Coran Savary/010

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (1p. 196-209).





JONAS. La paix soit avec lui.


donné à la mecque, composé de 109 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. L. M. tels sont les signes du livre qui contient la sagesse.

Doivent-ils être surpris que nous ayons favorisé de nos révélations un de leurs citoyens, que nous lui ayons commandé d’annoncer des peines aux méchans et des récompenses aux fidèles ? Cependant les incrédules ont dit : Mahomet est un imposteur.

Votre Seigneur est le Dieu qui, après avoir créé le ciel et la terre en six jours, s’assit sur son trône pour gouverner l’univers. On ne peut intercéder auprès de lui sans sa volonté. Il est votre Dieu. Adorez sa majesté suprême. N’ouvrirez-vous point les yeux ?

Vous retournerez tous à lui. Ses promesses sont infaillibles. Celui qui a formé l’homme le fera reparaître devant son tribunal. Il récompensera avec justice les croyans qui auront pratiqué la vertu. Les infidèles auront pour boisson l’eau bouillante, et subiront les tourmens dignes de leur incrédulité.

Il a donné la lumière au soleil, la clarté à la lune ; il a réglé ses phases ; elles servent aux hommes à partager le temps, et à compter les années. Il a créé tout l’univers avec vérité. Il offre partout aux yeux du sage des marques de sa puissance.

La succession de la nuit, et au jour, l’harmonie de tous les corps créés aux cieux et sur la terre, sont des signes éclatans pour ceux qui craignent le Seigneur.

Ceux qui n’attendent point la résurrection, qui, épris des charmes de la vie terrestre, s’y endorment avec sécurité, et ceux qui méprisent nos oracles,

Auront pour prix de leurs actions le feu de l’enfer.

Dieu dirigera dans leur foi les croyans vertueux ; ils reposeront sur le bord des fleuves dans les jardins de la volupté.

Ils y publieront les louanges du Très-Haut. La paix soit avec vous, sera leur salutation mutuelle.

Leur prière finira par ces mots : Louange à Dieu souverain des mondes.

Si la main du Tout-Puissant dispensait le mal aux mortels, avec la même promptitude qu’ils désirent le bien, leurs jours ne seraient qu’un éclair. Nous laissons ceux qui nient la résurrection s’endormir au sein de leurs erreurs.

Le malheur a-t-il visité l’homme ; couché, assis, debout, il élève vers nous sa voix plaintive. À peine l’avons-nous délivré du fardeau qui l’opprimait, qu’il passe comme si nous ne l’avions pas soulagé. Ainsi l’impie se plaît dans son ingratitude.

Avant vous, notre vengeance fit disparaître des nations criminelles, après que nous leur eûmes envoyé des prophètes pour les appeler à la foi. C’est ainsi que nous récompenserons les prévaricateurs.

Après leur destruction, nous vous avons mis sur la terre pour voir comment vous vous conduiriez.

Lorsque nous leur dévoilons l’islamisme, les incrédules disent : Apporte-nous un autre Coran ou change celui-ci. Réponds-leur : Je ne puis rien changer. Je n’écris que ce qui m’est révélé ; si je désobéissais à Dieu, j’aurais à craindre le supplice du grand jour.

Dis : Si Dieu eût voulu, je ne vous aurais point lu ses commandemens, je ne vous les enseignerais pas. N’ai-je pas vécu au milieu de vous un grand nombre d’années[1] avant le Coran ? Ne le comprenez-vous pas ?

Quoi de plus coupable que de prêter à Dieu un mensonge, et d’accuser ses prodiges d’imposture ? Les impies ne prospéreront point.

Ils rendent des honneurs divins à des idoles qui ne peuvent leur nuire, ni les secourir, et ils disent : Voilà nos protecteurs auprès de Dieu. Demande-leur : Apprendrez-vous au Tout-Puissant quelque chose qu’il ignore dans les cieux ou sur la terre ? Louange à sa majesté suprême ! Anathème contre leurs dieux chimériques.

