Coran Savary/011

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (1p. 210-223).





HOD. La paix soit avec lui.


donné à la mecque, composé de 123 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


A. R. L. Un ordre judicieux règne dans ce livre. Il est l’ouvrage de celui qui possède la sagesse et la science.

L’unité de Dieu vous y est recommandée. Je suis le ministre chargé de vous annoncer ses peines et ses récompenses.

Implorez la miséricorde divine. Convertissez-vous. Le Seigneur vous comblera de faveurs jusqu’au terme marqué. Celui qui aura acquis éprouvera sa libéralité. Si vous rejetez mes avis, je crains pour vous les tourmens du grand jour.

Vous paraîtrez devant le tribunal de celui dont la puissance est infinie.

N’enveloppent-ils pas leurs cœurs d’un double voile, pour se dérober aux regards du Très-Haut ?

Mais quelques efforts qu’ils fassent pour se couvrir, il connaît ce qu’ils cachent et ce qu’ils laissent paraître. Il sonde le fond des cœurs.

Le plus vil des reptiles est nourri de ses mains. Il connaît son repaire, et le lieu où il doit mourir. Tout est écrit dans le livre de l’évidence.

Il créa les cieux et la terre dans six jours. Son trône était porté sur les eaux. Il considérait qui de vous méritait le premier l’existence.

Quand tu dis aux infidèles que l’homme ressuscitera, ils crient à l’imposture.

Suspendons-nous nos châtimens jusqu’au temps fixé, ils disent : Et pourquoi en différer l’exécution ? Ils les verront un jour, ces peines dont ils se moquaient, et personne ne les en délivrera.

Otons-nous à l’homme les biens que nous lui avions départis, il se désespère et devient ingrat.

Au mal qui l’oppressait, faisons-nous succéder les jours de la prospérité, il dit : Le malheur s’est éloigné de moi. Il s’abandonne à l’ivresse de la joie et de l’orgueil.

Celui qui souffrira avec patience, et qui pratiquera la vertu, recevra notre indulgence et une récompense glorieuse.

Si quelqu’un de mes préceptes échappait de ta mémoire ; si l’on exigeait de toi que tu fisses paraître un trésor, ou qu’un ange l’accompagnât, ne t’afflige point. Ton ministère se borne à la prédication. Le gouvernement de tout ce qui existe appartient à Dieu.

Diront-ils : Le Coran est son ouvrage ? réponds-leur : Apportez dix chapitres semblables à ceux qu’il renferme ; appelez à votre aide tout autre que Dieu, si vous êtes véritables.

Si le succès trompe vos vœux, sachez que ce livre est descendu avec la science du Très-Haut, et qu’il n’y a de Dieu que lui. Ne croirez-vous donc pas ?

Ceux qui, attachés à la vie du monde, désireront ses plaisirs, y recevront le prix de leurs œuvres, et ils ne seront point trompés ;

Mais leurs œuvres seront vaines et sans prix pour la vie éternelle. Le feu sera leur récompense.

Ceux qui sont dociles aux instructions du prophète, qu’accompagne partout un témoin fidèle, que précéda le Pentateuque où brillent la lumière et la miséricorde, divine, croiront à sa doctrine. Les sectaires qui la rejettent n’ont pour attente que les tourmens de l’enfer. Que le Coran ne fasse naître aucun doute en ton esprit. Il est la vérité descendue du ciel ; cependant la plupart des hommes persisteront dans leur incrédulité.

Quel crime plus horrible que d’accuser Dieu de mensonge ? Ceux qui en seront coupables paraîtront devant son trône. Voilà, diront les témoins, voilà ceux qui ont blasphémé contre le Tout-Puissant. Les impies ne seront-ils pas couverts de sa malédiction ?

Ceux qui écartent leurs semblables de la religion, ceux qui lui donnent de fausses interprétations, et qui ne croient point à la vie future, ne rendront point Dieu impuissant. Ils n’auront aucun abri contre sa colère. Leurs tourmens seront horribles, parce qu’ils n’ont voulu ni voir ni entendre.

