Contes populaires d’Afrique (Basset)/30
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LE LION, LE LÉOPARD ET LE SINGE[2]
e lion possédait un bœuf gras ; le léopard une vache. Celle-ci mit bas. Le lion dit :
— Mon bœuf a enfanté.
Le léopard répliqua :
— Ma vache a enfanté.
Et ils se disputèrent.
Le léopard dit :
— Vois, tous deux nous ne savons rien : allons appeler tous les animaux ; ils te diront si ce veau est à toi ou à moi.
Tous les animaux se rassemblèrent : le singe ne voulut pas venir. Ils l’envoyèrent chercher.
— Pourquoi n’as-tu pas voulu venir ? lui demandèrent-ils.
— Je viendrai, dit-il.
Mais il resta là. Une seconde fois, une troisième fois on l’envoya chercher, il répétait toujours : Je vais bientôt venir ; mais il restait. Le soleil baissait qu’il n’était pas encore venu. Il arriva le soir. Le lion était furieux.
— Pourquoi as-tu tardé ? lui dit-il. Pourquoi n’as-tu pas voulu venir vite ? Où t’es-tu arrêté ?
— La terre s’est fendue près du sycomore, répondit-il, et je m’y suis arrêté.
— Comment la terre s’est-elle fendue ?
— Parce qu’elle a enfanté un bœuf gras, dit le singe.
Puis il courut et s’en alla.
Le lion lui dit :
— Là où je te verrai, je te dévorerai.
Un jour il dit :
— Je suis malade.
Et il se coucha dans une fosse. Tous les animaux arrivèrent.
— Comment vas-tu ? lui demandèrent-ils.
Il leur répondit :
— Je suis malade.
Le singe se tenait à distance.
— Comment vas-tu ? demanda-t-il.
— Viens, regarde-moi : l’œil me fait mal.
Le singe était sage, il ne voulut pas venir et s’en alla pour boire de l’eau. Le lion le suivit.
— Que cherches-tu ? demanda-t-il.
Le singe fit comme s’il cherchait quelque chose à terre.
— J’ai vu un cerf mort ; je cherche un couteau pour le découper.
— Fais-le-moi voir, mon ami, dit le lion.
— Viens, dit le singe.
Et il courut en avant. En chemin, il arriva sous un arbre élevé ; il y grimpa et dit au lion en se moquant de lui :
— Je t’ai trompé, va en paix.