigneron, voisin du fou Margaritis, à Vouvray, en 1831 (L’Illustre Gaudissart).

Champy (Madame de), nom donné à Esther Gobseck, par le baron de Nucingen, d’un petit bien qu’il lui avait acheté (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Chandour (Stanislas de), né en 1781 ; l’un des habitués du salon des Bargeton à Angoulême et le « beau » de cette société. — En 1821, il était décoré ; il obtenait quelques succès auprès des femmes par des plaisanteries graveleuses dans le genre du XVIIIe siècle. Ayant colporté dans la ville une calomnie sur les rapports de madame de Bargeton avec Lucien de Rubempré, il fut provoqué en duel par le mari et reçut une balle dans le cou, blessure qui lui causa une espèce de torticolis perpétuel (Illusions perdues).

Chandour (Amélie de), femme du précédent ; belle parleuse, mais persécutée par un asthme inavoué. — Elle se posait, dans Angoulême, comme l’antagoniste de son amie, madame de Bargeton (Illusions perdues).

Chanor, associé de Florent, tous deux fabricants et marchands de bronze, rue des Tournelles, à Paris, sous Louis-Philippe. — Wenceslas Steinbock, d’abord apprenti dans la maison, travailla ensuite pour elle (La Cousine Bette). En 1815, Frédéric Brunner avait une chaîne de montre et une pomme de canne sortant de chez Florent et Chanor (Le Cousin Pons).

Chantonnit, maire des Riceys, près de Besançon, entre 1830 et 1840. — Il était originaire de Neuchâtel (en Suisse) et républicain ; il eut un procès avec les Watteville ; Albert Savarus plaida pour eux contre Chantonnit (Albert Savarus).

Chapeloud (L’abbé), chanoine de l’église Saint-Gatien de Tours. — Ami intime de l’abbé Birotteau, il lui laissa, en mourant (1824), un mobilier et une bibliothèque représentant une assez grande valeur et qui avaient été ardemment désirés par le naïf prêtre (Le Curé de Tours).

Chaperon (L’abbé), curé de Nemours (Seine-et-Marne), depuis le rétablissement du culte après la Révolution ; né en 1755, mort en 1841 dans cette ville. — Ami du docteur Minoret, il participa à l’éducation d’Ursule Mirouet, nièce du médecin. On le surnommait « le Fénelon du Gâtinais ». Il eut pour successeur le curé de Saint-Lange, le prêtre qui avait essayé de consoler par la religion madame d’Aiglemont en proie au désespoir (Ursule Mirouet).

Chapotel (Rose), nom de famille de madame Chabert, devenue ensuite comtesse Ferraud. — Voir ce dernier nom.

Chapoulot (M. et madame), anciens passementiers de la rue Saint-Denis, en 1845 ; locataires de la maison habitée par Pons et Schmucke, rue de Normandie. — Un soir que M. et madame Chapoulot, accompagnés de leur fille Victorine, revenaient du théâtre de l’Ambigu-Comique[18], ils rencontrèrent dans l’escalier Héloïse Brisetout, et une petite scène conjugale s’ensuivit (Le Cousin Pons).

Chapuzot (M. et madame), portiers de Marguerite Turquet, dite Malaga, rue des Fossés-du-Temple[19], à Paris, en 1836 ; ensuite ses domestiques et ses confidents, lorsqu’elle fut entretenue par Thaddée Paz (La Fausse Maîtresse).

Chapuzot, chef de division à la préfecture de police, au temps de Louis-Philippe ; visité et consulté, en 1843, par Victorin Hulot, au sujet de madame de Saint-Estève (La Cousine Bette).

Chardin (Le père), vieil ouvrier matelassier, ivrogne. — En 1843, il servait d’intermédiaire entre le baron Hulot, dissimulé sous le nom de père Thoul, et la cousine Bette, qui cachait à la famille son chef indigne (La Cousine Bette).

Chardin, fils du précédent. — D’abord garde-magasin de Johann Fischer, fournisseur de vivres pour le ministère de la guerre dans la province d’Oran de 1838 à 1841 ; ensuite claqueur dans un théâtre, sous Braulard, et alors désigné par le nom d’Idamore. Frère d’Élodie Chardin, qu’il procura au père Thoul, afin de supplanter Olympe Bijou, dont il était, d’ailleurs, l’amant. Après Olympe Bijou, Chardin eut pour maîtresse, en 1843, une jeune première du théâtre des Funambules[20] (La Cousine Bette).

Chardin (Élodie), sœur de Chardin, dit Idamore ; repriseuse de dentelles, maîtresse du baron Hulot (père Thoul) en 1843. — Elle demeurait alors, avec lui, rue des Bernardins, no 7 ; elle avait succédé à Olympe Bijou dans l’affection du vieillard (La Cousine Bette).

Chardon, ancien chirurgien des armées de la République, établi pharmacien à Angoulême, sous l’Empire. — Il s’était occupé des moyens de guérir la goutte et il avait également songé à remplacer le papier fait de chiffons par du papier végétal, à l’exemple des Chinois. Il mourut, au commencement de la Restauration, à Paris, où il était venu solliciter l’approbation de l’Académie des sciences, désespéré de n’avoir obtenu aucun résultat, laissant dans la misère une femme et deux enfants (Illusions perdues).

Chardon (Madame), née Rubempré, femme du précédent. — Dernier rejeton d’une illustre famille ; sauvée de l’échafaud, en 1793, par le chirurgien militaire Chardon qui la déclara enceinte de ses œuvres et l’épousa ensuite, malgré leur commune pauvreté. Réduite à la misère par la mort subite de son mari, elle gardait les malades sous le nom de madame Charlotte. Elle adorait ses deux enfants, Ève et Lucien. Madame Chardon mourut en 1827 (Illusions perdues. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Chardon (Lucien). — V. Rubempré (Chardon de).

Chardon (Ève). — V. Séchard (madame David).

Charel (Les), honnêtes fermiers des environs d’Alençon, père et mère d’Olympe Charel, qui devint la femme de Michaud, le garde général des propriétés du général de Montcornet (Les Paysans).

Chargebœuf (Marquis de), gentilhomme champenois, né en 1739, chef de la maison de Chargebœuf, au temps du Consulat et de l’Empire. — Ses propriétés s’étendaient du département de Seine-et-Marne dans celui de l’Aube. Parent des Hauteserre et des Simeuse, qu’il chercha à faire rayer de la liste des émigrés en 1804 et qu’il assista dans le procès où ils furent impliqués après l’enlèvement du sénateur Malin. Parent également de Laurence de Cinq-Cygne. Les Chargebœuf et les Cinq-Cygne avaient une même origine, le nom franc Duineff leur était commun ; Cinq-Cygne devint le nom de la branche cadette des Chargebœuf. Le marquis de Chargebœuf était en relations avec Talleyrand, par l’entremise duquel il fit remettre une pétition au premier consul Bonaparte. M. de Chargebœuf semblait comme rallié au nouvel ordre de choses issu de 89 ; tout au moins témoignait-il beaucoup de prudence politique. Sa famille comptait pourtant de vieux titres de noblesse datant des croisades : son nom vient de l’exploit d’un écuyer de saint-Louis en Égypte (Une Ténébreuse Affaire. — Pierrette).

Chargebœuf (Madame de), mère de Bathilde de Chargebœuf, qui épousa Denis Rogron. — Elle vivait, avec sa fille, à Troyes, sous la Restauration ; elle était pauvre et avait grand air (Pierrette).

Chargebœuf (Bathilde de), fille de la précédente ; elle épousa Denis Rogron. — V. Rogron (madame).

Chargebœuf (Melchior-René, vicomte de), de la branche pauvre des Chargebœuf. — Nommé sous-préfet d’Arcis-sur-Aube, en 1815, par la protection de madame de Cinq-Cygne, sa parente, il y connut madame Séverine Beauvisage ; ils s’aimèrent, et une fille, appelée Cécile-Renée, naquit de leurs relations (Le Député d’Arcis). En 1820, le vicomte de Chargebœuf passa à Sancerre, où il fut en relations avec madame de la Baudraye ; elle aurait probablement « accepté ses soins », quand il fut nommé préfet et quitta la ville (La Muse du Département). Dans les dernières années du règne de Louis-Philippe, le vicomte de Chargebœuf occupait un haut emploi administratif au chemin de fer d’Orléans. Il résidait à Paris ; il y revit la femme de Philéas Beauvisage et alla jusqu’à la compromettre (La Famille Beauvisage).

Chargebœuf (De), secrétaire du procureur général de Granville, à Paris, en 1830 ; c’était alors un jeune homme. — Il fut chargé par le magistrat d’organiser les funérailles de Lucien de Rubempré, de façon à ce qu’on pût croire qu’il était mort libre et chez lui, quai Malaquais (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Chargegrain (Louis), aubergiste de Littray, en Normandie. — Affilié aux Brigands, il fut impliqué dans le procès des chauffeurs de Mortagne, en 1809, et acquitté (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Charles, prénom d’un jeune peintre assez farceur, qui, en 1819, prenait ses repas à la pension Vauquer. — Un répétiteur de collège et un employé du Muséum, très enjoués, lui donnaient la réplique dans ses plaisanteries, dont Goriot était souvent l’objet (Le Père Goriot).

Charles, jeune impertinent, tué dans un duel au pistolet par Raphaël de Valentin à Aix (Savoie), en 1831. Charles se vantait d’avoir été « reçu bachelier au tir de Lepage à Paris, et docteur chez Lozès, le roi du fleuret » (La Peau de Chagrin).

Charles, valet de chambre de M. d’Aiglemont, à Paris, en 1823. — Le marquis se plaignait de la négligence de son domestique (La Femme de Trente Ans).

Charles, valet de pied du comte de Montcornet aux Aigues (Bourgogne), en 1823. — Il faisait, pour le mauvais motif, un doigt de cour à Catherine Tonsard et était encouragé dans ses projets galants par Fourchon, le grand-père maternel de cette fille, qui était désireux d’introduire une espionne au château. Dans la lutte des paysans contre les Aigues, Charles était plutôt avec les paysans : « Sortie du peuple, la livrée lui reste attachée » (Les Paysans).

Charlotte, grande dame, duchesse, veuve sans enfants. — Aimée de Marsay, qui n’avait alors que dix-sept ans, elle avait six ans de plus que lui ; elle le trompait, il s’en vengea en lui donnant une rivale. Elle mourut jeune, d’une pulmonie ; son mari était un homme d’État (Autre Étude de femme).

Charlotte (Madame), nom pris, en 1821, à Angoulême, par madame Chardon, obligée de se faire garde-malade (Illusions perdues).

