Comédie humaine - Répertoire/P

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Paccard, forçat libéré, sous la dépendance de Jacques Collin ; voleur et ivrogne fieffé. — Amant de Prudence Servien et, en même temps qu’elle, placé comme valet de pied chez Esther van Gobseck ; domicilié, en 1829, rue de Provence[1], chez un carrossier ; déroba les sept cent cinquante mille francs de la succession Jean-Esther van Gobseck ; et fut obligé d’en restituer sept cent trente mille (Splendeurs et Misères des Courtisanes). Il finit par épouser mademoiselle Servien, qui, sous Louis-Philippe, l’aidait avec Jacques Collin, à soustraire chez Bricheteau, retiré à Ville-d’Avray, une cassette renfermant le secret de la naissance de Sallenauve (La Famille Beauvisage).

Paccard (Mademoiselle), sœur du précédent, était sous la dépendance de Jacqueline Collin (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Paddy. — V. Toby.

Palma, banquier à Paris, faubourg Poissonnière, eut, durant les deux régimes de la Restauration et de Juillet, un grand renom comme financier. « Il était le conseiller intime de la maison Keller. » Le parfumeur Birotteau, embarrassé dans ses affaires, implora vainement du secours auprès de lui (La Maison Nucingen. — César Birotteau). Associé de Werbrust, il fit l’escompte avec autant d’habileté que Gobseck et que Bidault, et put servir ainsi Lucien de Rubempré (Gobseck. — Illusions perdues). Avec M. Werbrust aussi, Palma tenait la mousseline, le calicot, la toile peinte, 5, rue du Sentier, à l’époque où Maximilien Longueville fréquentait chez les Fontaine (Le Bal de Sceaux).

Pamiers (Vidame de), « oracle du faubourg Saint-Germain sous la Restauration », fut du conseil de famille devant lequel parut sa petite-nièce, Antoinette de Langeais, qui s’était compromise à la porte de Montriveau (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais). Ex-commandeur de l’Ordre de Malte, figure du XVIIIe siècle au commencement du XIXe, ami très intime et fort ancien de la baronne de Maulincour, Pamiers éleva le jeune baron Auguste de Maulincour, qu’il défendit de son mieux contre la haine de Bourignard (Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants). Jadis en relations avec le marquis d’Esgrignon, le vidame présenta le vicomte d’Esgrignon (Victurnien) à Diane de Maufrigneuse : une liaison intime s’ensuivit entre le jeune homme et la future princesse de Cadignan (Le Cabinet des Antiques).

Pannier, commerçant et banquier, depuis 1794 ; trésorier des « brigands » ; impliqué dans l’affaire des chauffeurs de Mortagne, en 1809. — Condamné à vingt ans de travaux forcés, ainsi que Chaussard et Vauthier, Pannier fut marqué, et envoyé au bagne. Nommé sous Louis XVIII lieutenant-général, il gouverna un château de la couronne et mourut sans enfants[2] (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Paolo (Le père), vieux moine franciscain du couvent de Santo-Antonio (l’un des monastères les plus célèbres de Rio-de-Janeiro). — Confesseur de Luigia, il était toujours présent aux séances pendant lesquelles, en 1842, Sallenauve, redevenu artiste, fit le buste de la chanteuse (La Famille Beauvisage).

Paradis, né en 1830 ; « tigre » de Maxime de Trailles ; effronté, intelligent ; parcourait, avec son maître, l’arrondissement d’Arcis-sur-Aube, au printemps de 1839 pendant la période électorale, et croisait Goulard, sous-préfet, Poupart, aubergiste, les familles Cinq-Cygne, Maufrigneuse, Mollot (Le Député d’Arcis).

Parquoi (François), l’un des chouans pour qui l’abbé Gudin célébra une messe funèbre au fond des bois, non loin de Fougères, dans l’automne de 1799. — Ainsi que Jean Cochegrue, Nicolas Laferté, Joseph Brouet et Sulpice Coupiau, François Parquoi mourut de blessures reçues au combat de la Pèlerine et au siège de Fougères (Les Chouans).

Pascal, concierge des Thuillier dans leur maison de la place de la Madeleine, remplissait aussi, à l’église de ce nom, les fonctions de bedeau (Les Petits Bourgeois).

Pascal (L’abbé), aumônier de la prison de Limoges en 1829, vieillard plein de douceur, ne put arracher des aveux au détenu Jean-François Tascheron, prévenu de vol suivi d’assassinat (Le Curé de Village).

Pastelot, prêtre de l’église Saint-François du Marais[3] en 1845, veilla Sylvain Pons mort (Le Cousin Pons).

Pastureau (Jean-François), propriétaire, dans l’Isère, d’une « pièce de terre » endommagée, en 1829, par le passage des administrés du docteur Benassis (Le Médecin de Campagne).

Patrat (Maître), notaire à Fougères en 1799, connu du banquier d’Orgemont et recommandé à Marie de Verneuil par le vieil avare (Les Chouans).

Patriote, singe ayant appartenu à Marie de Verneuil, qui l’avait dressé à contrefaire Danton. — Le caractère sournois de cet animal rappelait Corentin à Marie (Les Chouans).

Paul, domestique de maître Petit Claud, à Angoulême, en 1823 (Illusions perdues).

Pauline fut longtemps femme de chambre de Julie d’Aiglemont (La Femme de Trente Ans).

Paulmier, employé au ministère des finances, dans la division de Flamet de la Billardière et le bureau d’Isidore Baudoyer, sous la Restauration. — Paulmier, célibataire, se querellait perpétuellement avec son collègue marié, Chazelles (Les Employés).

Paz (Thaddée), Polonais, descendant d’une illustre famille de Florence, les Pazzi, dont l’un des membres, persécuté, se réfugia en Pologne. — Compatriote, contemporain, ami du comte Adam Mitgislas Laginski, Thaddée Paz, comme lui, combattit pour la patrie, le suivit en exil à Paris, pendant le règne de Louis-Philippe, et accepta, par suite d’une misère dignement portée, les fonctions d’intendant chez le comte. — Paz (on prononçait : Pac, et il prenait volontiers le titre de capitaine) tint admirablement l’hôtel Laginski, mais le quitta, quand, fort épris de Clémentine Laginska, il ne vit plus un suffisant rempart contre sa passion dans une fausse maîtresse affichée, l’écuyère Marguerite Turquet. Le capitaine Thaddée, qui vit marier les Steinbock, feignit seulement de s’éloigner de France et se montra encore devant la comtesse Laginska, durant l’hiver de 1842 : il l’arracha à Rusticoli de la Palférine, qui allait l’enlever (La Fausse Maîtresse. — La Cousine Bette).

Péchina (La), surnom de Geneviève Niseron.

Pederotti (Il signor), père de madame Maurice de l’Hostal. — Il fut banquier à Gênes, dota sa fille unique d’un million, la maria au consul français, et laissa en mourant, six mois après (janvier 1831), une fortune évaluée à deux millions et gagnée dans le commerce des blés. Pederotti avait été fait comte par le roi de Sardaigne ; comme il n’avait pas de postérité masculine, le titre s’éteignit avec lui (Honorine).

Pelletier, l’un des administrés de Benassis, dans l’Isère, mourut en 1829 et fut enterré le même jour que le dernier des « crétins » conservés par la superstition de la commune. Pelletier laissait une veuve — qui vit Genestas — et plusieurs enfants, dont l’aîné, Jacques, naquit vers 1807 (Le Médecin de Campagne).

Pénélope[4], jument normande bai brun, née en 1792, soignée par Jacquelin avec la plus grande sollicitude, transportait encore, en 1816, au Prébaudet, près d’Alençon, Rose Cormon, sa maîtresse, qui l’aimait beaucoup. Pénélope mourut pendant cette même année 1816, après le mariage de mademoiselle Cormon, devenue madame du Bousquier (La Vieille Fille).

