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Congrès français et international du droit des femmes 1889/Texte entier

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CONGRÈS FRANÇAIS & INTERNATIONAL


DU


DROIT DES FEMMES


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AVANT-PROPOS


Nous présentons au public l’ensemble des travaux du Congrès Français et International du Droit des Femmes, tenu à Paris, salle de Géographie, du 25 au 29 juin 1889.

Si cette publication n’a pas paru plus tôt, c’est que la matière en est considérable ; qu’en outre, plusieurs manuscrits étrangers, redemandés par leurs auteurs, pour correction, nous ont été lentement retournés ; et qu’enfin, les élections du 22 septembre et du 6 octobre ayant surchargé les imprimeries de besogne, il s’en est suivi du retard.

Du reste, pendant une période aussi occupée que celle que nous venons de traverser, était-il opportun de publier ce volume ? nous ne le pensons pas.

Le succès retentissant de notre Congrès donne à ce document une importance exceptionnelle.

Il appert, d’après les relevés des agences de la presse, fournissant aux intéressés les renseignements désirables, que de tous les Congrès qui ont eu lieu pendant l’Exposition Universelle du Centenaire, celui du Droit des Femmes a attiré le plus d’attention et a obtenu le plus de publicité ; le chiffre des articles tant étrangers que français, rédigés à ce sujet, dépasse 600 !

L’esprit général qui s’en dégage est favorable à notre cause, nous le constatons avec la plus vive satisfaction ; aussi de toutes les appréciations émanées de journaux des deux mondes, formerons-nous un curieux et précieux album.

Ce seul fait, prouve, d’une façon péremptoire, que les idées de liberté, de justice et de droit prennent, de jour en jour, une plus grande extension dans les consciences ; que la question du droit de la femme s’impose et que de sa solution dans le sens de l’équité, dépend la continuation du progrès.

L’agitation qui se produit, à cet égard, chez les plus grandes nations en est la démonstration irréfutable.

Et du reste, c’est sous l’impression de cette imposante manifestation du Congrès, que la Chambre a voté, le vendredi suivant, la proposition de loi relative à l’électorat des femmes commerçantes pour les tribunaux de commerce, déposée par M. Ernest Lefèvre, vice-président. Envoyée au Sénat, cette proposition a rencontré des résistances ; mais nous espérons qu’elles céderont devant le mouvement de l’opinion.

Si la maladie n’avait éloigné de la Chambre, notre ami et éloquent avocat, M. Ernest Lefèvre, nous ne doutons pas que le projet de loi, en faveur des Droits civils de la femme, n’eût été voté dans cette législature. Malheureusement, la la mort, l’inexorable mort, vient d’enlever cet homme d’élite à la Patrie, à la République et à toutes les justes causes.

Cette perte prématurée nous plonge dans un deuil profond !

Nous aurions voulu comprendre dans le volume toutes les études qui nous ont été adressées, mais dans le nombre, il en est qui, étant venues trop tard, n’ont pu être classées, et d’autres, qui, traitant des sujets identiques, faisaient double emploi.

Nous signalons avec éloge les manuscrits de Mme André-Léo, Vve Champseix ; de M. Louis Amiable, maire du 5° arrondissement ; de M. Goron, président de la Société nantaise du Droit des Femmes : sur la recherche de la paternité ; de M. le D’ Jegou, de la Nouvelle-Orléans.

Nous leur exprimons tous nos regrets de n’avoir pu insérer leurs mémoires, et nous leur envoyons le témoignage de notre profonde reconnaissance.

La Commission d’organisation.


CONGRÈS FRANÇAIS ET INTERNATIONAL DU DROIT DES FEMMES DE 1889


Paris, le 15 Mars 1889.


CIRCULAIRE DE LA COMMISSION D’ORGANISATION


Le Centenaire de 89 étant la célébration de la proclamation du Droit et de la Liberté dans le monde, cette époque est tout indiquée pour organiser à Paris une grande manifestation féminine.

C’est en même temps rendre un juste hommage à nos mères qui, au siècle dernier, ont eu le courage de prendre l’initiative de nos légitimes revendications.

Déjà, en 1878, lors de la précédente Exposition universelle, un Congrès du Droit des Femmes a donné d’excellents résultats. Il ne doit être que le prodrome de celui de 1889.

Depuis, en effet, la situation s’est ostensiblement modifiée dans un sens favorable à la cause dont nous sommes les défenseurs. Fait remarquable, la femme est, aujourd’hui, le point vers lequel se portent de préférence les efforts du progrès. Partout, on s’occupe de son éducation, de sa situation en économie, en législation. Tandis que les Sociétés discutent, disputent, se divisent sur les questions politiques et sociales, toutes sont unanimes pour appeler la femme à une répartition plus large.

Il semble qu’instinctivement les races les plus civilisées recherchent là leur salut dans le présent et leur sécurité dans l’avenir. Elles comprennent, enfin, qu’un des éléments constitutifs de l’humanité leur manque dans les conseils.

C’est ainsi que cette question de la femme qui, en France jusqu’ici, était toujours demeurée étrangère aux préoccupations du Parlement, y a fait récemment son entrée sous la forme de deux propositions de loi : l’une réclamant l’électorat des femmes commerçantes pour l’élection des juges aux tribunaux de commerce, proposition signée par 165 députés ; et l’autre demandant les droits civils pour la femme. Ces deux propositions ont été déposées sur le bureau de la Chambre par M. Ernest Lefèvre, vice-président. Elles ont été prises en considération ; des commissions ont été nommées dont la majorité est favorable. Aujourd’hui, les rapports sont déposés. Sans aucun doute, elles seront prochainement votées. Cette période de dix ans n’aura pas été stérile. Le Congrès aura pour base des faits acquis, et son accion n’en aura c^ue plus d’effet.

Ce projet de Congrès une fois résolu, la Société pour Vaméliora^ tion du sort de la Femme et /a revendication de ses droits et la Ligue Française du Droit des femmes se sont fédérées pour organiser ce Congrès d’un commun accord. Cette fédération, spécialement affectée ù sa préparation et à sa durée, prendra fin à la clôture dudit Congrès, et chacune des deux Sociétés rentrera dans son indépendance et dans son autonomie.

Toutes les Sociétés des deux Mondes, dont le but est le même que le nôtre, sont convoquées pour le Congrès. Les adhérents étrangers qui ne résident pas en France sont dispensés de toute participation pécuniaire.

Sont de droit nommés Membres d’honneur : les sénateurs, les députés qui ont appuyé les propositions de loi en faveur des femmes, les conseillers municipaux qui ont voté une subvention au Congrès, ainsi que les publicistes distingués qui nous prêtent le concours de leurs journaux.

Ont également droit au même titre les hommes politiques étrangers qui servent la cause de l’affranchissement féminin, et qui ont déjà obtenu dans leurs pays d’importantes réformesà cet égard ; y ont droit aussi les femmes éminentes^ leurs compatriotes, qui se livrent a une propagande incessante par leurs discours et leurs écrits. Sont membres honoraires les adhérents français s’engageant à verser la somme minimum de vingt-cinq francs. Sont membres actifs les adhérents français versant la somme de dix francs. Par privilège spécial, les Sociétés françaises et les Chambres syndicales pourront, pour la même somme, se faire représenter au Congrès par trois délégués.

Les personnes qui ne font partie d’aucune Société, ni de Chambre syndicale, pourront organiser, entre elles, un groupement provisoire par corps de métier, et, à titre de délégués, prendre part au Congrès en versant la cotisation de dix francs.

Ces trois catégories de membres ont seules le droit de délibération et de vote. Les adhérents sympathiques, c’est-à-dire reçus gratuitement, ne peuvent participer aux délibérations ni aux votes. Le Congrès se divisera en quatre sections.


I. — SECTION HISTORIQUE :

De l’influence des femmes et de leur action sur la marche et le développement des sociétés humaines.

II. — Section économique

Étude sur le travail et le salaire des femmes dans les différents pays. Leur exclusion ou leur admission dans les carrières libérales.

III. — Section de morale

Recherches sur les causes de la dissolution des mœurs et les moyens d’y remédier.

IV. — Section de législation

Réforme des lois qui, dans le monde, consacrent l’infériorité de la femme.


Avant l’envoi de cette circulaire et la formation de la Commission d’organisation, nous avions reçu les adhésions suivantes :

Pour la France

Mmes Ernest Lefèvre.
De Héréoia.
Yves Guyot.
Eugène Delattre.
Bbauquier.
Jeanne Deroin.
Gatineau.
Gagneur.
« 
dusautoy.
Eugène Mayer.
Thibault.
Rouzade.
Béi.iard d’Etampes.
Eugénie- Pierre Potonié.
.MM.Jean Macé, sénateur.
Couturier, sénateur.
Georges Martin, sénateur.
Auguste Vacquerie, directeur
Rappel.
Ehnest Lefèvre, député.
Anatole de la Forge, —
Montaut, —
du
MM. Yves Guvot, député.
Eugène Delattre, —
De Hérédia, ancien ministre.
Beauquier, député.
Paul Barbe, ancien ministre.
JuLLiEN, député.
Frédéric Passy. —
Colfavru, —
Victor Poupin. —
Eugène Mayer, directeur de la Lanterne.
Paul Viguier, conseiller municipal.
LÉON Donnât. — —
D*" Chassaing, — —
D’ Thulié, ancien président du Conseil
municipal.
Ernest Hamel, ancien conseiller
général.
Lucien Putcaux, ancien conseiller
général.
Béliard , conseiller municipal
d’Etampes.

Pour l’Étranger

Belgique : Doctoresse Van Diest. M"* PopKLiN, docteur en droit. Baronne R. dk Riberstein. M. JULKS Pagnv. Italie : M*** Olivetti. MoDONA, fcinmc de lettres. M"" LOUISA DE ViRTE. Angleterre : M"" ÂNME Besant. Chai’.man, directrice de la Review Westminster. CnAWFORT, correspondant du Daily News. Doctoresse Elisabeth Blackwell. Miss Greatorex. MM. Bradlaugh, membre du Parlement. D"" Chapman. Suède : M"* Thulia Schoug.