Châtelet (Sixte, baron du), né en 1776, était né tout simplement Sixte Châtelet. — Il se qualifia lui-même, dès 1806, et fut nommé baron, plus tard, sous l’Empire. Il commença sa carrière, à titre de secrétaire des commandements d’une princesse impériale, puis entra dans la diplomatie, et enfin, sous la Restauration, fut nommé, par M. de Barante, directeur des contributions indirectes à Angoulême, où il connut madame de Bargeton qu’il épousa, quand elle devint veuve, à la fin de 1821 : il était alors préfet de la Charente (Illusions perdues). En 1824, il était comte et député (Splendeurs et Misères des Courtisanes). Châtelet accompagna le général marquis Armand de Montriveau dans un voyage périlleux et célèbre entrepris en Égypte (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Châtelet (Marie-Louise-Anaïs de Nègrepelisse, baronne du), née en 1785, cousine par alliance de la marquise d’Espard, mariée en 1803 à M. de Bargeton, d’Angoulême ; veuve en 1821 et remariée au baron Sixte du Châtelet, préfet de la Charente. — Un moment éprise de Lucien de Rubempré, elle l’entraîna à sa suite dans un voyage que la médisance provinciale et l’ambition l’obligèrent de faire à Paris[21], et, là, elle abandonna son jeune amant, à l’instigation de Châtelet et de madame d’Espard (Illusions perdues). En 1824, madame du Châtelet assistait aux soirées de madame Rabourdin (Les Employés). Sous la direction de l’abbé Niolant (ou Niollant), madame du Châtelet, orpheline de mère, avait été élevée un peu trop virilement, à l’Escarbas, petit bien paternel situé près de Barbezieux (Illusions perdues).

Chatillonest (De), ancien militaire, père de la marquise d’Aiglemont ; il la vit, avec peine, épouser le brillant colonel, son cousin (La Femme de Trente Ans). La devise de la maison de Chatillonest (ou Chastillonest) était : Fulgens, sequar (brillante, je te suivrai). Jean Butscha avait mis cette devise sur son cachet, au-dessous d’une étoile (Modeste Mignon).

Chaudet (Antoine-Denis), sculpteur et peintre, né à Paris en 1763, s’intéressa à la vocation naissante de Joseph Bridau (La Rabouilleuse).

Chaulieu (Henri, duc de), né en 1773, pair de France, l’un des gentilshommes de la cour de Louis XVIII et de celle de Charles X, principalement en faveur sous le second de ces rois. — Après avoir été ambassadeur de France à Madrid, il était, au commencement de 1830, ministre des affaires étrangères. Il eut trois enfants : le duc de Rhétoré, l’aîné ; un second fils qui devint, par son mariage avec Madeleine de Mortsauf, duc de Lenoncourt-Givry, et une fille, Armande-Louise-Marie, qui épousa d’abord le baron de Macumer, et, devenue veuve, le poète Marie Gaston (Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Modeste Mignon. — La Rabouilleuse). Le duc de Chaulieu, en relations avec les Grandlieu, leur avait promis d’obtenir le titre de marquis pour Lucien de Rubempré, prétendant à la main de leur fille Clotilde (Splendeurs et Misères des Courtisanes). Le duc de Chaulieu vivait, à Paris, sur le pied d’une grande intimité avec ces mêmes Grandlieu, de la branche aînée ; plus d’une fois il s’intéressa fort à leurs affaires de famille : il employa Corentin pour éclairer les ténébreux côtés de l’existence du fiancé de Clotilde (Splendeurs et Misères des Courtisanes). Précédemment, M. de Chaulieu faisait partie d’un grave conseil assemblé afin de tirer d’un pas difficile une alliée des Grandlieu, madame de Langeais (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Chaulieu (Éléonore, duchesse de), femme du précédent. — Amie de M. d’Aubrion, elle cherchait à le détourner de faire épouser mademoiselle d’Aubrion par Charles Grandet (Eugénie Grandet). Elle fut longtemps la maîtresse du poète Canalis, bien plus jeune qu’elle : elle le protégeait, le poussait dans le monde, dans la vie publique, mais, très jalouse, le surveillait étroitement. À cinquante ans, elle le retenait encore. Madame de Chaulieu donnait à son mari les trois enfants désignés dans la biographie du duc. Sa hauteur et sa coquetterie la rendirent peu accessible aux sentiments maternels. Durant la dernière année de la seconde Restauration, Éléonore de Chaulieu suivit, non loin de Rosny, route de Normandie, une chasse presque royale, où ses intérêts de cœur se trouvaient engagés (Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Modeste Mignon).

Chaulieu (Armande-Louise-Marie de), fille du duc et de la duchesse de Chaulieu. — V. Marie Gaston (madame).

Chaussard (Les frères), aubergistes à Louvigny (Orne), anciens gardes-chasse de la terre de Troisville, impliqués dans le procès dit des chauffeurs de Mortagne, en 1809. — Chaussard, l’aîné, condamné à vingt ans de travaux forcés, fut envoyé au bagne et, plus tard, reçut sa grâce de l’Empereur. Chaussard, cadet, contumax, fut condamné à mort ; quelque temps après, il fut jeté à la mer par M. de Boislaurier pour avoir trahi la cause des chouans. Un troisième Chaussard, embauché dans la police par Contenson, fut assassiné dans une affaire nocturne (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Chavoncourt (De), gentilhomme de Besançon, très estimé dans la ville, représentant une vieille famille parlementaire. — Député sous Charles X, l’un des fameux 221 qui signèrent l’adresse au roi le 18 mars 1830, il fut réélu sous Louis-Philippe. Père de trois enfants et ne possédant qu’un assez mince revenu. La famille de Chavoncourt était en relations avec les Watteville (Albert Savarus).

Chavoncourt (Madame de), femme du précédent, et l’une des belles femmes de Besançon. — Née vers 1794, mère de trois enfants, elle gouvernait sagement la maison avec les médiocres ressources dont elle disposait (Albert Savarus).

Chavoncourt (De), né en 1812. — Fils de M. et madame de Chavoncourt, de Besançon ; camarade de collège et ami intime de M. de Vauchelles (Albert Savarus).

Chavoncourt (Victoire de), deuxième enfant et fille aînée de M. et madame de Chavoncourt ; née entre 1816 et 1817. — M. de Vauchelles était, en 1834, dans l’intention de l’épouser (Albert Savarus).

Chavoncourt (Sidonie de), troisième et dernier enfant de M. et madame de Chavoncourt, de Besançon ; née en 1818 (Albert Savarus).

Chazelle, employé au ministère des finances, dans le bureau de M. Baudoyer, en 1824. — Marié, tyrannisé par sa femme et voulant paraître libre ; se querellant sans cesse, pour les motifs et sur les sujets les plus futiles, avec Paulmier, qui était célibataire. L’un fumait, l’autre prisait ; cette manière différente d’absorber le tabac était l’un des sujets de discussions continuelles entre Chazelle et Paulmier (Les Employés).

Chelius, médecin d’Heidelberg, avec qui Halpersohn correspondait, du temps de Louis-Philippe (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Chervin, brigadier de gendarmerie à Montégnac, près de Limoges, en 1829 (Le Curé de Village).

Chesnel ou Choisnel, notaire à Alençon, au temps de Louis XVIII ; né en 1753. — Ancien intendant de la maison de Gordes, ainsi que de la famille d’Esgrignon, dont il avait sauvé les biens sous la Révolution, veuf, sans enfants, possédant une fortune considérable, il avait la clientèle de l’aristocratie, notamment celle de madame de la Chanterie ; il était reçu partout avec la distinction que lui méritaient ses vertus. M. du Bousquier l’avait en haine profonde, lui attribuant le refus que mademoiselle d’Esgrignon lui avait fait de sa main et un échec du même genre qu’il éprouva, tout d’abord, auprès de mademoiselle Cormon. En 1824, par d’habiles manœuvres, Chesnel parvint à sauver de la cour d’assises le jeune Victurnien d’Esgrignon, coupable d’un faux. Le vieux notaire mourut peu de temps après cette affaire (L’Envers de l’Histoire contemporaine. — La Vieille Fille. — Le Cabinet des Antiques).

Chessel (De), propriétaire du château et de la terre de Frapesle, près de Saché, en Touraine. — Ami des Vandenesse, il présenta leur fils Félix chez les Mortsauf, ses voisins. Fils d’un fabricant appelé Durand, qui devint très riche sous la Révolution, il avait complètement abandonné ce nom de roturier ; il prit celui de sa femme, unique héritière des Chessel, vieille famille parlementaire. M. de Chessel avait été directeur général et deux fois député. Sous Louis XVIII, il reçut le titre de comte (Le Lys dans la Vallée).

Chessel (Madame de), femme du précédent. — Elle était recherchée dans sa toilette (Le Lys dans la Vallée). En 1824, elle fréquentait chez madame Rabourdin, à Paris (Les Employés).

Chevrel (M. et madame), fondateurs de la maison du Chat qui pelote, rue Saint-Denis, à la fin du XVIIIe siècle. Père et mère de madame Guillaume, dont le mari reprit la maison (La Maison du Chat qui pelote).

Chevrel, riche banquier, à Paris, tout au commencement du xixe siècle. — Il était sans doute frère et beau-frère des précédents et eut une fille qui épousa maître Roguin (La Maison du Chat qui pelote).

Chiavari (Prince de), frère du duc de Vissembourg, fils du maréchal Vernon (Béatrix).

Chiffreville (M. et madame) tenaient, à Paris, sous la Restauration, une maison de droguerie et de produits chimiques, en pleine prospérité, avec MM. Protez et Cochin pour associés. — Cette maison était en fréquentes relations commerciales avec la Reine des Roses, tenue par César Birotteau ; elle fournissait également Balthazar Claës (César Birotteau. — La Recherche de l’Absolu).

Chigi (Prince), grand seigneur romain, en 1758. — Il se vantait d’avoir « fait un soprano de Zambinella » et révélait à Sarrasine que cet être n’était pas une femme (Sarrasine).

Chissé (Madame de), grand’tante de M. du Bruel ; vieille provinciale avare, chez qui l’ex-danseuse Tullia, devenue madame du Bruel, fut heureuse de passer un été, en se livrant assez hypocritement aux austérités de la religion (Un Prince de la Bohème).