Pen-Hoël (Jacqueline de), d’une famille bretonne de la plus haute antiquité, habita Guérande, où elle naquit vers 1780. — Belle-sœur des Kergarouët (de Nantes), protecteurs du major Brigaut, qui ne craignirent point, au grand mécontentement du pays, de se faire nommer aussi Pen-Hoël, Jacqueline accueillit pourtant les filles de sa sœur cadette, la vicomtesse de Kergarouët. Mademoiselle de Pen-Hoël affectionna particulièrement l’aînée de ses nièces, Charlotte : elle comptait la doter et désirait lui voir épouser Calyste du Guénic, amoureux de Félicité des Touches (Béatrix).

Pérotte servit, en 1816, Rose Cormon (d’Alençon), qui devint madame du Bousquier (La Vieille Fille).

Péroux (L’abbé), frère de madame Julliard ; curé de Provins pendant la Restauration (Pierrette).

Perrache, petit, bossu, était cordonnier de son état et concierge, dans Paris, en 1840, d’une maison de la rue Honoré-Chevalier appartenant à Corentin (Les Petits Bourgeois).

Perrache (Madame), femme du précédent, fréquenta madame Cardinal, nièce de Toupillier, locataire de Corentin (Les Petits Bourgeois).

Perret, associé de Grossetête ; tous deux banquiers à Limoges, au commencement du XIXe siècle, et prédécesseurs de Pierre Graslin (Le Curé de Village).

Perret (Madame), femme du précédent, vieille en 1829, s’occupa comme tout Limoges, de l’assassinat commis, cette même année, par Jean-François Tascheron (Le Curé de Village).

Perrotet fut, en 1819, aux environs de Saumur, l’un des fermiers de Félix Grandet (Eugénie Grandet).

Petit-Claud, fils d’un assez pauvre tailleur de l’Houmeau (faubourg d’Angoulême), fit ses études au lycée de cette ville, — où il connut Lucien de Rubempré, — et son droit à Poitiers. — De retour dans le chef-lieu de la Charente, il devint clerc de maître Olivet, avoué, et lui succéda. Dès lors, Petit-Claud prit sa revanche des mécomptes résultant de son manque de fortune et de ses disgrâces extérieures. Il rencontra l’imprimeur Cointet, et le servit, tout en paraissant défendre les intérêts de Séchard, également imprimeur. Cette conduite lui ouvrit la carrière de la magistrature. On le vit successivement substitut et procureur du roi. Petit-Claud ne quitta point Angoulême ; il s’y maria convenablement, en 1822, avec mademoiselle Françoise de la Haye, fille naturelle de Francis du Hautoy et de madame de Senonches (Illusions perdues).

Petit-Claud (Madame), femme du précédent, fille naturelle de Francis du Hautoy et de madame de Senonches ; née Françoise de la Haye, confiée aux soins de madame Cointet la mère ; se maria par l’intervention du fils, l’imprimeur, dit le grand Cointet. — Madame Petit-Claud, insignifiante et prétentieuse, apportait une dot convenable (Illusions perdues).

Peyrade naquit, vers 1758, en Provence, dans le Comtat, d’une famille nombreuse et pauvre, vivant mal d’un petit domaine appelé Canquoëlle. — Peyrade, oncle paternel de Théodose de la Peyrade, était noble, mais s’en cachait. Il quittait Avignon pour Paris, dès l’année 1776. Deux ans plus tard la police l’admit parmi ses fonctionnaires. Lenoir l’estimait grandement. Les désordres et les vices de Peyrade entravèrent sa carrière, qui aurait pu être plus brillante et mieux soutenue. Il possédait, en effet, le génie de l’espionnage et de vraies facultés administratives. Fouché l’utilisa et lui adjoignit Corentin, lors de l’affaire du fictif enlèvement de Gondreville. Une sorte de ministère de la police lui fut confié en Hollande. Louis XVIII le consulta et l’occupa ; mais Charles X tint à l’écart cet habile serviteur. Peyrade, misérablement logé rue des Moineaux, se trouvait alors chargé d’une fille qu’il adorait, Lydie, née de relations avec la Beaumesnil (de la Comédie-Française). Des circonstances le rapprochèrent de Nucingen, qui l’employa à la recherche d’Esther Gobseck et le chargea de dépister l’entourage de la courtisane : la haute police, prévenue par le pseudo-abbé Carlos Herrera, intervint et ne permit pas une surveillance pour le compte de particuliers. Malgré la protection de son ami Corentin et malgré le talent de policier qu’il avait déployé sous les pseudonymes de Canquoëlle et de Saint-Germain (notamment lors de l’arrestation de F. Gaudissart), Peyrade eut le dessous dans cette lutte avec Jacques Collin. Sa transformation savante en nabab entreteneur de madame Théodore Gaillard exaspéra l’ancien forçat, qui, pendant la dernière année de la Restauration, se vengea et se défit de lui : sa fille Lydie fut enlevée, et Peyrade mourut empoisonné (Une Ténébreuse Affaire. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Peyrade (Lydie)[5]. — V. La Peyrade (madame Théodose de).

Phellion, né en 1780, mari d’une femme originaire du Perche, père de trois enfants dont deux fils, Félix et Marie-Théodore, et une fille devenue madame Barniol ; commis-rédacteur au ministère des finances (division de Flamet de la Billardière, bureau de Xavier Rabourdin), remplissait encore ces fonctions administratives à la fin de l’année 1824. Il soutenait Rabourdin, qui, du reste, le défendit souvent, habitait la rue du Faubourg-Saint-Jacques près des Sourds-Muets, enseignait l’histoire, la littérature et la morale élémentaire aux élèves de mesdemoiselles La Grave. La révolution de Juillet ne changea rien à ses habitudes. La retraite ne lui fit point quitter son quartier, où il resta domicilié au moins trente ans. Il acheta dix-huit mille francs une petite maison, impasse des Feuillantines[6], l’occupa, l’orna et y vécut d’une manière solennellement bourgeoise. Phellion fut chef de bataillon dans la garde nationale. Il conserva la plupart de ses vieilles relations : il fréquenta ou rencontra Baudoyer, Dutocq, Fleury, Godard, Laudigeois, Rabourdin, madame Poiret aîné, surtout les familles Colleville, Thuillier, Minard. La politique et l’art prirent ses heures de loisir. Il devint membre d’un classique comité de lecture à l’Odéon. Son influence électorale et sa voix furent recherchées par Théodose de la Peyrade pour Jérôme Thuillier briguant les honneurs du conseil général ; car Phellion avait un autre candidat, Horace Bianchon, parent du vénéré J.-J. Popinot (Les Employés. — Les Petits Bourgeois).

Phellion (Madame) femme du précédent ; appartenait à une famille fixée dans une province de l’Ouest. — En raison du nombre de ses enfants, qui rendait insuffisant le revenu du ménage se montant cependant à plus de neuf mille francs (pension et rentes réunies), elle continua, sous Louis-Philippe, les leçons « d’harmonie » qu’elle donnait déjà, du temps de la Restauration, chez mesdemoiselles La Grave avec une sévérité sèche qu’elle gardait dans la vie courante (Les Employés. — Les Petits Bourgeois).

Phellion (Félix), fils aîné des précédents, né en 1817 ; professeur de mathématiques dans un collège royal de Paris, puis membre de l’Académie des sciences et chevalier de la Légion d’honneur à la suite de travaux remarquables et de la découverte d’une étoile ; illustre avant l’âge de vingt-cinq ans, il épousa, quand lui vint cette célébrité, la sœur d’un de ses élèves, Céleste-Louise-Caroline-Brigitte Colleville, qu’il aimait, et pour laquelle, de voltairien, il se fit bon catholique (Les Petits Bourgeois).

Phellion (Madame Félix), femme du précédent ; née Céleste-Louise-Caroline-Brigitte Colleville. — Quoique fille de M. et de madame Colleville, elle fut surtout élevée par la famille Thuillier. M. L.-J. Thuillier, qui avait été l’un des amants de madame Flavie Colleville, passa même pour le père de Céleste. M., madame et mademoiselle Thuillier tinrent, les uns et les autres, à lui donner leurs prénoms et à la doter magnifiquement. Aussi Olivier Vinet, Godeschal, Théodose de la Peyrade, recherchèrent-ils en mariage mademoiselle Colleville. Néanmoins, bien que fort pieuse, elle aima le voltairien Félix Phellion et l’épousa une fois qu’il fut revenu au catholicisme (Les Petits Bourgeois).

