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Coran Savary/028

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 136-148).





L’HISTOIRE.


donné à la mecque, composé de 88 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


T. S. M. [1] Ces caractères sont les signes du livre de l’évidence.

Nous te réciterons avec vérité quelques traits de l’histoire de Moïse et de Pharaon, en faveur des croyans.

Pharaon s’enorgueillissait sur le trône d’Égypte. Il avait divisé son peuple en deux parties. Devenu tyran, il en affaiblissait une, en faisant périr les enfans mâles, et en ne laissant vivre que les filles.

Nous voulions combler de biens ceux qui étaient opprimés, les élever, et leur donner un héritage.

Nous voulions leur assurer une habitation sur la terre, et déployer aux yeux de Pharaon, d’Haman, et de leurs armées, les prodiges qu’ils redoutaient.

Nous dîmes à la mère[2] de Moïse : Allaite ton fils, et si tu trembles pour ses jours, dépose-le sur le Nil. Ne crains rien. Ne t’afflige point. Nous le rendrons à tes vœux, et nous l’établirons prophète.

La famille de Pharaon recueillit celui qui devait être un jour son ennemi, et lui causer des chagrins amers, parce que Pharaon, Haman, et leurs soldats, étaient prévaricateurs.

Que cet enfant soit le plaisir de nos yeux, dit la reine d’Égypte. Ne le mettez point à mort. Peut-être qu’un jour il nous sera avantageux de l’avoir accueilli. Nous l’adopterons pour fils. Ils ignoraient l’avenir.

La mère de Moïse alarmée fut prête à trahir son fils ; mais nous mîmes un lien sur son cœur, afin qu’elle fût fidèle.

Elle ordonna à la sœur de Moïse de suivre l’enfant. Elle l’observait de loin afin qu’on ne s’en aperçût pas.

Fidèle à notre défense, l’enfant refusa le lait des nourrices étrangères. Voulez-vous, dit sa sœur, que je vous enseigne une famille où il sera nourri et élevé avec soin ?

Nous le rendîmes à sa mère, afin de sécher ses pleurs, de calmer ses inquiétudes, et afin qu’elle connût que les promesses de Dieu sont véritables.

Lorsqu’il eut atteint l’âge marqué, nous lui donnâmes la sagesse et la science ; c’est ainsi que nous récompensons la vertu.

Un jour qu’il entrait dans la ville pendant le temps où les citoyens reposent, il aperçut deux hommes qui se battaient, l’un Hébreu et l’autre Égyptien. Le premier lui demanda du secours contre son adversaire. Moïse le frappa et le mit à mort. Voilà, dit-il, une œuvre de Satan, l’ennemi, le séducteur du genre humain.

Seigneur, s’écria-t-il, j’ai commis un crime, daigne me pardonner. Dieu lui pardonna, parce qu’il est indulgent et miséricordieux.

Seigneur, puisque ta miséricorde m’a fait grâce, je ne serai jamais du parti des impies.

Le matin il marchait en tremblant dans la ville. Il observait avec inquiétude, quand l’Israélite qu’il avait sauvé la veille l’appela une seconde fois à son secours. Tu es un séditieux, lui dit Moïse.

Il voulut cependant repousser par la force ce nouvel ennemi. As-tu dessein de me faire éprouver le sort de celui que tu mis hier à mort ? lui cria l’Égyptien. N’écouteras-tu que ta violence ? As-tu donc renoncé à la vertu ?

Un homme accouru de l’extrémité de la ville, lui dit : O Moïse ! les grands assemblés délibèrent pour te faire mourir. Dérobe-toi par la fuite, et suis cet avis salutaire.

Il s’enfuit, tremblant d’être découvert, et il adressa cette prière au ciel : Seigneur, délivre-moi des mains des méchans.

Sorti de la ville[3], il tourna ses pas vers Madian, et dit : Seigneur, guide-moi dans le bon chemin.

Arrivé à la fontaine de Madian, il trouva les bergers occupés à abreuver leurs troupeaux.

Il aperçut deux sœurs qui se tenaient à l’écart. Que faites-vous ici ? leur demanda-t-il. Nous attendons, répondirent-elles, le départ des pasteurs, pour abreuver nos troupeaux. Nous avons pour père[4] un cheikh respectable.