Tous les hommes n’avaient originairement qu’une croyance. Ils se livrèrent dans la suite aux disputes sur la religion[2]. Si le décret éternel n’avait été prononcé, un instant eût vu finir leurs débats.

Dieu, demandent-ils, n’a-t-il pas distingué le prophète par quelque signe ? Réponds-leur : Les secrets lui appartiennent. Attendez ; j’attendrai avec vous.

Notre miséricorde les a délivrés des maux qui les affligeaient, et ils ont été fourbes dans leur religion. Dis : Dieu est plus puissant pour tromper que vous. Les anges qui vous observent écrivent votre perfidie.

C’est Dieu qui vous ouvre des chemins sur la terre et les mers. Lorsque vous êtes embarqués sur un vaisseau qui vogue au gré d’un vent favorable, vous vous livrez à la joie. Le vent renforce, la tempête gronde, les flots sont soulevés de toutes parts, vous vous croyez engloutis ; vous appelez Dieu à votre aide, et vous lui montrez une foi pure. Seigneur, si tu nous délivres du péril, nous te rendrons des actions de grâces.

A peine êtes-vous sauvés, qu’écoutant la voix de vos passions, vous oubliez toute justice. O mortels ! Vous acquerrez au prix de vos âmes les jouissances terrestres. Vous paraîtrez devant notre tribunal, et nous vous montrerons vos œuvres.

La vie du monde est semblable à la pluie que nous faisons tomber des nuages. Elle pénètre dans la terre pour féconder le germe des plantes qui servent de nourriture aux hommes et aux animaux. Les plantes croissent, la terre s’embellit de leur parure, et ses habitans comptent sur de nouvelles richesses. Alors, soit dans l’ombre de la nuit, soit à la clarté du jour, nous envoyons la désolation, et les moissons ont disparu, comme si la veille elles n’avaient pas enrichi les campagnes. C’est ainsi que nous expliquons les merveilles du Très-Haut, afin que les hommes ouvrent les yeux.

Dieu appelle les humains au séjour de la paix, et conduit ceux qu’il veut dans les voies du salut.

Une récompense magnifique sera le partage des bienfaisans. La noirceur et la honte ne voileront point leur front ; ils habiteront éternellement le séjour de délices.

Les scélérats recevront la peine de leurs crimes. L’opprobre les couvrira. Ils n’auront point d’intercesseur auprès de Dieu. Un voile semblable à la nuit ténébreuse enveloppera leurs visages. Ils seront les victimes d’un feu éternel.

Le jour où nous rassemblerons tous les hommes, nous dirons aux idolâtres : Voilà vos places et celles de vos divinités. Nous mettrons de la différence entre eux. Elles nieront le culte qu’ils leur ont rendu.

Le Ciel est témoin que nous rejetions votre encens.

Rassemblés devant le Créateur, leur Dieu véritable, ils recevront le prix de leurs œuvres. Leurs idoles disparaîtront.

Demandez-leur : Qui vous nourrit des biens célestes et terrestres ? Qui est le maître de l’ouïe et de la vue ? Qui fait sortir la vie du sein de la mort, et la mort du sein de la vie ? Qui gouverne l’univers ? Ils répondent : C’est Dieu. Dis-leur : Ne le craindrez-vous donc pas ?

Il est votre Seigneur véritable. Que vous reste-t-il après la vérité, si ce n’est l’erreur ? Pourquoi vous éloignez-vous donc de la foi ?

La parole de Dieu s’est accomplie sur ceux qui commettaient le crime ; ils ne croiront point.

Est-il quelqu’un de vos dieux qui puisse former une créature, et la faire reparaître devant lui ? Dieu a créé les hommes, et il les rassemblera devant son tribunal. Pourquoi lui refusez-vous donc votre encens ?

