Coran Savary/026

La bibliothèque libre.
Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 115-126).





LES POÈTES.


donné à la mecque, composé de 228 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


T. S. M. Ces caractères sont les signes du livre qui manifestent la vérité.

Leur incrédulité t’afflige.

Nous pourrions faire descendre des cieux un prodige devant lequel ils courberaient leurs fronts humiliés ;

Mais les avertissemens que Dieu leur envoie ne servent qu’à les éloigner davantage de la foi.

Ils ont accusé l’islamisme de fausseté. Ils apprendront une nouvelle dont ils ne se moqueront point.

N’ont-ils pas promené leurs regards sur la terre ? N’ont-ils pas vu toutes les productions dont nous l’avons enrichie ?

Notre magnificence y brille de toutes parts ; mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Seigneur est le dominateur, le miséricordieux.

Dieu appela Moïse, et lui dit : Va trouver un peuple coupable.

Va trouver Pharaon, ne me craindra-t-il point ?

Seigneur, répondit Moïse, j’appréhende qu’on ne me traite d’imposteur.

Mon cœur est dans la gêne, ma langue n’est point déliée, appelle mon frère Aaron.

Les Égyptiens ont un crime à me reprocher ; ils me mettront à mort.

Ne crains rien, reprit le Seigneur. Partez. Opérez des merveilles. Je serai avec vous et j’entendrai.

Ils se rendirent auprès de Pharaon et lui dirent : Nous sommes les ministres du souverain des mondes.

Laisse partir avec nous les enfans d’Israël.

Ne t’avons-nous pas nourri pendant ton enfance, dit le roi à Moïse ? N’as-tu pas vécu plusieurs années à ma cour ?

N’as-tu pas commis un meurtre ? Certainement tu es un ingrat.

Il est vrai, répondit Moïse, j’ai versé le sang d’un Égyptien, et j’ai été coupable.

La crainte m’a fait fuir du milieu de vous ; mais Dieu m’a accordé la sagesse, et m’a chargé de sa mission.

Les faveurs dont tu m’as comblé sont d’avoir réduit en esclavage les enfans d’Israël.

Quel est le souverain des mondes, lui demanda le roi ?

C’est, répondit Moïse, celui qui gouverne les cieux et la terre. Il domine dans l’immensité de l’espace. Croirez-vous ces vérités ?

L’avez-vous entendu, dit le prince à ceux qui l’environnaient ?

Il est votre Dieu, ajouta Moïse, et le Dieu de vos pères.

Celui qu’on vous a envoyé, reprit Pharaon, est un insensé.

Il est, continua le prophète, le souverain de l’orient, de l’occident, et de l’espace qui les sépare, si vous le comprenez.

Si tu adores, dit le prince, d’autre Dieu que moi, je te ferai charger de fers.

Et si je fais briller des prodiges à tes yeux, répondit Moïse ?

Opères-en, ajouta le roi, si ta mission est véritable.

Moïse jeta sa baguette, et elle se changea en serpent.

Il tira sa main, et elle parut blanche à tous les spectateurs.

Le roi dit à ses courtisans : Cet homme est un mage habile.

Il veut vous chasser de votre pays par des enchantemens ; que me conseillez-vous ?

Arrêtez-le avec son frère, répondirent-ils, et envoyez des hérauts dans votre empire ;

Qu’ils amènent les plus fameux magiciens.

Tous vinrent au jour marqué.

Un héraut ayant crié : L’assemblée est-elle solennelle ?

Le peuple répondit : Nous nous déclarerons du parti des vainqueurs.

Les mages réunis dirent à Pharaon : Prince, pouvons-nous compter sur tes bienfaits, si nous remportons la victoire ?

Pharaon promit de les récompenser et de leur accorder sa faveur.

Moïse leur dit : Jetez ce que vous tenez à la main.

Ils jetèrent leurs cordes et leurs baguettes, et s’écrièrent : Par la puissance de Pharaon, nous serons victorieux.

Moïse jeta sa baguette, et elle dévora les autres changées en serpens.

Les mages prosternés s’écrièrent :

Nous croyons au souverain des mondes ;

Au Dieu de Moïse et d’Aaron.

Croirez-vous, dit le roi, sans ma permission ? Sans doute Moïse est plus habile que vous. Il vous a enseigné la magie ; mais vous verrez.

Je vous ferai couper les pieds et les mains, et vous serez crucifiés.

La mort, répondirent-ils, n’est point pour nous un malheur ; nous retournons au Dieu qui nous a créés.

Nous espérons qu’il pardonnera nos offenses ; nous avons été les premiers à embrasser la foi.

Nous commandâmes à Moïse de s’enfuir de nuit avec nos serviteurs, qui devaient être poursuivis.

Pharaon rassembla les troupes de son empire.

Les Israélites, dit-il, sont en petit nombre ;

Et s’ils sont irrités contre nous,

Nous formons une armée nombreuse et prête à combattre.

Nous portâmes les Égyptiens à quitter leurs jardins et leurs fontaines,

Leurs trésors et leurs habitations superbes,

Afin d’en faire hériter les enfans d’Israël.