Ils ont perdu leurs âmes, et ont vu disparaître leurs dieux chimériques.

Leur réprobation est certaine.

Les croyans vertueux, qui auront mis leur confiance dans le Seigneur, seront les hôtes du séjour de délices. Ils y demeureront éternellement.

Les uns ressemblent aux sourds et aux aveugles, les autres à ceux qui voient et entendent ; peuvent-ils être comparés ? Cet exemple ne vous éclairera-t-il point ?

Noé, notre ministre, dit à son peuple : Je suis chargé de vous prêcher la parole divine.

N’adorez qu’un Dieu ; je tremble que vous ne subissiez les châtimens du jour de douleur.

Les premiers du peuple voués à l’incrédulité répondirent : Tu n’es qu’un homme comme nous ; la plus vile populace t’a suivi sans réflexion. Vous ne possédez aucun mérite qui vous rende supérieurs à nous. Nous vous croyons des imposteurs.

O mon peuple, reprit Noé, pensez-vous que si je n’étais dirigé par la lumière de Dieu, et favorisé de sa grâce (hélas ! elle est éteinte pour vous), je vous solliciterais à l’implorer, tandis que vous l’avez en horreur ?

Je ne vous demande point le prix de mon zèle ; toute ma récompense est en Dieu ; mais je ne dois pas éloigner de moi les croyans. Ils comparaîtront devant lui, et je vous vois ensevelis dans l’ignorance.

O mon peuple, si je les rejetais, qui me protégerait auprès du Seigneur ? N’ouvrirez-vous point les yeux ?

Je ne vous dis point : Les trésors du ciel sont à ma disposition, je lis dans l’avenir, je suis un ange, ceux que dédaigne l’orgueil de vos regards ne jouiront point des biens célestes ; de tels discours seraient un crime. L’Éternel lit au fond des cœurs.

Ils répondirent au prophète : Depuis long-temps tu disputes avec nous. Fais que tes menaces s’accomplissent, si tu es véridique.

Certainement, dit Noé, Dieu les accomplira si c’est sa volonté ; et vous ne pourrez en adoucir la rigueur.

Mes avis salutaires vous seront inutiles, si Dieu veut vous jeter dans l’erreur. Il est votre Seigneur et le mien ; nous retournerons tous à lui.

Diront-ils : Mahomet est l’auteur du Coran ? S’il en est ainsi, j’en porterai le crime ; mais je suis innocent des vôtres.

Noé eut cette révélation : Il n’y aura de croyans parmi ton peuple que ceux qui ont déjà embrassé la foi ; ne t’afflige point des actions de l’impie.

Construis sous nos yeux l’arche dont nous t’avons donné le plan ; n’élève plus ta voix en faveur des pervers ; ils doivent périr dans les eaux.

Noé, travaillant à l’arche, était en butte aux railleries des passans.

Vous vous moquez de moi, disait-il, je me rirai de vous à mon tour. Bientôt vous saurez sur qui tombera la vengeance céleste, qui confondra les coupables, et leur fera subir des supplices éternels.

Lorsque nos ordres eurent été donnés, et que tout fut prêt, nous dîmes à Noé : Fais entrer dans l’arche un couple de chaque espèce d’animaux, et ta famille, excepté celui qui est destiné à périr[1]. Fais-y entrer les croyans, mais le nombre en était très-petit.

Noé leur dit : Montez dans l’arche au nom de Dieu qui la fera voguer et s’arrêter, parce qu’il est indulgent et miséricordieux.

Le vaisseau les portait sur les flots[2], qui s’élevaient comme des montagnes. Noé appela son fils qui était demeuré sur la terre. O mon fils, lui dit-il, entre avec nous, ne reste pas avec les infidèles.

Je me retirerai sur la montagne, répond-il ; elle me mettra à l’abri des eaux. Personne n’évitera la punition de Dieu, repartit Noé, excepté ceux pour lesquels il a fait éclater sa miséricorde. Les eaux s’élevèrent, et tous les hommes furent engloutis.