Chocardelle (Mademoiselle), connue sous le nom d’Antonia, courtisane parisienne, pendant le règne de Louis-Philippe ; née en 1814. — Maxime de Trailles la déclarait une femme d’esprit : « C’est mon élève, d’ailleurs, » disait-il. Vers 1834 (elle demeurait rue du Helder, à cette époque), elle fut pendant quinze jours la maîtresse de M. de la Palférine, qui lui réclama sa brosse à dents par une lettre restée célèbre (Béatrix. — Un Prince de la Bohème). Elle tint, un moment, rue Coquenard[22], un cabinet de lecture que lui avait donné M. de Trailles. Suivant Marguerite Turquet, elle avait autrefois « bien rincé le petit d’Esgrignon » (Un Homme d’Affaires). En 1838, elle assistait à une fête d’inauguration dans l’hôtel de Josépha Mirah, rue de la Ville-l’Évêque (La Cousine Bette). En 1839, elle vint à Arcis-sur-Aube, avec son amant, Maxime de Trailles, qu’elle seconda dans ses négociations officieuses pour l’élection législative d’alors ; en même temps, elle essayait de se faire payer un billet de dix mille francs qui lui avait été souscrit par Charles Keller, récemment mort. Elle devint, par la suite, la maîtresse de Philéas Beauvisage et lui coûta fort cher (Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Choin (Mademoiselle), bonne catholique, avait fait construire, au xviiie siècle, sur un terrain acheté exprès par elle à Blangy, un presbytère, acquis, plus tard, par Rigou (Les Paysans).

Choisnel. — V. Chesnel.

Chollet (Mère), concierge d’une maison de la rue du Sentier, où se trouvaient les bureaux du journal de Finot, en 1821 (Illusions perdues).

Chrestien (Michel), républicain fédéraliste ; Membre du cénacle de la rue des Quatre-Vents, il fut, en 1819, invité, avec tous ses amis, chez madame veuve Bridau, qui célébrait le retour du Texas de son fils aîné, Philippe. Il posa pour un sénateur romain dans un tableau d’histoire : le peintre était son ami Joseph Bridau (La Rabouilleuse). Vers 1822, Chrestien eut un duel avec Lucien Chardon de Rubempré, à propos de Daniel d’Arthez. Grand homme d’État resté inconnu, il fut tué au cloître Saint-Merri, le 6 juin 1832 : il y défendait des idées qui n’étaient pas les siennes (Illusions perdues). Follement épris de Diane de Maufrigneuse, il ne lui avoua son amour que par une lettre qu’il lui adressa avant de se rendre à la barricade où il mourut. Dans les journées de Juillet 1830, par amour pour la duchesse, il avait sauvé la vie de M. de Maufrigneuse (Les Secrets de la Princesse de Cadignan).

Christemio, créole, père nourricier de Paquita Valdès, dont il se constitua le protecteur et comme le garde du corps. — La marquise de San-Réal le fit tuer pour avoir aidé les relations entre Paquita et Marsay (Histoire des Treize : la Fille aux yeux d’or).

Christophe, originaire de la Savoie. — Domestique chez madame Vauquer, rue Neuve-Sainte-Geneviève, à Paris, en 1819, il assista à l’enterrement de Goriot, seul, avec Rastignac, et, avec lui aussi, accompagna le corps jusqu’au Père-Lachaise, dans la voiture du prêtre (Le Père Goriot).

Cibot, dit Galope-Chopine, appelé aussi le grand Cibot. — Chouan mêlé à l’insurrection bretonne de 1799, il fut décapité par son cousin Cibot, dit Pille-Miche, et par Marche-à-Terre, pour avoir renseigné, inconsciemment, les bleus sur la position des brigands (Les Chouans).

Cibot (Barbette), femme de Cibot, dit Galope-Chopine. — Elle passa aux bleus, après le supplice de son mari, et voua, par vengeance, son fils, tout enfant, à la cause républicaine (Les Chouans).

Cibot (Jean), dit Pille-Miche, l’un des chouans de l’insurrection bretonne en 1799 ; cousin de Cibot, dit Galope-Chopine et son meurtrier. — Ce fut aussi Pille-Miche qui tua, d’un coup de fusil, l’adjudant Gérard, de la 72e demi-brigade, à la Vivetière (Les Chouans). Signalé, comme le plus hardi, parmi les complices secondaires des brigands dans l’affaire des chauffeurs de Mortagne. Jugé et exécuté en 1809 (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Cibot, né en 1786. De 1818 à 1845, tailleur-concierge dans une maison de la rue de Normandie appartenant à Claude-Joseph Pillerault et où demeuraient, au temps de Louis-Philippe, les deux musiciens Pons et Schmucke. Empoisonné par le brocanteur Rémonencq, Cibot mourut, à son poste, le même jour que Sylvain Pons, en avril 1845 (Le Cousin Pons).

Cibot (Madame). — V. Rémonencq (madame).

Cicognara, cardinal romain, en 1758, protecteur de Zambinella, le chanteur castrat. — Il fit assassiner Sarrasine, qui, d’ailleurs, voulait tuer Zambinella (Sarrasine).

Cinq-Cygne, nom d’une illustre famille de la Champagne, branche cadette de la famille de Chargebœuf ; ces deux rameaux d’un même arbre avaient pour origine commune les Duineff, de la race des Francs. Ce nom de Cinq-Cygne vient de la défense d’un castel faite, en l’absence de leur père, par cinq filles, toutes remarquablement blanches. Sur le blason des Cinq-Cygne, on avait mis pour devise la réponse faite par l’aînée des cinq sœurs à la sommation de se rendre : Mourir en chantant ! (Une Ténébreuse Affaire).

Cinq-Cygne (Comtesse de), mère de Laurence de Cinq-Cygne. — Veuve au temps de la Révolution, elle mourut, dans un accès de fièvre nerveuse, après l’attaque de son château par le peuple, à Troyes, en 1793 (Une Ténébreuse Affaire).

Cinq-Cygne (Marquis de), nom d’Adrien d’Hauteserre, après son mariage avec Laurence de Cinq-Cygne. — V. Hauteserre (Adrien d’).

Cinq-Cygne (Laurence, comtesse, puis marquise de), née en 1781. — Restée orpheline de père et de mère à l’âge de douze ans, elle vivait, à la fin du XVIIIe siècle et au commencement du XIXe avec son tuteur et parent M. d’Hauteserre, à Cinq-Cygne (Aube) ; elle était aimée de ses deux cousins, Paul-Marie et Marie-Paul de Simeuse, et du cadet des deux fils de son tuteur, Adrien d’Hauteserre, qu’elle épousa en 1813. Pour eux, Laurence de Cinq-Cygne lutta vaillamment contre une police habile et redoutable dont l’âme fut Corentin. Le roi de France ayant approuvé, autrefois, la charte du comte de Champagne, en vertu de laquelle, dans la famille de Cinq-Cygne, le ventre « anoblissait et succédait », le mari de Laurence prit le nom et le blason de sa femme. Quoique royaliste ardente, elle alla chercher l’Empereur jusque sur le champ de bataille d’Iéna, en 1806, pour demander la grâce des deux Simeuse et des deux Hauteserre, impliqués dans un procès politique et condamnés, malgré leur innocence, aux travaux forcés. Sa démarche audacieuse réussit, d’ailleurs. La marquise de Cinq-Cygne donna deux enfants à son mari, Paul et Berthe. Cette famille passait l’hiver à Paris, dans un magnifique hôtel situé faubourg du Roule[23] (Une Ténébreuse Affaire). En 1832, madame de Cinq-Cygne, sur l’invitation de l’archevêque de Paris, consentit à faire une visite à la princesse de Cadignan, amendée (Les Secrets de la Princesse de Cadignan). En 1836, madame de Cinq-Cygne fréquentait madame de la Chanterie (L’Envers de l’Histoire contemporaine). Sous la Restauration, et principalement sous Charles X, madame de Cinq-Cygne exerçait, dans le département de l’Aube, une sorte de royauté, que le comte de Gondreville balançait au moyen de ses alliances et par les libéraux du pays. Quelque temps après la mort de Louis XVIII, elle fit nommer François Michu président du tribunal d’Arcis (Le Député d’Arcis).

Cinq-Cygne (Jules de), l’unique frère de Laurence de Cinq-Cygne. — Il émigra au commencement de la Révolution et mourut, à Mayence, pour la cause royaliste (Une Ténébreuse Affaire).

Cinq-Cygne (Paul de), fils de Laurence de Cinq-Cygne, et d’Adrien d’Hauteserre, devint marquis après la mort de son père (Une Ténébreuse Affaire).

Cinq-Cygne (Berthe de). — V. Maufrigneuse (madame Georges de).

Ciprey, de Provins (Seine-et-Marne). — Neveu de la grand’mère maternelle de Pierrette Lorrain ; il fit partie du conseil de famille assemblé, en 1828, pour décider si la jeune fille resterait sous la tutelle de Denis Rogron ; ce conseil remplaça Rogron par le notaire Auffray et nomma Ciprey subrogé-tuteur (Pierrette).

Claës-Molina (Balthazar), comte de Nourho ; né à Douai[24] en 1761, mort dans la même ville en 1832 ; issu d’une célèbre famille de tisserands flamands, alliée, sous Philippe II, à une très noble famille espagnole. — Il épousa, en 1795, Joséphine de Temninck, de Bruxelles, et vécut avec elle heureux jusqu’en 1809, époque à laquelle un officier polonais, Adam de Wierzchownia, réfugié, hôte de Claës, traita devant lui, de l’unité de la matière. Dès lors, Balthazar, qui avait fait, autrefois, de la chimie avec Lavoisier, se préoccupa exclusivement de la recherche de l’absolu ; il dévora sept millions en expériences et laissa mourir sa femme de chagrin. De 1820 à 1852, il fut receveur des finances en Bretagne, fonctions que sa fille aînée lui avait procurées afin de l’arracher à ses études stériles. Elle rétablit, pendant ce temps, la fortune de la famille. Balthazar Claës mourut, à peu près fou, en s’écriant : « Eurêka ! » (La Recherche de l’Absolu).

Claës (Joséphine de Temninck, madame), femme de Balthazar Claës, née à Bruxelles en 1770, morte à Douai en 1816 ; d’origine espagnole par sa mère ; ordinairement désignée sous le nom de Pépita. — Petite, bossue, boiteuse, à l’épaisse chevelure noire, aux yeux ardents. Elle donna à son mari quatre enfants : Marguerite, Félicie, Gabriel (ou Gustave) et Jean-Balthazar. Elle aimait passionnément son mari : aussi mourut-elle de chagrin, en se voyant délaissée pour des expériences scientifiques qui ne devaient jamais aboutir (La Recherche de l’Absolu). Madame Claës comptait dans sa parenté les Évangélista, de Bordeaux (Le Contrat de Mariage).

