Comédie humaine - Répertoire/M

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Machillot (Madame) tenait, en 1838, à Paris, dans le quartier Notre-Dame-des-Champs, une modeste table d’hôte que Godefroid se proposait de fréquenter ; car l’établissement avoisinait le domicile de Bourlac (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Macumer (Felipe Hénarez, baron de), Espagnol d’origine maure, sur qui Talleyrand fournit maints renseignements, avait droit aux titres ou désignations que voici : Hénarez, des ducs de Soria, baron de Macumer. Jamais il ne les porta complets ; car toute sa jeunesse fut une succession de dévouements, de sacrifices et de malheurs injustement éprouvés. Macumer, l’un des auteurs de la Révolution espagnole de 1823, la vit tourner contre lui : Ferdinand VII, rétabli sur le trône, le subit comme ministre constitutionnel, sans lui pardonner de l’avoir été. La confiscation et l’exil atteignirent Felipe, qui vint se réfugier à Paris, où il se logea pauvrement rue Hillerin-Bertin[1] et s’improvisa maître d’espagnol pour ne pas mourir de faim, malgré sa baronnie de Sardaigne, ses fiefs magnifiques et son palais à Sassari. Le cœur de Macumer souffrait également : il adorait, sans retour, une femme qu’aimait son propre frère ; cette inclination étant réciproque, il se dépouilla et fit leur bonheur à tous deux. Devenu, sous le simple nom de Hénarez, professeur d’Armande-Marie-Louise de Chaulieu, Macumer s’éprit de son élève et en fut aimé. Il l’épousa (mars 1825). Alternativement, le baron habita ou posséda : Chantepleurs, château nivernais ; un hôtel, rue du Bac, et la Crampade, résidence provençale de Louis de l’Estorade. La folle jalousie tracassière de madame de Macumer empoisonna la vie, ruina la santé de Felipe, idolâtré en dépit d’une laideur caractérisée : il mourut en 1829 (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Macumer (Baronne de). — V. Gaston (madame Marie).

Madeleine, surnom significatif de Théodore Calvi (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Madeleine, prénom porté dans la domesticité par Vivet (Madeleine) (La Dernière Incarnation de Vautrin. — Le Cousin Pons).

Madou (Angélique), grosse femme prompte, « populacière » et, bien qu’ignorante, fort habile en son commerce de fruits secs. — Elle habitait, au commencement de la Restauration, à Paris, la rue Perrin-Gasselin[2], où elle était pourtant la proie de l’usurier Bidault (Gigonnet). Angélique Madou maltraita tout d’abord César Birotteau, quand il ne put remplir des engagements pris ; mais elle le félicita plus tard, lorsque, réhabilité, le parfumeur la désintéressa complètement. Angélique Madou avait alors un petit filleul et semblait s’en préoccuper quelquefois (César Birotteau).

Madou (Joséphine) continuait, de mère en fille, le commerce des fruits secs, à Paris, dans le quartier des Halles. — Plus encore que la précédente — vingt ans ultérieurement, — elle devint la proie des usuriers Cérizet, Samanon, Chaboisseau. Joséphine Madou avait un filleul, Charles de Sallenauve, sur qui veillèrent concurremment Jacques Bricheteau, madame Tancrède, Victorine et la seconde femme de Matifat (Le Comte de Sallenauve).

Magalhens, au commencement du XIXe siècle, famille notable de Douai, dont Perquin recherchait la fréquentation (La Recherche de l’Absolu).

Magnan (Prosper), de Beauvais ; fils de veuve ; médecin sous-aide-major ; exécuté en 1799, à Andernach, sur les bords du Rhin, comme auteur d’un double crime (vol, assassinat), dont il n’était pas coupable, malgré toutes les apparences, et qu’avait commis son camarade Jean-Frédéric Taillefer, resté impuni (L’Auberge rouge).

Magnan (Madame), mère du précédent, habitait Beauvais, où elle mourut peu de temps après son fils, et avant l’arrivée de Hermann, chargé d’une lettre de Prosper (L’Auberge rouge).

Mahoudeau (Madame), troublait, en 1840, avec madame Cardinal, son amie, une des représentations de Bobino, petit théâtre situé près du Luxembourg, où jouait Olympe Cardinal, reconnue par sa mère dans la « jeune première » (Les Petits Bourgeois).

Magus (Élie), Israélite flamand, d’origine hollando-belge, né en 1770. — Élie habita Bordeaux et Paris alternativement ; y négocia les objets de prix, tableaux, diamants, curiosités. Par lui, madame Luigi Porta, née Ginevra di Piombo, obtint, d’un marchand d’estampes, une entreprise de coloriage. Madame Évangélista le chargea d’estimer ses bijoux. Il commanda une copie de Rubens à Joseph Bridau, des sujets flamands à Pierre Grassou, les revendit pour des Rembrandt ou des Téniers authentiques à Vervelle ; négocia le mariage du peintre avec la fille du fabricant de bouchons. Fort riche, retiré des affaires depuis 1835, ayant quitté son installation du boulevard Bonne-Nouvelle pour occuper un vieil hôtel de la Chaussée des Minimes[3] avec ses trésors et sa fille Noémi, gardés par Abramko, Élie Magus vivait encore vers 1845 et venait d’acquérir, quelque peu malhonnêtement, plusieurs toiles superbes sorties de la collection de Sylvain Pons (La Vendetta. — Le Contrat de Mariage. — La Rabouilleuse. — Pierre Grassou. — Le Cousin Pons).

Mahuchet (Madame), au XIXe siècle, à Paris, cordonnière pour femmes ; « personne assez mal embouchée », au dire de madame Nourrisson ; mère de sept enfants. — Après avoir en vain réclamé d’une comtesse cent francs qui lui étaient dus, elle imagina, un soir que sa débitrice donnait un grand dîner, d’emporter, comme gage, l’argenterie étalée ; mais elle rendit promptement les couverts pris ; car ils étaient en maillechort (Les Comédiens sans le savoir).

Malaga, surnom de Marguerite Turquet.

Malassis (Jeanne), sur la fin de la Restauration, servante de campagne chez Pingret, vieux et riche paysan avare, de la banlieue de Limoges. — Mortellement frappée en accourant au secours de son maître, pillé et assassiné, elle fut la seconde victime de J.-F. Tascheron (Le Curé de Village).

Malfatti, médecin de Venise ; en 1820, appelé en consultation, avec un de ses confrères de France, pour examiner le duc Cataneo (Massimilla Boni).

Malin. — V. Gondreville.

Mallet, gendarme du département de l’Orne en 1809. — Chargé de découvrir et d’arrêter madame Bryond des Minières, il la laissa fuir, de complicité avec son camarade Ratel, qui devait, au contraire, le seconder ; emprisonné pour le fait, Mallet fut déclaré, par Bourlac, passible de la peine capitale et exécuté la même année (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Malvaut (Jenny). — V. Derville (madame).

Mancini (De), Italien blond, efféminé, dont la Marana devint follement éprise et dont elle eut une fille, Juana-Pepita-Maria de Mancini, devenue madame Diard (Les Marana).

Mancini (Juana-Pepita-Maria de). — V. Diard (madame).

Manerville (De), né en 1731 ; gentilhomme normand à qui le gouverneur de la Guyenne, Richelieu, fit épouser une des plus riches héritières de Bordeaux. — Il acheta la charge de major des gardes de la porte, sur la fin du règne de Louis XV ; eut, de sa femme, un fils, Paul, élevé durement ; émigra, la Révolution venue ; gagna la Martinique, mais conserva ses biens, Lanstrac, etc., etc., grâce à maître Mathias, alors premier clerc de notaire. Veuf depuis 1810, Manerville mourut vers 1813 (Le Contrat de mariage).

Manerville (Paul-François-Joseph, comte de), fils du précédent, né en 1794, fit ses études au collège de Vendôme ; les termina sur la fin de 1810, date de la mort de sa mère. — Il passa trois années à Bordeaux avec son père, devenu despote et avare ; orphelin, hérita d’une grosse fortune (château de Lanstrac, en Gironde ; hôtel à Paris, rue de la Pépinière) ; parcourut six ans l’Europe, comme diplomate ; passa l’époque de ses congés à Paris ; y fréquenta Henri de Marsay, amoureux de Paquita Valdès ; y subit les moqueries de madame Charles de Vandenesse (alors Émilie de Fontaine) ; y rencontra peut-être Lucien de Rubempré, et, dans l’hiver de 1821, revint à Bordeaux où il brilla : Paul de Manerville reçut le surnom caractéristique de « la fleur des pois ». Malgré les bons conseils de ses deux amis dévoués, maître Mathias et Marsay, il demanda, par l’entremise de sa grand’tante, madame de Maulincour, la main de Natalie Évangélista et l’obtint ; après cinq ans de mariage, il se sépara de sa femme, corps et biens, et s’embarqua pour Calcutta, sous le nom de Camille, l’un des prénoms de sa mère (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or. — Le Bal de Sceaux. — Illusions perdues. — Le Contrat de Mariage).

Manerville (Comtesse Paul de), femme du précédent, née mademoiselle Natalie Évangélista, par sa famille descendante indirecte du duc d’Albe, alliée encore par elle aux Claës. — Gâtée comme jeune fille, nature sèchement dominatrice, elle dépouilla son mari, mais ne s’appauvrit pas, et brilla aussi bien à Paris qu’à Bordeaux. Devenue la maîtresse de Félix de Vandenesse, elle accueillit mal la dédicace d’un récit où il exaltait madame de Mortsauf et, plus tard, de concert avec lady Dudley, mesdames d’Espard, Charles de Vandenesse, de Listomère, tenta de perdre, au profit de Raoul Nathan, la comtesse Félix de Vandenesse, récemment mariée. (Le Contrat de Mariage. — Le Lys dans la Vallée. — Une Fille d’Ève).

Manette, sous la Restauration, à Clochegourde, en Touraine, femme de charge de la comtesse de Mortsauf, la suppléait, seule, auprès de ses jeunes maîtres, Madeleine et Jacques de Mortsauf (Le Lys dans la Vallée).

Manon. — V. Godard (Manon).

Manon-la-Blonde, pendant les dernières années de la Restauration, fille publique de Paris, tomba follement amoureuse de Théodore Calvi, devint la recéleuse d’un vol, compliqué d’assassinat, commis par le compagnon de Jacques Collin, et put être ainsi la cause indirecte ou involontaire de l’arrestation du Corse (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Manseau (Le père), aubergiste aux Échelles, bourg savoisien, accueillit la Fosseuse, réduite à la mendicité, et logea dans une grange cette malheureuse, future protégée du docteur Benassis. (Le Médecin de Campagne).

Marana (La), née en 1772, la dernière d’une longue série de filles galantes portant le même nom ; descendante naturelle des Hérouville. — On lui connut plus d’un amant de marque : Mancini, le duc de Lina, un roi de Naples ; elle brilla dans Venise, dans Milan et dans Naples. Elle eut de Mancini une enfant qu’il reconnut, Juana-Pepita-Maria ; la fit pieusement élever par les Lagounia, ses obligés ; vint la chercher à Tarragone en Espagne (1808) ; la surprit enfermée avec Montefiore ; dédaigna de se venger de lui ; accepta, pour mari de la jeune fille, F. Diard, qui s’était proposé. Vers 1823, au moment de mourir à l’hospice de Bordeaux, la Marana revit sa fille, demeurée vertueuse, mais restée malheureuse (L’Enfant maudit. — Les Marana).

Marcas (Zéphirin), né vers 1803, Breton, d’une famille de Vitré, de parents d’une fortune très médiocre et qu’il soutint ; élevé gratuitement au séminaire ; sans vocation pour la prêtrise. — Débarqué à Paris, fort léger d’argent, pendant l’année 1823 ou 1824, Z. Marcas fit son droit chez un avoué dont il devint premier clerc ; il étudia ensuite les hommes et les choses dans cinq capitales, Londres, Berlin, Vienne, Pétersbourg, Constantinople ; fut, cinq ans, journaliste ; rendit ainsi compte des « Chambres ». Il fréquenta R. de la Palférine ; auprès des femmes, il dut être de la race des passionnés-timides. Tête de lion, organe magnifique, orateur valant Berryer, dépassant M. Thiers, Marcas fit longtemps une capacité politique d’un député passé ministre ; mais, convaincu de sa déloyauté, il le renversa, puis le restaura, pour peu de temps ; rentra dans la polémique ; vit mourir les gazettes où sa haute critique militante sut briller ; vécut, misérable, sur un budget quotidien de trente sous produit par des écritures pour le Palais. Marcas habitait alors le grenier d’un hôtel garni de la rue Corneille (1836). Son ingrat obligé, de nouveau ministre, le chercha de nouveau. Sans le cordial empressement de jeunes voisins, Rabourdin, Juste, qui fournirent des vêtements convenables, et l’habillèrent aux frais d’Humann, Marcas aurait refusé la rentrée qu’on lui offrait. Son retour dura peu. La troisième chute du gouvernant précipita celle de Marcas ; revenu rue Corneille, il fut pris d’une fièvre nerveuse : le mal s’aggrava et emporta ce génie méconnu. Z. Marcas fut enterré dans la fosse commune, au cimetière Montparnasse, en janvier 1838 (Un Prince de la Bohème. — Z. Marcas).

Marcelin était avoué d’Arcis-sur-Aube, durant la période électorale ouverte en avril 1839, dans l’arrondissement représenté jusqu’à cette date par François Keller (Le Député d’Arcis).