Dès ce jour, toutes les communications relatives aux travaux du Congrès et les adhésions seront reçues, au Secrétariat général, chez Mme Petti, 27, rue de Berlin ; le bureau est ouvert le mercredi et le samedi de chaque semaine, de 1 heure à 5 heures de l’après-midi.

Présidences d’honneur . . . Présidente Vice-Présidenles Secrétaire Générale Secrétaires Adjoints Trésorière Trésor 1ère Adjointe LE BUREAU M"* Clémenge Royer et M. Léon Richer. M™* Maria Deraismes. M"’" Griess-Traut et Christin. ^me Petti. M""* Louise Kopp, MM.Viviani et L.Giraud. M°’* Feresse-Deraismes. M""* Léon Richer.

Le Congrès se tiendra Salle de Géographie, boulevard Saint-Germain, du 25 au 29 juin inclusivement. Les sections se réuniront pour le travail préparatoire, à 10 h. du matin. Les réunions plénières, à 2 h. de l’après-midi.

LISTE DES MEMBRES SOUSCRIPTEURS

La Commission d’organisation du Congrès fait connaître qu’avant la fusion des Sociétés : l’Amélioration du sort de la Femme et la Revendication de ses Droits et la Ligue Française du Droit des Femmes, plusieurs personnes sympathiques à cette cause ont envoyé spontanément à la Société de la Ligue leurs adhésions et des cotisations de différentes Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/19 • • • Vllj Report 2^15 Au nom de la Loge Jérusalem-Écossaise, M. Georges Martin, sénateur lo M«n« S. L lO M ’*»• Martin mère lo M™* Rouzade i o F^édération des groupes de la Libre-Pensée de Seineet-Oise lo M’*« Dupont, directrice de l’École professionnelle des Ternes lo Société de l’Avenir des Dames de Commerce lo Mme Amélie-Henriette Hembaet lo Mme Veuve Dié lo M . Jacques Wiggishoff. i o M"»« Petti 10 M"’ Lindsay i o M™» Daloz ,o M«« Montaut i o Mmo Ignace Weil 25 Mmo Conta, Docteur-médecin.. lo Société Lyonnaise de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique lo A reporter 2.800 Report 2.S00 M»n« Edouard Marc 10 Mme Ordonez 10 Mme Felling 10 M. Boudarou 10 M. Sauvé 10 M»e Décors 10 Mme Olivier 10 M™« Bloch, sculpteur m M. Duranton 10 M. Heider 10 M™’ Lefranc 10 Loge Isis-Monthion 10 Mme Pierrot 10 Mme Piervieil, institutrice 10 Mme de Favetto 10 Mme piettre 10 M«"f Veuve Van Quatrebeck. . . 10 M"»*» Maurice Lévv 20 M. Georges Margaine 10 Les membres de Spojnia, société des Etudiants Polonais représentés par M"« Dzierzanowska 10 M. Georges Pascal 10 M"»» Marc Sée 10 F.-. Etoile Polaire 10 Premtrr ToTAf 3.040


SOUSCRIPTIONS VERSÉES ENTRE LES MAINS DE M. LÉON RICHER


Directeur de la revue : Le Droit des Femmes M . Léon Richer 10 Mme Léon Richer /o Ligue Française pour le Droit des Femmes 10 M"»« L. J., Paris i .000 M . Paul Richer 3 Mme Quéroy 5o Mme Amélie Ragon 1 3. Mli« Jeanne Perrot 1 5 M»« L. Blandin .’.. u, M"»* Margnin 10 M™c Christin S Mme Isabelle f^»ogeIot 5 A reporter i . 146 Report 1 . 1 4G M’n<^ Emilie de Morsicr 3 M . Desportes 3 M. Victor Poupin, députe ... 20 M. Le D*" Georges Martin, sénateur 10 M. Le D-- H. Thulié 20 M. René Viviani, avocat 10 M. Auguste Dietrich, publiciste 10 M. I*. Davenne publiscite, à Bordeaux 10 M"’" Naudin, à Rouen , . 10 A reporter i .246 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/21

Mme Valette 2 Mme Veuve Loré 10
Mme Maria Martin, directrice de La Citoyenne 5 M. Eugène Soulier, St-Mandé.
M. Boudeville, ancien député.||25 
Mme Térisse, Genève 5 Mme Boudeville 10
M. Potonié-Pierre, à Vincennes 1 Mme Ferrand, institutrice, à La

Rochelle || 10

Mme Eugénie Potonié - Pierre, Vincennes 1 - -
Mlle Haaz, Barr (Alsace- Lorraine) 10 - -
M. Letermelier, Constantine Comité parisien de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique 10 - -
Mme Marie la Cécilia, Izeure (Allier) 10 - -
Mme Renée Marcil 10 - -
A reporter 1. 867 - -

Report.., . 1.867


M"»« Bonnemain, à Hanoï (Tonkin ) 10 M°»« Nelly Lieutier . . 10 Un groupe de femmes indépendantes de France, représenté par M»"*" Astier de Valsayre 10 M. Barodet, député. 5 Société Nantaise : Les Droits de la Femme, Nantes (Loire-Inférieure) 42 Deuxième total. . . 2.000 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/23

Discours de Mme Maria Deraismes


Mesdames, Messieurs,

Ayant l’honneur d’ouvrir ce Congrès, je dois rappeler à votre mémoire qu’il est le second Congrès français et international du Droit des Femmes tenu à Paris. Le premier eut lieu en 1878 a l’occasion de l’Exposition universelle, et c’était aussi la première fois, qu’en Europe, un congrès spécial s’occupait exclusivement des intérêts féminins. Il avait été organisé par mon excellent ami Léon Richer dont je n’ai pas à faire ressortir, ici, le dévouement à la cause dont nous nous sommes faits les avocats et les champions.

Cette année le Centenaire de 89 nous a paru une époque tout indiquée pour une grande manifestation féminine et, en cela, notre opinion s’est trouvée d’accord avec le sentiment public ; aussi, notre premier soin, notre premier besoin est-il de remercier nos nombreux adhérents, en commençant par les étrangers qui nous ont fait l’honneur d’accepter notre invitation et qui de plus nous donnent un témoignage de sympathie en participant à nos travaux. Nous remercions nos hommes politiques qui sont venus spontanément nous prêter l’autorité de leurs noms, et nous les remercions doublement pour les efforts qu’ils font au Parlement dans le but de modifier favorablement notre situation légale.

Nous remercions, enfin, d’une façon toute spéciale, le Conseil municipal de Paris d’avoir voté une subvention pour notre Congrès ; nous sommes certainement encore plus touchés de cette marque positive d’approbation que de la somme perçue. Pour clore, nous remercions la Presse qui nous a prêté sa publicité avec autant de bienveillance que de désintéressement. Nous ne saurions trop la louer et la féliciter de l’attention qu’elle nous accorde, et de l’intérêt que lui inspire la cause que nous soutenons et dont elle ne cessera de nous donner des preuves, j’en suis certaine, pendant la durée du Congrès.

Après avoir exprimé notre reconnaissance a ceux et à celles qui nous donnent leur précieux concours, il me reste à fournir quelques explications aux personnes qui se sont étonnées que notre Congrès ne soit pas officiel. 11 n’est pas officiel parce que nous n’avons pas cru devoir accepter les conditions que nous imposait la direction de l’exploitation de l’Exposition. En pareille Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/25 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/26 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/27 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/28 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/29 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/30 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/31 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/32

La Pologne, par les membres du Spojnia, Société des étudiants polonais.

La Grèce, par Les Femmes d’Athènes, publication dont la directrice est Mme Callirhoë Parren.

La Suède, par Mlle Ellen Friess, docteur, déléguée.

La Belgique, par Mlle Popelin, docteur en droit, l’adhésion de 600 Belges des deux sexes et appartenant à toutes les classes de la société au Congrès Français et International du Droit des Femmes.

L’Amérique, par le National Woman Suffrage association, présidente Mme Cady Stanton, délégué M. Théodore Stanton.

La France, par la Société pour la protection de la Femme ;

La Société de l’Avenir des Dames de Commerce ;

La Société Lyonnaise de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique ;

Le Comité Parisien de la ligue pour le relèvement de la moralité publique ;

La Fédération des groupes de libre pensée de Seine-et-Oise ;

La Société de l’Avenir des Femmes, à Nimes, représentée par Mme Maria Martin, directrice de La Citoyenne ;

La Société Nantaise Les Droits de la Femme ; Un groupe de femmes indépendantes ;

L .*. Isis-Monthion ;

L .*. Étoile-Polaire ;

L .*. Jérusalem-Écossaise.

La secrétaire générale communique ensuite à l’assemblée la correspondance reçue au sujet du Congrès.

Elle donne lecture d’un télégramme envoyé aux membres du Congrès par la Société Zuricoise Fraternité, ainsi conçu :

Zurich, 12 juin.

Salut et félicitations ; grand succès aux délibérations, avec sympathie.

Présidente,
Docteur Farner.

Une lettre de Mme Cady Stanton ayant été adressée à Mme Maria Deraismes, la présidente prie M. Théodore Stanton d’en faire la lecture.


Lettre de Mme Cady Stanton

À Mme Maria Deraismes, présidente de la Commission d’organisation du Congrès Français et International du Droit des Femmes :

Chère Madame,

Je suis très honorée de l’invitation que vous m’avez envoyée pour la grande réunion de femmes, qui se tiendra à Paris, cette métropole du monde. Aussi est-ce avec un sincère regret que je me vois contrainte de vous annoncer qu’il me sera impossible de me joindre à vous pour discuter les importants problèmes politiques et sociaux que vous proposez. Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/34 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/35 réunion, mais comme c’est impossible, nous vous envoyons nos meilleurs souhaits, espérant que votre réunion sera également profitable ; et bien que séparés du lieu de votre réunion par des milliers de lieues, par un océan et par un demi-continent, nous nous réjouissons de pouvoir communiquer avec vous comme avec des amis unis pour la même cause et poursuivant le même but.