Il fut dit : O terre ! absorbe tes eaux ; cieux, fermez-vous. L’eau diminua. L’arrêt du ciel fut accompli. L’arche s’arrêta sur le mont Joudi[3] ; et il fut dit : Loin d’ici les impies !

Noé adressa à Dieu cette prière : Seigneur, mon fils est de ma famille ; tes promesses sont véritables ; tu es le plus équitable des juges.

Il n’est point de ta famille, répondit le Seigneur ; ta demande est injuste ; ne me prie point, quand tu ignores quels vœux tu formes. Je t’avertis afin que tu ne sois pas au nombre des ignorans.

Seigneur, ajouta Noé, tu es mon refuge. Ne permets pas que je t’adresse des vœux indiscrets. C’est fait de moi si ta miséricorde n’éclate en ma faveur.

Il fut dit : O Noé ! descends de l’arche. Que notre salut et notre bénédiction soient avec toi et avec une partie de ceux qui t’accompagnent. Nous laisserons les autres se plonger dans les plaisirs, et ensuite ils éprouveront nos châtimens.

Nous te révélons cette histoire tirée du livre des mystères. Ni toi, ni ton peuple, n’en aviez connaissance. Soyez patiens dans vos souffrances. Ceux qui craignent Dieu auront une fin heureuse.

Hod, ministre du Très-Haut, dit aux Adéens ses frères : Servez le Seigneur ; il n’y a point d’autre Dieu que lui. Les divinités que vous formez sont chimériques.

O mon peuple ! je ne vous demande point le prix de mes soins ; ma récompense est dans les mains de Dieu. N’ouvrirez-vous point les yeux ?

O mon peuple ! retournez à Dieu ; faites pénitence. Il fera descendre la pluie sur vos campagnes.

Il augmentera votre puissance. Ne retombez pas dans le crime de l’idolâtrie.

Tu ne nous as donné aucune preuve de ta mission, répondirent les Adéens. Nous ne quitterons pas nos dieux à ta voix ; nous ne croirons point en toi.

Quelqu’un de nos dieux t’a frappé de sa vengeance. Je prends le Seigneur à témoin, et vous aussi, reprit Hod, que je suis innocent de votre idolâtrie.

Environnez-moi de vos pièges, et n’attendez pas que je les redoute.

J’ai pour appui le bras du Très-Haut, mon Seigneur et le vôtre. Il contient par sa puissance les êtres créés. Il enseigne la voie du salut.

Si vous persistez dans l’incrédulité, je me suis acquitté de ma mission. Dieu mettra un autre peuple à votre place. Vous ne pourrez lui nuire. Il conserve la nature entière.

L’arrêt terrible fut prononcé, Hod et les croyans, à l’ombre de notre protection, furent sauvés d’un supplice épouvantable.

Le peuple d’Aod rejeta nos commandemens ; il fut rebelle à notre envoyé, et suivit aveuglément les volontés des infidèles puissans.

La malédiction de Dieu les a poursuivis dans ce monde et dans l’autre. N’avaient-ils pas été incrédules ? Ne s’étaient-ils pas éloignés du Seigneur ?

Saleh déclara nos volontés aux Thémudéens ses frères. O mon peuple ! leur dit-il, adorez le Seigneur ; il n’y a point d’autre Dieu que lui. Il vous a formés de terre ; il vous y a donné une habitation. Faites pénitence. Retournez à lui. Il est proche de vous, et vous entend.

O Saleh ! Répondirent les Thémudéens, toi que nous attendions avec empressement, viens-tu nous interdire le culte des dieux qu’ont adorés nos pères ? Ta doctrine nous paraît suspecte, et nous en doutons.

Jugez-moi, dit le prophète. Chargé des ordres du ciel, favorisé de ses grâces, si je lui désobéis, qui me mettra à l’abri de son courroux ? Vos efforts ne feraient que hâter ma perte.