Marchand (Victor), fils d’un épicier de Paris, chef de bataillon d’infanterie pendant la campagne de 1808, amoureux et obligé de Clara Léganès, essaya vainement d’épouser cette fille de la noblesse espagnole, qui préféra subir la plus horrible des morts : la décapitation, de la main de Juanito Léganès, son frère (El Verdugo).

Marche-à-terre. — V. Leroi (Pierre).

Marcillac (Madame de). — Grâce à des connaissances qu’elle avait gardées de l’ancienne cour et à sa parenté avec les Rastignac dont elle était, vers 1819, la modeste commensale, elle sut introduire, chez leur brillante cousine, Claire de Beauséant, le chevalier de Rastignac, son petit-neveu, pour qui elle avait un faible (Le Père Goriot).

Marcosini (Comte Andréa), né en 1807, à Milan ; bien qu’aristocrate, réfugié dans Paris comme libéral, mais temporairement ; poète, beau et riche ; mena légèrement la vie d’exil, vers 1834. On le vit accueilli par mesdames d’Espard et Paul de Manerville. Rue Froidmanteau, il poursuivit Marianna Gambara ; à la table d’hôte de l’Italien Giardini, il disserta musique et parla de Robert le Diable. Cinq ans, il eut pour maîtresse la femme de Paolo Gambara ; puis l’abandonna pour épouser une danseuse en Italie (Gambara).

Maréchal, sous la Restauration, avoué à la Ville-aux-Fayes, en Bourgogne, conseil de Montcornet, contribua, par sa recommandation, à faire nommer, vers 1817, Sibilet régisseur des Aigues (Les Paysans).

Mareschal dirigeait les études au collège de Vendôme, en 1811, quand Louis Lambert devint un des élèves de cette maison d’enseignement (Louis Lambert).

Marest (Frédéric), né vers 1802, fils de la veuve d’un riche marchand de bois, cousin de Georges Marest, clerc d’un avoué de Paris (novembre 1825), amant de Florentine Cabirolle qu’entretenait Cardot, connut chez maître Desroches Oscar Husson et le mena, rue de Vendôme, à une fête donnée par mademoiselle Cabirolle, où son camarade se compromit sottement (Un Début dans la Vie). Frédéric Marest, passé, en 1838, juge d’instruction du parquet parisien, dut interroger Auguste de Mergi pour un vol commis au préjudice du docteur Halpersohn (L’Envers de l’Histoire contemporaine). L’année suivante, procureur du roi à Arcis-sur-Aube[4], Frédéric Marest, célibataire alourdi, rencontra les fils Martener, Goulard, Michu, Vinet ; rechercha les familles Beauvisage et Mollot (Le Député d’Arcis).

Marest (Georges), cousin du précédent et dont le père fut, à Paris, chef d’une grande maison de quincaillerie de la rue Saint-Martin. — Il se trouvait, en 1822, le deuxième clerc de maître A. Crottat, notaire parisien. Il eut alors pour compagnon d’études et de plaisirs Amaury Lupin. Vers le même temps, la vanité de Marest se donna sottement carrière dans la voiture de Pierrotin, qui faisait le service de la vallée de l’Oise ; il mystifia Husson, amusa Bridau et Lora, importuna le comte de Sérizy. Trois ans plus tard, Georges Marest était devenu le maître clerc de Léopold Hannequin ; mais il perdit en débauches une fortune du chiffre de trente mille francs de rente et finit simple courtier d’assurances (Les Paysans. — Un Début dans la Vie).

Margaritis, d’origine italienne, fixé à Vouvray, en 1831, vieil homme dérangé d’esprit, tenait les propos les plus incohérents et pouvait se prétendre viticulteur. — Il fut amené par Vernier à mystifier Gaudissart pendant une tournée commerciale de l’illustre voyageur (L’Illustre Gaudissart).

Margaritis (Madame), femme du fou Margaritis. — Elle le gardait auprès d’elle par économie, et dédommagea Gaudissart mystifié (L’Illustre Gaudissart).

Marguerite, née en 1762, appelée ordinairement Gritte, servait, en 1822, les vieux Hochon, d’Issoudun (La Rabouilleuse[5]).

Marguerite, bonne chez Johann Fischer (La Cousine Bette).

Margueron, opulent bourgeois de Beaumont-sur-Oise, sous Louis XVIII, désirait pour son fils, percepteur, la recette particulière de cette ville, où il possédait une ferme qui dépendait du Presles de Sérizy et qu’il avait louée à Léger (Un Début dans la Vie).

Marialva (Doña Concha), duègne attachée à la personne de Paquita Valdès (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or).

Marianne, servante de Sophie Gamard, pendant la Restauration, à Tours (Le Curé de Tours).

Marianne, vers octobre 1803, dans l’arrondissement d’Arcis-sur-Aube, à Cinq-Cygne, en même temps que Gaucher, domestique de Michu. — Elle servit son maître avec discrétion et fidélité (Une Ténébreuse Affaire).

Mariast, propriétaire, à Paris, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, 22, eut MM. d’Espard pour locataires, pendant presque toute la durée de la Restauration (L’Interdiction).

Marie-Jeanne, servante d’Angélique Madou, à Paris, en 1818 (César Birotteau[6]).

Marie des Anges (La mère), née en 1762, tante de Jacques Bricheteau, supérieure des Dames Ursulines d’Arcis-sur-Aube, préservée de l’échafaud par Danton, fit célébrer, le 5 avril de chaque année, une messe anniversaire à l’intention de son neveu et, sous Louis-Philippe, protégea un descendant du célèbre révolutionnaire, Charles de Sallenauve, nommé député de l’arrondissement par son influence (Le Député d’Arcis).

Mariette, le nom chorégraphique ou galant de Marie Godeschal.

Mariette, née en 1798, depuis 1817 au service des Watteville (de Besançon), fut, sous Louis-Philippe, malgré son horrible laideur, mais à cause de ses économies, courtisée par Jérôme, domestique d’Albert Savarus. — Mademoiselle de Watteville, éprise de l’avocat, exploitait Mariette et Jérôme au profit de son amour (Albert Savarus).

Mariette, vers 1816, cuisinière de mademoiselle Cormon (d’Alençon) ; quelquefois conseillée par M. du Ronceret ; simple fille de cuisine dans le même service, quand sa maîtresse devint madame du Bousquier (La Vieille fille).

Mariette fut au service de la Fosseuse, vers la fin de la Restauration, dans le village dont Benassis était le maire (Le Médecin de Campagne).

Mariette, en 1841, à Paris, dans la rue Plumet, cuisinière d’Adeline Hulot alors presque dénuée de tout (La Cousine Bette).

Marigny (Duchesse de), recherchée dans le faubourg Saint-Germain ; liée avec les Navarreins et les Grandlieu ; femme de conseil et d’expérience ; vrai chef de sa maison ; décédée vers 1819 (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Marigny[7] (De), fils de la précédente, agréable écervelé, s’amouracha de madame Keller, bourgeoise de la Chaussée-d’Antin (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Marin (Le père), en 1839, vieil ouvrier parisien à qui l’abbé de Vèze refusait de s’intéresser (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Marin, en 1839, à Cinq-Cygne, dans l’arrondissement d’Arcis-sur-Aube, premier valet de chambre de Georges de Maufrigneuse et protecteur d’Anicette (Le Député d’Arcis).

Marion, d’Arcis, petit-fils d’un intendant de la maison de Simeuse ; beau-frère de madame Marion, née Giguet. — Il jouit de la confiance de Malin, acquit pour lui la terre de Gondreville et devint avocat dans l’Aube ; puis président d’une cour impériale (Une Ténébreuse Affaire. — Le Député d’Arcis).

Marion, frère du précédent et beau-frère du colonel Giguet, dont il épousa la sœur, devint, avec Sibuelle, par l’influence de Malin, co-receveur général de l’Aube (Une Ténébreuse Affaire. — Le Député d’Arcis).

Marion (Madame), femme du précédent, sœur du colonel Giguet. — Elle fut en relations avec Malin de Gondreville, survécut à son mari, abandonna Troyes et, revenue dans son pays natal (Arcis), eut un salon très fréquenté. Sous Louis-Philippe, madame Marion usa de son crédit en faveur de Simon Giguet, fils du colonel (Une Ténébreuse Affaire. — Le Député d’Arcis).

Marion. — V. Kolb (madame).

Mariotte, Bretonne, née vers 1794, sous Louis-Philippe, servait, avec Gasselin, chez la famille du Guénic, à Guérande (Béatrix).

Mariotte, d’Auxerre ; compétiteur du puissant Gaubertin dans l’adjudication des forêts du département de la Bourgogne où se trouvaient les Aigues, la grande propriété de Montcornet (Les Paysans).

Mariotte (Madame), d’Auxerre, mère du précédent, eut à son service, en 1823, mademoiselle Courtecuisse (Les Paysans).

Marius, surnom, devenu héréditaire, d’un Toulousain, établi coiffeur à Paris, au commencement du XIXe siècle, et ainsi baptisé par le chevalier de Parny, l’un des clients de la maison : il transmit ce nom de Marius, comme une propriété quasi perpétuelle, à ses successeurs (Les Comédiens sans le savoir).

Marivault (De), riche et médiocre littérateur, signa un ouvrage écrit par M. de Valentin fils (La Peau de Chagrin).

Marmus (Madame), femme d’un savant, officier de la Légion d’honneur, membre de l’Institut. — Elle habitait avec lui, à Paris, la rue Duguay-Trouin et fréquentait Zélie Minard, vers 1840 (Les Petits Bourgeois).

Marmus, mari de la précédente et célèbre par ses distractions (Les Petits Bourgeois).

Marneffe (Jean-Paul-Stanislas), né en 1794, employé au ministère de la guerre. — Simple commis à douze cents francs, il épousa, vers 1833, mademoiselle Valérie Fortin. « Corrompu comme un bagne », il quitta, par la protection du baron Hulot, amant de sa femme, la rue du Doyenné pour s’installer avec luxe au faubourg Saint-Germain et successivement passa premier commis, sous-chef, puis chef de bureau, chevalier, puis officier de la Légion d’honneur. — Jean-Paul-Stanislas Marneffe, pourri au physique comme au moral, mourut en mai 1842 (La Cousine Bette).

Marneffe[8] (Madame). — V. Crevel (madame Célestin).

Marneffe (Stanislas), fils légal des deux précédents ; scrofuleux ; assez négligé de ses parents (La Cousine Bette).

Marolles (L’abbé de), vieux prêtre de la fin du XVIIIe siècle, échappé au massacre du couvent des Carmes[9] en septembre 1792, et, caché à Paris, dans le haut du faubourg Saint-Martin, près de la route d’Allemagne. — Il protégeait alors deux religieuses également compromises, sœur Marthe et sœur Agathe. Le 22 janvier 1793 et le 21 janvier 1794, l’abbé de Marolles dit, devant elles, des messes pour le repos de l’âme de Louis XVI, et sur la prière de l’exécuteur du « roi martyr », présent aussi, mais dont il n’apprit l’identité que le 25 janvier 1794, d’après un renseignement fourni au coin de la rue des Frondeurs[10], par le citoyen Ragon (Un Épisode sous la Terreur).

Maronis (L’abbé de), prêtre plein de génie, qui, sous la tiare, aurait été un Borgia. Il fut le précepteur d’Henri de Marsay et l’éleva dans un scepticisme complet, à une époque où les églises étaient fermées. L’abbé de Maronis mourut évêque, en 1812 (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or).

Marron, sous la Restauration, médecin de Marsac, en Charente ; neveu du curé Marron. — Il maria sa fille au pharmacien Postel, d’Angoulême, et fréquenta les David Séchard (Illusions perdues. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Marron, curé de Marsac, en Charente, sous la Restauration ; vieil oncle à succession du précédent (Illusions perdues).

Marsay (De) vieux gentilhomme plein de vices. — Marié par lord Dudley, dont il épousa l’une des maîtresses et reconnut le fils, Henri, moyennant cent mille francs de rente viagère, promptement dévorés dans les mauvais lieux, il confia l’enfant à sa vieille sœur, mademoiselle de Marsay et mourut, comme il avait vécu, loin de sa femme (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or).

Marsay (Madame de). — V. Vordac (marquise de).

Marsay (Mademoiselle de), belle-sœur et sœur des précédents, prit soin de leur fils Henri et sut se faire suffisamment pleurer par lui, quand elle mourut, assez âgée (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or).