Est-il quelqu’un de vos dieux qui conduise à la vérité ? Dis-leur : Dieu conduit à la vérité ; il dirige les hommes au chemin du salut. N’est-il donc pas plus digne d’avoir des adorateurs que ceux qui, étant eux-mêmes dans les ténèbres, ne sauraient éclairer personne ? Sur quel fondement appuyez-vous donc vos jugemens ?

Ils n’ont d’autre règle que leur opinion, et elle n’a rien de conforme à la vérité. Le Très-Haut connaît leurs actions.

Le Coran est l’ouvrage de Dieu. Il confirme la vérité des écritures qui le précèdent. Il en est l’interprétation. On n’en saurait douter. Le Souverain des mondes l’a fait descendre des cieux.

Direz-vous que Mahomet en est l’auteur ? Réponds-leur : Apportez un chapitre semblable à ceux qu’il contient, et appelez à votre aide tout autre que Dieu, si vous êtes véridiques.

Ils accusent de fausseté un livre dont ils ne comprennent pas la doctrine, et dont ils n’ont pas encore vu l’accomplissement. C’est ainsi que les prophètes venus avant eux furent traités d’imposteurs ; mais attendez la fin des impies.

Les uns croient au Coran, les autres nient sa doctrine ; mais le Seigneur connaît les hommes corrompus.

S’ils t’accusent de mensonge, réponds-leur : J’ai pour moi mes œuvres. Que les vôtres parlent en votre faveur. Vous ne serez point responsables de ce que je fais, je suis innocent de ce que vous faites.

Il en est qui écouteront ta doctrine ; mais peux-tu faire entendre les sourds ? Ils sont privés d’intelligence.

Les uns attacheront sur toi leurs regards ; mais peux-tu éclairer les aveugles ? Leurs yeux sont fermés à la lumière.

Dieu n’est point injuste envers les hommes ; ils le sont envers eux-mêmes.

Alors qu’ils seront rassemblés devant lui, le séjour qu’ils ont fait sur la terre ne leur paraîtra avoir duré qu’une heure. Ils se reconnaîtront mutuellement. Ceux qui niaient la résurrection ont péri ; ils n’ont point été éclairés.

Soit que tu sois témoin d’une partie des châtimens qui leur sont préparés, soit que nous t’envoyions la mort auparavant, ils reviendront à nous, et le Tout-Puissant rendra témoignage de leurs œuvres.

Tous les peuples eurent des prophètes qui les jugèrent avec équité. Ils n’ont point été traités injustement.

Quand s’accompliront tes menaces, demandent les infidèles ? Marque-nous le terme, si tu es véritable. Réponds-leur : Les trésors et les vengeances célestes ne sont point dans mes mains. Dieu seul en est le dispensateur. Chaque nation a son terme fixé. Elle ne saurait ni le hâter, ni le retarder d’un instant.

Si la punition divine vous surprend, ou le jour ou la nuit, pensez-vous que les impies l’aient accélérée ?

Lorsque vous la verrez, y croirez-vous ? Alors vous sentirez ces fléaux que vous vouliez hâter.

Alors on dira aux méchans : Souffrez des peines éternelles. N’êtes-vous pas récompensés suivant vos œuvres ?

Ils désireront savoir de toi si ces menaces sont véritables. Elles sont la vérité même ; j’en jure par le nom de Dieu. Ils ne pourront en suspendre l’exécution.

Alors l’impie donnerait, pour racheter son âme, tous les trésors de la terre. À l’aspect de la vengeance divine, il cachera son repentir. Le genre humain sera jugé avec équité. Personne ne sera trompé.

Les cieux et la terre ne sont-ils pas le domaine du Très-Haut ? Ses promesses ne sont-elles pas infaillibles ? Mais la plupart l’ignorent. Il donne la vie et la mort, et vous reviendrez tous à lui.

O mortels ! Dieu vous a envoyé des avertissemens, un remède pour vos cœurs, la lumière et la miséricorde pour les fidèles.