Ils furent poursuivis dès le lever de l’aurore.

Lorsque les deux peuples furent en présence, les Hébreux dirent à Moïse : C’est fait de nous.

Calmez vos alarmes, répondit-il, le Dieu qui nous conduit est avec moi.

Nous lui ordonnâmes de frapper la mer de sa baguette. Les flots divisés laissèrent un chemin dont les côtés s’élevaient en montagnes.

Nous fîmes approcher les Égyptiens.

Nous sauvâmes Moïse et son peuple ;

Et nous ensevelîmes l’armée ennemie dans les eaux.

Leur ruine signala notre puissance. Mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Récite-leur l’histoire d’Abraham.

Lorsqu’il demanda à son père et au peuple : Quels sont vos dieux ?

Nous adorons, répondirent-ils, des idoles, et nous leur rendons un hommage assidu.

Exaucent-elles vos vœux quand vous les invoquez ?

Leur devez-vous des faveurs ou des disgrâces ?

Nous avons trouvé, reprirent-ils, nos pères attachés à ce culte.

Que pensez-vous adorer ?

Que pensez-vous qu’adoraient vos pères ?

Que vos dieux soient mes ennemis. Le souverain des mondes,

Est le Dieu qui m’a créé et qui me conduit.

C’est lui qui me nourrit et qui me désaltère.

Lorsque je serai malade, c’est sa main qui me guérira.

C’est lui qui m’enverra la mort, et qui me ressuscitera.

Il est mon espérance. Il me pardonnera mes offenses, au jour du jugement.

Seigneur, donne-moi la sagesse et la justice ;

Fais que ma voix annonce la vérité à la race future ;

Donne-moi pour héritage le jardin de délices ;

Pardonne à mon père qui est dans l’erreur ;

Ne me couvre pas de honte au jour de la résurrection ;

Au jour où les richesses et les enfans seront inutiles,

Excepté à celui qui s’approchera de Dieu avec un cœur sincère.

La piété ouvrira les portes du paradis ;

Et les impies seront jetés dans l’enfer.

On leur demandera : Où sont vos dieux ?

Viendront-ils vous secourir et vous défendre ?

Eux et leurs adorateurs sont précipités dans les flammes.

Les légions de démons y seront rassemblées.

Les infidèles disputeront avec eux.

Certainement, diront-ils, nous étions dans un aveuglement funeste,

Lorsque nous vous avons égalés au souverain des mondes.

Des scélérats nous ont séduits,

Et nous n’avons plus de protecteurs ;

Plus d’amis touchés de notre sort.

Si nous retournions sur la terre, nous embrasserions l’islamisme.

Cette histoire offre des exemples frappans, mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Le peuple de Noé nia la mission des ministres du Très-Haut.

Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur répétait Noé ?

Je suis votre envoyé fidèle.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Je ne vous demande point le prix de mon zèle ; ma récompense est dans les mains du souverain des mondes.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Croirons-nous à ta mission, répondirent les impies ? Les plus vils du peuple sont tes seuls sectateurs.

J’ignore, reprit Noé, ce qu’ils sont.

Il n’appartient qu’à Dieu de sonder les cœurs. Le comprenez-vous ?

Éloignerai-je de moi les croyans ?

Je ne suis envoyé que pour prêcher la foi.

Si tu ne cesses tes prédications, lui répondit-on, tu seras lapidé.

Seigneur, s’écria Noé, mon peuple m’accuse d’imposture.

Juge-nous. Sauve-moi avec les fidèles.

Nous le sauvâmes avec les croyans dans l’arche remplie,

Et nous submergeâmes le reste des mortels :

Exemple terrible de la vengeance divine. Mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Le peuple d’Aod nia la mission des ministres du Très-Haut.

Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur criait Hod leur frère ?

Je suis votre envoyé fidèle.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Craignez celui qui a étendu vos connaissances ;

Qui a augmenté le nombre de vos enfans, de vos troupeaux,

Et qui vous a donné des jardins et des fontaines.

J’appréhende pour vous les tourmens du grand jour.

Tes avertissemens, lui répondit-on, ou ton silence, sont pour nous la même chose.

Tout ce que tu nous annonces n’est qu’une fable de l’antiquité.

Nous ne serons point soumis à des peines.

Ils l’accusèrent de mensonge, et nous les anéantîmes. Leur châtiment est un exemple ; mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Les Thémudéens nièrent la mission des ministres du Très-Haut.

Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur répétait Saleh leur frère.

Je suis votre envoyé fidèle.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Je ne vous demande point le prix de mon zèle ; ma récompense est dans les mains du souverain des mondes.

Pensez-vous qu’on vous laissera les biens dont vous jouissez ;

Vos jardins, vos fontaines,

Vos moissons, vos palmiers, dont le fruit est délicieux,

Et les maisons que vous taillez avec art dans les rochers ?

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

N’écoutez pas les conseils de l’impie.

Il souille la terre de ses crimes et ne se corrige point.