O mon peuple ! cette femelle de chameau est un signe de la puissance divine. Laissez-la paître dans le champ sacré. Gardez-vous de lui nuire. Votre désobéissance serait suivie d’un prompt châtiment.

Ils tuèrent la femelle de chameau, et Saleh leur dit : Jouissez. Dans trois jours vous ne serez plus. L’arrêt est inévitable.

Notre vengeance éclata. Saleh et les croyans, sous l’aile de notre sauvegarde, furent délivrés d’un supplice ignominieux. Ton Seigneur est le Dieu fort, le Dieu puissant.

Les coupables ne purent éviter notre punition. On les trouva le matin dans leurs maisons étendus morts, le visage contre terre.

Ils ne se relevèrent plus. N’avaient-ils pas été rebelles à Dieu ! Ne s’étaient-ils pas éloignés de lui ?

Nos envoyés étant venus apporter une heureuse nouvelle à Abraham, lui dirent : La paix soit avec toi. Il leur rendit le salut, et leur servit un veau rôti.

Lorsqu’il vit qu’ils ne lui touchaient pas la main[4], il les prit pour des étrangers et se défia d’eux. Ne crains point, lui dirent-ils, nous sommes députés vers le peuple de Loth.

Nous lui annonçâmes la naissance d’Isaac et de Jacob ; mais sa femme rit de notre prédiction.

O ciel ! s’écria-t-elle ; je suis avancée dans la vieillesse, mon mari est vieux, et j’enfanterais ! cela n’est-il pas merveilleux ?

Vous défiez-vous de la puissance du Seigneur, répondirent les anges ? Famille d’Abraham, sa miséricorde et sa bénédiction sont avec toi. La louange et la gloire appartiennent au Tout-Puissant.

Cette prédiction heureuse ayant dissipé la frayeur d’Abraham, il disputa avec nous en faveur du peuple de Loth, parce qu’il était doux, humain et pieux.

Cesse de nous prier, lui dirent les Anges, l’ordre de Dieu est donné, et la peine portée est inévitable.

Nos ministres arrivèrent chez Loth. Il s’affligea pour eux, et ne pouvant les protéger, il s’écria : O jour plein d’amertume !

Un peuple depuis long-temps accoutumé au crime, vint en foule se présenter à lui : Voilà mes filles, leur dit Loth ; vous serez moins coupables en abusant d’elles. Ne me déshonorez pas dans la personne de mes hôtes. Toute pudeur serait-elle éteinte parmi vous ?

Tu sais, répondirent les habitans de Sodôme, que nous n’avons aucun droit à tes filles, et tu n’ignores pas ce que nous demandons.

Ciel ! reprit Loth, ne pourrai-je réprimer vos désirs infâmes, ni trouver d’asile contre vous ?

Nous sommes les ministres du Très-Haut, dirent les anges à Loth. Ces scélérats ne t’insulteront point. Sors cette nuit de la ville. Que personne de vous ne se détourne pour regarder. Ta femme seule enfreindra cette défense. Elle subira le sort des coupables. L’arrêt du ciel s’exécutera au lever du jour. L’instant de leur ruine est proche.

L’heure arriva. Nous renversâmes Sodôme, et nous fîmes pleuvoir sur les habitans des pierres marquées de la main de Dieu. Peu s’en faut que la Mecque ne soit aussi coupable que Sodôme.

Chaïb, ministre du Très-Haut, dit aux Madianites ses frères : O mon peuple ! adorez le Seigneur ; il n’y a point d’autre Dieu que lui. Ne retranchez rien du poids ni de la mesure. Vous êtes dans un état florissant, mais je crains pour vous la peine du grand jour.

O mon peuple remplissez le boisseau. Pesez avec justice. Ne touchez point au bien d’autrui, et ne répandez pas la corruption sur la terre.

Alors vos richesses, avouées du ciel, produiront de plus grands avantages si vous avez la foi.

Je ne suis point votre gardien.