Marsay (Henri de), né entre 1792 et 1796, fils de lord Dudley et de la célèbre marquise de Vordac, mariée en premières noces à Marsay, qui reconnut l’enfant et en devint ainsi le père légal. — Le jeune Henri fut élevé par mademoiselle de Marsay et par l’abbé de Maronis ; il fréquentait, dès 1815, Paul de Manerville et faisait déjà partie des Treize[11], tout-puissants, avec Bourignard, Montriveau, Ronquerolles ; il découvrait alors, rue Saint-Lazare, une fille de Lesbosen, Paquita Valdès, dont il voulait faire sa maîtresse, et rencontrait en même temps pour la première fois sa propre sœur naturelle, madame de San-Réal, dont il était le rival auprès de Paquita. Marsay avait d’abord été l’amant de la duchesse Charlotte, puis d’Arabelle Dudley, dont les enfants étaient son portrait. On lui connut aussi d’intimes relations avec Delphine de Nucingen, rompues dans le courant de l’année 1819, et avec Diane de Cadignan. En sa qualité de membre des Treize, Henri fit partie de l’équipée de Montriveau, enlevant des Carmélites Antoinette de Langeais. Il acheta Coralie pour soixante mille francs. Toute sa vie, sous la Restauration, se passa près des jeunes gens ou des femmes : compagnon et conseiller de Victurnien d’Esgrignon, de Savinien de Portenduère et surtout de Paul de Manerville, qu’il essaya vainement de piloter après un mauvais mariage et auquel il annonçait, comme possible, sa propre union, Marsay protégea Lucien de Rubempré et, avec Rastignac, lui servit de témoin dans un duel contre Michel Chrestien. Les représentants féminins des familles Chaulieu et Fontaine redoutaient ou admiraient Henri de Marsay, que dédaignait le poète fêté, M. de Canalis. La révolution de Juillet 1830 fit de Marsay un personnage considérable, qui, cependant, chez Félicité des Touches, contait gravement de vieilles amours. Premier ministre de 1832 à 1833, familier du salon légitimiste de la princesse de Cadignan, où il servit de paravent à la dernière insurrection vendéenne. Là, encore, Marsay découvrait les dessous cachés de l’enlèvement déjà ancien de Malin. Marsay mourut épuisé en 1834 ; un peu auparavant et lorsque Nathan courtisait Marie de Vandenesse, l’homme d’État se préoccupait de cette intrigue, tout en méprisant l’écrivain (Histoire des Treize. — Les Comédiens sans le savoir. — Autre Étude de femme. — Le Lys dans la Vallée. — Le Père Goriot. — Le Cabinet des Antiques. — Ursule Mirouet. — Le Contrat de Mariage. — Illusions perdues. — Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Le Bal de Sceaux. — Modeste Mignon. — Les Secrets de la Princesse de Cadignan. — Une Ténébreuse Affaire. — Une Fille d’Ève).

Martainville (Alphonse-Louis-Dieudonné), publiciste et auteur dramatique, né en 1776, à Cadix, de parents français, mort le 27 août 1830. — Royaliste fanatique, il prodigua, comme tel, entre les années 1821 et 1822, ses conseils et son appui à Lucien de Rubempré, alors apostat du libéralisme (Illusions perdues).

Martellens, savant cité par le naturaliste Lavrille devant Raphaël de Valentin, pour l’origine du mot « chagrin » (La Peau de Chagrin).

Martener, vieil homme instruit, vivant à Provins, sous la Restauration, expliquait à l’archéologue Desfondrilles, qui le consultait, pourquoi l’Europe oisive, dédaignant les eaux minérales de leur ville, recherchait Spa, moins efficace d’après la médecine française (Pierrette).

Martener, fils du précédent ; médecin à Provins, en 1827 ; homme capable, simple et doux. — Il épousa la seconde fille de madame Guénée ; consulté un jour par mademoiselle Habert, il prononça contre le mariage des vierges quadragénaires un arrêt dont se désola Sylvie Rogron ; défendit et soigna Pierrette Lorrain, la victime de cette vieille fille (Pierrette).

Martener (Madame), femme du précédent, seconde fille de madame Guénée, sœur de madame Auffray. — Prise de pitié pour Pierrette Lorrain, malade, elle lui donnait, en 1828, les distractions de la musique et jouait pour elle du Weber, du Beethoven ou de l’Hérold (Pierrette).

Martener, fils des précédents, protégé de Vinet père, honnête et lourd, était, en 1839, juge d’instruction à Arcis-sur-Aube et fréquentait, pendant la période électorale, vers le printemps de cette même année, les fonctionnaires Michu, Goulard, O. Vinet, Marest (Le Député d’Arcis).

Martha fut longtemps la dévouée femme de chambre de madame Joséphine Claës ; elle mourut dans un âge avancé, entre 1828 et 1830 (La Recherche de l’Absolu).

Marthe (Sœur), sœur grise, Auvergnate, de 1809 à 1816, enseigna la lecture, l’écriture, l’histoire du peuple de Dieu, l’Ancien et le Nouveau Testament, le catéchisme et un peu de calcul à Véronique Sauviat (madame Graslin) (Le Curé de Village).

Marthe (Sœur), née Beauséant, vers 1730, religieuse de l’abbaye de Chelles, réfugiée avec sœur Agathe (née Langeais) et l’abbé de Marolles dans un pauvre logement du haut du faubourg Saint-Martin. — Elle alla chercher, chez un pâtissier, près de Saint-Laurent, le 22 janvier 1793, l’hostie nécessaire à une messe pour le repos de l’âme de Louis XVI, à laquelle elle assista, ainsi que le bourreau du roi. L’année suivante (21 janvier 1794), cette même cérémonie se répéta et sœur Marthe y assista également ; elle passa ces deux années de la Terreur sous la protection de Mucins Scœvola (Un Épisode sous la Terreur).

Marthe (Sœur), sous la Restauration, au couvent des carmélites de Blois, connut, jeunes filles, mesdames de l’Estorade et Gaston (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Martin (La femme), pour trois francs par mois et une livre de savon, gardait, vers 1829, en Dauphiné, les enfants de l’hospice, dans la commune dont le docteur Benassis était le maire. Elle fut peut-être la première personne aperçue au pays par Genestas-Bluteau et la première encore à le renseigner (Le Médecin de Campagne).

Martineau (Les), deux frères attachés aux exploitations agricoles de M. de Mortsauf, en Touraine ; l’aîné, d’abord métivier, puis régisseur, et le cadet, garde (Le Lys dans la Vallée).

Martineau, fils de l’un des deux frères Martineau (Le Lys dans la Vallée).

Marty (Jean-Baptiste), acteur de mélodrame  ; pensionnaire ou directeur de la Gaîté, avant et après l’incendie de 1836, à Paris ; né en 1779 ; célèbre sous la Restauration ; entre 1819 et 1820, applaudi, dans le Mont-Sauvage, par madame Vauquer (née Conflans), que conduisait, au boulevard du Crime, son pensionnaire de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, Jacques Collin, dit Vautrin, dont cette soirée précéda l’arrestation (Le Père Goriot). — Marty mourut fort âgé, en 1868, chevalier de la Légion d’honneur, après avoir été longtemps maire de la commune de Charenton.

Marville (De)[12]V. Camusot.

Mary, Anglaise au service de la famille Louis de l’Estorade, sous la Restauration et sous Louis-Philippe (Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Le Député d’Arcis).

Massin-Levrault junior, fils d’un pauvre serrurier de Montargis, petit-neveu du docteur Denis Minoret par suite de son mariage avec une Levrault-Minoret, père de trois filles : Paméla, Aline, madame Goupil, acheta, en janvier 1815, le greffe de la justice de paix de Nemours et vécut, d’abord, avec sa famille, des bienfaits du docteur Minoret, par qui sa propre sœur obtint la direction de la poste aux lettres de Nemours. Massin-Levrault, junior, l’un des persécuteurs indirects d’Ursule de Portenduère, conseiller municipal après juillet 1830, commença à prêter aux paysans à gros intérêts avec l’argent donné par le docteur et, finalement, devint un parfait usurier (Ursule Mirouet).

Massin-Levrault (Madame), femme du précédent, née Levrault-Minoret, vers 1793, par la ligne maternelle, petite-nièce du docteur Denis Minoret, fille d’un père victime de la campagne de France, courtisa fort son riche grand-oncle, dans la mesure de ses moyens, persécuta Ursule de Portenduère (Ursule Mirouet).

Massol, natif de Carcassonne, avocat stagiaire et rédacteur de la Gazette des Tribunaux en mai 1830. — Il guida inconsciemment Jacqueline près de Jacques Collin, hôte de la Conciergerie, et, sur l’ordre de Granville, attribua, dans son journal, la mort volontaire de Lucien de Rubempré à la rupture d’un anévrisme. Républicain, faute d’une particule devant son nom, et fort ambitieux, il était, en 1834, l’associé de Raoul Nathan pour l’exploitation d’un grand journal et cherchait à tirer parti du poète, fondateur de cette feuille. Massol fut, avec Stidmann, Steinbock et Claude Vignon, témoin du second mariage de Valérie Marneffe. En 1845, conseiller d’État, président de section, il entretenait Jenny Cadine ; il fut alors chargé du procès administratif de S.-P. Gazonal (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Peau de Chagrin. — Une Fille d’Ève. — La Cousine Bette. — Les Comédiens sans le savoir).

Masson, ami de maître Desroches et agréé, auquel, sur l’avis de l’avoué, recourut, vers 1821, Lucien de Rubempré, lorsque les meubles de Coralie furent saisis (Illusions perdues).

Masson (Publicola), né vers 1795, le premier pédicure du Paris de 1845, républicain radical de l’école de Marat, lui ressemblait physiquement et comptait Léon de Lora parmi ses clients (Les Comédiens sans le savoir).

Mathias, né en 1753. — Il débuta comme troisième clerc du notaire bordelais Chesneau, lui succéda, se maria, perdit sa femme en 1826, eut un fils dans la magistrature, une fille établie, et, type de l’ancien tabellion, prodigua ses conseils éclairés à deux générations de Manerville (Le Contrat de Mariage).

Mathilde (La grande), dans les premières années du règne de Louis-Philippe, à Paris, en relations avec Jenny Courand (L’Illustre Gaudissart).

Mathurine, cuisinière, pieuse, probe, d’abord au service de l’évêque de Nancy, fut ensuite placée à Paris, rue Vaneau, chez Valérie Marneffe, par Lisbeth Fischer, sa parente du côté maternel (La Cousine Bette).

Matifat, riche droguiste de Paris, dans la rue des Lombards, au commencement du XIXe siècle, fournisseur de la « Reine des Roses », dont Ragon et Birotteau furent successivement les propriétaires, type du bourgeois commun, étroit et satisfait, grivois en paroles et, peut-être, en action. — Il se maria et eut une fille, qu’il mena, avec sa femme, au célèbre bal donné, rue Saint-Honoré, par César Birotteau, le dimanche 17 décembre 1818 : ami des Colleville, des Thuillier et des Saillard, Matifat avait quêté pour eux une invitation que César Birotteau consentit, sans doute, à envoyer. Vers 1821, Matifat entretenait, rue de Bondy, une actrice passée promptement du Panorama au Gymnase-Dramatique, Florine, de son vrai nom Sophie Grignault, devenue plus tard madame Nathan. J.-J. Bixiou et madame Desroches le fréquentèrent particulièrement, pendant l’année 1826, alternativement rue du Cherche-Midi et aux environs de Paris. Sous Louis-Philippe, Matifat, veuf, remarié, se retira des affaires. Il commandita le théâtre que dirigeait Gaudissart (César Birotteau. — La Rabouilleuse. — Illusions perdues. — La Maison Nucingen. — Le Comte de Sallenauve. — Le Cousin Pons).

Matifat (Madame), première femme du précédent ; personne qui portait le turban et les couleurs voyantes. — Elle brilla, sous la Restauration, dans la petite bourgeoisie et mourut probablement pendant le règne de Louis-Philippe (César Birotteau. — La Maison Nucingen).

Matifat (Mademoiselle), fille des précédents, assista au bal de Birotteau, fut recherchée en mariage par Adolphe Cochin et par maître Desroches, épousa le général baron Gouraud, sans fortune, son aîné de beaucoup, et lui apporta en dot cinquante mille écus, et, comme espérances, un immeuble situé rue du Cherche-Midi, ainsi qu’une maison à Luzarches. (César Birotteau. — La Maison Nucingen. — Pierrette).

Matifat (Madame), seconde femme de Matifat, née en 1800, d’humble extraction, de passé compromis, l’une des protectrices de l’enfance de Charles de Sallenauve, en 1839 assistait à une représentation de l’Opéra-Comique et se faisait ouvrir la porte de sa loge par madame Tancrède, une de ses vieilles connaissances du Feu Éternel, restaurant du boulevard de l’Hôpital, à Paris (Le Comte de Sallenauve).

Maucombe (Comte de), Provençal, d’une famille déjà célèbre sous le roi René. — Pendant la Révolution, il « endossa l’humble veste d’un prote de province », à Angoulême, chez Jérôme-Nicolas Séchard, imprimeur ; eut plusieurs enfants : Renée, qui devint madame de l’Estorade, Jean, Marianina, celle-ci fille naturelle, reconnue par Lanty ; fut député sur la fin de l’année 1826 ; siégea entre le centre et la droite. Le comte de Maucombe, type achevé du Marseillais pur sang, vivait encore, très vert, en 1841 (Illusions perdues. — Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — La Famille Beauvisage).

