Contes populaires d’Afrique (Basset)/69

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 173-174).

XXX. — MALINKHÉ[1]

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LE LIÈVRE ET SON GRIS-GRIS[2]


Une jeune lièvre alla vers Dieu lui demander un gris-gris de finesse. Dieu lui dit :

— Oui, si tu m’apportes un boa attaché à un bambou, du lait de lionne, une calebasse pleine de moustiques, une sauce faite avec des mouches, une hyène mâle. Le jeune lièvre dit au boa :

— Quel est le plus long, de toi ou de mon bambou ?

Le boa se mesure au bambou : le lièvre l’y attache. Il s’en alla chez la lionne avec une petite calebasse en lui disant que tout son lait ne pourrait pas la remplir. La lionne y met son lait : le lièvre bouche la calebasse. Il s’en alla chez les moustiques, leur disant que, quand bien même ils se réuniraient tous, ils ne rempliraient passa calebasse. Les moustiques entrent ; le lièvre ferme. Il s’en va chez les mouches et leur dit que, toutes réunies, ne rempliraient pas sa calebasse. Les mouches entrent, le lièvre ferme. Il s’en va chez la hyène et lui, dit de l’accompagner chez le bon Dieu, qu’on la paierait au centuple. Ils s’en vont. Dieu dit qu’on lui présente le lait de lionne.

— Voici du lait de lionne.

— Apporte, mon ami.

Dieu dit qu’on lui présente un boa attaché à un bambou.

— Voici le boa attaché à un bambou.

— Apporte, mon ami.

Dieu dit :

— Et la calebasse de moustiques ?

— La calebasse de moustiques est ici.

— Apporte, mon ami.

Dieu dit qu’on lui présente la sauce de mouches.

— La sauce de mouches est ici.

— Présente, mon ami.

Dieu dit qu’on lui présente la hyène mâle.

— La hyène est ici.

— Présente, mon ami.

Dieu dit :

— File avec ton gris-gris de finesse.



  1. Le Malinkhé est parlé dans tout le Haut Sénégal.
  2. *** Essai de grammaire malinkhé, Saint-Michel en Préziac, 1896, in-8, p. 67-68.