Dons précieux de sa libéralité et de sa clémence. Que leur possession vous comble de joie ! Combien est-elle préférable aux richesses du monde !

Dis-leur : Répondez-moi : parmi les alimens que le ciel vous a départis, il en est dont vous défendez l’usage, il en est dont vous le permettez. Est-ce un précepte divin que vous autorise, ou l’attribuez-vous faussement à Dieu ?

A quoi songe le blasphémateur qui nie la résurrection ? Le Seigneur est plein de bonté pour ses créatures, et la plupart ne le paient que d’ingratitude.

En quelque état que vous soyez nous vous accompagnons. Nous sommes présens lorsque vous lisez le Coran. Nous assistons à toutes vos actions, et nous en rendrons témoignage. Le poids d’une fourmi, sur la terre ou dans les cieux, le poids le plus petit comme le plus grand, n’échappe point à la connaissance du Très-Haut. Tout est écrit dans le livre de l’évidence.

La crainte et la douleur n’approcheront point des amis de Dieu.

Ils ont réuni la foi et la piété.

Consolés dans ce monde par d’heureuses promesses, ils en verront l’accomplissement dans l’autre. La parole du Seigneur ne change point. Ils jouiront de la félicité suprême.

Que les discours de l’impie ne t’affligent point. La puissance appartient à Dieu. Il sait et entend tout.

Il possède ce que les cieux et la terre renferment. Ceux qui adorent d’autres divinités ne suivent-ils pas leur seule opinion ? Ont-ils d’autre appui que le mensonge ?

Il a établi la nuit pour le repos des humains, et le jour pour le travail. Ce sont des signes pour ceux qui entendent.

Les infidèles disent : Dieu a un fils. Loin de lui ce blasphème ! il se suffit à lui-même. Les cieux et la terre sont en sa puissance. Sur quel fondement établissez-vous votre croyance ? Ne dites-vous point de Dieu ce que vous ne savez pas !

Dis-leur : Ceux qui blasphèment contre sa majesté suprême n’arriveront point au séjour du bonheur ; Après de courtes jouissances, nous les citerons à notre tribunal, et nous punirons leur incrédulité par des tourmens terribles.

Rapporte-leur l’histoire de Noé, lorsqu’adressant la parole à son peuple, il dit : Si mon séjour au milieu de vous, et la prédication des commandemens de Dieu, vous sont à charge, mon unique confiance est dans le Seigneur. Rassemblez vos efforts et vos divinités ; agissez au grand jour ; ordonnez contre moi, et ne balancez pas un instant.

Si vous rejetez mes instructions, je ne vous en demande point le prix ; je n’attends de récompense que du ciel ; il m’a commandé d’embrasser l’islamisme.

Noé fut traité d’imposteur. Nous le sauvâmes dans l’arche avec sa famille. Nous avons établi sa postérité sur la terre. Ceux qui niaient notre doctrine furent ensevelis dans les eaux. Voyez quelle est la fin des incrédules.

Après Noé, nous envoyâmes aux nations des apôtres avec la puissance des miracles. Elles refusèrent de croire ce qu’elles avaient nié auparavant. C’est ainsi que nous endurcissons le cœur des prévaricateurs.

Dans la suite nous chargeâmes Moïse et Aaron d’annoncer nos volontés à Pharaon et à ses courtisans. Elles furent reçues avec mépris par un peuple corrompu.

Ils virent la vérité, et ils la taxèrent de mensonge.

Est-ce ainsi, dit Moïse, que vous parlez de la vérité qui vous éclaire ? Sont-ce là des prestiges ? Les magiciens ne prospéreront point.

Avez-vous résolu, s’écrièrent les courtisans, de nous faire abandonner la religion de nos pères, et de commander parmi nous ? Nous ne croirons point.

