Contes, anecdotes et récits canadiens dans le langage du terroir/Une Maladie Cutanée

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UNE MALADIE CUTANÉE




DANS une famille d’un faubourg de Montréal une de ces bonnes Canayennes de l’ancien temps, comme on n’en fait plus de nos jours, est sur un lit de douleur et se gratte la fesse droite d’une manière désordonnée, en proie à une maladie de peau qui la fait geindre horriblement.

Cinq ou six commères des environs, venues pour la consoler et compatir à ses peines, profitent de l’occasion pour jaser à qui mieux mieux sur ce cas extraordinaire, et font des commentaires sur cette maladie.

— On a dit que c’était la grattelle, dit l’une.

— Le docteur est-il venu ? remarque une autre.

— Oui ; il vient de partir.

— Quoi-ce qu’il a dit ?

— Ben, il a dit comm’ ça que c’était une maladie cutanée.

— Ah ben ! c’est pas ben, ben étonnant, elle a élevé quatorze enfants.

Alors une des commères, qui n’avait encore rien dit et qui était bien dans la soixantaine :

— Ah binche ! En v’là une affaire ! Moé, j’ai soixante ans passés, j’en ai élevé dix-neuf, j’sus veuve aujourd’hui, mais si j’trouve à me r’marier, j’sus « parée » à r’commencer.


— On parle de monter « Chanteclerc » à Montréal.

À ce sujet un vieux débois de la vieille garde théâtrale, qui a traîné sur les planches de tous nos théâtres français, faisait cette réflexion :

— Oh ! moi, je suis prête à me sacrifier encore une fois, et je remplirai avec plaisir le rôle de la faisane.

— Ce sera une faisane faisandée, remarque une de ses bonnes petites amies.


À Québec :

On a signalé à la Société Protectrice des Animaux un abus qui nous intéresse tous. Un individu est surpris, par un des membres de la Société, frappant sans pitié une pauvre rosse :

— Pourquoi battez-vous cette bête ?

— Pour la mener plus vite au port où l’attend le bateau de Montréal !

— Qu’en fera-t-on à Montréal ?

— De l’extrait de bœuf.