Phellion (Marie-Théodore), beau-frère, frère cadet, fils des précédents ; en 1840, élève à l’École des Ponts et Chaussées (Les Petits Bourgeois).

Philippart (MM.) eurent, à Limoges, une fabrique de porcelaine où fut employé Jean-François Tascheron, l’assassin de Pingret et de Jeanne Malassis (Le Curé de Village).

Philippe servit dans la famille de madame Marie Gaston ; fut attaché, d’abord, à la personne de la princesse de Vaurémont ; devint ensuite l’un des domestiques du duc Henri de Chaulieu ; entra, plus tard, chez Marie Gaston, qui le garda après son veuvage (Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Le Député d’Arcis).

Pichard (Mademoiselle), servante-maîtresse de Niseron, curé de Blangy (Bourgogne), avant 1789, introduisit chez lui sa nièce, mademoiselle Arsène Pichard (Les Paysans).

Pichard (Arsène), nièce de la précédente. — V. Rigou (madame Grégoire) (Les Paysans).

Picot (Népomucène), astronome et mathématicien, ami de Biot depuis 1807, auteur d’un traité des Logarithmes différentiels, du Postulatum d’Euclide et, surtout, d’une Théorie du mouvement perpétuel (4 volumes in 4° avec planches, Paris, 1825), habitait, en 1840, au numéro 9 de la rue du Val-de-Grâce. D’une excessive myopie, très original de caractère et de mœurs, volé par sa servante, madame Lambert, il méritait d’être interdit, d’après sa famille. Professeur de Félix Phellion, avec lequel il visita l’Angleterre, Picot révéla, place de la Madeleine, chez les Thuillier, devant les Colleville, les Minard, les Phellion réunis, la gloire de son élève, que cachait une généreuse modestie ; il décida ainsi de l’établissement de Céleste Colleville. Décoré tardivement, Picot épousa, non moins tardivement, une excentrique Anglaise, opulente quadragénaire. Opéré de la cataracte, rajeuni, il se rendit aussitôt rue Saint-Dominique-d’Enfer dans la maison des Thuillier : il devait, par gratitude, laisser aux Félix Phellion la fortune considérable que lui avait apportée madame Picot (Les Petits Bourgeois).

Picquoiseau (Comtesse), veuve d’un colonel ; avec madame de Vaumerland, pensionnaire d’une concurrente de madame Vauquer, au dire de madame de l’Ambermesnil (Le Père Goriot).

Pie VII (Barnabé Chiaramonti) (1740-1823), pape. — Consulté, en 1806, par lettre, sur la question de savoir si une femme pouvait, sans compromettre son salut, se décolleter, aller au bal et au spectacle, fit à sa correspondante, madame Angélique de Granville, une réponse digne du tendre Fénelon (Une Double Famille).

Piédefer (Abraham), descendant d’une famille bourgeoise, calviniste, de Sancerre, dont les ancêtres, au XVIe siècle, furent artisans, puis devinrent drapiers, fit de mauvaises affaires pendant le règne de Louis XVI, mourut vers 1786, et laissa dans la plus grande gêne deux fils, Moïse et Silas (La Muse du Département).

Piédefer (Moïse), fils aîné du précédent, profita de la Révolution pour imiter ses aïeux ; abattit des abbayes et des églises ; épousa la fille unique d’un conventionnel guillotiné dont il eut un enfant, Dinah (plus tard, madame Milaud de la Baudraye) ; compromit sa fortune par des spéculations agricoles ; mourut en 1819 (La Muse du Département).

Piédefer (Silas), frère et fils cadet des précédents, ne recueillit point, ainsi que Moïse Piédefer, sa part de la modique succession paternelle ; gagna les Indes, et mourut à New-York, vers 1837, riche d’environ douze cent mille francs dont hérita madame Milaud de la Baudraye, sa nièce directe, et dont s’empara le mari (La Muse du Département).

Piédefer (Madame Moïse), belle-sœur et femme des précédents, personne sèche, d’une dévotion outrée, pensionnée par son gendre, habita successivement le Sancerrois et Paris avec sa fille, madame Milaud de la Baudraye, qu’elle réussit à séparer d’Étienne Lousteau (La Muse du Département).

Pierquin, né vers 1786, successeur de son père, comme notaire, à Douai ; par des Pierquin d’Anvers, un peu cousin des Molina-Claës de la rue de Paris ; nature intéressée, positive ; rechercha en mariage leur fille aînée, Marguerite Claës, devenue madame Emmanuel de Solis ; finit par épouser, dans la seconde année du règne de Charles X, la cadette, Félicie (La Recherche de l’Absolu).

Pierquin (Madame), femme du précédent, née Félicie Claës, trouva, jeune fille, une seconde mère dans sa sœur aînée, Marguerite (La Recherche de l’Absolu).

Pierquin, beau-frère et frère des précédents, médecin à Douai, fut en relations avec les Claës (La Recherche de l’Absolu).

Pierrot, surnom de Charles-Amédée-Louis-Joseph Rifoël, chevalier du Vissard (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Pierrotin, né en 1781. — Après avoir servi dans la cavalerie, il quitta l’armée en 1815, pour succéder à son père dans l’exploitation d’un service de voitures entre Paris et l’Isle-Adam, qui, d’abord modeste, finit par prospérer. Un matin de l’automne de 1822, il « prenait », au Lion d’Argent[7], des personnages connus ou d’une renommée naissante, le comte Hugret de Sérizy, Léon de Lora, Joseph Bridau, et les conduisait à Presles, terre voisine de Beaumont. Pierrotin, devenu « entrepreneur des messageries de l’Oise », mariait en 1838, sa fille, Georgette, avec Oscar Husson, officier supérieur en retraite, percepteur de Beaumont, et, comme les Canalis ou les Moreau, depuis longtemps « l’un de ses voyageurs » (Un Début dans la Vie).

Pietro, Corse, l’un des domestiques des Bartholomeo di Piombo, parents de madame Luigi Porta (La Vendetta).

Pigeau, sous la Restauration successivement maître carrier et petit propriétaire à Nanterre (entre Paris et Saint-Germain en Laye) d’une maison qu’il bâtit, lui-même, très économiquement (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Pigeau (Madame), femme du précédent ; appartenant à une famille de marchands de vin. — Après la mort de son mari, sur la fin de la Restauration, elle fit un tout petit héritage qui lui porta malheur, par suite de son avarice méfiante. Madame Pigeau se proposait de quitter Nanterre et de gagner Saint-Germain pour y vivre de son viager, quand elle fut assassinée, avec ses chiens et sa servante, par Théodore Calvi, dans l’hiver de 1828-1829 (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Pigeron, d’Auxerre, mourut, dit-on, de la main de sa femme : quoi qu’il en soit, l’autopsie du corps, confiée à Vermut, pharmacien de Soulanges (en Bourgogne), signala du poison (Les Paysans).

Pigoult, fut premier clerc de l’étude où Malin de Gondreville et Grévin étudièrent la chicane ; puis, vers 1806, et successivement, juge de paix d’Arcis, et président du tribunal de cette ville, au moment du procès relatif à la séquestration de Malin, quand il dut, comme Grévin, poursuivre l’affaire (Une Ténébreuse Affaire). Demeuré dans l’arrondissement, Pigoult vivait encore, aux environs de 1839. Il reconnut alors publiquement Pantaléon, marquis de Sallenauve, père putatif de Charles Dorlange devenu comte de Sallenauve, et servit ainsi les intérêts ou les ambitions du député (Le Député d’Arcis).

Pigoult, fils du précédent, acquit le fonds de bonneterie de Philéas Beauvisage, fit de mauvaises affaires, et se tua ; mais parut être mort subitement (Le Député d’Arcis).

Pigoult (Achille), fils et petit-fils des précédents, né en 1801. — Homme de peu d’extérieur et de beaucoup d’intelligence, il remplaça maître Grévin ; fut, en 1819, le notaire le plus occupé d’Arcis. La protection de Gondreville, la fréquentation de Beauvisage et de Giguet firent qu’il se mêla fort aux luttes électorales d’alors : il combattit la candidature Simon Giguet et soutint avec succès le comte de Sallenauve. La présentation du marquis Pantaléon de Sallenauve au vieux Pigoult eut lieu par l’intervention d’Achille Pigoult et assura le triomphe du sculpteur Sallenauve-Dorlange (Le Député d’Arcis).

