Complainte sur la ville d'Ani

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Movsês Episkopos
vers le XIVe siècle


Complainte sur la ville d'Ani


 
« Je te pleure, terre d’Arménie,
Tombée aux mains des infidèles.
C’est à cause de nos péchés devenus vastes comme la mer,
Que ces désastres nous ont frappés.
Nous nous sommes égarés dans la voie du mal,
Nous nous sommes écartés de la loi ;
Nous péchons sans nul regrets
Et nous nous perdons dans des pensées mauvaises.
Les églises sont assombries,
Lampes et lustres sont éteints,
Chants et offices se sont tus ;
Tout est foulé au pieds par les infidels
Car nous ne pensons guerre nous tourner vers Dieu
Et implorer à grands crix
Afin qu’il jette sur nous un regard de douceur
Et qu’il ne persiste point à nous abandonner.
Rappelez-vous les enfants de l’antique Israël,
Leur histoire est leur leçon pour beaucoup ;
Ils préchaient, eux aussi, sans nul regret.
Ils tombèrent, captifs aux mains des gentils.
La ville d’Ani, construite il y a longtemps,
Fortifiée d’une haute muraille,
Et où se dressaient pavillons et palais,
Gît aujourd’hui, tout en ruine.
Des églises sans nombres
Qui s’y trouvaient majestueusement assises,
L’une est branlante, l’autre écroulée.
Et une autre devenue bercail de moutons. »