Maucombe (Jean de), fils du précédent, sacrifia sa part d’hoirie en faveur de sa sœur, madame de l’Estorade, née Renée de Maucombe, et son aînée (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Maufrigneuse (Duc de), né en 1778, fils du prince de Cadignan mort octogénaire tout à la fin de la Restauration, passé alors, comme aîné de la maison, prince de Cadignan[13] ; amant de madame d’Uxelles, dont, vers 1814, il épousa la fille, Diane, avec laquelle il vécut en mauvais termes ; entretint Marie Godeschal ; fut colonel de cavalerie pendant les règnes de Louis XVIII et de Charles X ; eut sous ses ordres Philippe Bridau, le vicomte de Sérizy, Oscar Husson ; fréquenta MM. de Grandlieu et d’Espard (Les Secrets de la Princesse de Cadignan. — Un Début dans la Vie. — La Rabouilleuse. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Maufrigneuse (Duchesse de), femme du précédent, née Diane d’Uxelles en 1796, mariée vers 1815. Elle fut successivement la maîtresse de Marsay, de Miguel d’Ajuda-Pinto, de Victurnien d’Esgrignon, de Maxime de Trailles, d’Eugène de Rastignac, d’Armand de Montriveau, du marquis de Ronquerolles, du prince Galathionne, du duc de Rhétoré, d’un Grandlieu, de Lucien de Rubempré, de Daniel d’Arthez ; habita, à diverses époques, Auzy, près de Sancerre, Paris (en cette ville, les rues du faubourg Saint-Honoré et Miromesnil), Cinq-Cygne dans la Champagne, Genève et les bords du Léman ; inspira une folle passion platonique à Michel Chrestien ; sembla repousser par le plus piquant et le plus joli des mots le duc d’Hérouville, qui la recherchait également sur la fin de la Restauration. Ses premières et dernières liaisons marquèrent surtout. Pour elle, le marquis Miguel d’Ajuda-Pinto délaissa Berthe de Rochefide, sa femme : il se trouvait ainsi venger son ancienne maîtresse, Claire de Beauséant. Ses amours avec Victurnien d’Esgrignon devinrent le plus orageux des romans : madame de Maufrigneuse, déguisée en homme et munie d’un passeport au nom de Félix de Vandenesse, réussit à sauver de la cour d’assises le jeune homme qui s’était compromis pour subvenir aux folles prodigalités de sa maîtresse. La duchesse, en effet, sous des airs angéliques, était la proie de ses fournisseurs ; elle dissipa des trésors, et ses désordres amenèrent la vente d’Anzy au profit de Polydore Milaud de la Baudraye. Quelques années plus tard, elle essaya vainement de préserver Lucien de Rubempré dont s’instruisait le procès criminel. La Restauration et la royauté de 1830 lui donnèrent une vie et un éclat différents. Héritière du sceptre mondain de mesdames de Langeais et de Beauséant, qu’elle connut d’ailleurs, elle était intime avec la marquise d’Espard, à qui elle disputait, en 1822, « la fragile royauté de la mode », et elle fréquentait les Chaulieu, retrouvés à une chasse fameuse, près du Havre. En juillet 1830, réduite à la portion congrue, délaissée entièrement par son mari, mais passée princesse de Cadignan, pécuniairement secourue par ses parentes, mesdames d’Uxelles et de Navarreins, Diane opéra comme une sorte de retraite, s’occupa de son fils, Georges, et, s’aidant du souvenir de Chrestien, ainsi que de la fréquentation de madame d’Espard, elle sut s’attacher, riche, mûr, célèbre, le député de la droite Daniel d’Arthez lui-même, sans abandonner complètement le monde : elle entendit, en effet, chez elle et chez Félicité des Touches, entre 1832 et 1835, des récits anecdotiques de Marsay. La princesse de Cadignan possédait le portrait de ses nombreux amants. Elle avait aussi celui de Madame, qu’elle servit, et cela sous les yeux et à l’encontre de Marsay, ministre de Louis-Philippe. Elle possédait encore un portrait de Charles X, qui portait cette mention : Donné par le Roi. Après le mariage de son fils, qui épousa une Cinq-Cygne, elle habita beaucoup la terre de ce nom. Elle s’y trouvait, en 1839, pendant la période électorale (Les Secrets de la Princesse de Cadignan. — Modeste Mignon. — Le Cabinet des Antiques. — La Muse du Département. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Autre Étude de femme. — Une Ténébreuse Affaire. — Le Député d’Arcis).

Maufrigneuse (Georges de), fils unique de la précédente, né vers 1814, eut successivement à son service Toby et Marin, prit le titre de duc sur la fin de la Restauration, fut de la dernière insurrection vendéenne ; par les soins de sa mère, qui, en 1833, préparait le mariage, il épousa mademoiselle Berthe de Cinq-Cygne, vers 1838 ; put hériter du domaine du même nom, l’année suivante, pendant la période électorale (Les Secrets de la Princesse de Cadignan. — Une Ténébreuse Affaire. — Béatrix. — Le Député d’Arcis).

Maufrigneuse (Berthe de), femme du précédent, fille d’Adrien et de Laurence de Cinq-Cygne, mariée vers 1838, était déjà, en 1833, presque fiancée et se trouvait avec toute sa famille, dans le domaine patrimonial de l’Aube, pendant le printemps de l’année 1839 (Béatrix. — Une Ténébreuse Affaire. — Le Député d’Arcis).

Maugredie, célèbre médecin, pyrrhonien ; appelé en consultation, il eut à se prononcer sur le cas, très grave, de Raphaël de Valentin (La Peau de Chagrin).

Maulincour[14] (Baronne de), née Rieux, femme du XVIIIe siècle qui « ne perdit pas la tête »… pendant la Révolution ; intime amie du vidame de Pamiers. — La Restauration venue, elle se partagea entre son hôtel du faubourg Saint-Germain, où elle acheva l’éducation de son petit-fils, Auguste Carbonnon de Maulincour, et ses terres du Bordelais, où elle demanda, pour son petit-neveu, Paul de Manerville, la main de Natalie Évangélista et porta en même temps, à bon droit, sur la famille de cette jeune personne, un jugement peu favorable. La baronne de Maulincour mourut peu de temps avant son petit-fils, des chagrins qu’elle éprouva des malheurs du jeune homme (Le Contrat de Mariage. — Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants).

Maulincour (Auguste Carbonnon de), né en 1797, petit-fils de la précédente, élevé par elle, formé par le vidame de Pamiers, les quitta peu, habita Paris (rue de Bourbon), eut une courte existence, pleine d’éclat et de malheur, sous le règne de Louis XVIII. — Ayant embrassé la carrière des armes, il fut décoré, et, de chef d’escadrons dans un régiment de cavalerie de la garde royale, passa lieutenant-colonel d’une compagnie des gardes du corps. Il courtisa inutilement madame de Langeais ; devint amoureux de Clémence Desmarets, la poursuivit, la compromit, la persécuta ; s’attira, par ses obsessions indiscrètes, la redoutable inimitié de Gratien Bourignard, père de madame Desmarets. Dans cette lutte acharnée, Maulincour, négligeant les avertissements que lui apportaient plusieurs accidents provoqués et certain duel avec le marquis de Ronquerolles, succomba empoisonné et suivit de près, au Père-Lachaise, la vieille baronne, sa grand’mère (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais ; Ferragus, chef des Dévorants).

Mauny (Baron de) fut assassiné d’un coup de hache, aux environs de Versailles, pendant la Restauration ou après 1880, par Victor (le Parisien), qui se présentait ensuite chez les Aiglemont et obtenait asile dans la famille d’Hélène, sa future maîtresse (La Femme de Trente Ans).

Maupin (Camille). — V. Touches (Félicité des).

Maurice, valet de chambre du comte et de la comtesse de Restaud sous la Restauration. — Son maître le croyait tout dévoué à ses intérêts, tandis qu’il prenait, au contraire, ceux de la comtesse, absolument opposés (Le Père Goriot. — Gobseck).

Médal (Robert), acteur célèbre et d’un grand talent, jouait à Paris, dans les dernières années de Louis-Philippe, à l’époque où Sylvain Pons dirigeait l’orchestre du théâtre de Gaudissart (Le Cousin Pons).

Melin, aubergiste ou cabaretier dans l’Ouest de la France, logea, en 1809, les royalistes que jugea Mergi, et eut, pour sa part, cinq ans de réclusion (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Melmoth (John), Irlandais « puant l’Anglais », personnage satanique, fit avec Rodolphe Castanier[15], caissier infidèle de Nucingen, un étrange marché qui avait pour objet l’échange de leurs personnalités réciproques ; il mourut en odeur de sainteté, rue Férou, à Paris, en 1821 (Melmoth réconcilié).

Memmi (Emilio). — V. Varèse (prince de).

Mène-à-Bien, surnom de Coupiau.

Mergi (De), magistrat de l’Empire et de la Restauration, dont le zèle, récompensé par les deux régimes, frappa toujours les représentants de la cause vaincue : la Cour, qu’il présidait en 1809, fut chargée de juger « les chauffeurs de Mortagne » ; Mergi déploya beaucoup d’acharnement contre madame de la Chanterie (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Mergi (De), fils du précédent, épousa Vanda de Bourlac (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Mergi (Baronne Vanda de), née Bourlac, d’origine polonaise, du côté maternel, de la famille Tarlowski, épousa le fils de Mergi, le magistrat fameux, et lui survécut, misérable, pauvre, malade condamnée ; secourue dans Paris par Godefroid, messager de madame de la Chanterie et soignée par son père, par les docteurs Bianchon, Desplein, Haudry, elle fut enfin sauvée par Moïse Halpersohn (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Mergi (Auguste de), pendant la seconde moitié du règne de Louis-Philippe, successivement lycéen, étudiant, fort modeste employé du Palais, à Paris, soignait et servait sa mère, Vanda de Mergi, avec un ingénieux dévouement. Pour elle, il vola quatre mille francs à Moise Halpersohn, mais ne fut pas « inquiété », grâce à l’un des frères de la Consolation, hôte et commensal de madame de la Chanterie (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Merle, capitaine dans la 72e demi-brigade ; gai et insouciant. — Tué, à la Vivetière, en décembre 1799, par Pille-Miche (Cibot) (Les Chouans).

Merlin (de Douai), conventionnel et, deux ans, l’un des cinq directeurs ; procureur général à la cour de cassation ; fit rejeter, vers la fin de septembre 1805, le pourvoi des Simeuse, des Hauteserre et de Michu, condamnés pour la séquestration du sénateur Malin (Une Ténébreuse Affaire).

Merlin (Hector) vint, de Limoges, faire du journalisme à Paris ; fut royaliste ; brilla surtout pendant les deux années des débuts, littéraires et politiques, de Lucien de Rubempré. Merlin, alors amant de Suzanne du Val-Noble, polémiste dans une feuille centre-droit, honorait en même temps de sa collaboration la petite gazette d’Andoche Finot. C’était un journaliste dangereux, qui, pourtant, ramassait, au besoin, le chapeau du rédacteur en chef. En mars 1822, avec Théodore Gaillard, il fondait le Réveil, autre sorte de Drapeau blanc. Hector Merlin avait « une figure chafouine, percée de deux yeux d’un bleu tendre, effrayants de malice. Sa voix tenait du miaulement des chats et de l’étouffement asthmatique de l’hyène » (Illusions perdues).

Merlin de la Blottière (Mademoiselle), de l’aristocratie de Tours, en 1826 ; amie de François Birotteau (Le Curé de Tours).

Merret (De), gentilhomme picard, propriétaire de la Grande Bretèche, près de Vendôme, sous l’Empire, fit murer le cabinet où il savait caché l’amant de sa femme, l’Espagnol Bagos de Férédia, et mourut en 1810, à Paris, à la suite d’excès (Autre Étude de femme. — La Grande Bretèche).

Merret (Madame Joséphine de), femme du précédent, maîtresse de Bagos de Férédia, qu’elle refusa de livrer à son mari et le vit périr presque sous ses yeux. Elle mourut l’année même de la mort de Merret, à la Grande Bretèche, des suites du saisissement qu’elle avait éprouvé. L’histoire de madame de Merret inspira un vaudeville représenté au Théâtre du Gymnase-Dramatique, sous le titre de Valentine (Autre Étude de femme. — La Grande Bretèche).

Merkstus, banquier à Douai, sous la Restauration avait une lettre de change de dix mille francs, souscrite par Balthazar Claës, et, en 1819, se présentait chez celui-ci pour la toucher (La Recherche de l’Absolu).

Métivier, marchand de papier dans la rue Serpente à Paris, sous la Restauration, correspondant de David Séchard, ami de Gobseck et de Bidault, fréquentait, comme eux, le café Thémis, entre la rue Dauphine et le quai des Augustins. Il quitta les affaires, ayant deux filles et riche de cent mille francs de rente (Illusions perdues. — Les Employés. — Les Petits Bourgeois).

Métivier, neveu et successeur du précédent, dont il put épouser une des filles. — Il fit de la librairie avec Morand et Barbet ; exploita Bourlac (1838) ; habita, rue Saint-Dominique-d’Enfer, la maison des Thuillier (1840) ; fut en relations usurières avec Jeanne-Marie-Brigitte, Cérizet, Dutocq, escompteurs à divers titres ou degrés (L’Envers de l’Histoire contemporaine. — Les Petits Bourgeois).

Meynardie (Madame) eut successivement, sous la Restauration, à Paris : peut-être un magasin ou un atelier où travaillait Ida Gruget ; certainement, une maison de tolérance où elle compta, parmi ses pensionnaires, Esther van Gobseck (Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Meyraux, docteur en médecine ; jeune savant avec lequel se liait, à Paris, Louis Lambert, vers novembre 1819. — Meyraux fut membre du cénacle de la rue des Quatre-Vents, présidé par Daniel d’Arthez, et mourut en 1832 (Louis Lambert. — Illusions perdues).

Michaud (Justin), ancien maréchal des logis chef aux cuirassiers de la garde impériale, chevalier de la Légion d’honneur. — Il épousa une fille de chambre des Montcornet, Olympe Charel, et devint, sous la Restauration, garde général des propriétés de Montcornet à Blangy, en Bourgogne. Il fut, secrètement et à son insu, aimé par Geneviève Niseron. Sa franchise militaire et son dévouement loyal succombèrent devant une redoutable ligue formée contre lui par Sibilet, régisseur des Aigues, et par les Rigou, Soudry, Gaubertin, Fourchon, Tonsard. Grâce à la complicité de Courtecuisse et de Vaudoyer, la balle de François Tonsard eut, en 1823, raison de la vigilance de Michaud (Les Paysans).