O Chaïb ! répondirent les Madianites, ta loi nous ordonne-t-elle d’abandonner le culte de nos pères ? nous défend-elle d’user de nos biens comme il nous plaît ? Es-tu donc le sage, le savant par excellence ?

Jugez-moi, reprit Chaïb : chargé des ordres du Très-Haut, comblé de ses faveurs, dois-je vous imiter dans les choses que je vous défends ? Mon unique désir est de vous rendre meilleurs, si je le puis. Toute ma confiance est en Dieu. Il est mon soutien. Je retourne à lui.

O mon peuple ! que votre schisme n’attire pas sur vous les fléaux qui ont fait périr le peuple de Noé, les Adéens, les Thémudéens, et les habitans de Sodôme dont le châtiment est encore récent.

Implorez la miséricorde du Seigneur. Retournez à lui, puisqu’il est aimant et miséricordieux.

O Chaïb ! répliquèrent les Madianites, nous ne saurions comprendre ta doctrine. Tu es sans appui au milieu de nous. Si nous n’avions pitié de ta famille, nous t’aurions lapidé. Tu n’aurais pu te dérober à nos coups.

O mon peuple ! continua Chaïb, ma famille a-t-elle plus de pouvoir sur vos cœurs que Dieu ? L’avez-vous oublié ? Il voit toutes vos actions.

Agissez au gré de vos désirs, j’agirai de mon côté.

Bientôt vous verrez sur qui tombera un châtiment ignominieux, et qui de nous est livré au mensonge. Attendons l’événement.

L’instant marqué arriva. Chaïb et les croyans éprouvèrent les effets de notre miséricorde. Notre vengeance éclata sur les coupables. On les trouva le matin étendus morts dans leurs maisons.

Ils ne se relevèrent plus. Semblables aux Thémudéens, les Madianites ne s’étaient-ils pas éloignés de Dieu ?

Moïse, ministre du Très-Haut, avait fait briller à la cour de Pharaon la foi accompagnée de prodiges ; mais les courtisans suivirent la volonté du prince, et sa volonté était injuste.

Pharaon précédera son peuple au jour de la résurrection. Il le conduira dans les brasiers de l’enfer, séjour du désespoir.

Il a eu des imitateurs maudits dans ce monde et dans l’autre. Malheur à l’association des méchans !

Nous te révélons ces exemples tirés de l’histoire des villes. Quelques-unes d’elles subsistent encore ; les autres sont entièrement détruites.

Nous ne fûmes point injustes envers leurs habitans. Ils se perdirent eux-mêmes. Les dieux qu’ils adoraient, loin de les mettre à l’abri des châtimens célestes, ne servirent qu’à hâter leur ruine.

C’est ainsi que ton Dieu punit des villes coupables. Ses vengeances sont terribles.

Qu’elles servent d’exemple à celui qui craint les peines de la vie future, les peines du jour où tous les hommes seront rassemblés, et où l’on rendra témoignage.

Nous le différons jusqu’au temps marqué.

Dans ce jour, personne n’élèvera la voix, sans la permission de Dieu. Une partie du genre humain sera dévouée au malheur ; l’autre jouira de la félicité.

Les malheureux précipités dans les flammes pousseront des cris et des soupirs.

Ils y demeureront aussi long-temps que les cieux et la terre subsisteront, aussi long-temps qu’il plaira au Tout-Puissant ; car il fait ce qu’il lui plaît.

Les bienheureux habiteront le paradis, aussi longtemps que les cieux et la terre subsisteront, aussi long-temps qu’il plaira au Seigneur, qui ne les privera point du don qu’il leur a fait.

Ne sois point en doute sur le culte qu’ils professent. Ils servent les dieux de leurs pères, et nous n’adoucirons point les peines qui leur sont préparées.

Nous donnâmes le Pentateuque à Moïse. Il fut un sujet de dispute. Si l’arrêt du ciel n’eût été prononcé, les débats des infidèles auraient été terminés. Maintenant ils errent dans le vague du doute.