Claës (Marguerite), fille aînée de Balthazar Claës et de Joséphine de Temninck. — V. Solis (madame de).

Claës (Félicie), seconde fille de Balthazar Claës et de Joséphine de Temninck ; née en 1801 (La Recherche de l’Absolu). — V. Pierquin (madame).

Claës (Gabriel ou Gustave), troisième enfant de Balthazar Claës et de Joséphine de Temninck, né vers 1802. — Il fit ses études au collège de Douai, entra ensuite à l’École polytechnique, devint ingénieur des ponts et chaussées et se maria, en 1825, avec mademoiselle Conyncks, de Cambrai (La Recherche de l’Absolu).

Claës (Jean-Balthazar), dernier enfant de Balthazar Claës et de Joséphine de Temninck ; né dans les premières années du xixe siècle (La Recherche de l’Absolu).

Clagny (J.-B. de), procureur de roi à Sancerre, en 1836. — Admirateur passionné de Dinah de la Baudraye, il se fit envoyer à Paris, lorsqu’elle s’y rendit, devint successivement substitut du procureur général, avocat général, et, enfin, avocat général à la cour de cassation. Il surveillait et protégeait la femme égarée et il accepta d’être le parrain de l’enfant qu’elle eut avec Lousteau (La Muse du Département).

Clagny (Madame de), femme du précédent. — Elle était, suivant l’expression de M. Gravier, d’une laideur à mettre en fuite un jeune Cosaque en 1814 ; madame de Clagny fréquenta madame de la Baudraye (La Muse du Département).

Claparon, employé au ministère de l’intérieur, sous la République et l’Empire ; ami de Bridau père, après la mort duquel il continua ses relations affectueuses avec madame Bridau ; devant leur mère, il se préoccupait de Philippe et de Joseph. Claparon mourut en 1820 (La Rabouilleuse).

Claparon (Charles), fils du précédent, né vers 1790 ; homme d’affaires et banquier[25] ; d’abord commis-voyageur ; l’un des auxiliaires de F. du Tillet dans des opérations d’une honnêteté douteuse. — Il fut invité au fameux bal donné par César Birotteau célébrant, à la fois, sa nomination dans la Légion d’honneur et la libération du territoire (La Rabouilleuse. — César Birotteau). En 1821, il fit, à la Bourse de Paris, un singulier trafic avec le caissier Castanier, qui lui transmit, en échange de sa propre individualité, la puissance qu’il tenait de l’Anglais John Melmoth (Melmoth réconcilié). Mêlé à la troisième liquidation de Nucingen, en 1826, liquidation qui fit la fortune du banquier alsacien, dont il fut, quelque temps, « l’homme de paille » (La Maison Nucingen). Associé avec Cérizet, trahi par lui dans une affaire de maison vendue à Thuillier, « brûlé » absolument sur la place de Paris, il s’embarqua pour l’Amérique, vers 1840. Il fut probablement condamné, par contumace, pour banqueroute frauduleuse (Un Homme d’Affaires. — Les Petits Bourgeois.)

Clapart, employé à la préfecture de la Seine, sous la Restauration, aux appointements de douze cents francs ; né vers 1776. — Il épousa, vers 1803, madame veuve Husson, âgée de vingt-deux ans ; il était employé alors dans les bureaux des finances à dix-huit cents francs et semblait donner des espérances ; mais son incapacité reconnue le maintint dans les rangs secondaires. À la chute de l’Empire, il perdit sa place et obtint son nouvel emploi, sur la recommandation du comte de Sérizy. Madame Husson avait de son premier mari un enfant qui était la bête noire de Clapart. Le ménage occupait, en 1822, un appartement de deux cent cinquante francs, rue de la Cerisaie no 7. Il y recevait beaucoup un retraité des finances, Poiret aîné. Clapart fut tué, le 28 juillet 1835, lors de l’attentat de Fieschi (Un Début dans la Vie).

Clapart (Madame), femme du précédent ; née en 1780. — L’une des « Aspasies » du Directoire, elle fut célèbre par ses relations avec l’un des « Pentarques » ; il la maria avec le fournisseur Husson, qui gagnait des millions, mais qui fut brusquement ruiné par le premier consul et se suicida en 1802. Dans le même temps, elle était la maîtresse de Moreau, régisseur par la suite ; de M. de Sérizy ; ce Moreau, qui l’aimait beaucoup, l’aurait épousée ; mais, à cette époque, condamné à mort, il était en fuite. Ce fut alors que, dans sa détresse, elle épousa Clapart, employé aux finances. Madame Clapart avait, de son premier mari, un fils, Oscar Husson, qu’elle chérissait et dont les écarts de jeunesse lui causèrent beaucoup de tourments. Madame Clapart, sous le premier Empire, avait été femme de chambre en titre de Madame Mère (Lætitia Bonaparte) (Un Début dans la Vie).

Clara (Doña), Espagnole, mère de don Fernand, duc de Soria, et de don Felipe, baron de Macumer (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Clarimbault (Maréchal de), aïeul maternel de madame de Beauséant. — Il avait épousé la fille du chevalier de Rastignac, grand-oncle d’Eugène de Rastignac (Le Père Goriot).

Claude, crétin, mort en 1829, dans le village du Dauphiné administré et métamorphosé par le docteur Benassis (Le Médecin de Campagne).

Claudine, prénom de mademoiselle Chaffaroux, plus connue sous celui de Tullia, et qui devint madame du Bruel.

Clef-des-Cœurs (La), soldat à la 72e demi-brigade, commandée par Hulot ; tué par les Chouans, à la Vivetière, vers la fin de l’année 1799 (Les Chouans).

Cleretti, architecte de Paris, à la mode en 1843, contre qui Grindot, délaissé à cette époque, essayait encore de lutter (La Cousine Bette).

Clergeot, chef de division au ministère des finances, en 1824-1825 (Les Employés).

Clerget (Basine), blanchisseuse d’Angoulême sous la Restauration. — Elle succéda à madame Prieur, chez qui Ève Chardon avait travaillé. Basine Clerget cacha David Séchard et Kolb, lorsque le patron de cet Alsacien fut poursuivi par les frères Cointet (Illusions perdues).

Clotilde, l’une des célébrités de l’Opéra, sous Louis XV, fut un instant, avant 1758, la maîtresse du sculpteur Sarrasine (Sarrasine).

Clousier, ancien avocat de Limoges, juge de paix à Montégnac depuis 1809. — Il fut en relations avec madame Graslin, lorsqu’elle vint se fixer dans cette commune vers 1830. C’était un homme intègre, insouciant, qui avait fini par vivre à l’état contemplatif des anciens solitaires (Le Curé de Village).

Cochegrue (Jean), chouan mort de blessures reçues au combat de la Pèlerine ou au siège de Fougères, en 1799. — Une messe fut dite, dans les bois, par l’abbé Gudin, en l’honneur de Jean Cochegrue et de Nicolas Laferté, Joseph Brouet, François Parquoi, Sulpice Coupiau, tués comme lui par les bleus (Les Chouans).

Cochegrue (Père), fermier limousin, qui mourut, au temps des chauffeurs, pour s’être laissé brûler les pieds plutôt que de livrer son argent (Le Curé de Village).

Cochet (Françoise), femme de chambre de Modeste Mignon, au Havre, en 1829. — Elle recevait les réponses des lettres adressées par Modeste à Canalis. Elle avait servi également avec fidélité Bettina-Caroline, la sœur aînée de Modeste, qui l’avait emmenée avec elle à Paris (Modeste Mignon).

Cochin (Émile-Louis-Lucien-Emmanuel), employé au ministère des finances, division Clergeot, sous la Restauration. — Il avait, dans l’administration, un frère qui le protégeait. Cochin était, en même temps qu’employé, commanditaire de la maison de droguerie Matifat ; Colleville avait trouvé l’anagramme du nom de Cochin ; avec les prénoms, cela donnait Cochenille. Cochin et sa femme, de la société des Birotteau, assistèrent, avec leur fils, au célèbre bal donné par le parfumeur, le 17 décembre 1818. En 1840, Cochin, devenu baron, était, ainsi qu’Anselme Popinot, l’oracle des quartiers des Lombards et des Bourdonnais (César Birotteau. — Les Employés. — La Maison Nucingen. — Les Petits Bourgeois).

Cochin (Adolphe), fils du précédent, employé au ministère des finances, comme son père le fut pendant quelques années. — En 1826, ses parents recherchaient pour lui la main de mademoiselle Matifat (César Birotteau. — La Maison Nucingen).

Cœur-la-Virole, à la Conciergerie, en 1830, veillait Théodore Calvi, condamné à mort (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Coffinet, concierge, en 1840, d’une maison située rue Saint-Dominique-d’Enfer, à Paris, et appartenant aux Thuillier. — Son propriétaire l’utilisa au service du journal l’Écho de la Bièvre, quand Louis-Jérôme Thuillier devint rédacteur en chef de cette feuille (Les Petits Bourgeois).

Coffinet (Madame), femme du précédent. — Elle faisait le ménage de Théodose de la Peyrade (Les Petits Bourgeois).

Cognet, cabaretier à Issoudun, entre la rue des Minimes et la place Misère, sous la Restauration. — Hôtelier des « chevaliers de la désœuvrance », dirigés par Maxence Gilet ; ancien palefrenier ; né vers 1767 ; petit homme trapu, soumis à sa femme ; borgne, il répétait souvent qu’il ne pouvait voir les choses que d’un bon œil (La Rabouilleuse).

Cognet (Madame), dite la mère Cognette, femme du précédent, née vers 1783. — Ancienne cuisinière de bonne maison, choisie, à cause de ses talents de « cordon bleu », pour être la Léonarde de l’ordre dont Maxence Gilet était le chef. Femme de haute taille, très brune, l’air intelligent et rieur (La Rabouilleuse).

Cointet (Boniface) dirigeait, à Angoulême, sous la Restauration, avec son frère Jean, une imprimerie prospère. — Il ruina, par des procédés peu loyaux, l’imprimerie de David Séchard. Boniface Cointet, l’aîné de Jean, était ordinairement appelé le grand Cointet ; il faisait le dévot. Riche à plusieurs millions, il devint député, fut nommé pair de France et ministre du commerce dans une combinaison ministérielle sous Louis-Philippe. En 1842, il épousa mademoiselle Popinot, fille d’Anselme Popinot (Illusions perdues. — La Maison Nucingen). Le 28 mai 1839, il présidait la séance de la Chambre des députés, où l’élection de Sallenauve fut validée (Le Député d’Arcis).

