Aller au contenu

Comme un brave coursier vieilli dans les armées

La bibliothèque libre.
Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 270).


SONNET.

 COmme vn braue Courſier vieilli dans les armées
Tout impotẽt de coups, tout ſegnalé d’hazars,
Diſpenſé pour iamais de la fureur de Mars
Pour eſtre le mari des poultres enflammées,
 Oiant le ſon guerrier des trouppes animées,
Ou voiant les eſclairs des eſcus & des dards,
Laiſſe l’Amour laſcif pour l’amour des ſoudards,
Hennit, gratte, treſſault par les plaines aimées :
 Ainſi toutes les fois qu’on diſcourt des combas,
Ie fremis, ie pallis, ie treſſaults, ie debas,
Figurant dans mon cœur l’image de Bellonne.
 Mais c’eſt trop follement : car vn Rai de ſes yeux
Chaſſe ſoudain de moi ce penſer furieux,
Et me fait d’vn Lion vne Biche poltronne.


A. D. V.