Pillerault (Claude-Joseph), très honnête commerçant parisien, propriétaire de la Cloche d’Or, maison de quincaillerie, quai de la Ferraille[8] ; fit une modeste fortune ; se retira des affaires en 1814. Après avoir successivement perdu sa femme, son fils et un enfant adopté, Pillerault consacra sa vie à sa nièce, Constance-Barbe-Joséphine, dont il était le tuteur et l’unique parent. — Pillerault habita la rue des Bourdonnais, en 1818 ; il occupait un petit appartement que lui louait Camusot (du Cocon d’or). Durant cette période, Pillerault fut admirable d’intelligence, d’énergie et de cœur auprès des Birotteau, malheureux ou compromis. Il devina Claparon, terrifia Molineux, l’un et l’autre leurs ennemis. La politique, ainsi que le café David, situé entre les rues de la Monnaie et Saint-Honoré, prit le reste des loisirs de Pillerault, républicain stoïque et candide ; plein d’égards pour madame Vaillant, sa femme de ménage, et traitant de dieux Manuel, Foy, Périer, Lafayette, Courier (César Birotteau). Pillerault vécut fort âgé. Les Anselme Popinot, ses petits-neveux, l’entouraient en 1844. Poulain guérit d’une maladie l’octogénaire, alors possesseur d’un immeuble (rue de Normandie, au Marais) géré par les Cibot et comptant comme locataires, la famille Chapoulot, Schmucke, Sylvain Pons (Le Cousin Pons).

Pillerault (Constance-Barbe-Joséphine). — V. Birotteau (madame César).

Pimentel (Marquis et marquise de) jouissaient, pendant la Restauration, d’une haute influence, non seulement, parmi la société parisienne, mais surtout dans le département de la Charente, où ils résidaient, l’été. Ils passaient pour les plus riches propriétaires des environs d’Angoulême, fréquentaient leurs pairs, les Rastignac, et composaient avec eux la fleur de la société des Bargeton (Illusions perdues).

Pille-Miche. — V. Cibot.

Pinaud (Jacques), « pauvre marchand de toiles », nom sous lequel M. d’Orgemont, riche propriétaire de Fougères, essaya de se dissimuler auprès des chouans, afin de ne pas être pillé par eux, en 1799 (Les Chouans).

Pingret, oncle à succession de M. et madame des Vanneaulx ; maître de Jeanne Malassis ; avare, habitant une maison isolée du faubourg Saint-Étienne, près Limoges ; nuitamment volé et assassiné, en mars 1829, par Jean-François Tascheron (Le Curé de Village).

Pinson, restaurateur parisien[9] longtemps fameux, de la rue de l’Ancienne-Comédie, chez qui, sous Louis-Philippe, Théodose de la Peyrade, réduit à la dernière misère, fit, aux frais de Cérizet et de Dutocq, un dîner de quarante-sept francs, où fut conclu entre ces trois hommes un pacte d’intérêts (Les Petits Bourgeois).

Piombo (Baron Bartholomeo di), né en 1738, compatriote et ami de Napoléon Bonaparte, dont il avait protégé la mère, au moment des troubles de Corse. — Après une terrible vendetta exercée en Corse contre tous les Porta sauf un seul, il dut quitter le pays misérablement, et vint à Paris avec sa famille. Par l’entremise de Lucien Bonaparte, il vit le premier consul (octobre 1800) et obtint alors biens, titres et places. Piombo ne fut point ingrat : ami de Daru, de Drouot, de Carnot, il témoigna de son dévouement jusqu’au dernier jour de son bienfaiteur. Le retour des Bourbons ne lui retira pas entièrement les ressources qu’il avait acquises. De madame Lætitia Bonaparte, sur ses propriétés corses, Bartholomeo reçut une somme qui lui permit d’acheter et d’habiter l’hôtel de Portenduère. Le mariage de sa fille adorée, Ginevra, devenue, contre le gré paternel, la femme du dernier des Porta, fut pour Piombo une cause de désolation et d’irritation que rien ne put affaiblir (La Vendetta).

Piombo (Baronne Elisa di), née en 1745, femme du précédent et mère de madame Porta, ne put obtenir, de Bartholomeo, le pardon de Ginevra, que son père ne voulut plus voir, une fois mariée (La Vendetta).

Piombo (Ginevra di). — V. Porta (madame Luigi).

Piombo (Gregorio di), frère et fils des précédents ; périt, enfant, victime des Porta, en vendetta contre les Piombo (La Vendetta).

Piquetard (Agathe). — V. Hulot d’Ervy (baronne Hector).

Piquoizeau, concierge de Frédéric de Nucingen, quand Rodolphe Castanier tenait la caisse de la maison de banque du baron (Melmoth réconcilié).

Plaisir, « illustre coiffeur » de Paris, en septembre 1816, accommoda, rue Taitbout, Caroline Crochard de Bellefeuille, alors maîtresse du comte de Granville (Une Double Famille).

Planat de Baudry. — V. Baudry (Planat de).

Planchette, illustre professeur de mécanique, consulté par Raphaël de Valentin au sujet de l’étrange peau de chagrin que le jeune homme possédait ; le mena chez Spieghalter, mécanicien, et chez le baron Japhet, chimiste, qui tentèrent vainement de donner de l’extension à cette peau. L’impuissance de la science dans cette tentative stupéfia Planchette et Japhet. « Ils étaient comme des chrétiens sortant de leurs tombes sans trouver un Dieu dans le ciel. » Planchette, grand homme sec, était une espèce de poète toujours en contemplation (La Peau de Chagrin).

Plantin, publiciste parisien, était, en 1834, rédacteur dans une revue et ambitionnait une place de maître des requêtes au conseil d’État, lorsque Blondet la recommanda à Raoul Nathan, qui fondait un grand journal (Une Fille d’Ève).

Plissoud, ainsi que Brunet, huissier audiencier à Soulanges (Bourgogne) et son concurrent malheureux. — Il appartint, sous la Restauration, à la « seconde » société de la petite ville ; se vit exclu de la « première », en raison de l’inconduite de sa femme, née Euphémie Wattebled. Joueur, buveur, Plissoud ne fit pas fortune ; car, s’il cumula bien des fonctions, elles étaient peu rétribuées chacune ; il fut correspondant des assurances, ainsi qu’agent d’une société contre les chances du recrutement. Adversaire du salon Soudry, maître Plissoud eût facilement servi, surtout contre espèces, les intérêts de Montcornet, châtelain des Aigues (Les Paysans).

Plissoud (Madame Euphémie), femme du précédent, fille de Wattebled ; régna sur la « seconde » société de Soulanges, comme madame Soudry sur la « première », et, quoique mariée, vécut avec maître Lupin quasi maritalement (Les Paysans).

Poidevin était, au mois de novembre 1806, deuxième clerc de maître Bordin, avoué à Paris (Un Début dans la Vie).

Poincet, vieil et malheureux écrivain public, interprète au palais de justice de Paris ; vers 1815, accompagna Christemio chez Henri de Marsay, pour traduire les paroles de l’envoyé de Paquita Valdès (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or).

Poirel (L’abbé), prêtre de Tours, promu chanoine, du temps où monseigneur Troubert, ainsi que mademoiselle Gamard, persécuta l’abbé François Birotteau (Le Curé de Tours).

