Contes populaires d’Afrique (Basset)/157

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 411-413).
XCIV. — ANTAMBAHOAKA[1]

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LE FILS DE DIEU ÉPOUSE LES DEUX COUSINES[2]


Il y avait une fois deux frères qui portaient tous les deux le nom d’Andriamboabe. L’aîné était méchant ; le cadet, au contraire était bon. L’un et l’autre avaient des filles très jolies. Celle de l’aîné s’appelait Soamainty (la bonne noire) et celles du cadet Soanarivola (la bonne qui produit de l’argent) et Soavazaha (la bonne blanche). Le fils de Dieu les vit et voulut les épouser. Il se maria d’abord avec Soamainty. Puis il fit demander Soanarivola. Quand Soamainty apprit cela, elle en fut fâchée et considéra sa cousine comme une ennemie. Lors du mariage de Soamainty avec le fils de Dieu, tous les parents et les voisins, Soanarivola elle-même, avaient été invités. Soamainty les réunit de nouveau et leur dit :

— Soanarivola veut me prendre mon époux, mais je ne veux pas, moi. Je vais leur enlever le foie.

Et elle enleva le foie à Soanarivola. Celle-ci mourut et on l’enterra.

Quelque temps après, Soavazaha, qui regrettait beaucoup sa sœur Soanarivola, alla se promener sur son tombeau, puis se mit à chanter :

— Oh ! Soanarivola ! Eh ! Oh ! Soanarivola ! Eh !

Lève-toi, lève-toi.

Ne me regrettes-tu pas, moi, ta cadette ?

Lève-toi.

Soanarivoia répondit du fond de sa tombe :

— Je suis morte ;

Je ne peux plus revivre !

Je ne peux plus revivre !

Le fils de Dieu apprit avec étonnement que la morte avait parlé, et il projeta d’aller rendre son foie à Soanarivola pour qu’elle pût revenir à la vie. Il prit le foie qu’avait conservé Soamainty et le rendit à Soanarivola qui ressuscita. Le fils de Dieu l’épousa ensuite.

Soanarivola invita à son mariage ses parents, ses voisins et Soamainty. Quand tout le monde fut réuni, elle dit :

— Soamainty qui me haïssait, m’a enlevé le foie pour me faire mourir et m’empêcher ainsi d’épouser le fils de Dieu. Je vais lui rendre la pareille.

Elle prit son foie à Soamainty qui mourut.

Soamainty qui avait tué sa cousine fut tuée par elle. L’auteur d’une mauvaise action en est toujours puni.




  1. Les Antambahoaka habitent au nord de Mananjary sur la côte est de Madagascar.
  2. Ferrand, Contes populaires malgaches, Paris, E. Leroux, 1895, in-18, p. 77-79.