Pharaon ordonna qu’on lui amenât tous les mages habiles ; et lorsqu’ils furent venus, Moïse leur dit : jetez vos baguettes.

Ils obéirent. Le Seigneur, ajouta le prophète, va anéantir votre prodige ; il ne fait point réussir les œuvres des méchans.

Il confirmera la vérité de sa parole, malgré l’opposition des prévaricateurs.

Les Israélites crurent seuls. La crainte de Pharaon et des grands retint les Égyptiens. Pharaon était puissant et impie.

O mon peuple ! dit Moïse, mettez votre confiance en Dieu, si vous croyez en lui et si vous êtes fidèles.

Il est notre unique appui, répondirent les Israélites ; Seigneur, ne nous laisse pas sous l’oppression des pervers.

Fais éclater ta miséricorde ; délivre-nous des infidèles !

Nous inspirâmes à Moïse et à son frère de bâtir en Égypte des maisons pour les Israélites, de les tourner vers le lieu où l’on fait la prière, de faire célébrer les louanges du Très-Haut, et d’annoncer nos récompenses aux croyans.

Seigneur, s’écria Moïse, tu as donné à Pharaon et aux grands de son empire, la splendeur et les biens terrestres. Écarte-les de ta loi ; anéantis leurs richesses, endurcis leurs cœurs ; qu’ils soient fermés à la foi jusqu’à ce qu’ils voient fondre sur eux tes châtimens terribles.

Ta prière est exaucée, répondit le Seigneur. Soyez justes ; éloignez-vous de ceux qui sont dans l’aveuglement.

Nous ouvrîmes aux Israélites un chemin à travers les eaux. Pharaon et son armée les poursuivirent les armes à la main. Ils furent engloutis dans la mer. Pharaon s’écria alors : Je crois qu’il n’y a de Dieu que le Dieu des Hébreux ; j’embrasse leur croyance.

Tu crois, et jusqu’à cet instant tu as été rebelle et corrompu.

Nous retirerons ton corps de la mer[3] afin qu’il serve d’exemple à la postérité. Combien peu d’hommes sont zélés pour la religion !

Nous donnâmes aux enfans d’Israël une habitation sûre[4] et des alimens purs. Ils n’ont disputé sur la religion que quand ils ont vu la lumière. Le Très-Haut jugera leurs différens au jour de la résurrection.

Si notre doctrine élevait quelques doutes en ton cœur, interroge ceux qui ont lu le Pentateuque avant toi. Dieu t’a envoyé la vérité. Garde-toi d’en douter[5].

N’imite pas ceux qui accusent de fausseté les oracles divins, si tu ne veux être au nombre des réprouvés.

Ceux contre qui les décrets immuables ont été prononcés ne croiront point.

Leur opiniâtreté triomphera des plus grands miracles, jusqu’à l’instant où ils verront les feux éternels.

Autrement, plusieurs villes auraient embrassé la foi, et en auraient goûté les avantages. Le peuple seul de Jonas[6] crut à sa prédication. Il fut délivré de la peine ignominieuse qui le menaçait dans ce monde. Nous le laissâmes subsister jusqu’au temps.

Si le Seigneur eût voulu, une même croyance aurait uni tous les mortels. Veux-tu forcer la terre à embrasser l’islamisme ?

La foi est un don que le ciel dispense à son gré. Dieu couvrira d’opprobre ceux qui ne veulent point comprendre.

Dis-leur : Le spectacle merveilleux des cieux et de la terre, les miracles et les prédications ne serviront de rien à ceux qui ne croient pas.

Quel est leur espoir ? Un sort semblable à celui des peuples qui les ont précédés sera leur partage. Dis-leur : Attendez ; j’attendrai avec vous.

Notre protection sauva les prophètes et les croyans. Leur salut est pour nous une loi.

Mortels, si ma religion vous laisse des doutes, n’attendez pas que je serve vos divinités. J’adore le Dieu qui vous enverra la mort. Il m’a ordonné d’embrasser l’islamisme.