Cointet (Jean), frère cadet du précédent ; dit le gros Cointet ; dirigeait surtout l’imprimerie, son frère aîné s’étant réservé les affaires. Jean Cointet passait pour un bon garçon et faisait le libéral (Illusions perdues).

Colas (Jacques), enfant phtisique d’un village des environs de Grenoble ; soigné par le docteur Benassis. — Doué d’une voix très pure, sa passion était de chanter. Il vivait chez sa mère, qui était fort pauvre. Mourut, âgé de quinze ans, à la fin de 1829, peu de temps après la mort du médecin, son bienfaiteur. Neveu du vieux laboureur Moreau (Le Médecin de Campagne).

Colleville, fils d’un musicien de talent, jadis premier violon de l’Opéra, sous Francœur et Rebel ; lui-même première clarinette à l’Opéra-Comique, en même temps commis principal au ministère des finances et, de plus, teneur de livres chez un négociant, de sept à neuf heures du matin. — Grand faiseur d’anagrammes. Nommé sous-chef dans le bureau de Baudoyer, au moment où celui-ci fut promu chef de division ; six mois plus tard, percepteur à Paris. En 1832, secrétaire à la mairie du XIIe arrondissement et officier de la Légion d’honneur ; Colleville demeurait alors, avec sa femme et ses enfants, rue d’Enfer, au coin de la rue des Deux-Églises[26]. Il était le plus intime ami de Thuillier (Les Employés. — Les Petits Bourgeois).

Colleville (Flavie Minoret, dame), née en 1798 ; femme du précédent, fille d’une danseuse célèbre et peut-être de M. du Bourguier. Épousée par amour, elle eut, de 1816 à 1826, cinq enfants, qui pouvaient bien avoir, en réalité, chacun, un père différent :
1oUne fille, née en 1816, ressemblant à Colleville ;
2oUn fils, Charles, destiné à la carrière militaire, né au temps des relations de sa mère avec Charles de Gondreville, sous-lieutenant aux dragons de Saint-Chamans ;
3oUn fils, François, destiné au commerce, né pendant des relations de madame Colleville avec le banquier François Keller ;
4oUne fille, Céleste, née en 1821, dont Thuillier, le plus intime ami de Colleville, était le parrain — et le père in partibus ;

5oUn fils, Théodore ou Anatole, conçu à une époque de religiosité.

Madame Colleville, Parisienne piquante, gracieuse, jolie autant qu’adroite et spirituelle, rendait son mari très heureux : il lui devait son avancement. Dans l’intérêt de leur ambition, elle eut, un instant, « des bontés » pour le secrétaire général Chardin des Lupeaulx. Elle recevait, tous les mercredis, des artistes et des hommes distingués de toute provenance (Les Employés. — La Cousine Bette. — Les Petits Bourgeois).

Colleville (Céleste), quatrième enfant de M. et madame Colleville. — V. Phellion (madame Félix).

Colliau, pendant le premier séjour de Lucien de Rubempré à Paris, fournit d’articles de lingerie et de toilette l’amant de Coralie (Illusions perdues).

Collin (Jacques), né en 1779. — Élevé chez les pères de l’Oratoire, il poursuivit ses études jusqu’à la rhétorique, fut ensuite placé, par sa tante Jacqueline Collin, dans une maison de banque ; mais, accusé d’un faux, probablement commis par Franchessini, il prit la fuite. Plus tard, envoyé au bagne, il y resta de 1810 à 1815, s’en évada, vint à Paris, se fixa, sous le nom de Vautrin, à la pension Vauquer, y connut Rastignac tout jeune, s’intéressa à lui, le conseilla, et tenta de le marier avec Victorine Taillefer, à qui il avait procuré une riche dot en faisant tuer son frère dans un duel par Franchessini. Arrêté en 1819 par Bibi-Lupin, chef de la police de sûreté, il fut renvoyé au bagne, s’en évada de nouveau en 1820, et reparut à Paris sous le nom de Carlos Herrera, chanoine honoraire du chapitre de Tolède. Il sauve alors du suicide Lucien de Rubempré et prend la direction de la vie du jeune poète : inculpé, avec lui, de l’assassinat d’Esther Gobseck, qui, en réalité, s’était empoisonnée, Jacques Collin put se justifier de ce crime et réussit à devenir, en 1830, chef de la police de sûreté sous le nom de Saint-Estève. Il resta dans cette position jusqu’en 1845. Avec ses douze mille francs d’appointements, trois cent mille francs dont il hérita de Lucien de Rubempré et le produit d’une fabrique de cuirs vernis à Gentilly, Jacques Collin était riche (Le Père Goriot. — Illusions perdues. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin. — Le Député d’Arcis). Jacques Collin avait eu, dans sa jeunesse, un fils de Catherine Goussard, jeune Champenoise, fille naturelle de Danton. Il ne retrouva ce fils, Dorlange-Sallenauve, que vers 1840, implora de lui la reconnaissance de sa paternité et en surveilla avec sollicitude la naissante fortune et les progrès dans le monde. À cette époque, Jacques Collin, un instant aide-jardinier chez Sallenauve, sous le nom de père Jacques, se faisait appeler Halpertius ou Halphertius et figurait un Suédois épris de musique et de philanthropie ; il protégeait Luigia, l’ancienne gouvernante de Sallenauve, devenue une cantatrice célèbre. L’ex-forçat finit chancelier de la police et de la santé publique dans une principauté italienne, à la fin du règne de Louis-Philippe ; il fut tué par le faux monnayeur Schirmer (Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage). Outre le pseudonyme de Monsieur Jules, sous lequel il fut connu de Catherine Goussard, Jacques Collin prit encore un moment le nom anglais de William Barker, créancier de Georges d’Estourny. Sous ce nom, il trompait le rusé Cérizet et se faisait endosser des billets par l’homme d’affaires (Splendeurs et Misères des Courtisanes). Il fut encore surnommé « Trompe-la-mort ».

Collin (Jacqueline), tante de Jacques Collin, qu’elle avait élevé ; née à Java. — Dans sa jeunesse, maîtresse de Marat, ensuite liée avec le chimiste Duvignon, condamné à mort, en 1790, pour crime de fausse monnaie. Dans cette intimité, elle avait acquis de dangereuses connaissances en toxicologie. Marchande à la toilette, de 1800 à 1805, elle subit deux ans de prison, de 1806 à 1808, pour avoir livré des mineures à la débauche. De 1824 à 1830, mademoiselle Collin aida fort à la vie aventureuse et hors la loi de Jacques, dit Vautrin. Elle excellait dans les déguisements. En 1839, entrepreneuse de mariages rue de Provence, sous le nom de madame de Saint-Estève. Elle empruntait souvent aussi le nom de madame Nourrisson, son amie, qui, sous Louis-Philippe, faisait de semblables commerces plus ou moins louches, rue Neuve-Saint-Marc[27]. Elle fut en relations avec Victorin Hulot, pour le compte de qui elle organisa la perte de madame Marneffe, maîtresse, puis femme de Crevel. Sous le nom d’Asie, Jacqueline Collin servit d’excellente cuisinière à Esther Gobseck, qu’elle surveillait par ordre de Vautrin. En 1845, elle passa en Italie avec son chimiste Duvignon (Lanty), retrouvé, fit avec lui partie d’une nouvelle association de faux monnayeurs, et, devenue prisonnière de la police locale, s’empoisonna et mourut sous les yeux de son neveu (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin. — La Cousine Bette. — Les Comédiens sans le savoir. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Collinet, musicien en renom, dirigea l’orchestre du célèbre bal donné par César Birotteau le dimanche 17 décembre 1818 (César Birotteau).

Collinet, épicier à Arcis-sur-Aube, sous Louis-Philippe ; électeur du parti libéral dirigé par le colonel Giguet (Le Député d’Arcis).

Collinet (François-Joseph), commerçant de Nantes. — Il fit faillite en 1814, par suite des changements politiques, partit pour l’Amérique, revint en 1824, enrichi, et se réhabilita. Il avait fait perdre vingt-quatre mille francs à M. et madame Lorrain, petits détaillants de Pen-Hoël, père et mère du major Lorrain ; mais, à son retour en France, il apporta à madame Lorrain, alors veuve et presque septuagénaire, quarante-deux mille francs, capital et intérêts de ce qu’il lui devait (Pierrette).

Colonna, vieillard italien, habitant Gênes, à la fin du xviiie siècle. — Il avait élevé Luigi Porta, sous le nom de Colonna et comme son propre fils, depuis l’âge de six ans jusqu’au moment où le jeune homme s’engagea dans l’armée française (La Vendetta).

Coloquinte, surnom d’un invalide, garçon de bureau du journal de Finot, en 1820. — Il avait fait la campagne d’Égypte et perdu un bras à la bataille de Montmirail (La Rabouilleuse. — Illusions perdues).

Colorat (Jérôme), garde des propriétés de madame Graslin à Montégnac ; né à Limoges. — Ancien soldat de l’Empire, ex-maréchal des logis dans la garde royale, il avait été, également, garde des propriétés de M. de Navarreins, avant d’être au service de madame Graslin (Le Curé de Village).

Combabus, surnom donné par des artistes et des gens de lettres à Montès de Montéjanos : d’après l’Histoire ancienne de Rollin, Combabus, Abélard volontaire, gardait la femme d’un roi d’Abyssinie, de Perse, de Bactriane et de Mésopotamie (La Cousine Bette).

Constance, femme de chambre de madame de Restaud, en 1819. — Par Constance, le père Goriot savait tout ce qui se passait chez sa fille aînée. Cette Constance, quelquefois appelée Victoire, prêtait, au besoin, de l’argent à sa maîtresse (Le Père Goriot).

Constant de Rebecque (Benjamin), né à Lausanne en 1767, mort à Paris le 8 décembre 1830. — Vers la fin de 1821, Benjamin Constant se trouvait dans la boutique du libraire éditeur Dauriat, au Palais-Royal, où Lucien de Rubempré entrevit cette tête fine et ces yeux spirituels (Illusions perdues).

Constant, valet de chambre de Napoléon, servait son maître dînant dans une chaumière de Prusse, le 13 octobre 1806, veille de la bataille d’Iéna, lorsque mademoiselle de Cinq-Cygne, venue de France pour voir l’empereur, fut introduite auprès de lui (Une Ténébreuse Affaire).

Constantin, Polonais. — Cocher du comte et de la comtesse Laginski, en 1836, à Paris ; Thaddée Paz l’avait formé pour en faire le majordome de la maison et on pouvait compter sur lui (La Fausse Maîtresse).