Poiret aîné, né à Troyes. — Il était fils d’un commis des fermes et d’une femme dont l’inconduite fut notoire et qui mourut à l’hôpital. Venu à Paris avec un frère cadet, il devint, comme lui, l’un des employés surchargés de besogne de l’administration de Robert Lindet, où il connut le garçon de bureau Antoine ; quitta, retraité, le ministère des finances en 1814, et fut remplacé par Saillard (Les Employés). Crétinisé, attaché au célibat en raison de l’horreur que lui inspirait le souvenir des désordres maternels, idémiste affligé du tic de répéter, avec quelques variations, les paroles de ses interlocuteurs, Poiret se fixa rue Neuve-Sainte-Geneviève, à la pension bourgeoise de madame Vauquer ; occupa, chez la veuve, le second étage de la maison ; fréquenta Christine-Michelle Michonneau et l’épousa, quand Horace Bianchon réclama le renvoi de cette fille, dénonciatrice de Jacques Collin (1819) (Le Père Goriot). Poiret rencontra souvent alors M. Clapart, camarade retrouvé rue de la Cerisaie, logea rue des Poules et perdit la santé (Un Début dans la Vie. — Splendeurs et Misères des Courtisanes). Il mourut sous Louis-Philippe (Les Petits Bourgeois).

Poiret (Madame), femme du précédent, née Christine-Michelle Michonneau en 1779, eut sans doute une jeunesse orageuse. — Prétendant avoir été persécutée par les héritiers d’un riche vieillard qu’elle avait soigné, Christine-Michelle Michonneau devint, sous la Restauration, une des pensionnaires de madame veuve Vauquer, née Conflans ; occupa le troisième étage de la maison de la rue Neuve-Sainte-Geneviève ; fit de Poiret son chevalier ; s’entendit avec Bibi-Lupin (Gondureau) pour livrer Jacques Collin, hôte de madame Vauquer. Ayant ainsi contenté son avidité et sa rancune, mademoiselle Michonneau fut obligée de quitter la rue Neuve-Sainte-Geneviève, sur la réclamation formelle de Bianchon, l’un des habitués (Le Père Goriot). Accompagnée de Poiret, qu’elle épousa dans la suite, elle se transporta rue des Poules et loua des garnis. Appelée devant le juge d’instruction Camusot (mai 1830), elle reconnut Jacques Collin dans le pseudo-abbé Carlos Herrera (Splendeurs et Misères des Courtisanes). Dix ans plus tard, alors veuve, madame Poiret demeurait encore au coin de la rue des Postes et comptait Cérizet parmi ses locataires (Les Petits Bourgeois).

Poiret jeune, beau-frère et frère des précédents, né en 1771 ; eut les débuts, les instincts, la pauvreté d’esprit de son aîné, parcourut la même carrière, accablé de travail sous Lindet ; resta commis rédacteur du Trésor, dix années de plus que Poiret aîné ; tint aussi les livres de deux négociants dont un fut Camusot du Cocon d’or ; habita la rue du Martroi ; dîna régulièrement au Veau qui tette[10], place du Châtelet ; se fournit de chapeaux chez Tournan, rue Saint-Martin, et, victime des mystifications de J.-J. Bixiou, finit employé des finances dans le bureau de Xavier Rabourdin. Retraité le 1er  janvier 1825, Poiret jeune comptait se retirer à la maison Vauquer (Les Employés).

Polissard, adjudicataire du bois de Ronquerolles, en 1821 ; employa probablement, à cette époque, sur la recommandation de Gaubertin, comme garde-vente, Vaudoyer, paysan de Ronquerolles, garde champêtre de Blangy (Bourgogne), destitué peu de temps auparavant (Les Paysans).

Pollet, libraire éditeur à Paris, en 1821 ; concurrent de Doguereau ; publia Léonide ou La Vieille de Suresnes, roman de Victor Ducange ; fut en relations avec Porchon et Vidal ; se trouva chez eux, quand Lucien de Rubempré leur présenta son Archer de Charles IX (Illusions perdues).

Pombreton (Marquis de), personnage problématique ; lieutenant des mousquetaires noirs sous l’ancien régime, ami du chevalier de Valois, qui se targuait de lui avoir prêté, afin de le faire émigrer, douze cents pistoles. Pombreton les rendit, sans doute, plus tard, mais ce fait demeura toujours incertain ; car M. de Valois, joueur trop heureux, avait intérêt à répandre le bruit de cette restitution, pour masquer les ressources qu’il tirait du jeu : aussi, cinq ans après, vers 1821, Étienne Lousteau déclarait-il la succession Pombreton, de même que l’affaire Maubreuil[11], un des « clichés » productifs du journalisme. Enfin, le Courrier de l’Orne de M. du Bousquier publia, dans les environs de l’année 1830, ces lignes : « Il sera délivré une inscription de mille francs de rente à la personne qui pourra démontrer l’existence d’un M. de Pombreton avant, pendant ou après l’émigration » (Illusions perdues. — La Vieille Fille).

Pomponne (La). — V. Toupinet (madame).

Pons (Sylvain)[12], né vers 1785 ; fils tard venu de M. et madame Pons, qui fondèrent, avant 1789, la célèbre maison parisienne de broderies d’uniformes achetée, en 1815, par M. Rivet ; cousin germain de la première madame Camusot du Cocon d’or, unique héritière des fameux Pons, frères, brodeurs de la Cour ; prix de Rome, sous l’Empire, pour la composition musicale, revint à Paris vers 1810, et fut célèbre pendant quelques années par des romances et des mélodies fines et pleines de grâce. De son séjour en Italie, Pons rapporta surtout le culte du bibelot et le goût des objets d’art. Sa passion de collectionneur dévora presque tout son patrimoine. Pons devint le rival de Sauvageot. Monistrol, Élie Magus apprécièrent secrètement, avec envie, les richesses artistiques ingénieusement et économiquement rassemblées par le musicien. Pons, ignorant lui-même la valeur brute de son musée, courut le cachet, enseigna l’harmonie. Cette inconscience le perdit plus tard ; car il était d’autant plus amoureux de tableaux, de pierres ou de meubles, que la gloire lyrique lui fut refusée, et que sa laideur, compliquée de sa prétendue pauvreté, l’empêcha de se marier. Les satisfactions de la gourmandise remplacèrent celles de l’amour ; il rencontra également dans l’amitié de Schmucke des compensations à son isolement. Pons pâtit de son goût pour la bonne chère ; il vieillit en parasite au delà même du cercle de sa famille, toléré tout juste par ses petits-cousins, les Camusot de Marville et leurs alliés, Cardot, Berthier, Popinot. Ayant rencontré, en 1834, à la distribution de prix d’un pensionnat de jeunes filles, le pianiste Schmucke, professeur comme lui, il trouva, dans l’étroite intimité qui se forma entre eux, un dédommagement aux mécomptes de son existence. Sylvain Pons dirigeait l’orchestre du théâtre dont Félix Gaudissart fut l’imprésario durant la monarchie de Juillet. Il y fit admettre Schmucke, auprès duquel il habita, rue de Normandie, une maison appartenant à C.-J. Pillerault, et vécut heureux plusieurs années. Les rancunes de Madeleine Vivet, celles d’Amélie Camusot de Marville, ainsi que les convoitises de la concierge madame Cibot, de Fraisier, Magus, Poulain, Rémonencq, aggravèrent peut-être chez Pons une hépatite dont il mourut (avril 1845), instituant Schmucke son légataire universel devant maître Léopold Hannequin, prévenu par les soins d’Héloïse Brisetout. — Pons allait être chargé de composer la musique d’un ballet intitulé les Mohicans : ce travail échut, sans doute, à son successeur Garangeot (Le Cousin Pons).

Popinot, échevin de Sancerre, au XVIIIe siècle ; père de Jean-Jules Popinot et de madame Ragon (née Popinot). — Magistrat dont il resta un portrait peint par Latour, décorant, sous la Restauration, le salon de madame Ragon, domiciliée à Paris, dans le quartier Saint-Sulpice (César Birotteau).