Ton esprit, lui répondit-on, est fasciné par des prestiges.

Tu n’es qu’un homme semblable à nous. Opère des miracles si ta mission est vraie.

Voyez, dit Saleh, cette femelle de chameau : qu’elle ait sa boisson au temps marqué, comme vous la vôtre.

Ne lui faites aucun mal, si vous redoutez la peine du grand jour.

Ils la tuèrent, et le repentir suivit la désobéissance.

La vengeance divine les environna. Leur supplice servira d’exemple ; mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Le peuple de Loth nia la mission des ministres du Très-Haut.

Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur disait Loth leur frère ?

Je suis votre envoyé fidèle.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Je ne vous demande point le prix de mon zèle ; ma récompense est dans les mains du souverain des mondes.

Aurez-vous donc commerce avec des hommes corrompus ?

Abandonnerez-vous les femmes que Dieu a formées pour votre usage ? Violerez-vous les lois de la nature ?

Si tu ne cesses tes remontrances, répondirent les habitans de Sodôme, nous te bannirons de notre ville.

J’ai votre crime en horreur, reprit Loth.

Seigneur, préserve-moi, préserve ma famille de leur infamie.

Nous le sauvâmes avec sa famille,

Mais son épouse fut enveloppée dans le châtiment des coupables.

Aucun des habitans de Sodôme n’échappa à notre vengeance.

Nous fîmes tomber une pluie fatale sur ceux qu’on avait trop avertis.

Leur punition servira d’exemple à la terre, mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Les habitans d’Aleïca nièrent la mission des ministres du Très-Haut.

Ne craindrez-vous point le Seigneur, leur criait Chaïb ?

Je suis votre envoyé fidèle.

Craignez Dieu, et obéissez à ma voix.

Je ne vous demande point le prix de mon zèle, ma récompense est dans les mains du souverain des mondes.

Remplissez la mesure et n’en retranchez rien.

Pesez avec une balance juste.

Ne trompez point vos semblables. Ne ravagez point la terre.

Craignez celui qui vous a créés, et qui créa le premier homme.

Tu es dans le délire, dit le peuple à Chaïb.

Mortel semblable à nous, tu veux nous séduire par tes impostures.

Si tu dis la vérité, fais tomber une partie du ciel sur nos têtes.

Le Seigneur, reprit Chaïb, connaît vos actions.

Ils l’accusèrent de mensonge, et ils subirent le supplice du grand jour, le supplice du jour des ténèbres.

Leur châtiment est un exemple pour la postérité ; mais la plupart n’ont point la foi.

Ton Dieu est le dominateur, le miséricordieux.

Ce livre vient du souverain des mondes.

L’Esprit fidèle l’a apporté du ciel.

Il le déposa sur ton cœur, afin que tu fusses apôtre.

Il est écrit en langue arabe, et son style est pur.

Les livres sacrés et anciens en font mention.

Les Mecquois ne devraient-ils pas être étonnés que les savans d’entre les Hébreux en eussent connaissance ?

Si des peuples barbares l’avaient reçu,

Et qu’ils l’eussent lu aux infidèles, ils n’y auraient pas ajouté foi.

Nous l’avons tellement imprimé dans le cœur des impies,

Qu’ils ne croiront qu’à l’instant où ils verront les tourmens préparés.

L’heure les surprendra, et ils ne pourront la prévoir.

Alors ils s’écrieront : Nous accordera-t-on un délai ?

Prieront-ils le ciel de précipiter sur nous ses fléaux ?

Que t’en semble ? Si après les avoir laissés pendant des années s’endormir au sein des voluptés,

Nous mettons tout à coup le sceau à nos vengeances,

A quoi leur serviront les plaisirs dont ils se sont enivrés ?

Nous n’avons point détruit de cité, sans l’avoir prévenue, par nos avertissemens.

Aucune n’a subi un sort injuste.

Les démons ne sont point les auteurs du Coran.

Ils ne devaient, ni ne pouvaient le mettre au jour.

Ils sont loin du langage des cieux.

N’invoque point un autre que Dieu, de peur que tu ne sois réprouvé.

Annonce ces vérités à tes plus proches parens.

Étends tes ailes sur les fidèles qui te suivront.

S’ils deviennent rebelles, dis-leur : Je suis innocent de vos œuvres.

Mets ta confiance dans le Dieu dominateur et miséricordieux.

Il te voit à l’instant où tu te lèves[1].

Il te voit à l’instant où tu te prosternes avec ses adorateurs.

Il sait et entend tout.

Vous dirai-je quel est le mortel que Satan inspire ?

C’est le menteur et l’impie.

Les poëtes trompés par ses illusions, le suivent.

Ne les as-tu pas vus errer dans les vallées !

Ils disent ; mais ils ne font pas.

Il faut en excepter ceux qui ont la foi, la vertu, et qui entretiennent dans leur cœur le souvenir de Dieu.

Ils ne se vengent que quand ils sont attaqués injustement. Les méchans connaîtront le séjour qui les attend.


  1. Pour prier.