À valider

Commentaire sur Des Délits et des Peines/Édition Garnier/17

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XVII.
de la fausse monnaie.

Le crime de faire de la fausse monnaie est regardé comme haute trahison au second chef, et avec justice : c’est trahir l’État que voler tous les particuliers de l’État. On demande si un négociant qui fait venir des lingots d’Amérique, et qui les convertit chez lui en bonne monnaie, est coupable de haute trahison, et s’il mérite la mort. Dans presque tous les royaumes on le condamne au dernier supplice ; il n’a pourtant volé personne : au contraire, il a fait le bien de l’État en lui procurant une plus grande circulation d’espèces. Mais il s’est arrogé le droit du souverain, il le vole en s’attribuant le petit bénéfice que le roi fait sur les monnaies. Il a fabriqué de bonnes espèces, mais il expose ses imitateurs à la tentation d’en faire de mauvaises. C’est beaucoup que la mort[1]. J’ai connu un jurisconsulte qui voulait qu’on condamnât ce coupable, comme un homme habile et utile, à travailler à la monnaie du roi, les fers aux pieds.



  1. Cette peine, inscrite primitivement dans le Code pénal pour prévenir la fabrication et l’émission de la fausse monnaie, a été remplacée, le 13 mai 1863, par celle des travaux forcés à perpétuité.