Popinot (Jean-Jules), fils du précédent, frère de madame Ragon, mari de mademoiselle Bianchon (de Sancerre), embrassa la carrière de la magistrature, mais n’y atteignit pas promptement le rang que lui méritaient ses lumières et son intégrité. Jean-Jules Popinot demeura longtemps simple juge à Paris. Il s’intéressa beaucoup au sort du jeune orphelin Anselme Popinot, son neveu, commis de César Birotteau, et fut invité avec madame Jean-Jules Popinot au célèbre bal du parfumeur, le dimanche 17 décembre 1818. Près de dix-huit mois plus tard, Jean-Jules Popinot revit Anselme, installé droguiste rue des Cinq-Diamants, et rencontra le commis voyageur Félix Gaudissart, dont il essaya d’excuser quelques paroles imprudentes sur la situation politique, relevées par le policier Canquoëlle-Peyrade (César Birotteau). Trois ans plus tard, il perdit sa femme, qui lui avait apporté en dot un revenu de six mille francs représentant juste le double de son avoir personnel. Désormais domicilié rue du Fouarre, Popinot put librement donner cours à une vertu qui chez lui était devenue une passion, la charité. Sur la prière d’Octave de Bauvan, Jean-Jules Popinot, pour secourir la femme du comte, Honorine, lui envoya un faux commissionnaire en marchandises, peut-être Félix Gaudissart, payant plus que généreusement les fleurs qu’elle fabriquait (Honorine). Jean-Jules Popinot finit par établir une sorte de ministère de la bienfaisance. Lavienne, son domestique, Horace Bianchon, son neveu (du côté de madame Popinot), le secondèrent ; il tira de peine madame Toupinet, pauvresse de la rue du Petit-Banquier (1828). La requête de madame d’Espard pour l’interdiction de son mari vint distraire Popinot de son rôle de saint Vincent de Paul : homme d’une rare finesse dissimulée sous des dehors incultes ou rudes, il découvrit immédiatement l’injustice des griefs invoqués par la marquise, et reconnut la véritable victime en M. d’Espard, lorsqu’il l’interrogea, 22, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, dans un appartement, dont il parut envier l’aménagement, quoique bien simple et contrastant avec les splendeurs entrevues faubourg Saint-Honoré, chez la marquise. Un retard venu d’un rhume de cerveau, et surtout l’influence des intrigues de madame d’Espard écartèrent de la cause Popinot, auquel Camusot se trouva substitué (L’Interdiction). On a, sur les derniers jours de Jean-Jules Popinot, des renseignements différents. La société de madame de la Chanterie pleurait la mort du juge en 1833 (L’Envers de l’Histoire contemporaine), et Phellion en 1840. J.-J. Popinot décéda probablement, 22, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, dans le logement qu’il avait jadis convoité, conseiller à la Cour, conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine (Les Petits Bourgeois).

Popinot (Anselme), orphelin pauvre, neveu du précédent et de madame Ragon (née Popinot), qui prirent soin de son enfance. — Petit, roux, boiteux, il devint aisément commis de César Birotteau, le parfumeur parisien de la Reine des Roses, le successeur de Ragon, chez lequel il travailla beaucoup, afin de pouvoir reconnaître les bienfaits d’une partie de sa famille, presque ruinée à la suite de malheureux placements (mines de Wortschin, 1818-1819). Anselme Popinot, secrètement amoureux de Césarine Birotteau, fille de son patron, payé, d’ailleurs, de réciprocité, amena, dans la mesure de ses moyens, la réhabilitation de César, grâce aux bénéfices de sa maison de drogueries, fondée rue des Cinq-Diamants[13] entre 1819 et 1820. L’origine de sa grande fortune et de son bonheur domestique data de cette époque (César Birotteau). Après la mort de Birotteau, vers 1822, Popinot épousa mademoiselle Birotteau, dont il eut trois enfants, deux fils et une fille. Les conséquences de la révolution de 1830 portèrent aux honneurs et au pouvoir Anselme Popinot, qui fut deux fois député dès le commencement du règne de Louis-Philippe, et, de plus, ministre du commerce (L’Illustre Gaudissart). Anselme Popinot, à double reprise secrétaire d’État, avait enfin été nommé comte et pair de France. Il possédait un hôtel rue Basse-du-Rempart[14]. Il récompensa, en 1834, Félix Gaudissart de services rendus autrefois rue des Cinq-Diamants, et lui confia la direction d’un théâtre du boulevard où alternèrent opéras, drames, féeries, ballets (Le Cousin Pons). Quatre ans plus tard, le comte Popinot, de nouveau ministre de l’agriculture et du commerce, amateur d’arts et jouant volontiers le rôle d’un Mécène délicat, achetait deux mille francs un exemplaire du Groupe de Samson de Steinbock, et exigeait la destruction du moule, afin qu’il ne restât que deux Samson, le sien et celui de mademoiselle Hortense Hulot, fiancée de l’artiste. Lorsque Wenceslas épousa mademoiselle Hulot d’Ervy, Popinot fut, comme Eugène de Rastignac, le témoin du Polonais (La Cousine Bette).

Popinot (Madame Anselme), femme du précédent, née Césarine Birotteau en 1801. — Belle et bonne, presque promise, d’abord, à Alexandre Crottat, elle épousa, vers 1822, Anselme Popinot, qu’elle aimait et dont elle était aimée (César Birotteau). Une fois mariée, au milieu des grandeurs, elle resta la personne simple, honnête, même naïve, du temps de sa modeste jeunesse[15]. La transformation de la danseuse Claudine du Bruel, l’ancienne Tullia de l’Académie royale de musique, en bourgeoise correcte, surprit madame Anselme, qui la fréquentait (Un Prince de la Bohème). La comtesse Popinot secourut délicatement, en 1841, Adeline Hulot d’Ervy. Son intervention et celle de mesdames de Rastignac, de Navarreins, d’Espard, de Grandlieu, de Carigliano, de Lenoncourt, de la Bastie la firent nommer inspectrice de bienfaisance appointée (La Cousine Bette). Trois ans plus tard, lorsque l’un de ses trois enfants épousait mademoiselle Camusot de Marville, madame Popinot, qui pourtant se montrait dans les réunions les plus recherchées, imitant le modeste Anselme, et au contraire d’Amélie Camusot, accueillait Pons, locataire de son grand-oncle maternel, C.-J. Pillerault (Le Cousin Pons).

Popinot (Vicomte), l’aîné des trois enfants des précédents, épousa, en 1845, Cécile Camusot de Marville (Le Cousin Pons). — Dans le courant de 1846, il questionna Victorin Hulot, sur le second et singulier mariage du baron Hector Hulot d’Ervy, célébré le 1er  février de cette même année (La Cousine Bette).

Popinot (Vicomtesse), femme du précédent ; née Cécile Camusot en 1821, avant l’adjonction du nom de Marville à celui de Camusot, par suite de l’acquisition d’une terre normande. — Rousse, prétentieuse, insignifiante, elle persécuta son arrière-petit-cousin Pons, dont, plus tard, elle hérita ; faute de fortune suffisante, elle manqua, d’abord, plus d’un mariage, et fut dédaignée du riche Frédéric Brunner, surtout à cause de sa situation de fille unique, d’enfant gâtée (Le Cousin Pons).

Popinot-Chandier (Madame et mademoiselle), mère et fille ; de la famille de madame Boirouge ; Sancerroises ; fréquentant chez madame de la Baudraye, dont elles raillèrent bourgeoisement la supériorité (La Muse du Département).

Popole, filleul d’Angélique Madou qui fut en relations commerciales avec le parfumeur Birotteau (César Birotteau).

Porchon. — V. Vidal.

Porrabéril (Euphémie). — V. San-Réal (marquise de).

Porriquet, vieux classique, fut professeur de Raphaël de Valentin, qu’il eut pour élève en sixième, en troisième et en rhétorique. Renvoyé sans pension de l’Université après la révolution de Juillet, comme entaché de carlisme, septuagénaire, pauvre, ayant un neveu dont il payait la pension au séminaire Saint-Sulpice, il vint solliciter l’appui de son cher « nourrisson » pour obtenir une place de proviseur en province et fut grossièrement traité par le carus alumnus dont chaque acte de volonté abrégeait l’existence (La Peau de Chagrin).