Contenson. — V. Tours-Minières (Bernard-Polydor Bryond des).

Conti (Gennaro), compositeur de musique ; d’origine napolitaine, mais né à Marseille. Amant de mademoiselle des Touches (Camille Maupin) en 1821-1822, il eut ensuite pour maîtresse la marquise Béatrix de Rochefide. (Illusions perdues. — Béatrix). C’était un chanteur accompli. En 1839, chez le ministre des travaux publics Rastignac, il chanta le fameux air Pria che spunti l’aurora ; puis, avec Luigia, le duo de Semiramide « Bella imago » (Le Comte de Sallenauve).

Conyncks, famille de Bruges, qui était dans l’ascendance maternelle de Marguerite Claës ; cette jeune fille, en 1812, âgée de seize ans, était la vivante image d’une Conyncks, son aïeule, dont le portrait existait chez les Balthazar Claës. — Un Conyncks, de Bruges aussi, mais plus tard fixé à Cambrai, grand-oncle des enfants de Balthazar Claës, fut nommé leur subrogé-tuteur après la mort de madame Claës. Il avait une fille qui épousa Gabriel Claës (La Recherche de l’Absolu).

Coquart, greffier du juge d’instruction Camusot de Marville, à Paris, en 1830. Coquart n’avait, à cette époque, que vingt-deux ans (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Coquelin (M. et madame), quincailliers, successeurs de Claude-Joseph-Pillerault dans un magasin du quai de la Ferraille[28], à la Cloche d’Or. Invités au célèbre bal donné par César Birotteau le 17 décembre 1818. Avant même de recevoir l’invitation, madame Coquelin avait commandé une superbe robe pour la circonstance (César Birotteau).

Coquet, chef de bureau au ministère de la guerre, division Lebrun, en 1838 ; Marneffe lui succéda. — Coquet était dans l’administration depuis 1809 et rendait les meilleurs services. Il était marié et avait encore sa femme, au moment où il fut mis à la retraite (La Cousine Bette).

Coralie (Mademoiselle), actrice au Panorama-Dramatique et au théâtre du Gymnase, à Paris, sous Louis XVIII. — Née en 1803 dans la religion catholique, elle avait cependant le type israélité dans toute sa pureté. Elle mourut en août 1822. Vendue à quinze ans par sa mère au jeune Henri de Marsay, dont elle avait horreur, et, d’ailleurs, bientôt délaissée par lui, elle fut entretenue par Camusot, qui ne la tourmentait pas. Elle s’éprit à première vue, de Lucien de Rubempré, se donna tout de suite à lui et resta sa maîtresse dévouée jusqu’au dernier souffle. La splendeur et la décadence de Coralie datent de ces amours. Un feuilleton original du petit Chardon fit le succès de l’Alcade dans l’embarras, au Marais, et valut à Coralie, une des principales interprètes de la pièce, un engagement de douze mille francs, boulevard Bonne-Nouvelle, où, victime d’une cabale, l’artiste échoua, malgré la protection de Camille Maupin. D’abord domiciliée rue de Vendôme[29], puis rue de la Lune, dans un logement des plus modestes, où elle mourut, soignée et gardée par sa cousine Bérénice. Elle avait vendu son élégant mobilier à Cardot père, en quittant l’appartement de la rue de Vendôme, et, pour n’en pas changer la destination, il y avait installé Florentine. Coralie était la rivale de madame Perrin (créatrice de Fanchon la Vielleuse) et de mademoiselle Fleuriet (créatrice de Michel et Christine[30]), auxquelles elle ressemblait et dont le sort devait être le sien. Le service mortuaire de Coralie, se fit à midi, dans la petite église Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, en présence du Cénacle (moins Michel Chrestien), de Bérénice, de mademoiselle des Touches, de deux comparses du Gymnase, de l’habilleuse de l’actrice et de Camusot, qui promit d’acheter un terrain à perpétuité au Père-Lachaise (Un Début dans la Vie. — Illusions perdues. — La Rabouilleuse).

Corbigny (De), préfet de Loir-et-Cher, en 1811. Ami de madame de Staël, qui le chargea de placer, à ses frais, Louis Lambert au collège de Vendôme, il mourut probablement en 1812 (Louis Lambert).

Corbinet, notaire à Soulanges (Bourgogne), en 1823 et, auparavant, ancien patron de Sibilet. — Les marchands de bois Gravelot étaient de ses clients. Chargé de la vente des Aigues, lorsque le général de Montcornet se lassa de la difficile exploitation de sa propriété. Désigné, une fois, sous le nom de Corbineau (Les Paysans).

Corbinet, juge au tribunal de la Ville-aux-Fayes, en 1823 ; fils du notaire Corbinet. Il appartenait, corps et âme, au tout-puissant maire de la ville, Gaubertin (Les Paysans).

Corbinet, ancien capitaine, directeur de la poste aux lettres à la Ville-aux-Fayes, en 1823 ; frère du notaire Corbinet ; la dernière fille de Sibilet, le greffier, âgée de seize ans, lui était fiancée (Les Paysans).

Corde-à-Puits, surnom d’un rapin de l’atelier de Chaudet, sous l’Empire (La Rabouilleuse).

Corentin, né à Vendôme en 1777 ; agent de police plein de génie, élève de Peyrade, comme Louis David le fut de Vien. — Favori de Fouché et, probablement, son fils naturel, en 1799, il accompagnait mademoiselle de Verneuil, envoyée pour séduire et pour livrer Alphonse de Montauran, le jeune chef des Bretons soulevés contre la République. Depuis deux ans, Corentin s’était attaché à cette étrange fille, comme un serpent à un arbre (Les Chouans). En 1803, chargé, avec son maître Peyrade, d’une difficile mission dans le département de l’Aube, il eut à faire des perquisitions chez mademoiselle de Cinq-Cygne ; surpris par elle, au moment où il forçait une cassette, il reçut un coup de cravache, dont il se vengea cruellement en impliquant, malgré leur innocence, les Hauteserre et les Simeuse, amis et cousins de la jeune fille, dans l’affaire de l’enlèvement du sénateur Malin. Vers la même époque, il remplit, à la satisfaction de Talleyrand, ministre des relations extérieures, qui l’en félicita, une autre mission délicate à Berlin (Une Ténébreuse Affaire). De 1824 à 1830, Corentin eut pour adversaire le terrible Jacques Collin, dit Vautrin, dont il contrecarra cruellement les projets en faveur de Lucien de Rubempré. Ce fut Corentin qui rendit impossible le mariage de l’ambitieux avec Clotilde de Grandlieu et amena, par suite, la perte absolue de ce « grand homme de province à Paris ». Vers mai 1830, il villégiaturait à Passy, rue des Vignes (Splendeurs et Misères des Courtisanes). Sous Charles X, Corentin était le chef de la contre-police politique du château (La Dernière Incarnation de Vautrin). Il habita, pendant plus de trente ans, rue Honoré-Chevalier, sous le nom de M. du Portail. Depuis la mort de son ami Peyrade, il avait recueilli la fille du vieux policier, Lydie ; vers 1840, il lui fit épouser Théodose de la Peyrade, neveu de Peyrade, après avoir déjoué les projets de l’astucieux jeune homme très épris de la grosse dot de Céleste Colleville. Corentin (M. du Portail) installait en même temps, dans les hautes fonctions policières par lui occupées, le mari choisi à son enfant d’adoption (Les Petits Bourgeois).

Coret (Augustin), petit clerc chez Bordin, avoué, en 1806 (Un Début dans la Vie).

Cormon (Rose-Marie-Victoire). — V. Bousquier (madame du).

Cornevin, vieux Percheron, père nourricier d’Olympe Michaud, née Charel. Il avait dû chouanner en 1794 et en 1799. En 1823, il servait de domestique au ménage Michaud (Les Paysans).

Cornoiller (Antoine), garde-chasse à Saumur ; épousa la grande Nanon, âgée de cinquante-neuf ans, après la mort de Grandet, vers 1827, et devint garde général des terres et des propriétés d’Eugénie Grandet (Eugénie Grandet).

Cornoiller (Madame). — V. Nanon.

Corret, associé de la maison de banque fondée par madame des Grassins à Saumur, en l’absence de M. des Grassins parti pour Paris, d’où il ne devait plus revenir (Eugénie Grandet).

Cottereau, célèbre contrebandier, l’un des chefs de l’insurrection bretonne. En 1799, à la Vivetière, dans une scène assez violente, il menaçait le marquis de Montauran de faire sa soumission au premier consul, s’il n’obtenait immédiatement de sérieux avantages en récompense d’un dévouement de sept années à « la bonne cause ». — « Mes hommes et moi, nous avons un créancier diablement importun, » disait-il, en se frappant le ventre. — L’un des trois frères de Jean Cottereau, dont le surnom de Chouan fut pris par tous les insurgés de l’Ouest contre la République (Les Chouans).

Cottin (Maréchal), prince de Wissembourg, duc d’Orfano, vieux soldat de la République et de l’Empire, ministre de la guerre en 1841 ; né en 1771. Compagnon d’armes du maréchal Hulot et son ami, il fut obligé de lui causer un grand chagrin, en lui apprenant les concussions de l’intendant Hulot d’Ervy. Le maréchal Cottin avait été, avec Nucingen, le témoin d’Hortense Hulot, quand elle épousa Wenceslas Steinbock (La Cousine Bette).

Cottin (Francine), Bretonne, de Fougères (peut-être), née vers 1773. Femme de chambre et confidente de mademoiselle de Verneuil, qui avait été élevée par les parents de Francine, amie d’enfance de Marche-à-Terre, elle put, en usant de son influence sur le chouan, sauver la vie à sa maîtresse, lors du massacre des bleus à la Vivetière, en 1799 (Les Chouans).

Cottin, vieillard ; domestique de madame de Dey, à Carentan (Manche), en 1793 (Le Réquisitionnaire).

Cottin (Brigitte), femme de charge de madame de Dey, mariée à Cottin, domestique dans la même maison. — Tous deux avaient la confiance de leur maîtresse et lui étaient dévoués (Le Réquisitionnaire).

Coudrai (Du), conservateur des hypothèques, à Alençon, sous Louis XVIII. Reçu chez mademoiselle Cormon et, ensuite, chez M. du Bousquier, devenu le mari de « la vieille fille ». — L’un des hommes les plus aimables de la ville ; son seul défaut était d’avoir épousé une vieille femme riche, mais insupportable, et de commettre d’énormes calembours dont il riait le premier. En 1824, M. du Coudrai avait été destitué : il avait perdu sa place pour avoir mal voté (La Vieille Fille. — Le Cabinet des Antiques).