Michaud (Madame Justin), originaire du Perche, femme du précédent ; née Olympe Charel ; fille de cultivateurs ; jolie et honnête ; d’abord, femme de chambre de madame de Montcornet, née Troisville, avant son mariage et son installation aux Aigues en Bourgogne ; épousa Justin Michaud par inclination partagée ; eut à son service Cornevin, Juliette et Gounod ; recueillit Geneviève Niseron, dont elle parut pénétrer la nature un peu étrange ; trembla souvent pour son mari, haï dans le canton de Blangy, et mourut des suites de ses inquiétudes, la nuit même du meurtre de Michaud : elle venait d’accoucher d’un enfant qui ne vécut pas (Les Paysans).

Michel, garçon de café chez Socquard, limonadier à Soulanges, en 1823 ; il faisait aussi les vignes du patron et tenait le jardin propre (Les Paysans).

Michonneau (Christine-Michelle). — V. Poiret aîné (madame).

Michu joua, pendant et après la Révolution française, dans le département de l’Aube, un rôle contraire à ses véritables attachements politiques. — Une humble origine, un extérieur dur, un mariage contracté avec la fille d’un tanneur de Troyes, d’opinion avancée, tout conspira pour rendre vraisemblable un républicanisme étalé et voulu, derrière lequel Michu dissimulait sa foi de royaliste et un dévouement actif aux Simeuse, aux Hauteserre, aux Cinq-Cygne. — Michu régit, de 1789 à 1804, la terre de Gondreville, enlevée aux légitimes possesseurs, et, sous la Terreur, présida le club des jacobins d’Arcis. À la suite de l’assassinat du duc d’Enghien (21 mars 1804), il se vit retirer l’intendance de Gondreville. Michu vécut alors non loin de là, auprès de Laurence de Cinq-Cygne, lui révéla le secret de sa conduite et devint le fermier de toutes les réserves du château. S’étant ouvertement montré l’antagoniste de Malin, il passa pour le principal complice d’une séquestration du nouveau seigneur de Gondreville et, condamné à mort comme tel, fut exécuté en octobre 1806, malgré son innocence (Une Ténébreuse Affaire).

Michu (Marthe), femme du précédent, fille d’un tanneur de Troyes, « l’apôtre de la Révolution dans cette ville », qui fut compromis et condamné comme babouviste. — Blonde aux yeux bleus, faite comme une statue antique, elle représenta, de par la volonté paternelle, la déesse de la Liberté dans une cérémonie publique, en dépit de sa touchante modestie. Marthe Michu adora son mari, dont elle eut un fils, François, et dont elle ignora longtemps le secret. Aussi vécut-elle, d’abord, en quelque sorte séparée de lui et rapprochée de sa mère. Quand elle connut les manœuvres royalistes de Michu, dévoué aux Cinq-Cygne, elle y participa ; mais, tombant dans un piège habilement préparé, elle causa inconsciemment la condamnation capitale de son mari : une lettre fausse l’ayant amenée dans la retraite de Malin, madame Michu rendit ainsi tout à fait vraisemblable l’accusation de séquestration. Elle subit alors la détention et attendit un jugement que sa mort précéda (novembre 1806) (Une Ténébreuse Affaire).

Michu (François), fils des précédents, né en 1793. — Dès 1803, il dépistait, au service de la maison de Cinq-Cygne, la gendarmerie, que représentait Giguet. La tragique mort de ses parents (le portrait de l’un d’eux décorait Cinq-Cygne) le fit adopter en quelque sorte par la marquise Laurence, dont les soins lui ouvrirent la carrière du barreau, où il exerça de 1817 à 1819, et qu’il quitta pour la magistrature. Il était, en effet, juge suppléant du tribunal d’Alençon, en 1824. Puis il fut nommé procureur du roi et reçut la croix de la Légion d’honneur, après l’action intentée contre Victurnien d’Esgrignon par M. du Bousquier et les libéraux. Trois ans plus tard, il remplissait les mêmes fonctions près du tribunal d’Arcis, dont il devint président en 1839. Riche de douze mille francs de rente que madame de Cinq-Cygne lui avait constitués en 1814, François Michu épousa une héritière champenoise, mademoiselle Girel, de Troyes. Dans Arcis, il fréquentait seulement les fonctionnaires et la famille de Cinq-Cygne, devenue l’alliée des Cadignan (Une Ténébreuse Affaire. — Le Cabinet des Antiques. — Le Député d’Arcis).

Michu (Madame François), femme du précédent, née Girel. — Comme son mari, elle semblait, en 1839, bouder les gens d’Arcis et sortir peu du cercle obligé des fonctionnaires ainsi que des relations avec la maison de Cinq-Cygne (Une Ténébreuse Affaire. — Le Député d’Arcis).

Migeon, en 1836, concierge, rue des Martyrs, de la maison qu’habitait, depuis trois ans, Étienne Lousteau, fut chargé, l’année suivante, par madame de la Baudraye, vivant alors chez l’écrivain, de porter pour neuf cents francs de bijoux au mont-de-piété (La Muse du Département).

Migeon (Paméla), fille du précédent, née vers 1823, et, en 1837, l’intelligente petite femme de chambre de madame de la Baudraye, quand la baronne s’installa chez Lousteau (La Muse du Département).

Mignon de la Bastie (Charles), né en 1773 ; originaire du département du Var, « dernier rejeton de la famille à laquelle Paris doit la rue et l’hôtel bâtis par le cardinal Mignon », partit soldat, sous la République ; se lia avec Anne Dumay. — Au commencement de l’Empire, il fit un mariage d’inclination réciproque, en épousant Bettina Wallenrod, fille unique d’un banquier francfortois ; peu de temps avant le retour des Bourbons, il fut nommé lieutenant-colonel et devint commandeur de la Légion d’honneur. Sous la Restauration, Charles Mignon de la Bastie s’établit au Havre avec sa femme ; y acquit, dans le commerce et la banque, une grande fortune ; la perdit ; s’expatria seul, et revint d’Orient, plusieurs fois millionnaire, dans la dernière année du règne de Charles X. Ayant eu de son mariage quatre enfants, il en perdit trois, dont deux décédés en bas âge ; le troisième, Bettina Caroline, séduite, puis abandonnée par M. d’Estourny, mourut en 1827 ; Marie-Modeste, seule survivante, confiée, durant les voyages de son père, à la protection des Dumay, obligés des Mignon, devint madame Ernest de la Bastie-La Brière[16]. — La carrière et l’existence, alors brillantes, de Charles Mignon lui permirent de reprendre son nom et son titre de comte de la Bastie (Modeste Mignon).

Mignon (Madame Charles), femme du précédent, née Bettina Wallenrod-Tustall-Bartenstild, fille gâtée d’un banquier de Francfort-sur-le-Mein. — Elle perdit la vue, après les malheurs et la fin prématurée de l’aînée de ses deux filles, Bettina-Caroline, et pressentit le roman de jeune fille de la cadette, Marie-Modeste[17], devenue madame Ernest de la Bastie-La Brière. Dans les derniers mois de la Restauration, madame Charles Mignon, opérée par Desplein, recouvra la vue et fut témoin du bonheur de Marie-Modeste (Modeste Mignon).

Mignon (Bettina-Caroline), fille aînée des précédents ; née en 1805 ; portrait de son père ; vrai type méridional ; préférée de sa mère, à qui ressemblait, au contraire, sa sœur cadette, Marie-Modeste, sorte de « Gretchen ». — Bettina-Caroline fut séduite, enlevée, puis délaissée par un aventurier nommé d’Estourny, et ne tarda point à succomber, au Havre, sous le poids de sa faute et de ses malheurs, entourée de presque toute sa famille. Depuis 1827, on peut lire sur une tombe, dans le petit cimetière d’Ingouville, l’inscription suivante : « Bettina-Caroline Mignon, morte à vingt-deux ans. Priez pour elle ! » (Modeste Mignon).

Mignon (Marie-Modeste). — V. La Bastie-La Brière (madame Ernest de).

Mignonne, surnom donné par le Provençal, en souvenir d’une maîtresse appelée Virginie, à la panthère qu’il apprivoisa dans le désert (Une Passion dans le Désert).

Mignonnet, né en 1782, sorti des Écoles, fut capitaine d’artillerie dans la garde impériale et se retira, sous la Restauration, à Issoudun. — Petit homme sec, plein de dignité, occupé de science ; ami de l’officier de cavalerie Carpentier : tous deux firent chorus avec la bourgeoisie contre Maxence Gilet, dont les deux partisans militaires, le commandant Potel et le capitaine Renard, appartenaient au faubourg de Rome, Belleville de la cité berrichonne (La Rabouilleuse).

Milaud de la Baudraye. — V. La Baudraye (Jean-Athanase-Polydore Milaud de).

Milaud, bel homme, représentant de la branche roturière et enrichie des Milaud, parent de Jean-Athanase-Polydore Milaud de la Baudraye, dont il pensa hériter et au mariage duquel il ne crut point. — Avec la protection de Marchangy, il aborda la carrière du ministère public. On le connut, sous Louis XVIII, substitut à Angoulême, où il put avoir pour successeur maître Petit-Claud. Milaud remplit ensuite les mêmes fonctions à Nevers, probablement son pays natal (Illusions perdues. — La Muse du Département).

Millet, épicier à Paris, rue Chanoinesse, chargé de la location d’un petit appartement vacant, en 1836, chez madame de la Chanterie, renseigna Godefroid, après lui avoir fait subir un véritable interrogatoire (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Millot (Mademoiselle) était, en 1821, la maîtresse du chef de claque Braulard (Illusions perdues).

Minard (Louis), réfractaire, chauffeur, compromis dans le soulèvement royaliste de l’Ouest de la France, en 1809, passa devant les tribunaux où siégeaient Bourlac et Mergi ; condamné à la peine capitale, il fut exécuté la même année (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Minard (Auguste-Jean-François), commis à quinze cents francs au ministère des finances. — Il connut, chez la sœur d’un camarade (mademoiselle Godard, fleuriste de la rue Richelieu), une ouvrière, fille d’un portier, Zélie Lorain ; l’aima, l’épousa, eut d’elle deux enfants, Julien et Prudence. Il demeura près de la barrière de Courcelles, et, travailleur, économe, inoffensif, supporta au Trésor les railleries de J.-J. Bixiou. La misère lui donna du courage et de l’esprit d’initiative. Démissionnaire en décembre 1824, François Minard entreprit un commerce de thés et de chocolats falsifiés, à bon marché, dans le quartier Saint-Marcel, et devint plus tard distillateur. En 1835, il était le plus riche commerçant du quartier de la place Maubert et possédait une des plus belles maisons de la rue des Maçons-Sorbonne[18]. Vers 1840, Minard se trouvait maire du XIe arrondissement (qu’il habitait), juge au tribunal de commerce et officier de la Légion d’honneur. Il revit alors beaucoup de ses anciens collègues du temps de la Restauration : Colleville, Thuillier, Dutocq, Fleury, Phellion, Xavier Rabourdin, Saillard, Isidore Baudoyer, Godard (Les Employés. — La Maison Nucingen. — Les Petits Bourgeois).

Minard (Madame), femme du précédent, née Zélie Lorain, fille de concierges. — Elle s’essaya d’abord au Conservatoire ; mais, tempérament froid, caractère prudent, elle ne persista pas dans cette voie et entra comme ouvrière fleuriste, rue Richelieu, chez mademoiselle Godard. Zélie Lorain, qui se maria alors, donna deux enfants à son mari, François Minard, et, avec l’aide de madame Lorain, sa mère, put les élever modestement barrière de Courcelles[19]. Sous Louis-Philippe, devenue riche et habitant cette partie du faubourg Saint-Germain qui avoisine le faubourg Saint-Jacques, elle montra promptement, ainsi que son mari, la sottise gonflée des parvenus (Les Employés. — Les Petits Bourgeois).

Minard (Julien), fils des précédents, avocat, passa d’abord pour « le génie de la maison », et, vers 1840, fit à Paris des folies avec Olympe Cardinal, créatrice du Télégraphe de l’amour, joué, en ce temps, au boulevard, sur la petite scène de Mourier[20]. Ces dissipations eurent pour terme une séparation provoquée par les parents de Julien, ainsi que l’établissement de l’artiste, devenue madame Cérizet (Les Petits Bourgeois).

Minard (Prudence), fille et sœur des précédents, fut recherchée en mariage par Félix Gaudissart, vers la fin du règne de Louis-Philippe (Les Petits Bourgeois. — Le Cousin Pons).

Minette[21], actrice du Vaudeville de la rue de Chartres sous la Restauration, morte, au commencement du second Empire, femme légitime d’un directeur du Gaz, eut la réputation de faire des mots et fut l’auteur de celui-ci : « Le temps est un grand maigre », cité quelquefois devant Lucien de Rubempré, en 1821-1822 (Illusions perdues).

Minoret (Les), représentants de la fameuse « compagnie vivrière », dont l’intendant de mademoiselle Sophie Laguerre, prédécesseur de Gaubertin, aux Aigues, en Bourgogne, avait acquis la troisième part en renonçant à la gestion du domaine (Les Paysans). — Les parents de madame Flavie Colleville (fille d’une danseuse qu’entretint Galathionne et peut-être le fournisseur du Bourguier) étaient des Minoret alliés, on peut le supposer, aux Minoret vivriers (Les Employés).