Porta (Luigi), né en 1793, portrait frappant d’une sœur du prénom de Nina. — Il était le dernier membre qui restât, au commencement du XIXe siècle, de la famille corse Porta, par suite d’une sanglante vendetta entre ses parents et les Piombo. Luigi Porta, seul, fut sauvé, par Élisa Vanni, au dire de Giacomo[16] ; il habita Gênes, où il s’engagea, et se trouva, tout jeune, à l’affaire de la Bérésina. Sous la Restauration il était déjà officier supérieur ; il interrompit sa carrière militaire et fut traqué en même temps que Labédoyère. Luigi Porta trouva dans Paris un asile : le peintre bonapartiste Servin, qui avait ouvert un atelier de dessin où il enseignait son art aux jeunes filles, cacha le commandant Porta. Une des élèves, Ginevra di Piombo, découvrit la retraite du proscrit, le secourut, l’aima, s’en fit aimer et l’épousa, malgré Bartholomeo di Piombo, son père. Luigi Porta prit comme témoin, quand il se maria, Louis Vergniaud, son ancien camarade, également connu d’Hyacinthe-Chabert ; vécut tant bien que mal d’écritures entreprises, perdit sa femme, brisée par la misère, et vint apprendre cette mort aux Piombo. Il mourut presque aussitôt après elle (1820) (La Vendetta).

Porta (Madame Luigi), femme du précédent, née Ginevra di Piombo, vers 1790 ; eut, en Corse comme à Paris, l’existence tourmentée de ses père et mère, les Piombo, dont elle fut l’enfant adorée. Ginevra connut, dans l’atelier du peintre Servin, où par son talent elle brillait au-dessus de la classe entière, mesdames Tiphaine et Camusot de Marville, alors mesdemoiselles Roguin et Thirion. Défendue par Laure, seule, elle subit même les persécutions cruellement organisées d’Amélie Thirion, royaliste, envieuse, principalement quand l’élève préférée du cours de dessin découvrit et soigna Luigi Porta, épousé par elle un peu plus tard contre le gré de Bartholomeo di Piombo. Madame Porta vécut misérablement ; usa de Magus pour des travaux, maigrement payés, de copies de tableaux ; mit au monde un fils, Barthélemy ; ne put le nourrir ; le perdit, et mourut de chagrin et d’épuisement, pendant l’année 1820 (La Vendetta).

Portail (Du), nom pris par Corentin, quand, « préfet de police occulte de la diplomatie et de la haute politique », il habita, sous Louis-Philippe, la rue Honoré-Chevalier (Les Employés).

Portenduère (Comte Luc-Savinien de), petit-fils de l’amiral de Portenduère, né vers 1788, représenta la branche aînée des Portenduère, dont madame de Portenduère et son fils Savinien, ses cousins, représentèrent la branche cadette. — Sous la Restauration, mari d’une femme riche, père de trois enfants, député de l’Isère, il habita, suivant les saisons, le château ou l’hôtel de Portenduère situés, l’un dans le Dauphiné, l’autre à Paris, et ne secourut pas le vicomte Savinien poursuivi pour dettes (Ursule Mirouet).

Portenduère (Madame de), née Kergarouët, Bretonne, fière de sa noblesse et de sa race. — Elle épousa un capitaine de vaisseau, neveu du fameux amiral de Portenduère, « le rival des Suffren, des Kergarouët et des Simeuse » ; lui donna un fils, Savinien ; survécut à son mari ; fréquenta les Rouvre, ses voisins de campagne, car, par suite de son peu de fortune, elle habita, sous la Restauration, la petite ville de Nemours, rue des Bourgeois, où logea Denis Minoret. Les dissipations coûteuses de Savinien et la longue résistance opposée à son mariage avec Ursule Mirouet attristèrent ou, du moins, agitèrent les derniers jours de madame de Portenduère (Ursule Mirouet).

Portenduère (Vicomte Savinien de), fils de la précédente, né en 1806, cousin du comte de Portenduère descendant du célèbre amiral de ce nom, petit-neveu du vice-amiral de Kergarouët. — Il quitta, pendant la Restauration, la petite ville de Nemours et la compagnie de sa mère, pour aller vivre de la vie de Paris, où, malgré sa parenté avec les Fontaine, il aima, sans rencontrer aucune réciprocité, Émilie de Fontaine, qui fut successivement amirale de Kergarouët et marquise de Vandenesse (Le Bal de Sceaux). Savinien s’éprit aussi de Léontine de Sérizy ; fréquenta Marsay, Rastignac, Rubempré, Maxime de Trailles, Blondet, Finot ; perdit promptement une somme considérable, et, criblé de dettes, devint pensionnaire de Sainte-Pélagie ; il reçut alors Marsay, Rastignac, Rubempré, désireux de secourir sa détresse raillée par Florine, plus tard madame Raoul Nathan (Splendeurs et Misères des Courtisanes). Poussé par sa pupille, Ursule Mirouet, un des voisins de Savinien à Nemours, Denis Minoret, avança la somme nécessaire pour liquider le passif du jeune Portenduère et le délivra. Le vicomte s’engagea dans la marine et se retira avec le grade d’enseigne et la décoration, deux ans après la révolution de Juillet, cinq ans avant de pouvoir épouser Ursule Mirouet (Ursule Mirouet). Le vicomte et la vicomtesse de Portenduère firent un ménage charmant, rappelant deux autres couples parisiens heureux : les Laginski, les Ernest de la Bastie. En 1840, ils habitèrent la rue des Saints-Pères[17], devinrent les intimes des Calyste du Guénic, et partagèrent leur loge aux Italiens[18] (Béatrix).

Portenduère (Vicomtesse Savinien de), femme du précédent, née Mirouet, en 1814. — Fille orpheline d’un artiste malheureux, le capitaine de musique Joseph Mirouet, et de l’Allemande Dinah Grollman ; petite-fille naturelle du célèbre claveciniste Valentin Mirouet, et par conséquent nièce du riche docteur Denis Minoret, elle fut recueillie, enfant, par ce dernier et devint sa pupille d’autant plus adorée, qu’elle rappelait, par ses traits et son caractère, madame Denis Minoret, décédée. L’adolescence et la jeunesse d’Ursule, passées à Nemours, furent successivement remplies de joie et d’amertume. Les domestiques, les intimes amis de son tuteur la comblèrent de marques de sollicitude. Musicienne distinguée, la future vicomtesse reçut des leçons d’harmonie du pianiste Schmucke, appelé de Paris. — Pieuse, elle convertit le voltairien Denis Minoret ; mais l’influence qu’elle prit sur lui provoqua contre la jeune fille la féroce inimitié des Minoret-Levrault, Massin, Crémière, Dionis, Goupil, qui, pressentant en elle la future légataire universelle du docteur, la dépouillèrent, la calomnièrent et la persécutèrent cruellement. Ursule fut aussi repoussée par madame de Portenduère, dont elle aima le fils, Savinien. Plus tard, le repentir de Minoret-Levrault et de Goupil, manifesté sous des formes diverses, et son mariage avec le vicomte de Portenduère, enfin approuvé par la mère, consolèrent Ursule de la perte de Denis Minoret (Ursule Mirouet). Paris l’adopta, la fêta ; elle obtint, dans le monde, un vif succès de chanteuse (Autre Étude de Femme). Au milieu de son bonheur, la vicomtesse se montra, en 1840, l’amie dévouée de madame Calyste du Guénic relevant de couches, presque mourante, pleurant une trahison conjugale (Béatrix).

Postel fut, à l’Houmeau, faubourg d’Angoulême, l’élève, le commis du pharmacien Chardon ; lui succéda lorsqu’il mourut ; se montra bon pour la malheureuse famille de son ancien patron ; désira vainement épouser Ève, par la suite madame David Séchard, et devint le mari de Léonie Marron, dont il eut de chétifs enfants (Illusions perdues).

Postel (Madame), femme du précédent, née Léonie Marron, fille du docteur Marron, médecin de Marsac (Charente) ; par jalousie, bouda la belle madame Séchard ; par cupidité, choya l’abbé Marron, parent dont elle attendait la succession (Illusions perdues).

Potasse (La famille), sobriquet des Protez, fabricants de produits chimiques, associés de Cochin, que connurent Minard, Phellion, Thuillier, Colleville, types de bourgeois parisiens, vers 1840 (Les Petits Bourgeois).

Potel, ancien commandant des armées impériales, retiré, pendant la Restauration, à Issoudun, avec le capitaine Renard, prit parti pour Maxence Gilet contre les officiers Mignonnet et Carpentier, adversaires déclarés du chef des « chevaliers de la Désœuvrance » (La Rabouilleuse).

Pougaud (La petite), eut, tout enfant, un œil crevé par Jacques Cambremer, qui, dès son jeune âge, témoigna d’une perversité précoce (Un Drame au bord de la Mer).

