Contes populaires d’Afrique (Basset)/97

La bibliothèque libre.
E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 231-232).
L. — BA-YÉYÉ

97

CRÉATION DES HOMMES ET DE LA MORT[1]


Vers l’Orient, là où les nuages rencontrent la terre, Urezhwa, le Grand Être, créa les hommes et les animaux. Il les forma d’abord d’argile, puis y mit la vie.

Les Ba-yéyé furent créés les premiers, puis les Bushmen, les Betchouana et d’autres tribus noires. Les blancs furent formés les derniers.

À la création, chaque tribu reçut les armes et les instruments différents qui les distinguent. Ainsi les Bushmen, leurs arcs et leurs flèches ; les Betchouana, la lance et le bouclier. Les Ba-yéyé reçurent un petit modèle de canot, partie en bois et partie en argile. On leur dit :

— Abattez un grand arbre et travaillez-le suivant le modèle, il flottera sur l’eau et, avec lui, on pourra traverser la rivière.

Ils racontent des hommes blancs qu’ils sont beaucoup plus riches et plus sages en disant qu’ils ne sont pas si avides que les noirs. À la création, les hommes noirs criaient :

— Donnez-nous nos choses et allons-nous-en.

Les blancs furent patients, attendirent et reçurent ainsi les meilleurs cadeaux, sagesse, richesses.

Après avoir créé les hommes, Urezhwa vécut quelque temps avec eux et prit femme. Une fois, cette femme tomba malade. Il partit dans un canot pour se procurer une médecine, laissant des ordres pour que, si sa femme venait à mourir pendant son absence, elle ne fût pas jetée. Peu après son départ, elle mourut et, comme son corps se corrompait, les Ba-yéyé la jetèrent. Quand Urezhwa revint, il fut très affligé en trouvant qu’on avait désobéi à ses ordres. Alors il leur dit que s’ils l’avaient gardée, il lui aurait rendu la vie et, de la même façon, quand eux-mêmes seraient morts, il les aurait ressuscites, mais maintenant, qu’ils mourraient et ne reviendraient plus. Alors il les laissa et s’en alla aux cieux où on le voit distinctement passer et où l’on entend sa voix. Quand il passe sur les cieux, il passe très rapidement et avec une grande lumière.



  1. Edward, Tradition of the Ba-yeye, Folk-lore Journal of the South-african Folk-lore Society, t. II, 1880, p. 34-36.