Minoret (Docteur Denis), originaire de Nemours, né en 1746, eut l’appui de Dupont, le député aux états généraux de 1789, dont il était le compatriote ; lié avec l’abbé Morellet, il fut aussi l’élève de Rouelle le chimiste, et le disciple fervent de Bordeu (ami de Diderot) grâce auquel ou aux intimes duquel il conquit une belle clientèle. — Denis Minoret inventa le baume Lelièvre, connut et protégea Robespierre, épousa la fille du célèbre claveciniste Valentin Mirouet, morte subitement peu de temps après l’exécution de madame Roland. L’Empire, comme les régimes antérieurs, récompensa le talent de Minoret, médecin consultant de Sa Majesté Impériale et Royale (1805), médecin en chef d’un hôpital, officier de la Légion d’honneur, chevalier de Saint-Michel, membre de l’Institut. Retiré à Nemours[22] (janvier 1815), il y vécut avec sa pupille, Ursule Mirouet, fille de son beau-frère Joseph Mirouet, plus tard madame Savinien de Portenduère, qu’il avait recueillie orpheline. Comme elle était le vrai portrait de feu madame Denis Minoret, il l’aima au point que ses propres héritiers, Minoret-Levrault, Massin, Crémière, craignant de perdre une succession importante, persécutèrent l’enfant adopté. Le docteur Minoret, au moment où il se préoccupait de leurs intrigues, revit Bouvard, un confrère parisien jadis fréquenté, grâce à lui se passionna pour le magnétisme, et, entouré de quelques personnes choisies hors de sa famille, mourut fort âgé, voltairien converti sous l’influence d’Ursule, qu’il avantagea par son testament (1835) (Ursule Mirouet).

Minoret-Levrault (François), fils du frère aîné du précédent, son héritier le plus proche, né vers 1769, hercule brutal et illettré, maître de poste et premier aubergiste de Nemours, par suite de son mariage avec Zélie Levrault-Crémière, fille unique. — Adjoint au maire après la Révolution de 1830, Minoret-Levrault fut, en sa qualité de collatéral du docteur Minoret, le pire des persécuteurs d’Ursule Mirouet et déroba le testament qui avantageait la jeune fille. Plus tard, obligé à restitution, saisi de remords, frappé dans son fils Désiré, victime d’un accident de voiture, et dans sa femme, devenue folle, François Minoret-Levrault se constitua l’intendant sévère des biens d’Ursule, devenue madame Savinien de Portenduère (Ursule Mirouet).

Minoret-Levrault (Madame François), femme du précédent, née Zélie Levrault-Crémière, d’apparence frêle, de mine et de ton aigres, âpre, avide, inculte à l’égal de son mari, lui apporta la moitié de son nom de fille (tradition locale) et une excellente auberge. — Elle fut la vraie directrice de la maison de poste de Nemours ; adora son fils Désiré, et, punie de ses persécutions cupides contre Ursule de Portenduère par la fin tragique de cet enfant, mourut folle, chez le docteur Blanche[23], au village de Passy[24], en 1841 (Ursule Mirouet).

Minoret (Désiré), fils des précédents, né en 1805. — Élève, demi-boursier, au lycée Louis-le-Grand, à Paris, par la protection de Fontanes, connu du docteur Minoret, il fit ensuite son droit, eut, sous l’influence de Goupil, une jeunesse quelque peu dissipée, et aima successivement Esther van Gobseck, Sophie Grignault (Florine), qui le refusa pour mari et qui devint plus tard madame Nathan. — Désiré Minoret prit peu de part aux persécutions de sa famille contre Ursule de Portenduère. La Révolution de 1830 le servit. Il combattit pendant les trois glorieuses journées, obtint la décoration et fut nommé substitut du procureur du roi à Fontainebleau. Il mourut d’un accident de voiture, au mois d’octobre 1836 (Ursule Mirouet).

Mirah (Josépha), née en 1814. — Juive, fille naturelle d’un riche banquier israélite, abandonnée en Allemagne, quoique portant, comme signe de reconnaissance, l’anagramme du nom hébraïque[25], Hiram. À quinze ans, ouvrière à Paris, elle fut découverte et débauchée par Célestin Crevel qu’elle quitta ensuite pour Hector Hulot moins économe. Le faste de l’intendant militaire la posa : elle put alors cultiver des facultés vocales qui, sous Louis-Philippe, lui valurent de brillants engagements, aux Italiens d’abord, ensuite rue Le Peletier[26]. Quand elle abandonna Hector Hulot ruiné, elle déserta, du même coup, son hôtel, voisin de l’Académie royale de musique, situé rue Chauchat (habité aussi, à diverses époques, par Tullia, comtesse du Bruel, et par Héloïse Brisetout). Le duc d’Hérouville devint l’amant de mademoiselle Mirah. Cette liaison amena une magnifique pendaison de crémaillère, dans la rue de la Ville-l’Évêque, où se trouva convié le tout-Paris d’alors. Josépha, d’ailleurs, eut toujours une sorte de cour. Un des Keller et le marquis d’Esgrignon furent comme « fous » d’elle. Eugène de Rastignac, étant ministre, l’appela chez lui et lui fit chanter la grande cavatine de la Muette. Inexacte, capricieuse, avide, spirituelle, bonne parfois, Josépha Mirah donna des preuves de générosité, quand elle protégea ou secourut Hector Hulot malheureux, auquel elle procura même Olympe Grenouville. Enfin la chanteuse renseigna madame Adeline Hulot sur le sort du baron, caché passage du Soleil (quartier de la Petite-Pologne). — On a, de Josépha Mirah, un portrait peint par Joseph Bridau (La Cousine Bette. — Le Comte de Sallenauve).

Mirault, nom d’une branche de la famille de Bargeton ; négociants à Bordeaux, aux XVIIIe et XIXe siècles (Illusions perdues).

Mirbel (Madame de), célèbre miniaturiste (1796-1849), fit successivement : le portrait de Louise de Chaulieu, donné par la jeune fille à son futur mari le baron de Macumer ; le portrait de Lucien de Rubempré destiné à Esther Gobseck ; le portrait de Charles X, orné de la mention : Donné par le roi, pour la princesse de Cadignan, qui le garda accroché dans son petit salon de la rue Miromesnil, après la Révolution de 1830 (Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Les Secrets de la Princesse de Cadignan).

Mirouet (Ursule). — V. Portenduère (vicomtesse Savinien de).

Mirouet (Valentin), fameux claveciniste ; facteur d’instruments ; un des plus célèbres organistes français ; beau-père du docteur Minoret ; mourut en 1785, son fonds fut acheté par Érard (Ursule Mirouet).

Mirouet (Joseph), fils naturel du précédent, beau-frère naturel du docteur Denis Minoret, musicien de quelque mérite, nature bohémienne, appartint, comme artiste, à un régiment, pendant les guerres du commencement du XIXe siècle ou de la fin du XVIIIe, traversa l’Allemagne et y épousa Dinah Grollman, dont il eut une fille, Ursule (plus tard vicomtesse de Portenduère), laissée, de bonne heure, orpheline et pauvre (Ursule Mirouet).

Mistigris, surnom de rapin de Lora (Léon de).

Mitant (La), femme de Conches, Bourguignonne, sans ressources et condamnée pour un délit de pâturage sur les domaines de Montcornet, eut, en 1823, sa vache saisie par l’huissier Brunet, assisté de Vermichel et de Fourchon (Les Paysans).

Mitouflet, ancien grenadier de la garde impériale, mari d’une riche vigneronne, tenait l’auberge du Soleil d’Or, à Vouvray, en Touraine. — Après 1830, il y logea Félix Gaudissart et lui servit de témoin dans un duel peu « méchant », provoqué par une mystification infligée à l’illustre voyageur de commerce, dupe du fou Margaritis (L’Illustre Gaudissart).

Mitouflet, huissier au ministère de la guerre, sous Louis-Philippe, du temps de Cottin de Wissembourg, de Hulot d’Ervy et de Marneffe (La Cousine Bette).

Mitral, célibataire, homme dont les yeux et le visage avaient la couleur du tabac, huissier à Paris sous la Restauration, usurier en même temps, compta, dans sa clientèle, Molineux et Birotteau, et fut invité au bal célèbre du parfumeur donné en décembre 1818. — Oncle maternel d’Isidore Baudoyer, lié avec Bidault, dit Gigonnet, et Esther-Jean van Gobseck, Mitral, par leur concours, obtint l’avancement de son neveu au Trésor (décembre 1824). Il se partageait alors entre l’Isle-Adam, le Marais et le faubourg Saint-Marceau, résidences diverses de sa nombreuse famille. Riche d’une petite fortune qui devait sans doute revenir aux Isidore Baudoyer, Mitral se retira dans le département de Seine-et-Oise (César Birotteau. — Les Employés).

Mizerai, en 1836, restaurateur, à Paris, dans la rue Michel-le-Comte, chez qui Zéphirin Marcas dînait pour neuf sous (Z. Marcas).

Modinier, intendant de M. de Watteville, « gouverneur » des Rouxey, terre patrimoniale des Watteville (Albert Savarus).

Moinot, facteur des postes vers 1815, à Paris, pour le quartier de la Chaussée-d’Antin, marié, père de quatre enfants, demeurant 11 rue des Trois-Frères (aujourd’hui rue Taitbout) au cintième, révélait alors naïvement l’adresse de Paquita Valdès à Laurent, domestique de Marsay, qui cherchait adroitement à l’obtenir de lui. « Mon nom, disait le facteur au valet, s’écrit absolument comme un moineau : M-o-i-n-o-t. — Effectivement, répliquait Laurent » (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or).

Moïse, juif qui avait été à la tête des rouleurs du Midi et dont la Gonore était veuve en 1830 (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Moïse, musicien de Troyes que madame Beauvisage se proposait, en 1839, de faire venir à Arcis-sur-Aube pour donner des leçons à sa fille Cécile (Le Député d’Arcis).

Molineux (Jean-Baptiste), avare et avide propriétaire parisien. — Il comptait, en 1815, mesdames Crochard parmi les locataires de l’un de ses immeubles, sis entre les rues du Tourniquet-Saint-Jean[27] et de la Tixeranderie ; vers le même temps à peu près, il logeait encore chez lui, rue de Surène, mesdames Leseigneur de Rouville et Hippolyte Schinner. — Jean-Baptiste Molineux demeura cour Batave, pendant les premières années du règne de Louis XVIII. Il possédait alors, rue Saint-Honoré, une maison contre laquelle s’adossait la boutique de César Birotteau. Molineux fut l’un des nombreux invités venus au célèbre bal du 17 décembre 1818 et, quelques mois plus tard, le syndic tracassier de la faillite du parfumeur (Une Double Famille. — La Bourse. — César Birotteau).

Mollot, en 1839, à Arcis-sur-Aube, nommé greffier de la justice de paix par l’influence de sa femme Sophie, allait souvent chez madame Marion et y voyait Beauvisage, Goulard, Giguet, Herbelot (Le Député d’Arcis).

Mollot (Madame Sophie), femme du précédent, curieuse, bavarde, s’inquiéta beaucoup de Maxime de Trailles, pendant la période électorale ouverte dans l’arrondissement d’Arcis-sur-Aube, en avril 1839, et s’occupa longuement de la famille Beauvisage, durant les fréquents changements de député qui suivirent cette date. (Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Mollot (Ernestine), fille des précédents, était, en 1839, une jeune personne à marier. Elle finit par épouser Simon Giguet, vers 1840 (Le Député d’Arcis. — La Famille Beauvisage. — Le Comte de Sallenauve).

Mongenod, né en 1764 ; fils d’un avocat au grand conseil, qui lui laissa de cinq à six mille livres de rente. — Ruiné sous la Révolution et, d’abord, clerc, avec Frédéric Alain chez le procureur Bordin, Mongenod essaya sans succès de diverses entreprises : du journalisme, avec la Sentinelle, fondée ou reprise par lui ; de la composition musicale avec les Péruviens, opéra-comique représenté en 1798 sur le théâtre Feydeau[28]. Son mariage et les charges de famille qui en résultèrent rendirent ses affaires de plus en plus embarrassées : Mongenod avait prêté de l’argent à Frédéric Alain, pour lui permettre d’assister à la première du Mariage de Figaro ; il lui emprunta, à son tour, une certaine somme qu’il ne put lui restituer dans le délai convenu. Il partit alors pour l’Amérique, y fit une fortune, revint en janvier 1816 et s’acquitta envers Alain. De cette époque, date la création de la célèbre maison de banque parisienne Mongenod et compagnie, dont la raison sociale devint ensuite Mongenod et fils, puis Mongenod frères. Vers 1819, la faillite du parfumeur César Birotteau étant survenue, Mongenod s’en préoccupait à la Bourse[29], où il coudoyait commerçants et escompteurs. Mongenod mourut pendant l’année 1827 (L’Envers de l’Histoire contemporaine. — César Birotteau).

Mongenod (Madame Charlotte), femme du précédent, supporta courageusement la misère pendant l’année 1798 et vendit alors ses cheveux pour deux écus de six livres, afin d’apporter du pain dans son ménage. Devenue riche, veuve depuis 1827, madame Mongenod resta, sous Louis-Philippe, le conseil et l’âme de la maison de banque dirigée par ses deux fils, Frédéric et Louis, à Paris, dans la rue de la Victoire (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Mongenod (Frédéric), l’aîné des trois enfants des précédents, reçut de sa famille reconnaissante le prénom que portait M. Alain et devint, dans la rue de la Victoire, après 1827, le chef de la maison de banque paternelle. Sa clientèle prouvait son honnêteté : le marquis d’Espard, Charles Mignon de la Bastie, la baronne de la Chanterie, Godefroid lui confièrent leurs fonds (L’Interdiction. — Modeste Mignon. — L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Mongenod (Louis), frère cadet du précédent, le secondait rue de la Victoire, où il recevait les prudentes recommandations de madame Charlotte Mongenod, sa mère, lors d’une visite de Godefroid en 1836 (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Mongenod (Mademoiselle), sœur et fille des précédents, née en 1799, fut proposée en mariage, dans le mois de janvier 1816, à Frédéric Alain, qui n’accepta point ce témoignage de la reconnaissance des Mongenod enrichis. Mademoiselle Mongenod épousa le vicomte de Fontaine (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Monistrol, Auvergnat, brocanteur, à Paris, vers la fin du règne de Louis-Philippe, successivement rue de Lappe et sur le nouveau boulevard Beaumarchais, entreprit, l’un des premiers, le commerce de l’article curiosités, qui s’est par la suite tant développé, mais que connaissaient déjà les Popinot, les Pons et les Rémonencq (Le Cousin Pons).

