Contes secrets Russes/Le pope et le piège

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Contes secrets Russes (Rousskiia Zavetnia Skazki)
Isidore Liseux (p. 87-88).

XXXIX

LE POPE ET LE PIÈGE


Dans un village vivait un moujik, boucher de son état. Il conservait sa viande dans une remise, mais les chiens et les chats avaient pris l’habitude de s’y introduire et d’y commettre force larcins. Le boucher disposa donc un piège sur l’appui de la fenêtre par où ces animaux pénétraient dans la remise. Le chien du pope, étant venu en maraude, fut pris au piège et y laissa la vie. Le pope ressentit vivement cette perte, mais, ne pouvant ressusciter son chien, il en acheta un autre. « Comment faire, » se dit-il, « pour que le nouveau n’ait pas le sort de l’ancien ? » En même temps il voulait faire une niche au moujik. À la fin une idée s’offrit à lui : il se dirigea vers la remise, ôta son pantalon, grimpa jusqu’à la fenêtre et se mit à χιερ sur le piège. Mais soudain le ressort se redressa, étreignant avec force les τεστικυλες du pope, qui commença à jeter les hauts cris. Le moujik accourut. « Ah ! fils de putain, » vociféra-t-il ; « quel diable t’a amené là ? Ah ! la sotte engeance. » Un rassemblement se forma ; tant bien que mal on dégagea le pope, mais il expira immédiatement.