Poulain (Madame), née en 1778. — Elle épousa un culottier qui mourut dans une situation de fortune des plus médiocres ; car, de la vente du fonds, elle ne recueillit qu’un revenu d’environ onze cents francs. Elle vécut alors, vingt années, de travaux que lui donnèrent des confrères de feu Poulain, et dont les maigres profits lui permirent de pousser vers les carrières libérales son fils, le futur médecin, pour qui elle rêvait un riche établissement. — Madame Poulain, femme dépourvue d’éducation, mais pleine de tact, se retirait quand les clients arrivaient chez le docteur. Ainsi fit-elle, dès que madame Cibot franchit le seuil de la rue d’Orléans, au commencement de 1845 ou sur la fin de 1844 (Le Cousin Pons).

Poulain (Docteur), né vers 1805, sans fortune, sans relations, courut vainement la grande clientèle dans Paris, dès 1835. — Il conserva constamment chez lui sa mère, veuve d’un culottier : pauvre « médecin de quartier », il habita, plus tard, avec elle, au Marais, la rue d’Orléans[19] ; connut madame Cibot, concierge d’une maison de la rue de Normandie, dont il guérit le propriétaire, C.-J. Pillerault oncle des Popinot, que soignait habituellement Horace Bianchon. Par madame Cibot encore, Poulain fut appelé auprès du lit de Pons atteint d’hépatite et, avec l’aide de son ami Fraisier, manœuvra en faveur des intérêts des héritiers légaux du musicien, les Camusot de Marville. Un tel service eut sa récompense : en 1845, à la mort de Pons, suivie bientôt de celle de Schmucke, son légataire universel, Poulain se vit attaché à l’hospice des Quinze-Vingts et dirigea le personnel médical de cet important établissement (Le Cousin Pons).

Poupart ou Poupard, d’Arcis-sur-Aube, mari de la sœur de Gothard, l’un des héros de l’affaire Simeuse ; maître de l’auberge du Mulet. — Dévoué aux Cadignan, aux Cinq-Cygne, aux Hauteserre, il logea, en 1839, pendant la période électorale, Maxime de Trailles, alors envoyé gouvernemental, ainsi que Paradis, « tigre » du comte (Le Député d’Arcis).

Poutin, fut colonel du 2e  lanciers, connut le maréchal Cottin, ministre de la guerre en 1841, et lui raconta, longtemps avant cette date, qu’à Saverne, un de ses hommes, ayant volé pour acheter un châle à sa maîtresse, fut pris de repentir et avala du verre brisé, afin d’échapper au déshonneur. — Le prince de Wissembourg rapportait ce fait à Hulot d’Ervy, dont il flétrissait les concussions (La Cousine Bette).

Prélard (Madame), née en 1808, jolie femme, d’abord maîtresse de l’assassin Auguste, qui fut exécuté. — Elle fut et resta constamment sous la dépendance de Jacques Collin : mariée par Jacqueline Collin, tante du pseudo Herrera, elle épousa le chef d’une maison de quincaillerie, sise à Paris, quai aux Fleurs, portant l’enseigne du Bouclier d’Achille (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Prévost (Madame), célèbre marchande de fleurs, dont la maison existe toujours au Palais-Royal. — Au commencement de 1830, Frédéric de Nucingen acheta chez elle un bouquet de dix louis destiné à Esther van Gobseck (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Prieur (Madame), blanchisseuse de fin à Angoulême, chez qui travailla mademoiselle Chardon (plus tard madame David Séchard) (Illusions perdues).

Pron (M. et madame), ménage de professeurs : M. Pron enseigna la rhétorique, en 1840, à Paris, dans un collège dirigé par des prêtres. — Née Barniol, et par conséquent belle-sœur de madame Barniol-Phellion, madame Pron succéda, vers le même temps, à mesdemoiselles La Grave, dans la direction de leur pensionnat de jeunes filles. M. et madame Pron habitaient le quartier Saint-Jacques et fréquentaient le salon Thuillier (Les Petits Bourgeois).

Protez et Chiffreville, fabricants de produits chimiques à Paris, fournirent cent mille francs de marchandises à l’inventeur Balthazar Claës, vers 1812 (La Recherche de l’Absolu). Associés de Cochin (du Trésor), « tous les Protez et les Chiffreville » furent invités au célèbre bal donné, rue Saint-Honoré, par César Birotteau, le dimanche 17 décembre 1818 (César Birotteau).

Proust était clerc de maître Bordin, avoué de Paris, au mois de novembre 1806 ; — fait connu de Godeschal, Oscar Husson, Marest, plusieurs années après, quand ils relevèrent les registres des procureurs qui se succédèrent, par la suite, en l’étude Bordin (Un Début dans la vie).

Provençal (Le), né en 1777, sans doute aux environs d’Arles. — Simple soldat pendant les guerres de la fin du XVIIIe siècle, il fit partie de l’expédition du général Desaix dans la haute Égypte ; prisonnier des Maugrabins, il s’échappa, mais ne put quitter le désert où il trouva des dattes pour seule nourriture. — Réduit à la périlleuse société d’une panthère femelle, il l’apprivoisa singulièrement par des caresses d’abord inconscientes, mais ensuite préméditées ; il l’appelait ironiquement Mignonne, comme une de ses anciennes maîtresses, Virginie. Le Provençal finit par la tuer, non sans regrets, dans un accès de frayeur causé par les amoureuses fureurs de la bête fauve. Vers le même temps, le soldat fut retrouvé et sauvé par quelques hommes de sa compagnie. Trente années après, vieux débris des guerres impériales, amputé de la jambe droite, il se trouvait un jour dans la ménagerie du dompteur Martin et racontait son aventure à un jeune spectateur (Une Passion dans le Désert.)


  1. Voie aujourd’hui augmentée de l’ancienne rue Saint-Nicolas.
  2. Note Wikisource. — Selon cette page de L’Envers de l’Histoire contemporaine, c’est Boislaurier et non Pannier, « mort de chagrin au bagne », qui fut nommé lieutenant-général et qui gouverna un château de la couronne.
  3. Située dans la rue Charlot actuelle.
  4. Avec Pénélope finit la série des biographies d’animaux. Les auteurs du Répertoire ont cru que ces biographies, en petit nombre, d’ailleurs, pouvaient avoir leur intérêt.
  5. Sous le titre de Lydie, en 1882, une partie de la vie de la fille de Peyrade a été mise à la scène au théâtre des Nations (aujourd’hui Théâtre de Paris) ; mais l’auteur ne publia point la pièce.
  6. Aujourd’hui, rue des Feuillantines.
  7. Rue du faubourg Saint-Denis, 51 (aujourd’hui 47) et rue d’Enghien, 2, où se trouvait l’entrée de la Messagerie.
  8. Aujourd’hui, quai de la Mégisserie.
  9. Le restaurant Pinson existait encore tout récemment. Il faisait presque face au café Procope, Zoppi du temps de la jeunesse de Desplein.
  10. Cet établissement a disparu depuis au moins trente-cinq ans.
  11. Maubreuil mourut à la fin du second empire.
  12. M. Alphonse de Launay a tiré, de la vie de Sylvain Pons, un drame qui fut représenté à Paris, au théâtre Cluny, vers 1873.
  13. Réunie à la rue Quincampoix depuis 1851, elle était située entre les rues des Lombards et Aubry-le-Boucher. — Une rue des Cinq-Diamants existe actuellement dans le XIIIe arrondissement.
  14. Voie bouleversée, transformée depuis environ un quart de siècle.
  15. En 1838, le petit théâtre du Panthéon, démoli depuis 1846, donna un drame-vaudeville de M. Eugène Cormon, intitulé César Birotteau et dont madame Anselme Popinot était une des héroïnes.
  16. L’insuffisance de renseignements a empêché de reconstituer l’état civil de Giacomo.
  17. Aujourd’hui prolongée.
  18. Alors installés dans la salle de l’Odéon.
  19. La rue d’Orléans, qui fait, depuis trente-six ans, partie de la rue Charlot, était située entre les rues des Quatre-Fils et de Poitou.