Contes populaires d’Afrique (Basset)/100

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 255-256).
LII. — TAVETA[1]

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POURQUOI LA FEMME EST SOUMISE À L’HOMME[2].


Au commencement, Dieu voulut essayer le cœur de l’homme et celui de la femme. Il prit donc l’homme à part, lui remit un couteau et lui dit :

— Écoute, cette nuit, quand elle dormira, tu couperas le cou de ta femme.

Et il prit aussi la femme à part, lui remit un couteau et lui dit :

— Écoute, cette nuit, quand il dormira, tu couperas le cou de ton homme.

— C’est bien.

Alors l’homme s’en alla tout triste, pensant : Couper le cou de ma femme ! de ma sœur ! C’est impossible : je ne le ferai jamais. Et il jeta le couteau dans la rivière, se réservant de dire qu’il l’avait perdu.

Et la femme, aussi, s’en alla. Puis, la nuit venue, elle prit le couteau et allait tuer l’homme qui dormait lorsque Dieu reparut :

— Misérable ! fit-il, puisque tu as le cœur si méchant, tu ne toucheras plus le fer de ta vie ! Ta place est au champ et au foyer. Et toi, dit-il à l’homme, puisque tu es bon, tu as mérité d’être le maître et de manier les armes.




  1. Le Taveta ou Toveta est parlé entre le lac Dyipé et le Kilimandjaro.
  2. Le Roy, Au Kilimandjaro, Paris, L. de Soye, s. d. in-8, p. 218.