Dieu rendra à chacun suivant ses œuvres. Rien n’échappe à sa connaissance.

Suis la justice qui t’a été recommandée. Que les croyans la suivent. Ne vous en écartez jamais. Dieu est témoin de vos actions.

N’imitez pas les pervers, de peur que vous ne soyez la proie des flammes. Vous n’avez point de protection ni d’asile contre le Tout-Puissant.

Faites la prière au commencement du jour, au coucher du soleil, et dans la nuit. Les bonnes œuvres chassent le mal. Ce précepte s’adresse à ceux qui gardent le souvenir du Seigneur.

Souffrez avec patience. Dieu ne laisse point périr la récompense de ceux qui font le bien.

Parmi les nations qui vous ont précédées, un petit nombre de justes s’opposèrent au torrent du vice. Nous les sauvâmes ; mais les méchans, abandonnés aux délices de la vie, se plongèrent dans le crime.

L’iniquité n’approche point de l’Éternel : Il n’aurait pas détruit des villes dont les habitans eussent été vertueux.

S’il eût voulu, une seule religion aurait régné sur la terre. Ceux que sa grâce éclaire seront les seuls unis. L’esprit de dissension divisera le reste des mortels. Tels ils ont été créés. La parole divine s’accomplira. L’enfer sera rempli de génies, et d’hommes de toutes les nations. Nous te révélons ces vérités tirées de l’histoire des prophètes, afin qu’elles éclairent et affermissent ton cœur, et qu’elles servent d’exemple et d’avertissement aux fidèles.

Dis aux incrédules : Agissez au gré de vos désirs ; nous agirons de notre côté. Attendons l’événement.

Dieu connaît les mystères des cieux et de la terre. Il est le terme où tout doit aboutir. Adore sa majesté suprême. Mets ta confiance en lui, et songe qu’il a l’œil ouvert sur tes actions.


  1. Excepté celui qui est destiné à périr. Elhaçan pense que c’est un des petits-fils de Noé, dont le nom n’est pas parvenu jusqu’à nous.
      Noé, Sem, Cham, Japhet, et leurs trois femmes, furent les seuls sauvés dans l’arche. Gottada. D’autres auteurs arabes font monter le nombre de ceux qui entrèrent dans l’arche avec Noé, jusqu’à quatre-vingt personnes.
  2. L’arche avait, suivant Elhaçan, douze cents coudées de long et six cents de large. C’est l’interprétation fidèle de ces mots : Cal elhacen ou can toul elsafinat elf draa, ou maëtan draa, ou ardeha set maïat draa. Marracci a traduit ainsi ces mots : L’arche avait douze cents coudées de haut et six cents de large. Il a donné au mot toul qui signifie longueur, la signification de largeur, ensuite il s’est récrié sur l’imbécillité des auteurs arabes, et sur le ridicule des proportions d’un navire qui aurait douze cents coudées de haut et six cents de large. Ignorait-il que le ridicule qu’il répand si volontiers devait retomber sur lui-même ? Marracci. Réfutations sur le chapitre XI du Coran.
  3. Le mont Joudi est dans la Mésopotamie. Les auteurs arabes prétendent que l’arche s’y arrêta. Ce sentiment est détruit par l’autorité du Pentateuque, qui la fait s’arrêter sur le mont Ararat, dans l’Arménie.
  4. Lorsque les Orientaux se rencontrent, après la salutation ordinaire la paix soit avec vous (salam alaicom), ils portent la main du côté du cœur, et se la serrent mutuellement. Lorsqu’ils sont étroitement liés, ils réitèrent cette cérémonie en se faisant des souhaits heureux. S’ils ne connaissent point la personne qu’ils rencontrent, ils lui donnent simplement le salut ; et si c’est un infidèle, ils se contentent de lui souhaiter le bonjour. Abraham, voyant que les deux envoyés célestes ne lui touchaient point la main, les prit pour des étrangers dont il n’était point connu.