Dans cette partie des États-Unis, la cause du suffrage des femmes a fait un léger progrès, et nous sommes heureux de dire que la grande œuvre a enfin commencé et que les résultats s’affirment de jour en jour plus brillants. Notre association est pour le moment la seule dans l’État de Tennessee, dont le territoire est presque égal en étendue à celui de l’Angleterre, et dont la population s’élève à près de trois millions. Nous espérons néanmoins pouvoir fonder d’ici peu d’années, en dehors de cet État, d’autres association s semblables à la nôtre.

Les femmes de notre contrée, assistées par quelques hommes convaincus de la nécessité d’accorder les mêmes droits aux deux sexes, commencent à se former en association.

L’Appel de Memphis, un des journaux les plus influents de l’État de Tennessee, plaide chaleureusement notre cause.

Notre Société organisée le 13 mai 1889, il y a seulement cinq semaines, compte à présent soixante membres et reçoit chaque jour de nouvelles adhésions. Nous nous réunissons une fois par mois. Nous espérons, une fois l’été passé, avoir une grande et puissante organisation, et engager des prédicateurs et fonder des associations semblables dans tout notre État et les États voisins : le Mississipi et l’Arkansas, tous deux des États également vastes et puissants.

Nous serions heureux de recevoir de votre honorable assemblée des marques d’amitié et d’encouragement.

Nous exprimant à nouveau nos souhaits les plus chaleureux, nous restons tous vos dévoués dans la défense de la grande cause.

Samuel Watson,
Mastic C. Aeken,
Walter Malone,
Membres du Comité,
93, Cours Sheet.
Memphis États de Tennesse, États-Unis d’Amérique
21 juin 1889.

Après lecture faite de la correspondance étrangère, Mme Petti donne lecture d’une lettre adressée par M. Yves Guyot, ministre des Travaux Publics à Mme Maria Deraismes. Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/37

Vice-présidentes. — Mmes Griess-Traut et Christin.

Secrétaires. — Mme Petti, secrétaire générale ; M. Léon Giraud, Viviani, docteurs en droit, Mme Louise Koppe, secrétaires-adjoints, et Mme Eugénie-Pierre Potonié, dont on connaît la compétence, est chargée de rédiger les procès-verbaux.

Trésorières. — Mme Feresse Deraismes ; Mme Léon Richer, adjointe.

Sur la motion de Mme Maria Deraismes, Mme Cady Stanton, en raison de ses grands services, est nommée, comme représentant l’étranger, présidente d’honneur. Il est également voté qu’il y aura autant de vice-présidentes étrangères qu’il y a de nations représentées. La désignation sur ce dernier point devra avoir lieu par le soin de la Commission et l’entente des déléguées étrangères et la Commission d’organisation.

L’ordre du jour étant épuisé, la présidente invite les membres des diverses sections à se rendre aux locaux qui leur sont affectés ; elle annonce que les sections se réunissent au siège du Congrès, chaque jour, à 10 heures du matin, et que les séances plénières sont fixées à 2 heures.

Avant de se séparer, la présidente rappelle que le banquet clôturant le Congrès, aura lieu chez Lemardelay, rue de Richelieu, le 30 juin, à 7 heures, le prix est de 10 francs, les cartes se délivrent à la salle du Congrès.

La séance est levée à 6 heures et demie.


SECTION HISTORIQUE


Séance plénière du mercredi 26 Juin
présidence de Mme Clémence Royer

SOMMAIRE. — Discours de Mme Clémence Royer, présidente de la section. Lecture et adoption du procès-verbal. — Communication de M. Léon Richer. — Discours de Mme Bloch, statuaire, sur le Rôle de la femme dans l’art et dans la littérature. — Observation de M. Léon Richer. — Discours de M. le docteur Verrier sur le Rôle de la femme dans la préhistoire. — Discours de M. Manouvrier, docteur et professeur d’anthropologie. — Discours de Mme Pauline Koutschalska Reinschmit sur la Question féminine en Pologne au point de vue historique. — Discours de Mme Nelly Lieutier, publiciste, sur un Concile de femmes au IXe siècle. — Discours de Mme Oliva Crona sur la Condition de la femme en Suède, lu par Mlle Ellen Friess, docteur ès lettres, de l’Université d’Upsal. — Discours de Mme Léonie Rouzade sur la Femme dans l’histoire. — Discours de M. Léon Giraud, docteur en droit, sur la Femme dans la politique contemporaine. — Clôture de la séance à 6 heures.

La séance est ouverte à deux heures et demie. Mme Maria Deraismes, présidente du Congrès, offre la présidence à Mme Clémence Royer, présidente de la section historique, qui prononce le discours suivant :


Discours de Mme Clémence Royer

Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi de vous entretenir quelques instants de nos illustres aïeules, de toutes ces femmes dont l’histoire a gardé les noms et dont la série continue, par une tradition ininterrompue à travers toutes les nations, les montre capables de tous les mérites.

S’il y a quelque chose de nouveau sous le soleil, c’est le dogme de leur déchéance originelle qui forme le fondement du dogme chrétien.

Beaucoup croient que ce dogme est bien vieux, qu’il est primitif dans la légende humaine. C’est une erreur ; le premier dogme religieux, chez tous les peuples anciens, a été au contraire celui de l’égalité et de la réciprocité des deux principes générateurs : du dieu femelle, nature et mère universelle, et du dieu mâle, feu fécondateur, fils et époux en même temps que père. La vieille IsisPage:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/40 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/41 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/42 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/43


Discours de Mme Élisa Bloch

Quelques considérations sur différents rôles de la Femme dans la Société




Je ne suis ni orateur ni écrivain, cependant j’ai à cœur de déférer à la flatteuse invitation de Mlle Maria Deraismes, notre honorable Présidente, instigatrice du Congrès du Droit des Femmes de 1889.

Malgré les rares loisirs que me laisse l’atelier, j’apporterai d’autant plus volontiers mon modeste concours à ce Congrès, que c’est pour une noble et légitime cause ; c’est pour la revendication des droits de la femme que j’oserai plaider. Et vienne le jour de triomphe, combien je serais fière de dire avec vous, mesdames : « Nous avons combattu, et j’en étais !… »

Qu’il me soit donc permis de me servir de la comparaison d’un de nos grands écrivains du xviiie siècle ; si pompeuse qu’elle puisse paraître, en cette circonstance, elle exprime ma pensée tout entière.

Dans ses considérations sur les Causes de la Grandeur et de la Décadence des Romains, Montesquieu commence ainsi son ouvrage : « Tel qu’on voit un fleuve majestueux miner lentement et sans bruit les digues qu’on lui oppose », telle la femme depuis un siècle renverse une à une les barrières qu’on lui oppose ; ainsi petit à petit, elle conquiert l’égalité devant la loi, sa place à l’instruction, sa place au travail. Il faut que la femme dans toutes les classes de la société puisse gagner honorablement sa vie. Aussi, consciente de la faiblesse de ses forces physiques, c’est par le travail intellectuel, c’est par l’instruction qu’elle a entrepris de briser tous les vieux préjugés, de conquérir cette indépendance et cette émancipation qui la rendront l’égale de l’homme.

N’est-il pas logique, parmi les questions sociales qui ressortent des grandes nécessités de notre époque, de mettre en première ligne la condition de la femme ?

On me paraît surpris, au camp masculin, de voir encore cette année soulever cette question qui déjà était à l’ordre du jour il y a dix ans, au moment de notre grande Exposition de 1878 ; mais je ferai remarquer, que, s’il y a cent ans, tout un peuple combattait pour son affranchissement, il n’est pas surprenant que la femme aujourd’hui, faisant allusion à ce grand anniversaire, soit toute disposée à compléter cette œuvre gigantesque par l’affranchissement de son sexe.

Je vois un sourire se dessiner sur les lèvres de quelques-uns d’entre vous, messieurs, sourire involontaire, sans doute, le visage humain est mobile, et l’on ne peut toujours maîtriser son premier mouvement : vous avez été surpris en lisant la date prochaine du Congrès Français et International du Droit des Femmes ; mais vous avez déjà pris votre parti : vous viendrez, vous êtes venus et vous êtes venus en nombre, merci ! merci mille fois !

Ce n’est pas en effet à un Congrès de femmes politiciennes, de femmes énergumènes auquel vous assistez, vous l’avez compris ; c’est à une réunion de femmes humanitaires, sociologues, qui ont le courage d’exposer franchement leurs nobles idées sur la revendication de leurs droits.

Tout comme à vos congrès scientifiques qui ont lieu chaque année à Paris et dans les départements, congrès que l’avancement des sciences a vulgarisés, le Congrès du Droit des Femmes se divisera en quatre sections :

Section historique,
Section économique,
Section de morale,
Section de législation,

questions très importantes qui seront résolues avec toute la clarté, la netteté et l’érudition qui distinguent nos adhérentes ; et nous serons déjà récompensées de nos travaux, si nous avons la bonne fortune de remporter l’approbation de MM. Anatole de La Forge, Yves Guyot, Paul Barbe, Frédéric Passy, Colfavru, Paul Viguier, le docteur Chassaing, le docteur Thulié, de Hérédia, Auguste Vacquerie, Ernest Lefèvre, Eugène Mayer, etc., etc., de tous ceux enfin qui ont déjà rompu des lances en faveur de la femme.

J’ai nommé et j’aperçois parmi nous M. de Hérédia qui, président de l’Association Philotechnique (dont je me fais gloire de faire partie), était toujours prêt, alors qu’il y avait à élever la voix pour défendre les droits de la femme.

J’ai toujours souvenance de ses charmantes paroles qu’il nous adressait à un banquet d’ouverture des cours de l’Association.

« Vous nous êtes absolument nécessaires. Mesdames, vous arrêtez les défaillances, vous fortifiez nos courages ; en un mot, vous êtes nos Égéries, nos fidèles inspiratrices ! » Que n’êtes-vous tous ainsi, Messieurs ! mais hélas ! la majeure partie n’est guère composée que de détracteurs à idée préconçue sur la valeur intellectuelle et artistique de la femme, sur sa capacité à occuper Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/46 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/47 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/48 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/49 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/50 soutiendra si parfois nous venions à défaillir. Allons, jetons à l’écho notre mot de ralliement :

Sursum Corda !

et l’écho le redira au monde entier ! — Longs applaudissements et fréquentes marques d’approbation.