Montauran (Marquis Alphonse de) fut, sur la fin du XVIIIe siècle, en France et hors de France, mêlé à presque toutes les intrigues royalistes importantes. Aussi, avec Flamet de la Billardière et le comte de Fontaine, était-il assidu chez le parfumeur Ragon, propriétaire de la Reine des Roses, où se faisait la correspondance royaliste de l’Ouest avec Paris. Trop jeune pour avoir vu Versailles, Alphonse de Montauran n’avait pas « cette fine fleur de manières qui distinguait Lauzun, Adhémar, Coigny, comme tant d’autres » ; son éducation avait été manquée. Vers l’automne de l’année 1799, il se distingua particulièrement. Sa personne séduisante, sa jeunesse, un mélange de bravoure et d’autorité le désignèrent à Louis XVIII, qui le chargea de gouverner la Bretagne, la Normandie, le Maine et l’Anjou. Devenu, sous le nom du Gars, le chef des chouans, dès le mois de septembre le marquis les conduisit contre les bleus au-dessus du plateau de la Pèlerine, situé entre Fougères (Ille-et-Vilaine) et Ernée (Mayenne), où s’engagea une action. Madame du Gua ne le quittait point alors. D’après cette dernière maîtresse de Charette, Alphonse de Montauran recherchait la main de mademoiselle d’Uxelles. Il s’éprit pourtant de l’espionne Marie de Verneuil, venue exprès en Bretagne pour le livrer aux bleus, et il l’épousa dans Fougères, mais les républicains le tuèrent, lui et sa femme, quelques heures après le mariage (César Birotteau. — Les Chouans).

Montauran (Marquise Alphonse de), femme du précédent ; née Marie-Nathalie de Verneuil, à la Chanterie, près d’Alençon, fille naturelle de mademoiselle Blanche de Casteran, décédée abbesse de Notre-Dame de Séez, et de Victor-Amédée, duc de Verneuil, qui la reconnut et l’avantagea aux dépens de son fils légitime : un procès s’ensuivit entre le frère et la sœur. — Marie-Nathalie, recueillie alors par le maréchal duc de Lenoncourt, son tuteur, passa pour sa maîtresse, lui demanda vainement de l’épouser et fut abandonnée par lui. Elle traversa les milieux politiques ou sociaux les plus différents pendant l’époque de la Révolution. Après avoir brillé dans les fêtes de la Cour, elle eut Danton pour amant. Durant l’automne de 1799, Fouché chargea Marie de Verneuil de livrer Alphonse de Montauran ; mais la belle espionne et le chef des blancs s’aimèrent. Ils se marièrent quelques heures avant leur mort, vers la fin de cette année 1799, où jacobins et chouans combattirent sur le sol de la Bretagne. Madame de Montauran portait le costume du marquis Alphonse de Montauran, quand une balle républicaine vint la frapper (Les Chouans).

Montauran (Marquis de), frère cadet d’Alphonse de Montauran, était, en 1799, à Londres, quand il reçut une lettre du colonel Hulot chargé des dernières recommandations d’Alphonse. — Montauran s’y conforma, émigra sans porter les armes contre la France, conserva ses biens par l’intervention du même colonel Hulot et servit ensuite les Bourbons dans la gendarmerie, où il devint lui-même colonel. L’avènement de Louis-Philippe parut lui commander une retraite absolue. Sous le nom de M. Nicolas, il fut, rue Chanoinesse, l’un des Frères de la Consolation réunis chez madame de la Chanterie et sauva M. Auguste de Mergi d’une poursuite judiciaire. En 1841, on vit Montauran rue du Montparnasse : il assistait aux obsèques de Hulot aîné (Les Chouans. — L’Envers de l’Histoire contemporaine. — La Cousine Bette).

Montbauron (Marquise de), tante de Raphaël de Valentin, morte sur l’échafaud pendant la Révolution (La Peau de Chagrin).

Montcornet (Maréchal, comte de), grand-croix de la Légion d’honneur, commandeur de Saint-Louis, né en 1774, fils d’un ébéniste du faubourg Saint-Antoine, « enfant de Paris » mêlé activement à presque toutes les guerres des dernières années du XVIIIe siècle et des premières du XIXe. — Il commanda en Espagne et en Poméranie et fut colonel des cuirassiers de la garde impériale. Il supplantait alors, auprès de madame de Vaudremont, Martial de la Roche-Hugon, son ami. Le comte de Montcornet eut ensuite des relations intimes avec madame ou mademoiselle Fortin, mère de Valérie Crevel. Vers 1815, Montcornet acheta, au prix de cent mille francs environ, les Aigues, ancienne terre de Sophie Laguerre, sise entre Conches et Blangy, proche de Soulanges et de la Ville-aux-Fayes. La Restauration l’attira : le comte voulut se faire pardonner son origine, s’imposer au régime nouveau, effacer la trace du surnom significatif reçu de ses paysans de la Bourgogne qui l’appelaient « le Tapissier ». Au commencement de 1819, il épousa Virginie de Troisville. Son traitement, grossi de soixante mille francs de rente, lui permit de mener grand train ; il habita, l’hiver, en son bel hôtel parisien de la rue Neuve-des-Mathurins[30] et se produisit dans des milieux divers, fréquentant les Raoul Nathan et les Esther Gobseck. Pendant l’été, le comte, maire de Blangy, séjournait aux Aigues. Son impopularité et la rancune des Gaubertin, Rigou, Sibilet, Soudry, Tonsard, Fourchon lui en rendirent le séjour insupportable, et il dut se résigner à les vendre. — Montcornet, caractère violent et faible, ne pouvait manquer d’avoir aussi le dessous dans son ménage. La monarchie de 1830 combla Montcornet, alors lieutenant général en disponibilité, et lui confia une division. Le comte, devenu maréchal, fréquentait alors beaucoup le Vaudeville[31]. Montcornet mourut pendant l’année 1837. Il ne reconnut point et oublia complètement sa fille, Valérie Crevel. Montcornet repose probablement au Père-Lachaise, où un monument funèbre avait été commandé pour lui à W. Steinbock. — La devise du maréchal de Montcornet était : « Sonnez la charge » (La Paix du Ménage. — Illusions perdues. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Les Paysans. — Un Homme d’Affaires. — La Cousine Bette).

Montcornet (Comtesse de). — V. Blondet (madame Émile).

Montefiore, Italien de la célèbre famille des Montefiore, de Milan ; capitaine d’habillement au 6e de ligne sous l’Empire ; un des plus jolis garçons de l’armée ; marquis, mais ne pouvant, d’après les lois du royaume d’Italie, porter son titre. — Jeté par la nature « dans le moule des Rizzio », il faillit être assassiné, en 1808, dans la ville de Tarragone, par la Marana, qui le surprit avec sa fille, Maria-Juana-Pepita Mancini, qu’épousa François Diard. Montefiore se maria lui-même, plus tard, avec une illustre Anglaise, et, en 1823, fut tué et dévalisé, au milieu d’une ruelle déserte de Bordeaux, par Diard, qui l’avait retrouvé, après plusieurs années d’absence, dans la maison de jeu d’une ville d’eaux (Les Marana).

Montès de Montejanos (Baron), Brésilien riche, nature sauvage et primitive, jeune vers 1840, fut un des premiers amants de Valérie Fortin (successivement madame Marneffe et madame Célestin Crevel), la revit, tantôt au faubourg Saint-Germain, tantôt place ou pâté des Italiens[32], eut lieu de se trouver jaloux d’Hector Hulot, de W. Steinbock, d’autres encore, et se vengea en communiquant à sa maîtresse une maladie étrange dont elle mourut, ainsi que Célestin Crevel (La Cousine Bette).

Montpersan (Comte de), neveu d’un chanoine de Saint-Denis, fréquemment son commensal ; hobereau ambitieux, aigri par suite d’échecs et de déceptions ; marié ; père de famille ; possédait et habitait, au commencement de la Restauration, le château de Montpersan à huit lieues de Moulins, dans l’Allier. En 1819, il y reçut la visite d’un jeune homme inconnu qui venait annoncer la mort de l’amant de madame de Montpersan (Le Message).

Montpersan (Comtesse Juliette de), femme du précédent, née vers 1781, habitait Montpersan avec sa famille, quand elle apprit, d’un compagnon de route de son amant, la mort de celui-ci, résultat d’une chute de voiture. La comtesse récompensa délicatement le messager de malheur (Le Message).

Montpersan (Mademoiselle de), fille des précédents, tout enfant, était présente à l’arrivée du message dont les douloureux détails contraignirent sa mère à quitter la table. Elle ne saisit que le côté comique de la situation et remarqua la gloutonnerie de son père, auquel le départ précipité de la comtesse permettait de rompre une sorte de diète imposée (Le Message).

Montriveau (Général marquis de), père d’Armand de Montriveau. — Quoique chevalier des ordres, il tenait à toute la haute noblesse de Bourgogne, et dédaigna les avantages financiers et nobiliaires qu’il pouvait espérer de sa naissance : encyclopédiste et « l’un des ci-devant qui servirent noblement la République », Montriveau périt, tué près de Joubert, à Novi (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Montriveau (Comte de), oncle paternel d’Armand de Montriveau. — Gros homme, « grand mangeur d’huîtres » ; au contraire de son frère, il émigra, sut se faire bien accueillir, dans son exil, des Rivaudoult d’Arschoot, de la branche Dulmen, avec lesquels il avait des liens de famille, et mourut à Pétersbourg (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Montriveau (Général marquis Armand de), neveu du précédent, fils unique du général de Montriveau. — Orphelin et sans fortune, il fut placé par Bonaparte à l’école de Châlons, entra dans l’artillerie, fit les dernières campagnes de l’Empire, entre autres celle de Russie, et reçut plusieurs blessures graves sur le champ de bataille de Waterloo : il était alors colonel dans la garde. Montriveau passa, loin de l’Europe, les trois premières années de la Restauration. Il voulait explorer la haute Égypte, le centre de l’Afrique. Des sauvages le réduisirent en esclavage. Une évasion audacieuse le tira de leurs mains et lui permit de revenir à Paris, où il habita la rue de Seine, près de la Chambre des pairs. À cette époque, pauvre, sans protections ni ambition, il fut cependant bientôt promu général. Son association avec les Treize, puissance occulte et redoutable, qui comptait parmi ses membres Ronquerolles, Marsay, Bourignard, lui valut peut-être une faveur qu’il n’avait pas sollicitée. Cette même franc-maçonnerie seconda Montriveau désirant se venger des coquetteries raffinées d’Antoinette de Langeais, et, plus tard encore, lorsque, toujours amoureux de la duchesse, il l’enleva morte aux carmélites espagnoles. Vers le même temps, le général rencontrait, chez madame de Beauséant, Rastignac, tout frais débarqué à Paris, et lui dépeignait Anastasie de Restaud. Une soirée d’Opéra, sur la fin de 1821, rapprocha le général de mesdames d’Espard et de Bargeton. — Montriveau, vivant portrait de Kleber, sorte de veuf tragique d’Antoinette de Langeais et célèbre par son grand voyage traversé d’aventures, était devenu le lion à la mode, au moment où il revit Sixte Châtelet, son compagnon en Égypte. Dans les premières années du règne de Louis-Philippe, Chaussée-d’Antin, chez mademoiselle des Touches, il raconta, devant un auditoire choisi d’artistes et de nobles, comment il avait été la cause involontaire de la vengeance du mari d’une certaine Rosina. Cette histoire datait des guerres impériales. Montriveau, pair de France, commandait alors un département, et infidèle au souvenir d’Antoinette de Langeais, courtisait la belle madame Rogron, née Bathilde de Chargebœuf, qui espérait bientôt pouvoir l’épouser. En 1839, il servit, ainsi que M. de Ronquerolles, de témoin au duc de Rhétoré, dans le duel que le frère aîné de Louise de Chaulieu eut avec Dorlange-Sallenauve, à propos de Marie Gaston (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais. — Le Père Goriot. — Illusions perdues. — Autre Étude de femme. — Pierrette. — Le Député d’Arcis).

Morand, d’abord commis du libraire Barbet, puis, en 1838, son associé avec Métivier, essayait alors d’exploiter le baron de Bourlac, auteur d’un Traité des législations comparées (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Moreau, né en 1772 ; fils d’un « dantoniste », procureur syndic à Versailles pendant la Révolution ; fut l’amant de madame Clapart et lui demeura dévoué presque toute sa vie. Après une existence fort agitée, Moreau prit, vers 1805, la régie du domaine de Presles, situé dans la vallée de l’Oise, et appartenant au comte de Sérizy ; épousa Estelle, femme de chambre de Léontine de Sérizy, en eut trois enfants, conserva durant dix-sept années la gestion du domaine ; se retira, riche, le jour où, sur les rapports des Reybert, il fut convaincu de marchés frauduleux conclus avec Léger. Une sotte étourderie de son filleul, Oscar Husson, décida, surtout, du renvoi de l’ancien intendant de Presles. Moreau conquit, sous Louis-Philippe, une situation superbe : ayant fait fortune dans le commerce des biens, beau-père de Constant-Cyr-Melchior de Canalis, il devint enfin le député du centre bien connu, sous le nom de Moreau (de l’Oise) (Un Début dans la Vie).