Coupiau, Breton, conducteur du courrier de Mayenne à Fougères, en 1799. — Dans la lutte entre les bleus et les chouans, il n’avait pas pris parti, il agissait au gré des circonstances et de son intérêt ; il se laissait voler, d’ailleurs, sans aucune résistance, par « les brigands », l’argent des caisses de l’État. Coupiau avait été surnommé Mène-à-Bien par le chouan Marche-à-Terre (Les Chouans).

Coupiau (Sulpice), chouan, probablement parent de Coupiau, le conducteur du courrier. Tué, en 1799, au combat de la Pélerine ou au siège de Fougères. — V. Jean Cochegrue (Les Chouans).

Courand (Jenny), fleuriste, maîtresse de Félix Gaudissart, en 1831 ; elle demeurait alors à Paris, rue d’Artois (devenue rue Laffitte) (L’Illustre Gaudissart).

Courceuil (Félix), d’Alençon, ancien chirurgien des armées rebelles de la Vendée, fournissait, en 1809, des armes aux « brigands ». Impliqué dans l’affaire dite des « chauffeurs de Mortagne » et contumax, il fut condamné à mort (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Cournant, notaire à Provins, en 1827, compétiteur du notaire Auffray ; de l’opposition ; l’un des rares libéraux de la petite ville (Pierrette).

Courtecuisse, garde-chasse de la propriété des Aigues, en Bourgogne, sous l’Empire et sous la Restauration, jusqu’en 1823. Né vers 1777, il avait été, d’abord, aux gages de mademoiselle Laguerre ; il fut congédié par le général de Montcornet, pour sa complète incurie, et remplacé par trois gardes dévoués et vigilants. Courtecuisse était un petit homme à figure de pleine lune, qui se plaisait surtout à ne rien faire. Il réclama, en s’en allant, une somme de onze cents francs qui ne lui était pas due, que son maître lui refusa d’abord avec une vive indignation et qu’il lui abandonna pourtant, menacé d’un procès injuste, dont il voulut éviter le scandale. Courtecuisse, dépossédé de sa place, acheta de Rigou, pour deux mille francs, le petit domaine de la Bâchelerie enclavé dans les terres des Aigues, et il se fatigua, sans profit, dans l’exploitation de son bien. Courtecuisse, avait une fille assez jolie, âgée de dix-huit ans en 1823, qui était, à cette époque, en service chez madame Mariotte, la mère, à Auxerre. On donnait à Courtecuisse le sobriquet de Courtebotte (Les Paysans).

Courtecuisse (Madame), femme du précédent, tremblait devant l’usurier Grégoire Rigou, maire de Blangy (Bourgogne) (Les Paysans).

Courtet, huissier à Arcis-sur-Aube, en 1839 (Le Député d’Arcis).

Courteville (les), famille notable de Douai, que maître Pierquin, notaire, une fois devenu le mari de Félicité Claës, se vantait d’attirer chez lui, ainsi que les Magalhens et les Savaron de Savarus (La Recherche de l’Absolu).

Courteville (Madame de), cousine du comte Octave de Bauvan dans la ligne maternelle ; veuve d’un juge au tribunal de la Seine ; elle avait une fille d’une grande beauté, Amélie, que le comte aurait voulu marier à Maurice de l’Hostal, son secrétaire (Honorine).

Courtois, meunier à Marsac, près d’Angoulême, sous la Restauration. En 1821, on disait qu’il allait épouser une meunière, veuve de trente-deux ans, sa patronne ; cette femme avait pour cent mille francs de biens. David Séchard recevait de son père le conseil de demander la main de cette riche veuve. À la fin de 1822, Courtois, marié, recueillait Lucien de Rubempré revenant de Paris et presque mourant (Illusions perdues).

Courtois (Madame), femme du précédent, accueillit avec soin et pitié Lucien de Rubempré de retour (Illusions perdues).

Coussard (Laurent). — V. Goussard (Laurent).

Coutelier, créancier de Maxime de Trailles. La créance Coutelier, achetée pour cinq cents francs par la société Claparon-Cérizet, montait à trois mille deux cents francs, soixante-quinze centimes, capital, intérêts et frais ; elle fut recouvrée par Cérizet, à l’aide de stratagèmes dignes de Scapin (Un Homme d’Affaires).

Couture, sorte de financier-journaliste d’une réputation équivoque, né vers 1797. L’un des premiers amis de madame Schontz ; seule, elle lui resta fidèle, quand il fut ruiné par la chute du ministère du 1er mars 1840. Couture avait toujours son couvert mis chez la courtisane, qui songea, peut-être, à en faire son mari ; mais il amena chez elle Fabien du Ronceret, et « la lorette » l’épousa. En 1836, avec Finot et Blondet, il assistait, dans un cabinet particulier de restaurant célèbre, à la « fine débauche de gueule » où fut racontée, par Jean-Jacques Bixiou, l’origine de la fortune de Nucingen. Au temps de sa passagère opulence, Couture avait brillamment entretenu Jenny Cadine ; un instant, il fut célèbre par ses gilets. Sans parenté connue avec madame veuve Couture (Béatrix. — La Maison Nucingen). Le financier s’était attiré la haine de Cérizet, pour l’avoir trompé dans une affaire d’achat de terrains et de maisons situés aux environs de la Madeleine, affaire où se trouva ensuite mêlé Jérôme Thuillier (Les Petits Bourgeois).

Couture, avoué, chez qui Fraisier travailla à l’époque de ses débuts (Le Cousin Pons).

Couture (Madame), veuve d’un commissaire-ordonnateur de la République française ; parente et protectrice de mademoiselle Victorine Taillefer, avec qui elle vivait, en 1819, à la pension Vauquer (Le Père Goriot).

Couturier (L’abbé), desservant de l’église Saint-Léonard, à Alençon, sous Louis XVIII. Directeur de la conscience de mademoiselle Cormon, il resta son confesseur après son mariage avec du Bousquier et la poussa dans la voie des macérations excessives (La Vieille Fille. — Le Cabinet des Antiques).

Crémière, percepteur à Nemours, sous la Restauration. Neveu par alliance du docteur Minoret, qui lui avait procuré la place et fourni le cautionnement ; l’un des trois héritiers collatéraux du vieux médecin : les deux autres étaient Minoret-Levrault, maître de poste, et Massin-Levrault, greffier de la justice de paix. Dans la curieuse irradiation de ces quatre familles bourgeoises du Gâtinais, les Minoret, les Massin, les Levrault et les Crémière, le percepteur était de la branche Crémière-Crémière. Il eut plusieurs enfants, entre autres une fille appelée Angélique. — Devint conseiller municipal, après la révolution de Juillet 1830 (Ursule Mirouet).

Crémière (Madame), née Massin-Massin, femme du percepteur Crémière, nièce du docteur Minoret, c’est-à-dire fille d’une sœur du vieux médecin. Grosse femme d’un blond douteux, criblée de taches de rousseur, qui passait pour instruite parce qu’elle lisait des romans et dont les comiques lapsus linguæ étaient méchamment colportés par Goupil, le clerc de notaire, sous le nom de Capsulinguettes ; en effet, madame Crémière traduisait ainsi les deux mots latins (Ursule Mirouet).

Crémière-Dionis, habituellement appelé Dionis. — Voir ce dernier nom.

Crevel (Célestin), né entre 1786 et 1788, commis du parfumeur César Birotteau, d’abord en second, puis en premier, quand Popinot quitta la maison pour s’établir. En 1819, après la faillite de son patron, il acheta pour cinq mille sept cents francs le fonds de la Reine des Roses et s’y enrichit. Sous le règne de Louis-Philippe, il vivait de ses rentes. Capitaine, puis chef de bataillon dans la garde nationale, officier de la Légion d’honneur, enfin maire de l’un des arrondissements de Paris, c’était un très gros personnage. Il avait épousé la fille d’un fermier de la Brie ; devenu veuf en 1833, il se livra au plaisir, entretint Josépha, qui lui fut enlevée par son ami le baron Hulot, essaya de séduire madame Hulot pour se venger et « protégea » Héloïse Brisetout. Ensuite il s’éprit de madame Marneffe, l’eut pour maîtresse, et l’épousa, lorsqu’elle devint veuve, en 1843. Dans la même année, en mai, Crevel et sa femme moururent d’une horrible maladie qui avait été communiquée à Valérie par un nègre appartenant au Brésilien Montès. Crevel demeurait, en 1838, rue des Saussaies ; en même temps, il était propriétaire d’une petite maison rue du Dauphin[31], où il avait fait aménager un appartement secret pour recevoir madame Marneffe ; il céda cette maison à Maxime de Trailles. Crevel posséda ensuite : un hôtel rue Barbet de Jouy ; la terre de Presles achetée à madame de Sérizy au prix de trois millions. Il se fit alors nommer membre du conseil général de Seine-et-Oise. — Il eut de son premier mariage une fille unique, Célestine, mariée à Victorin Hulot (César Birotteau. — La Cousine Bette). En 1844-1845, Crevel possédait une part dans la commandite du théâtre dont Gaudissart était le directeur (Le Cousin Pons). L’astre Crevel entraînait dans son orbite un satellite, Philéas Beauvisage, qui tâchait d’imiter en tout ce personnage triomphant (Le Député d’Arcis. — La Famille Beauvisage).

Crevel (Célestine), fille issue du premier mariage du précédent. — V. Hulot (madame Victorin).

Crevel (Madame Célestin), née Valérie Fortin en 1815, fille naturelle du comte de Montcornet, maréchal de France, épousa, en premières noces, Marneffe, employé au ministère de la guerre, qu’elle trompait avec l’agrément du bureaucrate, et, en secondes, Célestin Crevel. Elle eut de Marneffe un fils légitime, garçonnet chétif et repoussant, prénommé Stanislas. Amie intime de Lisbeth Fischer, qui employait les charmes irrésistibles de Valérie à la satisfaction de sa haine pour ses riches parents, madame Marneffe appartint à la fois à Marneffe, au Brésilien Montès, au Polonais Steinbock, à Célestin Crevel et au baron Hulot ; à chacun de ces cinq hommes, elle fit accroire qu’il était le père d’un enfant dont elle se trouvait être enceinte en 1841 et qui mourut en venant au monde. Pendant cette période, elle se fit surprendre par un commissaire de police dans la petite maison de la rue du Dauphin, appartenant à Crevel ; Hector Hulot était son compagnon de lit. Après avoir demeuré avec Marneffe rue du Doyenné, dans la maison habitée par Lisbeth Fischer (la cousine Bette), elle fut installée rue Vaneau par le baron Hulot ; puis, par Crevel, dans un hôtel de la rue Barbet-de-Jouy. Elle mourut en 1843, deux jours avant Célestin. Elle s’éteignit en « faisant Dieu », suivant son expression ; elle léguait, comme une restitution, trois cent mille francs à Hector Hulot. — Valérie Marneffe ne manquait pas d’esprit. Le grand critique Claude Vignon appréciait particulièrement l’intelligente dépravation de cette femme (La Cousine Bette).