M. Léon Richer demande la permission de réparer un oubli commis involontairement par Mme Bloch. Il a trait à l’énumération des femmes qui se sont distinguées dans la science, l’oratrice n’a pas mentionné le nom de Mme Clémence Royer, traductrice des œuvres de Darwin, auteur de plusieurs ouvrages scientifiques, philosophiques et économiques remarquables, et rédactrice de plusieurs revues françaises et étrangères. — Signes d’assentiment. — Bravos.

La parole est donnée au docteur Verrier.



Discours de M. le docteur Verrier

Du rôle de la Femme dans la préhistoire ; ce qu’elle pourrait être dans les temps modernes


Messieurs, Mesdames,

Je me propose, dans cette communication, d’examiner le rôle de la femme dans la préhistoire, les services qu’elle a rendus à la société naissante, et d’énumérer ceux qu’elle est appelée à rendre encore à cette même société dans son complet épanouissement. Si, d’accord avec les ethnographes, nous considérons le rôle de la femme chez les peuples sauvages, nous pouvons nous faire une idée assez juste de l’influence qu’elle a pu exercer à l’aurore des sociétés humaines et avant toute histoire écrite.

En effet, les voyageurs, explorateurs, anthropologistes, ont pu retrouver, soit en Afrique, en Asie, dans les îles de l’Océanie, et particulièrement en Australie, des peuplades sauvages en étant encore à la période néolithique, c’est-à-dire à l’époque correspondante de la pierre taillée ou polie ; et, par conséquent, ils ont pu étudier la situation de la femme dans ces pays et apprécier son rôle dans la famille et dans le clan.

Si, au début des âges quaternaires, quand l’homme était à peine distinct de l’animalité, la femme a pu être une femelle appartenant à tous les hommes du clan, la famille, pourtant, n’a pas tardé à se constituer. En effet, qui aurait eu soin des enfants, qui Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/52 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/53 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/54 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/55 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/56 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/57 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/58 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/59 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/60 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/61 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/62 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/63 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/64 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/65 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/66 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/67 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/68 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/69 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/70 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/71 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/72 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/73 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/74 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/75 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/76 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/77 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/78 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/79 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/80 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/81 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/82 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/83 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/84 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/85 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/86 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/87 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/88 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/89 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/90 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/91 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/92 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/93 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/94 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/95 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/96 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/97 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/98 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/99 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/100 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/101

SECTION ÉCONOMIQUE


Séance plénière du Jeudi 27 Juin
présidence de Mme Maria Deraismes

SOMMAIRE. — Adhésion de la Société Anglaise de la revendication des droits politiques de la Femme. — Discours de Mlle Stéphanie Feinkind sur La Situation économique de la Femme en Pologne. — Discours de Mme Marie Zelinska sur La Femme russe. — Discours de Mme Vattier d’Ambroyse sur La Femme de lettres. — Discours de Mlle Flora Goldschmit sur La Femme en Danemarck. — Discours de Mme Louise Koppe sur L’Ouvrière française. — Discours de Mme Griess-Traut sur La Machine à coudre. — Discours de M. Léon Giraud sur Le Travail des Femmes. — Rapport lu par Mme Maria Martin sur Le Travail des Femmes de Nimes. — Notes lues par la Secrétaire générale sur Les Institutrices, les Femmes employées dans les administrations françaises : chemins de fer, postes et télégraphes et établissements financiers. — Projet de Mme Vincent sur L’Admission des Femmes à l’Assistance publique. — Projet de Mme Ménier sur Une Maison modèle d’allaitement ; observations de la Présidente à cet effet. — Clôture de la séance.

La séance est ouverte à deux heures et demie, grande affluence de monde.

Lecture est faite du procès-verbal qui est adopté.

Mme Griess-Traut, vice-présidente, faisant observer que la durée, malheureusement très limitée du Congrès, permet à peine la lecture de tous les travaux, rappelle aux orateurs que chacun doit se conformer au règlement et ne pas parler pendant plus de vingt minutes.

La présidente communique à l’Assemblée l’adhésion de la Société anglaise de la Revendication des Droits politiques de la Femme, laquelle Société, par l’entremise de Mlle Florence Balgarnie, envoie comme souscription au Congrès la somme de 40 francs.

La parole est ensuite donnée à Mlle Stéphanie Feinkind, qui traite de la situation économique actuelle de la femme polonaise. Mlle Stéphanie Feinkind ayant repris la copie de son discours, nous ne pouvons, à notre grand regret, qu’en donner une analyse succincte.


Résumé du discours de Mlle Stéphanie Feinkind


L’oratrice déclare que le droit le plus fondamental, le droit à l’existence est refusé à la femme polonaise. La classe ouvrière est dévorée par le capitaliste ; et malgré la réforme agraire qui a aboli la corvée, la situation est à peu près la même qu’autrefois. En fait, on n’a amélioré que le sort de ceux qui possédaient quelques parcelles de terre.

L’oratrice trace alors le tableau lamentable de l’existence de la paysanne, recevant pour un travail qui dure de l’aurore au coucher du soleil, un salaire de 30 à 50 centimes et ne pouvant se nourrir qu’à peine, près de son campagnon toujours plus rémunéré qu’elle cependant. Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/104 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/105 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/106 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/107 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/108 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/109 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/110 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/111 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/112 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/113 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/114 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/115 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/116 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/117 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/118 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/119 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/120 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/121 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/122 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/123 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/124 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/125 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/126


Discours de Mme Griess-Traut sur la machine à coudre


Mesdames, Messieurs,

Notre parlement français, préoccupé à juste titre du faible accroissement des naissances en France, comparé à celui de la plupart des nations qui nous environnent, vota, dans une de ses dernières sessions, une prime en argent à allouer à chaque famille pour la naissance de son septième enfant.

Nous ne saurions trop applaudir au sentiment patriotique qui dicta ce vote généreux. Mais, revenu au calme, par la supputation tardive du chiffre nécessaire à l’application de cette loi, on s’aperçut que la somme s’élèverait au chiffre respectable de 40 millions. Dès lors, le sort de cette loi fut fixé. Elle passa à l’état de lettre morte.

Le travail que je présente a pour but, non seulement d’attirer l’attention publique et celle du Gouvernement sur d’immenses misères, d’en signaler la source principale, le remède possible, mais aussi de montrer la solidarité étroite qui existe entre la question économique du travail des femmes (d’une catégorie surtout) et le faible chiffre des naissances dont on se plaint, parce qu’il se rattache aux intérêts de la patrie.

Les ouvrières dont je veux parler sont celles qui sont employées spécialement à la machine à coudre à pédale. Cette machine occupe le nombre considérable de cent cinquante mille environ, à Paris seulement !… Par les effets désastreux qu’elle exerce sur les conditions hygiéniques des ouvrières, elle a une influence incontestable sur le chiffre des naissances… Dans notre capitale industrieuse et lumineuse, cette industrie est, parmi celles qui emploient particulièrement des jeunes filles et des jeunes femmes, la plus vaste, comme elle est aussi la plus meurtrière… Ce sont de véritables hécatombes de jeunes filles et de jeunes femmes, dues à la machine à pédale.

Elle est une source de désordres organiques dans l’économie de la femme par suite de l’ébranlement permanent causé par la trépidation du pied sur la pédale.

C’est une question essentiellement d’hygiène industrielle compliquée d’un haut intérêt national : le dépeuplement de la France !

Le mal est profond, car il s’agit, non pas de quelques centaines de jeunes filles et jeunes femmes, mais de milliers, que l’emploi de la machine à pédale ruine dans leur santé. Elles ne résistent guère au delà d’un temps très limité. Aussi les cliniques des hôpitaux ont-elles des statistiques lamentables : Une des jeunes femmes ouvrières eut, durant trois années consécutives, le chagrin de ne pouvoir conserver, au delà du cinquième mois, l’enfant qu’elle portait… Et ces faits se répètent journellement. Aussi l’Assistance publique est-elle surchargée de demandes. — La plupart des ouvrières mécaniciennes à Paris, travaillent dans la famille ; les parents les gardent de préférence chez eux. Mais hélas, elles ne sont pas mieux partagées pour cela, car, à peine à 14 ans, elles sont mises à la machine à pédale avant que la nature ait pu compléter son œuvre… Cette jeune organisation sera d’autant plus rapidement détériorée, rendue pour jamais, peut-être, impropre à la maternité… Cet état de choses, on le comprend, a de douloureux retentissements au foyer de l’ouvrier où la maladie, qui oblige à l’abstention forcée de travail, amène fatalement la misère.

C’est à Paris surtout, comme je l’ai dit tout à l’heure, que la machine à pédale est employée sur une vaste échelle. La province fait généralement usage de moteurs à vapeur. Il faut un remède à cette déplorable situation… Chacun le pensera. Il faut remplacer le moteur nuisible par un moteur inoffensif. Existe-t-il ? Je crois pouvoir répondre affirmativement ; grâce au concours d’un ami compétent, ce moteur est portatif, peu encombrant ; il reçoit l’impulsion par le calorique d’une lampe à huile ou à pétrole. Son prix est de 300 francs environ. Il s’agit de trouver cette somme ; elle est évidemment hors de portée des ressources de la plupart des ouvriers. Faut-il s’arrêter à cette difficulté, en présence de l’urgence de cette réforme et de la masse de souffrances qu’elle est appelée à faire disparaître ? Personne ne le pensera. Je cite un exemple : une de ces jeunes ouvrières, gravement malade, disait à son docteur : « Nous sommes cinq cents dans mon atelier, et il y en a deux cents dans l’état où je suis.

Dans sa sollicitude pour les classes ouvrières, la Chambre s’est occupée du travail des femmes. Elle en a limité la durée pour le jour, en supprimant celui de la nuit. Les intéressées, quoique adultes, mais toujours mineures, n’ont pas été appelées à se prononcer dans cette question, où il semble que leur compétence pouvait difficilement être mise en doute.