Moïse leur puisa de l’eau ; et s’étant écarté sous l’ombrage, il s’écria : Seigneur, mon cœur soupirait après le bien que tu viens de m’offrir.

Une des sœurs revint à lui, marchant avec décence, et lui dit : Mon père te demande. Il veut te récompenser du service que tu nous as rendu. Moïse[5] raconta son histoire au vieillard, qui lui dit : Ne crains rien, tu es échappé des mains des méchans.

O mon père ! dit une des filles de Jetro : Prends cet homme à ton service. Il est robuste et fidèle ; il sera le meilleur de tes domestiques.

Jetro dit à Moïse : Je te donnerai une de mes filles en mariage, à condition que tu me serviras pendant huit ans. Il dépendra de toi de rester deux ans de plus. S’il plaît à Dieu, tu n’éprouveras de ma part qu’humanité et justice.

J’accepte votre proposition, répondit Moïse ; mais l’accord aura lieu pourvu que j’accomplisse un des termes. Qu’aucun de nous ne soit transgresseur, et que Dieu soit le garant de notre alliance.

Le temps fixé étant[6] accompli, Moïse partit avec sa famille, et ayant aperçu du feu près du mont Sinaï, il dit : Attendez ici. Je vais reconnaître ce feu. Peut-être que je vous apporterai du bois enflammé pour vous chauffer.

Lorsqu’il s’en fut approché, une voix sortie du milieu d’un buisson près de la rive droite du torrent qui coule dans la vallée bénite, lui cria : Moïse, je suis le Dieu souverain des mondes.

Jette ta baguette. Il la vit aussitôt, changée en serpent, ramper sur la terre. Il s’enfuit précipitamment. O Moïse ! retourne sur tes pas. Calme ta frayeur. Tu es en sûreté.

Mets ta main dans ton sein, elle deviendra blanche sans aucun mal. Retire-la sans crainte. Tu opéreras ces deux prodiges devant Pharaon et les grands de son empire. Ils sont prévaricateurs.

Seigneur, dit Moïse, j’ai tué un Égyptien ; j’appréhende qu’on ne me mette à mort.

Mon frère Aaron est plus éloquent que moi. Commande-lui de m’accompagner. Qu’il me serve d’appui. Qu’il atteste la vérité de mes paroles. Je crains qu’on ne me traite d’imposteur.

Aaron sera ton soutien, ajouta le Seigneur. Nous vous donnerons une puissance insigne. Les Égyptiens ne pourront égaler vos prodiges. Vous, et ceux qui vous suivront, serez vainqueurs.

Moïse dévoila aux Égyptiens notre doctrine sublime. Tout cela n’est que mensonge, s’écrièrent-ils : la tradition de nos pères ne nous offre rien de semblable.

Mon Dieu connaît, dit Moïse, ceux que la foi éclaire, et qui auront le paradis pour récompense. Certainement la félicité ne sera point le partage des méchans.

Seigneurs, dit Pharaon à ses courtisans, je ne pense pas que vous ayez d’autre Dieu que moi. Haman, prépare des briques, et qu’on bâtisse une tour[7] élevée, afin que je monte vers le Dieu de Moïse, quoique cet homme me semble un imposteur.

Le roi et ses troupes, livrés à l’orgueil, oublièrent la justice, et pensèrent qu’ils ne ressusciteraient point.

Nous saisîmes Pharaon et son armée, et nous les précipitâmes dans les eaux. Vois quelle est la fin des impies.

Chefs des réprouvés, ils appelleront leurs semblables au feu de l’enfer. Ils seront sans protecteur au jour de la résurrection.

Frappés de malédiction dans ce monde, au jour dernier ils seront couverts d’opprobre.

Après avoir détruit les premiers peuples, nous donnâmes à Moïse le Pentateuque, pour rappeler sur la terre le souvenir du Seigneur. Ce livre est le gage des grâces célestes, et la lumière des hommes.

Tu n’étais pas avec Moïse, sur le côté occidental de la montagne, lorsque nous le chargeâmes de nos ordres. Tu ne fus point au nombre des témoins.

Depuis Moïse, plusieurs générations se sont succédées. Nous les avons laissées long-temps sur la terre. Tu n’as point habité parmi les Madianites, pour leur annoncer nos commandemens ; mais nous t’avons élu prophète.