Ouvre ton cœur à la croyance de l’unité de Dieu, et refuse de l’encens aux idoles.

N’invoque point des dieux chimériques qui ne peuvent ni te servir ni te nuire. Si tu violes ma défense, tu seras au nombre des réprouvés.

Dieu seul peut retirer et les maux et les biens qu’il t’envoie. Il dispense ses faveurs à son gré ; il est clément et miséricordieux.

Mortels, la vérité a brillé à vos yeux ; celui qui l’a vue a rempli son âme de lumière ; celui qui s’en est écarté a perdu son âme. Je ne suis point votre protecteur.

Suis les inspirations divines et attends le jugement de ton Dieu. Il est le plus équitable des juges.


  1. Mahomet avait quarante ans lorsqu’il commença à prêcher la doctrine du Coran.
  2. Cette religion est l’islamisme, c’est-à-dire le culte d’un seul Dieu. Elle subsista depuis Adam jusqu’à Noé. Gelaleddin. Jahia est du même sentiment. Il ajoute que les peuples commencèrent à former des sectes lorsqu’il leur vint des prophètes, parce que les uns crurent à leur doctrine et les autres la nièrent.
  3. Quelques Israélites ayant douté de la mort de Pharaon, Gabriel retira son corps de la mer et l’exposa à leurs yeux. Ebnabbas
  4. Une habitation sûre : la Syrie.
  5. Mahomet répondit à l’ange qui lui apporta ce verset : Je ne doute point, et je n’interrogerai personne. Gelaleddin.
  6. Jonas, de la tribu de Benjamin, élu prophète, alla prêcher les Ninivites après la mort de Joathan, fils d’Ozias, roi de Jérusalem. Ils adoraient des idoles. Le prophète menait avec lui sa femme et ses deux fils. Il perdit l’aîné au passage du Tigre ; un loup emporta l’autre, et sa femme disparut sur les bords du fleuve. Jonas s’abandonna aux larmes et aux gémissemens. Une révélation lui apprit que sa famille lui serait rendue et calma sa douleur. Il continua la route et alla prêcher les Ninivites. Il les exhortait à embrasser la vraie religion. Les injures et les mauvais traitemens furent le prix de son zèle. Il implora le Seigneur dans sa détresse ; et, obéissant à l’inspiration divine, il sortit de la ville, et prédit à ses habitans une vengeance terrible. Dieu couvrit tout le pays d’un nuage affreux qui s’abaissa sur la terre. Il en sortait des flammes qui réduisaient en cendres tout ce qu’elles touchaient. Les Ninivites ayant en vain cherché Jonas, implorèrent le secours du Dieu qu’il adorait. Hommes, femmes, enfans, tous sortirent de la ville, et fléchirent par leurs prières et leurs gémissemens la miséricorde divine. Ils furent délivrés du fléau vengeur. Jonas arriva. Ne voyant point le châtiment dont il les avait menacés, et ignorant leur repentir, il s’en alla plein d’indignation, et jura de ne plus retourner à Ninive. Il s’embarqua sur le fleuve. Le vaisseau demeura immobile. Le patron ayant jeté le sort, il tomba sur Jonas, qui fut précipité dans les eaux. Un poisson l’avala ; et l’ayant porté près de la ville d’Aïla, le vomit sur le sable après quarante jours. Dieu fit croître une citrouille dont les rameaux s’étendirent et le couvrirent de leurs feuilles. Il était absolument nu. Gabriel lui toucha la tête, et elle se couvrit de cheveux. Le Seigneur le reprit avec bonté, et lui rendit son épouse et ses deux fils. Il retourna à Ninive. Le roi et le peuple vinrent au-devant de lui, et le reçurent avec de grandes marques de joie. Il demeura parmi eux jusqu’à la mort. Ismaël, fils d’Ali, chap. I, Jonas.