M’emparant de cette marque de sollicitude de la part du Parlement, je conclus en lui adressant un très chaleureux appel en faveur de ces travailleuses, afin que, pour sauver des milliers de jeunes filles, de jeunes femmes et de jeunes enfants, le Gouvernement et la Chambre veuillent bien consacrer des subventions pour l’acquisition de moteurs inoffensifs à l’usage des ouvrières : seulement, la quarantième partie de la somme qu’eût coûté le septième enfant de chaque famille ! — Applaudissements.



La parole est donnée à M. Léon Giraud.


Discours de M. Léon Giraud sur les deux points de vue du travail des femmes

Les deux points de vue du travail des femmes.


Il faut distinguer avant tout deux choses :

Le travail manuel ou, plus proprement, rémunéré par le salaire ;

Et le travail intellectuel ou des carrières libérales.

Le premier doit être traité d’une tout autre façon que le second.

Le travail manuel ne doit être encouragé qu’avec beaucoup de réserves ; de nouvelles professions de ce genre ne doivent être considérées, tout au plus, que comme un instrument provisoire d’émancipation.

Il en est autrement pour le travail intellectuel (femme médecin, avocat ; l’enseignement, et les fonctions administratives ayant pour objet un service public, comme le soin des indigents dans l’assistance publique, des malades dans les hôpitaux, des prisonniers dans le régime pénitentiaire, le soin des enfants en dehors de la famille, soit des nouveau-nés, soit des enfants élevés dans les institutions d’État ; l’accession aux commissions de salubrité et d’hygiène…)

Autant je serais large pour le second domaine, autant je serais peu porté à agrandir le premier ; bien entendu la question de savoir où doit être posée la limite étant réservée, puisque je suis partisan des droits de la femme, c’est-à-dire de la femme maîtresse absolue de sa destinée, pouvant choisir ce qui convient à ses aptitudes, à ses fonctions et n’attendant le mot d’ordre de personne.

a). Si l’on appuie sur ce point, ce n’est pas peut-être qu’il y ait grande divergence entre nous, c’est pour l’effet moral à produire.

Nous devons répondre aux préoccupations de l’opinion publique ; et la désertion du foyer par la femme, en conséquence de l’industrie qui, en outre, compromet souvent sa santé, est vive- ment ressentie par les esprits les plus modérés ou les plus optimistes, lesquels reconnaissent le mal, sans indiquer, il est vrai, de remède. Ainsi la limitation de la journée du travail pour les femmes a été presque votée dernièrement ; l’interdiction du travail de nuit l’a été.

Pourquoi le travail de l’atelier n’est pas désirable en principe :

Il brise la famille, nuit à l’éducation de l’enfant ; enlève tout réconfort moral à l’ouvrier, qui ne trouve de refuge que dans le cabaret.

D’ailleurs, cet état de choses n’est pas une solution : puisqu’il épuise la femme et pour un salaire dérisoire. Et ce salaire ne changera pas, si l’on n’aborde pas d’autres réformes plus importantes.

En présence de ces réformes d’un autre ordre à obtenir, réformes difficiles, doit-on éparpiller ses forces ?

Qu’on n’espère pas un grand résultat de l’instruction professionnelle, si étendue qu’elle soit, pour élever les salaires des femmes.

Cet avilissement des salaires reconnaît des causes indépendantes de l’infériorité professionnelle.

a) Un des motifs de cet avilissement, c’est l’encombrement des métiers, occupés par des femmes ; lequel aura toujours lieu de se produire avec les hommes pouvant être proscripteurs et monopolistes des professions (comme cela est arrivé de la part des typographes et des médecins des hôpitaux).

b) Un autre motif, pour que la femme soit moins payée, c’est qu’elle n’est pas une ouvrière libre, n’ayant pas même la disposition de ses salaires dans la famille, et ne jouant aucun rôle dans l’État ; et qu’un travail en quelque sorte servile ne peut avoir la rémunération qu’il mérite.

c) Par une conséquence spéciale de l’incapacité politique de la femme, son travail n’est pas protégé dans les conditions normales, ni par les traités de commerce, ni par les autres mesures intérieures qui n’en tiennent aucun compte : à preuve la concurrence du travail des prisons (couture principalement), ruineuse pour les ouvrières libres, dont personne n’a jamais songé à s’occuper.


Réfutation des objections

Ceux qui veulent étendre les métiers manuels des femmes disent qu’elles feront ainsi reconnaître leur valeur, et travailleront ainsi indirectement à reconquérir l’égalité dans la famille. Il peut y avoir du vrai dans cette assertion, quoique cela s’applique surtout aux carrières libérales. Le gain d’un salaire, même dans les métiers manuels, s’il est élevé, peut faire apparaître la valeur productive de la femme chez les esprits prévenus et portés à dénigrer son rôle social. Mais, d’autre part, vous amoindrissez la fonction, que personne ne peut remplir à sa place, d’éducatrice et de mère ; et ainsi le gain que l’on fait d’un côté, on le perd peut-être de l’autre.

On dit encore que beaucoup de femmes ne se marient pas ; que d’autres ont perdu leur mari, et qu’elles doivent, par conséquent, subvenir à leur subsistance elle-même.

Mais décomposons ces situations :

Les unes résultent de faits accidentels, un décès prématuré ; un système d’assurances sous diverses formes peut y remédier. Les assurances sur la vie sont justement faites pour cela, elles sont pratiquées sur une grande échelle, dans un pays voisin, au profit de la veuve précisément ; et nous n’avons qu’à suivre cette voie.

Les autres situations, le grand nombre de femmes célibataires, dérivent d’un mauvais ordre social. Si les jeunes gens ne se marient pas, pourquoi en est-il ainsi ? accusez-en encore notre loi aussi imprévoyante qu’injuste, et rappelez-vous le mot d’Alexandre Dumas : « Quand on ne pourra plus séduire les filles, on les épousera ! » Enlevez le marché des plaisirs faciles, et vous aurez la poursuite des joies légitimes.

À côté, il y a les femmes mal mariées qui, abandonnées matériellement ou moralement, ont souvent besoin de gagner leur vie. Mais cela aussi peut n’être que transitoire avec une législation mieux faite. Demandons, non seulement, que la femme touche ses salaires, mais que la femme ait droit sur les salaires de son mari. Cela existe en théorie, mais n’est pas facilement praticable et le deviendrait par une procédure de saisie qu’organise un projet de loi rédigé par les professeurs de droit MM. Glasson et Jalabert.


Art. 3. — En cas d’abandon, la femme peut obtenir du juge de paix ou du Conseil de prud’hommes l’autorisation de saisir-arrêter et de toucher les deux tiers des salaires ou émoluments du mari si elle a, à sa charge, des enfants issus du mariage, le tiers si elle n’en a pas.

Art. 4. — Le mari et la femme sont appelés devant le juge de paix ou le Conseil de prud’hommes par un simple billet d’avertissement du greffier de la Justice de paix, ou du secrétaire du (Conseil de prud’hommes, sur papier libre, en la forme d’une lettre-missive recommandée à la poste.

Art. 5. — Le mari et la femme doivent comparaître en personne, sauf le cas d’empêchement.

Art. 6. — La signification du Jugement autorisant la femme à toucher une partie des salaires ou émoluments du mari vaut saisie-arrêt quand elle est faite à la fois au mari et au patron ou débiteur d’émoluments.

Art. 7. — Tous les jugements rendus en ces matières sont essentiellement provisoires. Ils sont exécutoires nonobstant opposition ou appel.

Art. 8. — Les actes de procédures, les Jugements et les significations prévus par la présente loi sont dispensés des droits de greffe, de timbre et d’enregistrement.

Avec cette réforme, l’obligation alimentaire du mari qui est une nécessité sociale, devient une réalité ; et voilà un remède à bien des situations actuellement sans issue.

b. Nous abordons l’autre face de notre thèse avec des conclusions inverses des précédentes.

Ici, nous disons : place partout à la femme !

Les motifs sont décisifs, parce que les fonctions que nous avons en vue ne peuvent être bien remplies que par des femmes.

Elles comportent un personnel relativement peu nombreux, et n’ont pas le caractère assujettissant des premières ; deux raisons, qui à l’avance, empêchent de les considérer comme ruinant la famille.

Est-il besoin, du reste, d’insister sur l’importance de la femme médecin, quand tant de malades, parmi les personnes de leur sexe ou parmi les enfants, attendent leurs soins ? et quand toutes les objections présentées contre l’innovation comme celle tirée de la pudeur féminine se retournent contre ceux qui les invoquent ?

La femme avocat n’est-elle pas nécessaire à des titres analogues ; comme la confidente naturelle des personnes de son sexe dans les affaires litigieuses, l’auxiliaire obligée de la justice dans les causes féminines où les mobiles des accusées ne peuvent être appréciés que par elle ? Ne nous fait-elle pas entrevoir le vrai jury de l’avenir, réalisant l’essence de son principe, le jugement par les pairs ?

Et dans les fonctions administratives par lesquelles l’État prend soin des misères physiques ou morales, ayant la tutelle de toutes les faiblesses, y compris l’enfant, ici encore la femme n’est-elle pas nécessaire ?

Pour les indigents, est-ce que l’assistance publique n’est pas au-dessous de son rôle ? Ne fait-elle pas dire à beaucoup de gens que « ceux qui pourraient ne veulent pas, et celles qui voudraient ne peuvent pas, faute de ressources ». En Angleterre, il en est autrement. La fameuse loi des pauvres est dans son application aux mains des femmes comme des hommes. Et cette nouvelle sphère de la femme a déjà produit une magnifique tentative due à une de ces foor law gardies en matière de logements d’ouvriers : le système de miss Octavia Sbell qui jusqu’ici reste sans rival[1].

Pour les malades, comment contester à celles qui apportent tant de dévouement dans les hôpitaux, le droit d’y joindre l’intelligence ? Et comment ne pas voir que nos campagnes, privées encore à peu près de tout service médical, exigent de ce côté un personnel nouveau ?

Pour les coupables ou les prisonniers, c’est le système pénitentiaire avec toutes ses défectuosités que crie l’insuffisance de la classe dirigeante actuelle : défectuosités que la récente loi sur les récidivistes a mises en pleine lumière, en faisant apparaître les prisons comme des nids criminels ?