Tu n’étais pas sur le penchant du mont Sinaï lorsque nous appelâmes Moïse ; mais la miséricorde divine t’a choisi pour prêcher un peuple à qui il n’était point encore venu d’apôtre, afin qu’il ouvre les yeux à la lumière.

Lorsqu’ils ressentaient la punition de leurs péchés, ne disaient-ils pas : Seigneur, nous as-tu envoyé un prophète pour que nous suivions ta doctrine, et que nous embrassions la foi ?

Après que nous leur avons envoyé un apôtre véritable, ils se sont écriés : Qu’il fasse éclater la même puissance que Moïse, et nous croirons. N’ont-ils pas nié ses miracles, quand ils ont dit : Le Pentateuque et le Coran sont deux livres de mensonges qui se prêtent un secours mutuel, nous les rejetons également ?

Dis-leur : Si vous êtes véridiques, apportez un livre divin, où la vraie religion soit mieux établie que dans le Pentateuque et dans le Coran, et je le suivrai aussitôt.

S’ils gardent le silence, apprends qu’ils suivent leurs désirs déréglés. Quoi de plus aveugle que d’errer au gré de ses passions loin de la lumière divine ! car Dieu n’éclaire point les méchans.

Nous leur avons fait entendre la parole de la foi, afin de les tirer de leur égarement.

Ceux à qui nous donnâmes les Écritures croient au Coran.

Ils s’écrient, lorsqu’on leur explique sa doctrine : Nous croyons qu’il est la vérité de Dieu ; avant sa venue nous étions musulmans[8].

Ils recevront une double récompense, parce qu’ils ont souffert avec patience, qu’ils ont rendu le bien pour le mal, et versé dans le sein de l’indigent une portion des richesses que nous leur avions départies.

Lorsqu’ils entendent les railleries des méchans, ils s’en éloignent, et ils disent : Nous avons pour nous nos œuvres. Vous rendrez compte des vôtres. La paix soit avec vous. Nous n’aspirons point à l’amitié de ceux qu’aveugle l’ignorance.

Les hommes ne seront point éclairés au gré de tes désirs. Dieu illumine ceux qu’il veut, et connaît celui qui marche dans les voies du salut.

Ils ont dit : Si nous embrassons ta croyance, nous serons chassés de notre pays. Ne leur avons-nous pas assuré un asile où nous rassemblons des biens de toute espèce pour leur subsistance ? Mais la plupart sont dans l’aveuglement.

Combien nous avons détruit de cités abandonnées à la volupté et à la débauche ! Le plus grand nombre de ces villes n’ont plus été habitées, et nous en conservons l’héritage.

Dieu n’a point renversé d’empire avant d’avoir envoyé dans la capitale un prophète prêcher ses commandemens ; et les villes dont les habitans étaient impies, ont été les seules détruites.

Les richesses qui vous ont été dispensées vous procurent les plaisirs et les agrémens de la vie. Les jouissances du ciel sont bien plus délicieuses. Ne le concevez-vous pas ?

Le juste qui possédera la félicité que nous lui avons promise, aura-t-il un sort semblable au mortel qui a joui de tous les charmes de la vie mondaine, et qui au jour de la résurrection sera réprouvé ?

Lorsqu’on appellera l’idolâtre, on lui demandera : Où sont les dieux que tu égalais à l’Éternel ?

Ceux dont la condamnation est prononcée[9], diront : Seigneur, nous l’avons séduit comme nous le fûmes nous-mêmes. Nous ne sommes point coupables du culte qu’il nous a rendu. Rien ne pouvait le porter à nous adorer.

On ajoutera : Appelle tes divinités. Il les invoquera inutilement. Elles garderont le silence, et il verra les tourmens qu’il eût évités, s’il avait suivi la vraie religion.

Dieu lui demandera : Qu’as-tu répondu à mes ministres ?

La réponse mourra sur ses lèvres, et il restera interdit.

Celui que le repentir aura ramené à la foi et à la vertu, peut encore espérer le bonheur.

Ton Dieu crée et élit ceux qu’il veut. Leurs idoles n’ont point le pouvoir du choix. Louange à l’Éternel ! Anathème aux faux dieux !

Ton Dieu connaît et les replis de leurs cœurs, et ce que leur bouche profère.

Il est le Dieu unique. Un tribut de louanges lui est dû dans ce monde et dans l’autre. Il est le juge suprême. Tous les hommes paraîtront devant son tribunal.

