Contes populaires d’Afrique (Basset)/76

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E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 187-188).

XXXV. — SÉRÈRE-NONE[1].

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LE LIÈVRE ET LA HYÈNE[2]


Le lièvre et la hyène s’associèrent pour cultiver un lougan (champ) de mil. Comme ils n’avaient pas de houe, le lièvre dit à la hyène :

— Je vais en chercher chez le forgeron.

Il partit, rapporta plusieurs houes et dit à son associée :

— Il en reste d’autres : va les chercher.

Elle s’en alla.

Pendant ce temps, le lièvre prit le mil qui devait servir de semence et le cacha dans un puits.

Quand la hyène revint, il lui dit :

— Un chameau qui passait par ici m’a battu, a volé le mil et est parti. Je ne veux plus rester ici : comment cultiver notre lougan ?

— Rassure-toi, répondit la hyène ; je connais un bon moyen. Nous allons vendre comme esclaves ta mère et la mienne et, avec le prix, nous achèterons du mil.

Le lièvre accepta. Les deux mères furent attachées à un arbre en attendant la vente, mais le lièvre fut assez adroit pour couper les liens de la sienne qui s’enfuit. Il feignit une grande colère ; la hyène le consola en disant :

— Le prix de la vente de ma mère suffira pour acheter du mil ; à quoi bon se fâcher ?

— Et le lendemain, tous deux, avec le prix de la vieille hyène, allèrent acheter du mil pour remplacer celui que le lièvre avait volé.




  1. Les Sérère-None habitent au Sénégal, entre Saint-Louis et Dakar.
  2. Le texte de ce conte que j’ai recueilli à Thiès est inédit.