Pour l’enfant et le système d’éducation auquel il a été soumis, c’est l’Université qui avoue elle-même, après quatre-vingts ans de routine, qu’elle a atrophié les jeunes générations par la sédentarité et le surmenage ; ces maux que dénonçait Victor de Laprade il y a vingt-cinq ans, et qu’il faudra peut-être une révolution pour faire disparaître ; de même qu’il a fallu le renversement de toute raison pour y donner naissance, je veux dire le régime de l’homme seul et unique éducateur.

Voilà la série des intérêts moraux et matériels qui sont en souffrance.

Quand on se demande comment y pourvoir, la seconde partie de notre thèse est démontrée.

Elle se réduit tout entière en deux mots :

De femmes faisant fonction de manouvrières, le moins possible ; de femmes remplissant une fonction sociale, le plus possible !

M. Léon Giraud émet le vœu suivant :

« Le Congrès pensant que la question du travail des femmes, de leur salaire insuffisant, de leur journée excessive, ne peut être résolue que par des réformes légales et constitutionnelles, demande l’émancipation civile et politique de la femme qui donnera à l’épouse la disposition de ses salaires, et à la femme en général une représentation pour ses intérêts pécuniaires, conséquemment pour les salaires des travailleuses. »

Ce vœu, mis aux voix, est voté par l’assemblée.



La parole est donnée à Mme Maria Martin, directrice de la Citoyenne, pour lire le rapport sur le travail des femmes à Nîmes, adressé au Congrès par Mme Fabre, secrétaire de la Société l’Avenir des Femmes de Nîmes. Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/134 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/135 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/136 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/137 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/138 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/139 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/140 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/141 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/142 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/143 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/144 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/145 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/146 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/147


SECTION DE MORALE




Séance plénière du Vendredi 28 Juin 1889


présidence de Mme Maria Deraismes

SOMMAIRE. — Rapport de la Commission de morale lu par miss Marie Studace, de Londres. — Discours de Mme Conta, docteur en médecine. — Discours de Mme Kate Mitchell, sur L’Influence de la Femme par rapport à l’Intempérance. — Discours de Mme Marya Cheliga, sur Le Mariage. — Discours de M. Jules Allix, sur La Moralité de la Loi. — Discours de Mme Deraismes, sur La Prostitution. — Discours de Mme Marie Gœgg, sur La Police des Mœurs. — Discours de Mlle de Grandpré, sur La Prison de Saint-Lazare. Mémoire de Mme Hubertine Auclert, sur La Femme Arabe. — Discours de Mme Griess-Traut, sur L’École Mixte. — Discours de Mme Potonié Pierre, sur La Femme et la Justice. — Discours de Mme Ratuld, sur La Femme Polonaise. — Discours de Mme Astié de Valsayre, sur La Dissolution des Mœurs. — Discours de la révérende Amanda Deyo, sur L’Influence morale de la Femme en politique. — Discours de Mlle Louise de Lassère, sur Les Asiles de nuit pour les Femmes. — Clôture de la séance.


La séance est ouverte à deux heures et demie, sous la présidence de Mme Maria Deraismes.

Lecture est faite du procès-verbal, qui est adopté.

Miss Marie Studace, de Londres, lit au Congrès le rapport de la Commission de morale.

La parole est ensuite donnée à Mme Conta, docteur en médecine.


Discours de Mme Conta

Quelques considérations d’ordre social concernant l’homme et la femme


Mesdames et Messieurs,

Je désirerais vous entretenir de quelques questions sociales, concernant l’homme et la femme, mais le temps me faisant défaut, je me contenterai de vous les présenter à un point de vue général.

Permettez-moi seulement, en qualité d’étrangère, de vous demander toute votre indulgence.

Si l’on veut commencer par l’origine des choses, et considérer l’homme et la femme au point de vue anatomique et physiologique, à part la différence dans l’anatomie des organes, dont le fonctionnement contribue, surtout, à assurer la perpétuité du genre humain, loi naturelle à laquelle personne ne peut et ne doit se soustraire en cas d’appel ; à part, dis-je, cette différence, la femme et l’homme, anatomiquement parlant, et toute modification artificielle exceptée, ont le même nombre et la même nature d’organes ; aucune investigation scientifique n’a pu établir le contraire jusqu’à présent.

Or, tel organe, telle fonction ; des organes semblables fonctionnent d’une manière semblable, toutes choses égales d’ailleurs.

Il est par conséquent tout naturel d’en conclure que la femme et l’homme, en ce qui concerne les organes qui sont identiques en nombre et en nature, sont susceptibles tous deux, mis dans les mêmes circonstances, d’accomplir le même genre d’actions ; seulement la qualité et la quantité de ces actions peuvent varier selon le degré de développement des organes en fonction.

Or, on sait que, grâce à l’éducation et à l’instruction, qui plus tard ont contribué à former une hérédité spéciale, l’organisme de la femme a été de tout temps soumis à un exercice incomplet, mal approprié et quelquefois contraire à ce qu’il lui fallait pour l’activité de son développement ; l’homme, au contraire, a mené une vie d’exercice et de nutrition organique beaucoup plus favorable, d’où il en résulte qu’aujourd’hui, la femme telle qu’elle est en général se trouve, quant à son développement, en déficit vis-à-vis de l’homme.

Par conséquent, elle lutte pour la vie avec plus de peine et moins de chance de réussir ; ce qui est très désavantageux, directement pour sa propre santé, et indirectement pour la Société entière, vu le grand rôle que la femme joue dans l’existence de l’humanité.

Cet état de choses qui met la femme et l’homme dans de conditions si différentes de développement et de perfectionnement, doit certainement son origine à une habitude, qui peu à peu par un abus de raisonnement, est devenue une sorte de nécessité.

En effet, la femme pendant qu’elle était mère en fonction, si je puis m’exprimer ainsi, afin de procurer le repos intellectuel et corporel qui lui était, certes, nécessaire, il a fallu que l’homme se chargeât presque de tous les exercices de la lutte pour la vie, tandis que la femme menait une vie aussi inactive que son état réclamait.

Si ce repos était indispensable à la mère en fonction, il devient inutile sinon nuisible, une fois cette fonction accomplie.

Or, après la naissance de l’enfant la mère n’est plus en fonction active ; dès ce moment une vie de repos n’a plus sa raison d’être pour elle. Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/151 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/152 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/153 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/154 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/155 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/156 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/157 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/158 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/159 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/160 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/161 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/162 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/163 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/164 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/165 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/166 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/167 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/168 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/169 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/170 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/171 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/172 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/173 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/174 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/175 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/176 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/177 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/178 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/179 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/180 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/181 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/182 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/183 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/184 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/185 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/186 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/187 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/188 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/189 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/190 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/191 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/192 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/193 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/194 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/195 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/196 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/197 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/198 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/199 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/200 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/201 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/202 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/203 pierre ces mots qui seront l’expression de mon dernier vœu, de ma dernière pensée :

Démolissons Saint-Lazare ! — Chaleureux applaudissements.

Le vœu de Mlle de Grandpré étant mis aux voix est adopté à l’unanimité.



La parole est donnée à Mme Griess-Traut.



Discours de Mme Griess-Traut

L’École mixte, sa réhabilitation


L’École mixte n’est pas seulement un système pédagogique, c’est une question complexe qui touche à la fois aux intérêts moraux, intellectuels et matériels de la jeunesse et des familles. On comprend, en effet, que la réunion des deux sexes à L’école, donne lieu à une vive émulation, qui allège de moitié la tâche du maître et de l’élève ; c’est un stimulant, une baguette magique, dont l’influence exerce une action réciproque chez la jeune fille et chez le jeune garçon. Elle corrige les exubérantes rudesses chez l’un, et les timidités exagérées chez l’autre. C’est une éducation mutuelle qui se fait sans efforts et naturellement.

Plus tard, après la sortie de l’école, il reste encore le souvenir de ces camaraderies, et c’est à elles que le jeune homme et la jeune fille feront appel, en connaissance de cause, pour le choix de l’ami de leur vie.

Combien plus naturelles, plus sûres et plus morales, des unions ainsi contractées, non livrées au hasard par la séparation des sexes, dès leur bas âge ?

Qui peut dire à combien d’entraînements ce vide du cœur et du souvenir conduit la jeunesse ?

Les avantages de l’école mixte sont tellement évidents et nombreux, qu’il faut toute la ténacité inintelligente de la routine et du préjugé, pour ne pas les voir.

L’économie budgétaire, quoique subalterne dans cette question, a cependant son importance ; car la dispense de deux écoles là où une seule peut contenir les deux sexes, permettrait de pourvoir d’écoles les deux à trois mille communes de France qui en manquent encore.

On ne sait pas assez qu’il existe à cette heure, sur le territoire de la République, le nombre important de 19,564 écoles mixtes, et que ces écoles, comme dans les autres pays, donnent les meilleurs résultats ; qu’elles sont fréquentées par un million environ d’élèves des deux sexes, et que, loin d’être reléguées dans des hameaux perdus, on les rencontre par tous les départements, du nord au sud et de Test à l’ouest de la France. Il n’existe pas un seul département qui n’en compte une ou plusieurs, y compris celui qui renferme la capitale. Elles sont dirigées par des laïques ou par des congréganistes, et elles comptent pour un tiers environ de l’enseignement public. C’est là, certes, un beau rang. Aussi, est-il difficile de comprendre comment, en présence de faità et de chiffres authentiques, il serait possible d’ajouter foi encore aux, imputations injurieuses dont l’ignorance ou le préjugé a essayé de flétrir l’école mixte de « dangereuse pour les mœurs ». Conçoit-on des parents, un corps enseignant et un gouvernement prêtant les mains et salariant une méthode d’enseignement « dangereuse pour les mœurs ? »

N’est-il pas urgent que tous ceux qu’un intérêt professionnel rattache à ces écoles, ou qu’un lien plus sacré, celui de la mère, y attache, osent élever la voix et faire entendre d’énergiques protestations !