Moreau (Madame Estelle), personne blonde, femme du précédent, née, à Saint-Lô, de parents paysans, fut, d’abord, fille de chambre au service de Léontine de Sérizy ; la fortune venue, elle montra des prétentions et n’accueillit jamais que sèchement ou froidement Oscar Husson, fils du premier lit de madame Clapart. Elle employait Nattier pour les fleurs de sa coiffure et se révélait, parée ainsi, dans l’automne de 1822, devant Joseph Bridau et Léon de Lora, venus de Paris, chargés de travaux pour Sérizy (Un Début dans la Vie).

Moreau (Jacques), l’aîné des trois enfants des précédents, était, à Presles, l’intermédiaire habituel entre sa mère et Oscar Husson (Un Début dans la Vie).

Moreau, le premier tapissier d’Alençon, rue de la Porte-de-Séez, près de l’église, fournit, en 1816, à madame de Bousquier (alors mademoiselle Rose Cormon), les meubles nécessaires pour installer chez elle M. de Troisville, arrivé inopinément de Russie (La Vieille Fille).

Moreau, vieux laboureur du Dauphiné, oncle du petit Jacques Colas, vivait, sous la Restauration, pauvre et résigné, avec sa femme, dans le village des environs de Grenoble, métamorphosé par le docteur Benassis (Le Médecin de Campagne).

Moreau-Malvin, « fort boucher », mort vers 1820, dont le superbe tombeau de marbre blanc orne, rue du Maréchal-Lefebvre, le Père-Lachaise, près des sépultures de madame Jules Desmarets et de mademoiselle Raucourt (de la Comédie-Française) (Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants).

Morillon (Le père), prêtre qui fut chargé pendant quelque temps, sous l’Empire, de la première éducation de Gabriel Claës (La Recherche de l’Absolu).

Morin (La), vieille femme très pauvre qui éleva la Fosseuse, orpheline, avec une certaine bonté, dans un bourg des environs de Grenoble, mais qui lui donnait, néanmoins, des coups de cuiller sur les doigts quand l’enfant allait trop vite en mangeant la soupe dans l’écuelle commune. La Morin travaillait la terre comme un homme et se plaignait souvent du misérable grabat qu’elle partageait avec la Fosseuse (Le Médecin de Campagne).

Morin (Jeanne-Marie-Victoire Tarin, veuve), accusée de tentative d’extorsion de signatures de billets à ordre et de tentative d’assassinat sur la personne du sieur Ragoulleau, fut condamnée, le 11 janvier 1812, à vingt ans de travaux forcés, par la cour d’assises de Paris. — Poiret aîné, l’« idémiste », qui déposa comme témoin à décharge, rappelait souvent cette circonstance. La veuve Morin, née à Pont-sur-Seine (Aube), était la compatriote de Poiret, né à Troyes (Le Père Goriot). — Divers détails ont été ici extraits des pièces publiées de cette affaire criminelle.

Morisson invente des pilules purgatives qu’essaya d’imiter, débutant sous Louis-Philippe et cherchant fortune, le docteur Poulain, médecin de Pons et des Cibot (Le Cousin Pons).

Mortsauf (Comte de), représentant d’une famille de la Touraine, qui dut à un ancêtre du temps de Louis XI, échappé à la potence[33], fortune, armes, illustration. — Le comte fut l’incarnation de « l’émigré ». L’exil, volontaire ou forcé, le rendit valétudinaire de corps et d’esprit. Il épousa Blanche-Henriette de Lenoncourt, dont il eut deux enfants, Jacques et Madeleine ; reçut, au retour des Bourbons, un brevet de maréchal de camp, mais ne quitta point Clochegourde, castel apporté en dot par sa femme et situé sur les rives de l’Indre et du Cher (Le Lys dans la Vallée).

Mortsauf (Comtesse de)[34], femme du précédent ; née Blanche-Henriette de Lenoncourt ; de « la maison de Lenoncourt-Givry sur le point de s’éteindre » vers les premières années de la Restauration ; venue au monde après la mort de trois frères, eut ainsi une enfance et une jeunesse tristes ; trouva une vraie mère chez sa tante, une Blamont-Chauvry, et, mariée, se consola surtout par la maternité. Ce sentiment lui permit de refouler l’amour qu’elle éprouva pour Félix de Vandenesse : l’effort, que lui coûta cette lutte intime, détermina chez la comtesse, une terrible maladie d’estomac dont elle mourut en 1820 (Le Lys dans la Vallée).

Mortsauf (Jacques de), l’aîné des deux enfants des précédents, l’élève de Dominis, le plus délicat de la famille, mourut prématurément. Avec lui s’éteignirent, au moins directement, les Lenoncourt-Givry, dont il se trouvait l’héritier désigné (Le Lys dans la Vallée).

Mortsauf (Madeleine de), sœur du précédent, après la mort de sa mère, bouda Félix de Vandenesse, que madame de Mortsauf avait aimé ; elle devint, par la suite, duchesse de Lenoncourt-Givry (V. cette biographie) (Le Lys dans la Vallée).

Mouche, né en 1811, bâtard d’une des filles naturelles de Fourchon et d’un soldat mort en Russie ; fut recueilli, orphelin, par son grand-père maternel, qu’il aidait parfois, comme apprenti cordier. Vers 1823, dans l’arrondissement de la Ville-aux-Fayes (Bourgogne), il tirait aussi profit de la crédulité des étrangers, en feignant de leur faciliter la chasse aux loutres. La tenue, les propos de Mouche, entré un jour d’automne de cette même année 1823, aux Aigues, chez Montcornet, scandalisèrent les châtelains et leurs hôtes (Les Paysans).

Mouchon, l’aîné de trois frères qui habitèrent, en 1793, la vallée bourguignonne de l’Avonne ou des Aigues ; régit les biens de la famille de Ronquerolles ; devint député de son département à la Convention ; eut une réputation d’intégrité, sauva les propriétés et la vie des Ronquerolles ; mourut dans l’année 1804, laissant deux filles, mesdames Gendrin et Gaubertin (Les Paysans).

Mouchon, frère du précédent, fut maître de poste à Conches (Bourgogne) ; eut une fille qui épousa le riche fermier Guerbet ; mourut en 1817 (Les Paysans).

Mouchon, frère des précédents, né en 1756 ; prêtre, eut, avant la Révolution, la cure de la Ville-aux-Fayes, et sut la garder sous la Restauration. Cette habileté peignait l’homme ; il était, d’ailleurs, populaire dans la région ou le milieu des Rigou, Soudry, Gaubertin, Sibilet, Fourchon, Tonsard, etc., etc. On le désignait parfois sous le nom de « Moucheron » (Les Paysans).

Mougin, né, vers 1805, à Toulouse, était le cinquième des coiffeurs parisiens qui se succédèrent sous le nom de Marius dans le même établissement ; en 1845, riche, marié, père de famille, capitaine de la garde nationale, décoré (après 1832), électeur, éligible, stimulé par J.-J. Bixiou et Léon de Lora, il trônait, place de la Bourse, artiste capillaire émérite, sous les yeux émerveillés de S.-P. Gazonal (Les Comédiens sans le savoir).

Mouilleron, procureur du roi à Issoudun, en 1822, cousin de tout le monde dans la ville, pendant les dissensions qui existaient entre les familles Rouget et Bridau (La Rabouilleuse).

Mouilleron, commissaire de police à Issoudun, quand les Bridau y luttaient contre Gilet, installé chez Rouget (La Rabouilleuse).

Murat (Joachim, prince) se trouvait avec Lannes et Rapp, chez Bonaparte, premier consul, en octobre 1800, le jour où Bartholomeo di Piombo fut introduit par Lucien Bonaparte. — Il était grand-duc de Berg en 1806, époque des fameux démêlés entre les Simeuse et Malin de Gondreville. Murat vint au secours du régiment de cavalerie que commandait le colonel Chabert à la bataille d’Eylau (7-8 février 1807). « Homme tout oriental », il donna, même avant son avènement au trône de Naples (1808), l’exemple d’un luxe absurde chez les militaires modernes. Durant une veillée villageoise du Dauphiné, vingt ans plus tard, Benassis et Genestas entendaient un vétéran, devenu laboureur, mêler à l’histoire de Bonaparte le récit de force traits éclatants de l’intrépide Murat (La Vendetta. — Une Ténébreuse Affaire. — Le Colonel Chabert. — La Paix du Ménage. — Le Médecin de Campagne).

Muret donna des renseignements sur Jean-Joachim Goriot, son prédécesseur commercial pour l’article « pâtes alimentaires » (Le Père Goriot).

Musson, mystificateur célèbre au commencement du XIXe siècle, dont le policier Peyrade, quand il joua le rôle d’un nabab entretenant Suzanne Gaillard, imitait, vingt ans plus tard, les tours adroits et les habiles déguisements (Splendeurs et Misères des Courtisanes).


  1. Partie de la rue Bellechasse actuelle allant de la rue de Grenelle à la rue de Varenne.
  2. Cette rue, qui était située près de la rue de la Lingerie, a disparu.
  3. Aujourd’hui, rue de Béarn.
  4. Cette ville possédait une promenade, l’Avenue des Soupirs, où, en 1839, se réunissait fréquemment la colonie des fonctionnaires.
  5. Un Ménage de Garçon, dans toutes les anciennes éditions de la Comédie Humaine.
  6. Abréviation du titre qui, dans l’édition définitive de la Comédie Humaine, est Histoire de la Grandeur et de la Décadence de César Birotteau.
  7. Dans les siècles derniers, des Marigny eurent, avant les Verneuil, Rosembray, domaine où une grande chasse réunit, en 1829, Cadignan, Chaulieu, Canalis, Mignon, etc., etc.
  8. En 1849, à Paris, Clairville transportait, modifiés, sur la scène du Gymnase-Dramatique, les épisodes de la vie de madame Marneffe, sous le double titre suivant : Madame Marneffe ou le Père prodigue (drame-vaudeville, cinq actes).
  9. Rue de Vaugirard ; aujourd’hui simple chapelle.
  10. Voie disparue. Elle était située près des rues de l’Échelle, des Moineaux et Saint-Honoré.
  11. La Closerie des Genêts, drame de Frédéric Soulié joué pour la première fois, à Paris, à l’Ambigu, le 14 octobre 1846, rappelle cette particularité de la vie de M. de Marsay.
  12. Il avait un frère, portant le nom de Camusot, qui sortit de l’École polytechnique.
  13. Les armes des Cadignan étaient : d’or à cinq fusées de sable accolées et mises en fasce ;Memini, pour devise.
  14. Des Maulaincourt eurent, aux siècles derniers, Chaussée des Minimes, dans le Marais, un hôtel dont Élie Magus devint par la suite propriétaire (1835-1845).
  15. Ils virent ensemble, et en compagnie d’Aquilina, le Comédien d’Étampes, vaudeville du Gymnase, que signèrent Moreau et Sewrin et dont la représentation eut lieu le 23 juin 1821.
  16. On disait aussi : la Brière-La Bastie.
  17. Passionnée lectrice des poésies de Melchior de Canalis et particulièrement de la pièce intitulée : Chant d’une jeune fille.
  18. C’est aujourd’hui, diminuée dans son parcours, la rue Champollion.
  19. Depuis 1860, cette banlieue de Paris fait partie de la ville et dépend du VIIIe arrondissement.
  20. Théâtre fondé en 1831, boulevard du Temple, sur l’emplacement du premier Ambigu et transporté 40 rue de Bondy, le 30 décembre 1862.
  21. Minette épousa M. Marguerite ; elle habitait, à Paris, pendant les dernières années de sa vie, la haute maison qui est au coin des rues Saint-Georges et de Provence.
  22. Rue des Bourgeois, aujourd’hui Bezout.
  23. Maison de santé, maintenant rue Berton.
  24. Banlieue de Paris annexée depuis 1860 et aujourd’hui l’un des quartiers du XVIe arrondissement.
  25. Plutôt un chiffre.
  26. Où se trouvait le précédent Opéra de Paris (1822-1873).
  27. De vieille date, quartier entièrement bouleversé.
  28. Le théâtre Feydeau et ses dépendances (le passage du même nom), existèrent à Paris jusqu’en 1826 ; la rue de la Bourse occupe aujourd’hui leur emplacement.
  29. La Bourse, alors et provisoirement, se tenait rue Feydeau, pendant que s’élevait son palais actuel.
  30. Aujourd’hui, rue des Mathurins.
  31. Théâtre de Paris jusqu’en 1838 situé rue de Chartres. La rue de Chartres, disparue également quoique plus tard, se trouvait entre la place du Palais-Royal et la place du Carrousel.
  32. Aujourd’hui, place Boïeldieu.
  33. Indication, exceptionnellement puisée en dehors de la Comédie humaine et fournie par les Contes drolatiques.
  34. Le 14 juin 1853, Beauplan et Barrière ont fait représenter, à Paris, sur la scène de la Comédie-Française, un drame ayant pour héroïne madame de Mortsauf.