Crochard, danseur à l’Opéra, dans la seconde moitié du xviiie siècle. Chargé de commander les évolutions sur le théâtre, il dirigea avec entrain une bande d’assaillants contre la Bastille, le 14 juillet 1789, devint officier, colonel, et mourut en 1814, des suites de blessures reçues à Lutzen, le 2 mai 1813 (Une Double Famille).

Crochard (Madame), veuve du précédent. Elle avait chanté dans les chœurs, auprès de son mari, avant la Révolution ; en 1815, elle vivait pauvrement, à Paris, avec sa fille Caroline, du métier de brodeuse, dans une maison de la rue du Tourniquet-Saint-Jean[32], qui appartenait à Molineux. Madame Crochard, souhaitant de voir un « protecteur » à sa fille, favorisa l’amour du comte de Granville pour Caroline. Il l’en récompensa par une allocation viagère de trois mille francs, et elle mourut, en 1822, dans un logement convenable, rue Saint-Louis, au Marais. Elle portait constamment sur la poitrine la croix de chevalier de la Légion d’honneur conférée à son mari par l’empereur. La veuve Crochard, surveillée par un avide entourage, reçut à ses derniers moments la visite de l’abbé Fontanon, confesseur de la comtesse de Granville, et fut très troublée par la démarche suprême de ce prêtre (Une Double Famille).

Crochard (Caroline), née en 1797, fille des précédents. — Elle fut, pendant plusieurs années, sous la Restauration, la maîtresse du comte de Granville ; on l’appelait alors mademoiselle de Bellefeuille, nom d’une petite terre du Gâtinais, donnée à la jeune femme par un oncle du comte qui l’avait prise en affection. Son amant l’avait installée dans un élégant appartement de la rue Taitbout, où Esther Gobseck lui succéda. Caroline Crochard abandonna M. de Granville et une belle position pour un indigne jeune homme, appelé Solvet, qui lui dévora tout ce qu’elle possédait. Réduite à la misère et malade, elle demeurait, en 1833, rue Gaillon, dans une maison à deux étages de peu d’importance. Elle eut avec le comte de Granville un fils et une fille, Charles et Eugénie (Une Double Famille).

Crochard (Charles), fils adultérin du comte de Granville et de Caroline Crochard. En 1833, arrêté pour un vol important, il se réclamait de son père, par l’intermédiaire d’Eugène de Granville, son frère naturel, et le comte donnait à celui-ci de l’argent pour tirer d’affaire le misérable, si la chose était possible (Une Double Famille). Ce vol fut commis chez mademoiselle Beaumesnil et au préjudice de cette comédienne ; il s’agissait de diamants (Les Petits Bourgeois).

Croisier (Du). — V. Bousquier (du).

Croizeau, ancien carrossier de la cour impériale sous Bonaparte. Quarante mille francs de rente environ ; demeurant rue Buffault ; veuf et sans enfant. Il fréquentait avec assiduité le cabinet de lecture tenu par Antonia Chocardelle, rue Coquenard, au temps de Louis-Philippe, et offrait d’épouser la « belle dame » (Un Homme d’Affaires).

Crottat (M. et madame), anciens fermiers, père et mère du notaire Crottat, assassinés par des voleurs, dont l’un était le célèbre Dannepont, dit la Pouraille ; le procès de cette affaire s’instruisait en mai 1830 (La Dernière Incarnation de Vautrin). Ils étaient riches et, suivant César Birotteau, qui dut les connaître, le père Crottat était « avare comme un colimaçon » (César Birotteau).

Crottat (Alexandre), premier clerc de maître Roguin. — Il lui succéda en 1819, après la fuite de ce notaire, et il épousa la fille de Lourdois, entrepreneur de peinture. Un moment, César Birotteau songeait à en faire son gendre ; il l’appelait familièrement Xandrot. Alexandre Crottat fut l’un des invités du fameux bal donné par le parfumeur en décembre 1818. En relations amicales avec l’avoué Derville, qu’il tutoyait, il fut chargé par lui de payer une sorte de demi-solde au colonel Chabert. Il était en même temps le notaire de la comtesse Ferraud (César Birotteau. — Le Colonel Chabert). Notaire aussi du comte de Sérizy, en 1822 (Un Début dans la Vie), et de Charles de Vandenesse, il commettait un soir, chez le marquis, dans les premières années du règne de Louis-Philippe, force maladresses et, sans qu’il s’en doutât, rappelait à son client et à madame d’Aiglemont des souvenirs très douloureux. Rentré chez lui, il racontait tout à sa femme, qui lui faisait les plus vifs reproches (La Femme de Trente Ans). Alexandre Crottat signa, avec Léopold Hannequin, le testament dicté par Sylvain Pons, près de mourir (Le Cousin Pons).

Cruchot (L’abbé), prêtre de Saumur, dignitaire du chapitre Saint-Martin de Tours, frère du notaire Cruchot, oncle du président Cruchot de Bonfons ; le Talleyrand de sa famille ; après de longues préparations, il finit par amener Eugénie Grandet à épouser le président, en 1827 (Eugénie Grandet).

Cruchot, notaire à Saumur sous la Restauration, frère de l’abbé Cruchot, oncle du président Cruchot de Bonfons — Il s’employa, comme le prêtre, au succès du mariage de son neveu avec Eugénie Grandet ; le père de la jeune fille chargeait M. Cruchot de ses placements usuraires et probablement de toutes ses opérations d’argent (Eugénie Grandet).

Cruchot, nom réel du président et de la présidente de Bonfons.

Curel, orfèvre de Paris, colonel dans la garde nationale, invité avec sa femme et ses deux filles au fameux bal donné par César Birotteau le 17 décembre 1818 (César Birotteau).

Cursy, pseudonyme littéraire de Jean-François du Bruel.

Curieux (Catherine). — V. Farrabesche (madame).

Cydalise, superbe Normande, de Valognes, débarquée à Paris en 1840 pour y vendre sa beauté. — Née en 1824, elle n’avait alors que seize ans ; elle servit d’instrument à Montès, le Brésilien, qui, pour se venger de madame Marneffe, devenue madame Crevel, fit communiquer à la jeune fille, par l’un de ses nègres, une terrible maladie, qu’à son tour il gagna de Cydalise, pour la transmettre à son infidèle Valérie, qui en mourut, ainsi que son mari. Peut-être Cydalise accompagna-t-elle ensuite Montès au Brésil, là seulement où cette horrible affection est guérissable (La Cousine Bette).


  1. Pièce de René-Charles Guilbert de Pixérécourt ; représentée, pour la première fois, à Paris, en 1810.
  2. La rue des Postes est actuellement la rue Lhomond, et la rue des Poules la rue Laromiguière.
  3. Qui se terminait rue de la Chaussée-d’Antin.
  4. Aujourd’hui, rue Antoine-Dubois.
  5. Aujourd’hui, rue Paradis tout court.
  6. Partie de la rue Charlot actuelle, et allant de la rue des Quatre-Fils à la rue de Poitou.
  7. Situé alors boulevard du Temple ; aujourd’hui, théâtre du Châtelet sur la place du même nom.
  8. Hors Paris, à cette époque.
  9. Aujourd’hui, rue Royer-Collard.
  10. Depuis plus d’un quart de siècle, modifiée profondément.
  11. Depuis 1838, rue Saint-Dominique (tout court).
  12. Aujourd’hui, rue Berger.
  13. Devenue rue du Sentier.
  14. Maintenant, rue Laromiguière.
  15. Théâtre qui formait, il y a vingt ans encore, l’un des angles des rues Madame et de Fleurus et avait, aux environs de cette année 1840, Tournemine pour directeur.
  16. Direction Mourier, boulevard du Temple, jusqu’en 1862. Les premiers privilégiés ou directeurs du théâtre, inauguré en janvier 1831, furent Allaux aîné et Léopold, mais pendant fort peu de temps. Allaux en avait été l’architecte. Il bâtit la salle sur l’emplacement de l’ancien Ambigu incendié, reconstruit boulevard Saint-Martin.
  17. Joué, pour la première fois, par Volnys et madame Doche.
  18. Ce théâtre n’était plus situé au boulevard du Temple depuis la fin du règne de Charles X et était dirigé, boulevard Saint-Martin, par Antony Béraud. La salle du boulevard dit du Crime fut incendiée le 14 juillet 1827. Celle du boulevard Saint-Martin fut ouverte, sur l’emplacement de l’hôtel Jambonne, le 7 juin 1829, avec la Muse du Boulevard, comme prologue d’inauguration.
  19. Cette rue n’existe plus depuis 1863.
  20. Démoli en juin 1862.
  21. Elle séjourna successivement rue de l’Échelle, hôtel du Gaillard-Bois (disparu), et rue de Luxembourg, actuellement rue Cambon.
  22. Rue Lamartine, depuis 1848.
  23. Partie du faubourg Saint-Honoré actuel, situé entre la rue de la Boëtie et l’avenue de Wagram.
  24. Le pays a gardé les aspects, les coutumes et les mœurs chers à Balthazar Claës-Molina : on fête Gayant ; on passe l’été à Orchies. — Douai possède encore (notamment près de l’église Saint-Pierre), d’anciennes maisons à pignon, ornées de vieilles fenêtres en fer forgé. Le quartier d’Esquerchin, la rue de Paris, la place Saint-Jacques y existent également comme il y a cinquante-quatre ans.
  25. Rue de Provence, qui se terminait alors à la rue de la Chaussée-d’Antin.
  26. La rue d’Enfer est aujourd’hui rue Denfert-Rochereau, et la rue des Deux-Églises, rue de l’Abbé de l’Épée.
  27. Devenue rue Saint-Marc tout court. La rue Neuve-Saint-Marc allait de la rue Richelieu à la place Boieldieu.
  28. Aujourd’hui quai de la Mégisserie.
  29. Aujourd’hui rue Béranger.
  30. Dont un des auteurs, M. Dupin, vit encore.
  31. Partie de la rue Saint-Roch actuelle, allant de la rue de Rivoli à la rue St-Honoré.
  32. De vieille date, déjà, détruite par les divers dégagements de l’hôtel de ville.