Ils ont le plus grand intérêt à ce que la question soit portée au grand jour ; qu’une enquête comparative des autres systèmes pédagogiques soit faite. Le gouvernement a en main tous les éléments nécessaires pour une semblable enquête ; lui, dont ce serait l’impérieux devoir de le faire, ne bouge pas ! Bien mieux, le nombre des écoles mixtes s’est accru de près de deux mille depuis six ans ! Et, par une inconséquence bizarre, les cours d’adultes mixtes ne soulèvent aucune objection.

En Suisse, on le sait, toutes les écoles sont mixtes, depuis l’école primaire jusqu’aux cours supérieurs de l’École Politechnique et de l’Université, et on ne s’en trouve pas plus mal. Ce sont des instituteurs ou des institutrices qui distribuent l’instruction dans les écoles primaires.

La femme, admise aujourd’hui aux hautes études, donne journellement des preuves de son aptitude à se les assimiler. Et la solution de cette importante question de l’enseignement mixte pour les adolescents des deux sexes est rendue facile.

On sait qu’il a existé, à toutes les époques, des femmes qui ont professé devant des élèves adultes des deux sexes. À cette heure même, une femme professe les hautes mathématiques à l’Université de Stokholm, devant un auditoire de jeunes gens… Tandis que, comme règle, je ne voudrais conseiller, volontiers, pour des écoles de femmes des professeurs du sexe opposé.

Ma conclusion est un vœu sincère dans l’intérêt des familles et de la jeunesse, en faveur de l’extension de l’école mixte.


La parole est donnée à M. Edmond Potonié, publiciste.


Discours de M. Edmond Potonié

L’avènement de la justice par les femmes pour arriver à la paix


Mesdames, Messieurs,

Le respect de la vie humaine, voilà le principe que chaque femme doit inculquer à son enfant ; c’est là de la grande et haute morale.

La guerre !… s’égorger !… tuer de loin, de très loin des hommes que l’on ne connaît pas, qui, personnellement, ne vous ont rien fait, et cela avec de grandes machines, comme l’énorme canon de l’Exposition ! Comment cela est possible encore à présent !

Cet homme, qui a une mère, peut massacrer d’un seul mouvement, faisant partir l’effroyable engin, des centaines peut-être d’autres hommes, ayant aussi des mères, eux !

Et vous pensez que l’on peut parler de morale avant d’avoir repoussé dans le passé ces horreurs !

Oh ! Mesdames, devenez les plus fervents apôtres de la paix, prêchez la justice, pratiquez-la, et quand vous aurez voulu qu’elle règne sur terre, elle deviendra puissante et nous aurons la paix par surcroît.

Je sors du Congrès de l’arbitrage qui vient de clore sa session. Eh bien ! Mesdames, tout en applaudissant aux travaux qui se sont accomplis, je sais que vous trouverez en vous-mêmes, plus et mieux à faire, quant à présent, qu’un projet de code d’arbitrage.

Permettez-moi un exemple :

Aux États-Unis, deux virus rongeant l’un le nord, le protectionnisme, l’autre le sud, l’esclavagisme, avaient été importés de notre pays en cette patrie vierge par les premiers immigrants. Pour faire disparaître ces germes de guerre suffisait-il, je vous le demande, d’un arbitrage entre les deux portions du peuple américain ? Fallait-il séparer les deux peuples antagonistes (car c’étaient bien là alors deux nations différentes), laisser faire les esclavagistes et laisser passer les théories des protectionnistes du nord !

Ce n’eût été là qu’une trêve, mais les virus dont nous parlons, l’un d’eux du moins, auraient tôt ou tard produit leur fruit empoisonné.

Une femme, la Case de l’oncle Tom en mains, comprit mieux la question.

Mesdames, je vous en conjure, agissez ; mères, faites de vos enfants des prosélytes ; écrivains, créez la littérature de la justice, de la liberté, donc de la paix.

Avec nous répétez : Si vis pacem, para justitiam, modifiez la devise des économistes, dites : Laissez faire ce qui est bon, laissez passer ce qui est juste.

Cherchez vos arguments dans votre esprit et dans votre cœur ; lisez, enfin, comme disait notre amie, Mme Clémence Royer.

Tenez, voyez ce beau livre, la Guerre, de Vsévolod Garchine, et ensemble parcourons-en un court passage.

Ainsi qu’en agit en Russie cet écrivain, faisons, grâce à l’influence d’une littérature éclairée, prendre en France la guerre en horreur.

Pour cette œuvre de rédemption, c’est spécialement sur vous, Mesdames, qu’il faut compter.

Voici le passage dont je parle :

Le héros gît blessé, abandonné parmi les morts, auprès de l’homme qu’il a tué, et dont le cadavre putréfié l’empoisonne et l’épouvante :

« Le vent change à chaque instant, dit-il, tantôt me rapportant l’air frais et pur, tantôt me soufflant la terrible puanteur. Ce jour-là, mon voisin est devenu plus hideux que ne peut se représenter l’imagination humaine, et je fus terrifié lorsqu’une fois j’ouvris les yeux pour le voir.

« Il n’a plus de visage. La chair a glissé des os. Son sourire effroyable de squelette, ce sourire éternel m’apparaît plus repoussant et plus épouvantable que jamais. J’en frissonnai : C’est la guerre, me dis-je, ce squelette en uniforme, aux boutons luisants, voilà son symbole. »



La parole est donnée à Mme Ratuld. Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/208 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/209 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/210 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/211 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/212 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/213 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/214 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/215 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/216 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/217 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/218 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/219 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/220 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/221 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/222 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/223 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/224 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/225 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/226 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/227 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/228 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/229 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/230 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/231 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/232 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/233 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/234 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/235 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/236 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/237 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/238 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/239 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/240 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/241 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/242 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/243 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/244 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/245 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/246 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/247 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/248 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/249 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/250 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/251 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/252 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/253 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/254 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/255 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/256 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/257 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/258 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/259 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/260 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/261 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/262 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/263 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/264 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/265 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/266 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/267


Discours de M. Viviani

Sur la femme hors le mariage


Mesdames, Messieurs,

Je ne demande pas au Congrès son indulgence, mais bien plutôt sa pitié, car je me lève à une heure tardive pour discuter des questions épuisées. Subissant la loi commune que nous nous sommes imposée, j’avais envoyé, il y a quelques jours, ma communication écrite à la Section de législation ; mais je me vois obligé de ne pas revenir sur ces points divers que j’avais traités et d’extraire de mon étude quelques considérations particulières. Je veux, en effet, examiner avec vous les diverses incapacités qui viennent, sans raison et sans excuse, s’abattre sur la femme ; et, ménager, avant tout, les précieux moments du Congrès, j’accomplirai ma tache avec une brièveté dont vous me serez reconnaissants.

Prenons la femme, en dehors du mariage, dans ses rapports avec la société même. J’ouvre le Code et j’y lis une première incapacité, qui, sans autre excuse que l’infériorité du sexe, vient s’abattre sur la femme : la femme ne peut pas être tutrice. Et pourquoi ? Parce que la charge de la tutelle est trop lourde pour ses faibles épaules et qu’à la traitation des affaires de chaque jour, elle ne peut opposer autre chose que sa gracieuse inexpérience. Voilà une raison, voyons ce qu’elle vaut : nous allons juger la loi avec la loi. Il est un cas où la femme peut être tutrice, c’est quand il s’agit de diriger la tutelle de son propre enfant. Mais si la femme est inexpérimentée dans les affaires, elle ne va exercer qu’une surveillance inutile sur les intérêts de son enfant et la tutelle sera nuisible à ce dernier au lieu de lui profiter ?

Voici, en effet, le dilemme : ou la femme est capable d’être tutrice, ou elle ne Test pas. Si elle ne l’est pas, vous commettez un véritable crime contre l’enfant en permettant à sa mère de prendre sa tutelle et de compromettre ses intérêts. Si elle l’est, mais faites donc un pas de plus en lui permettant de devenir, comme l’homme, tutrice dans tous les cas.

Et ce n’est pas encore tout : autour du tuteur, pour le conseiller et le surveiller, se tient l’assemblée intime qu’on nomme le conseil de famille. Là, pas de responsabilité, pas de charge, pas de direction ; une femme y pourrait trouver place ; elle aurait l’occasion de faire entendre de sages conseils quand il s’agirait de l’éducation, de l’avenir, du mariage du jeune pupille, surtout si ce Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/269 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/270 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/271 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/272 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/273 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/274 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/275 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/276 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/277


BANQUET DE CLÔTURE DU CONGRÈS




Le Dimanche 30 Juin, 7 heures du soir


CHEZ LEMARDELAY, RUE DE RICHELIEU


À l’heure indiquée affluent dans les salons près de deux cents convives appartenant au monde de la politique, des lettres et de la presse. Tous les délégués du Congrès sont présents, à l’exception de quelques-uns que des circonstances particulières ont empêchés d’assister au banquet et qui s’en sont excusés. Les présidents d’honneur : Mme Clémence Royer, M. Léon Richer ; la présidente : Mme Maria Deraismes ; les vice-présidentes : Mmes Griess-Traut et Christin ; la secrétaire générale : Mme Petti ; les secrétaires-adjoints : Mmes Louise Koppe, Pierre Potonié, MM. Léon Giraud, Viviani ; les trésorières : Mmes Feresse-Deraismes et Richer.

Dans cette réunion d’élite, on remarque les délégués étrangers : M. Bajer, membre du parlement danois ; Mistress Belva Loc Wood ; Mlle Popelin, docteur en droit ; Mme Conta, docteur en médecine ; Miss Kate Mitchell, licenciée ; la révérende Amanda Deyo ; Miss Florence Balgarnie ; Mme Callirhoë Parren, déléguée de la Grèce et directrice du Journal des femmes, et M. Parren ; Mme Koutschalska Reinsmit ; Mlle Feinkind ; Mme Goldschmit ; Mme Chapman, directrice de la Review Westminster ; le docteur Chapman ; Mme Crawfort, correspondante du Daily News ; Mmes Zelinska, Marya Cheliga, etc., etc.

M. de Héredia, député, ancien ministre ; Mme de Héredia et sa fille, sa sœur Mme Thibaut ; M. Paul Barbe, député, ancien ministre ; M. Clovis Hugues, député ; M*"® Clovis Hugues ; M. Georges Martin, sénateur ; MM. Montant, Colfavru, Sabatier, Gustave Hubbard, députés ; MM. Paul Viguier, Bompart, conseillers municipaux ; M. Jacques, président du Conseil général de la Seine ; Mme Jules de La Madelène ; M. WiggishofF, maire du 18e arrondissement, et Mme WiggishofF ; Mmes Vattier d’Ambroysc, Élisa Bloch, Nelly Lieutier, Esquiron de Gasté ; M. Eugène Breton, publiciste ; Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/280 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/281 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/282 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/283 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/284 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/285 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/286 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/287 Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/288

Qu’elles sachent que notre pensée a été vers elles, qu’au milieu de notre présent plein d’orages, nous avons entrevu, à la lueur de l’éclair Justice, leur silhouette se détacher lumineuse dans l’avenir resplendissant de la Liberté.

Qu’elles sachent que, réunies à ce Congrès du Droit des femmes, répudiant la courtisane et la prostituée, nous leur avons légué pour mission de recommencer la femme.

À nos filles et arrière-petites-filles, régénératrices de la France et du monde ! — Applaudissements prolongés et chaleureux.

Alors M. Théodore Stanton se lève et dans une charmante improvisation dont il ne nous a pas donné la copie, s’excusant, à tort, de ne pas bien manier notre belle langue, il porte un toast aux membres du Congrès ; il en félicite la présidente en termes élogieux, et, rappelant la lettre de Mme Cady Stenton sa mère, il signale à nouveau, en quelques mots heureux, la profonde sympathie basée sur des principes sociaux identiques qui unit les deux grandes Républiques Française et Américaine, pour accomplir la grande œuvre de liberté, d’égalité et de progrès, sans distinction de sexes. — Ces quelques paroles sont saluées par des applaudissements répétés.

La soirée étant avancée et le café n’étant pas encore pris, plusieurs orateurs inscrits pour prendre la parole y renoncent, et engagent la présidente à clore la série des toasts. Alors la présidente pour finir brillamment le banquet, prie M. Clovis Hugues,député, de réciter la belle poésie que lui a inspirée le Congrès.


Poésie de M. Clovis Hugues

LE DROIT DES FEMMES


À Madame Maria Deraismes


Qui donc a dit au Peuple en marche,
Broyant les siècles sous son char,
Que le manteau du patriarche
Est le seul refuge d’Agar ;
Qu’Adam triomphe encore d’Ève,
Qu’elle aura beau lutter sans trêve,
Liée à nos dogmes étroits ;
Et que la nuit, roulant ses voiles.
Éteindrait là-haut les étoiles,
Si les femmes avaient des droits ?

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Lamartine, épris d’un poème,
Pourra chanter comme autrefois,
Elvire sera belle, même
Quand elle aura conquis ses droits.
Et qu’importe qu’on lui rappelle
L’outrage qui planait sur elle,
L’essor inconstant de ses vœux,
Pourvu qu’elle soit Marianne,
Debout dans l’aube diaphane,
Avec des fleurs dans les cheveux !


Ces magnifiques vers dits d’une voix vibrante et sonore excitent l’enthousiasme de tous les convives, un tonnerre de bravos salue leur auteur ; tous se lèvent et vont le féliciter. La présidente remercie particulièrement le poète d’avoir bien voulu les lui dédier.

Alors on passe dans d’autres salons où le café est élégamment servi. La satisfaction est peinte sur tous les visages. Les conversations s’engagent sur le ton de la plus exquise courtoisie, les délégués étrangers sont l’objet de tous les égards ; enfin à minuit, on se sépare en se disant au revoir.

TABLE DES MATIÈRES

(ne fait pas partie de l’ouvrage original)


AVANT-PROPOS 
 1
CONGRÈS FRANÇAIS ET INTERNATIONAL DU DROIT DES FEMMES DE 1889
Circulaire de la commission d’organisation 
Liste des membres souscripteurs 
 6
Souscriptions versées entre les mains de Mme MARIA DERAISMES 
 7
Souscriptions versées entre les mains de M. LÉON RICHER 
 8
Séance d’ouverture — Mardi 25 juin 
 1
Discours d’ouverture de Maria Deraismes 
 2
Lettre de Mme Cady Stanton 
 13
SECTION HISTORIQUE
Séance plénière du mercredi 26 Juin
présidence de Mme Clémence Royer
Discours de Mme Clémence Royer, présidente de la section. Lecture et adoption du procès-verbal. 
 18
Communication de M. Léon Richer. 
 18
Observation de M. Léon Richer. 
 18
Discours de M. le docteur Verrier sur le Rôle de la femme dans la préhistoire. 
 18
Discours de M. Manouvrier, docteur et professeur d’anthropologie. 
 18
Discours de Mme Pauline Koutschalska Reinschmit sur la Question féminine en Pologne au point de vue historique. 
 18
Discours de Mme Nelly Lieutier, publiciste, sur un Concile de femmes au IXe siècle. 
 18
Discours de Mme Oliva Crona sur la Condition de la femme en Suède, lu par Mlle Ellen Friess, docteur ès lettres, de l’Université d’Upsal. 
 18
Discours de Mme Léonie Rouzade sur la Femme dans l’histoire. 
 18
Discours de M. Léon Giraud, docteur en droit, sur la Femme dans la politique contemporaine. 
 18
Clôture de la séance à 6 heures. 
 84
SECTION ÉCONOMIQUE
Séance plénière du Jeudi 27 Juin
présidence de Mme Maria Deraismes
Adhésion de la Société Anglaise de la revendication des droits politiques de la Femme. 
 85
Discours de Mlle Stéphanie Feinkind sur La Situation économique de la Femme en Pologne. 
 85
Discours de Mme Marie Zelinska sur La Femme russe. 
 85
Discours de Mme Vattier d’Ambroyse sur La Femme de lettres. 
 85
Discours de Mlle Flora Goldschmit sur La Femme en Danemarck. 
 85
Discours de Mme Louise Koppe sur L’Ouvrière française. 
 85
Discours de Mme Griess-Traut sur La Machine à coudre. 
 109
Discours de M. Léon Giraud sur Le Travail des Femmes. 
 111
Rapport lu par Mme Maria Martin sur Le Travail des Femmes de Nîmes. 
 115
Notes lues par la Secrétaire générale sur Les Institutrices, les Femmes employées dans les administrations françaises : chemins de fer, postes et télégraphes et établissements financiers. 
 85
Projet de Mme Vincent sur L’Admission des Femmes à l’Assistance publique. 
 85
Projet de Mme Ménier sur Une Maison modèle d’allaitement ; observations de la Présidente à cet effet. 
 85
Clôture de la séance. 
 131
SECTION DE MORALE
Séance plénière du Vendredi 28 Juin 1889
présidence de Mme Maria Deraismes
Rapport de la Commission de morale lu par miss Marie Studace, de Londres. 
 131
Discours de Mme Conta, docteur en médecine. 
 131
Discours de Mme Kate Mitchell, sur L’Influence de la Femme par rapport à l’Intempérance. 
 136
Discours de Mme Marya Cheliga, sur Le Mariage. 
 143
Discours de M. Jules Allix, sur La Moralité de la Loi. 
 146
Discours de Mme Deraismes, sur La Prostitution. 
 164
Discours de Mme Marie Gœgg, sur La Police des Mœurs. 
 166
Mémoire de Mme Hubertine Auclert, sur La Femme Arabe. 
 175
Discours de Mlle de Grandpré, sur La Prison de Saint-Lazare. 
 182
Discours de Mme Griess-Traut, sur L’École Mixte, sa réhabilitation. 
 186
Discours de Mme Potonié Pierre, sur La Femme et la Justice. 
 188
Discours de Mme Ratuld, sur La Femme Polonaise. 
 190
Discours de Mme Astié de Valsayre, sur La Dissolution des Mœurs. 
 195
Discours de la révérende Amanda Deyo, sur L’Influence morale de la Femme en politique. 
 198
Discours de Mlle Louise de Lassère, sur Les Asiles de nuit pour les Femmes. 
 201
Clôture de la séance. 
 204
SECTION DE LÉGISLATION
Séance plénière du Samedi 29 Juin 1889
Présidence de Mlle Popelin
Allocution de M. René Viviani 
 205
Réponse de Mlle Popelin à M. René Viviani 
 207
Discours de miss Florence Balgarnie, sur La Question électorale des Femmes en Angleterre 
 208
Discours de Mme Potonié Pierre sur La Transformation sociale par la Femme 
 212
Résumé du Discours de Mlle Friess sur La Situation de la Femme en Suède 
 221
Résumé du Discours de Mme Marya Cheliga, sur La Femme polonaise devant la législation 
 222
Discours de M. Beauquier, sur Les Réformes du Code concernant la Femme 
 222
Discours de Mme Christin, quelques réflexions à propos de l’article 340 : La recherche de la paternité est interdite 
 227
Discours de M. Davenne, projet de voeu présenté au Congrès français et international du Droit des Femmes par M. R. Davenne 
 231
Discours de M. Léon Giraud, l’origine de l’article 340 
 234
Discours de Mlle Popelin, l’arrêt de la Cour d’appel de Bruxelles refusant à la femme l’exercice de la profession d’avocat, — et l’opinin de M. Laurent, jurisconsulte belge, sur les principes invoqués par le procureur général 
 238
Discours de M. Léon Richer, sur la situation de la Femme dans le mariage 
 245
Discours de Mme Esquiron (née de Gasté) Sur la violation de la loi au détriment des femmes 
 248
Discours de M. Viviani — Sur la femme hors le mariage 
 250
Résolutions 
 258
Banquet de clôture 
 261
Toast de Mme Maria Deraismes 
 262
Toast de M. Léon Richer 
 265
Toast de Mme Callirhoé Parren 
 265
Toast de Mme Clémence Royer 
 267
Toast de M. Colfavru 
 260
Toast de Mme Louise Koppe 
 270
Le droit des femmes, poésie de M. Clovis Hugues 
 271
  1. Voir l’ouvrage de M. Arthur Raffalovitch : les Logements d’ouvriers, couronné par l’Académie des Sciences, morales et politiques.