Que vous en semble ? Si Dieu prolongeait les ténèbres de la nuit jusqu’au jour de la résurrection, quel autre que lui pourrait vous rendre la lumière ? Ne comprendrez-vous point ?

Que vous en semble ? Si Dieu prolongeait la clarté du jour jusqu’au jour de la résurrection, quel autre que lui pourrait vous ramener les ombres de la nuit, pour servira votre repos ? N’ouvrirez-vous point les yeux ?

Dieu plein de bonté a établi la nuit et le jour ; l’une pour le repos, l’autre pour le travail, afin que vous lui rendiez des actions de grâces.

Un jour nous citerons les idolâtres à notre tribunal, et nous leur demanderons : Où sont les dieux que vous associiez à ma puissance ?

Nous ferons paraître un témoin de chaque nation, et nous leur dirons : Où sont vos preuves ? Ils connaîtront que la vérité procède du Très-Haut, et leurs divinités chimériques disparaîtront.

Caron, un des Israélites, s’était abandonné à l’orgueil. Nous lui avions départi des richesses immenses. Plusieurs hommes robustes auraient eu peine à porter les clefs qui les tenaient enfermées. Ne te livre point aux excès de la joie, lui dirent les Hébreux ; Dieu hait la joie insolente.

Efforce-toi d’acquérir, avec les biens que tu possèdes, le séjour éternel. N’oublie pas la portion dont tu as été favorisé dans ce monde. Sois bienfaisant comme Dieu l’a été envers toi. Ne souille pas la terre de tes crimes. Dieu hait les corrupteurs.

Mes trésors, répondit Caron, sont le prix de ma science. Ignorait-il que Dieu a exterminé des peuples puissans et nombreux ? Mais les scélérats ne seront point interrogés sur leurs forfaits.

Caron s’avançait vers le peuple avec pompe. Ceux pour qui la vie mondaine a des charmes disaient : Plût à Dieu que nous fussions aussi riches que Caron ! Il possède une fortune immense.

Malheur à vous, disaient ceux que la science éclairait ! La récompense que Dieu prépare au croyant vertueux est bien préférable. Elle n’est destinée qu’à ceux qui souffriront avec patience.

Nous ouvrîmes la terre. Caron[10] et son palais furent engloutis. Le nombre de ses esclaves ne put le défendre contre le bras du Tout-Puissant, et il n’eut point de vengeur

Ceux qui la veille enviaient son sort, s’écrièrent le matin : Dieu dispense ou retire ses faveurs à son gré. Si sa miséricorde ne veillait sur nous, la terre nous eût ensevelis dans ses abîmes. Les méchans ne jouiront point de la félicité.

Le palais de la vie future sera le prix de ceux qui fuient l’orgueil et le crime. La fin est pour les justes.

Celui qui aura pratiqué la vertu, recevra une récompense magnifique, et les scélérats subiront des peines proportionnées à leurs crimes.

Celui qui t’a enseigné le Coran, opérera ton retour désiré[11]. Dieu connaît ceux qui suivent la lumière, et ceux qui marchent dans les ténèbres.

Tu n’espérais pas recevoir le Coran ; c’est une faveur du ciel. Ne prête point d’appui aux infidèles.

Qu’ils ne t’écartent jamais des préceptes divins, après les grâces que tu as reçues. Appelle les hommes à Dieu, et fuis l’idolâtrie.

N’invoque qu’un Dieu. Il est seul. Tout périra devant sa face. Il est le juge suprême. Vous comparaîtrez devant son tribunal.


  1. T. S. M. Voyez ce que nous avons dit ci-dessus au sujet de ces caractères.
  2. La mère de Moïse l’allaita pendant trois mois. Craignant ensuite pour ses jours, elle l’enferma dans un coffre enduit de poix, fait en forme de berceau, et le déposa sur le Nil. Maracci.
      La tradition du pays porte que le berceau de Moïse s’arrêta devant le Mekias, ancien château bâti à la pointe d’une île située entre le vieux Caire et Giza. Cet édifice tombe en ruine. On n’y voit de bien conservé qu’un bassin carré, creusé à la profondeur du Nil, avec lequel il communique par un canal. Du milieu de ce bassin s’élève une colonne de marbre qui sert à marquer les divers accroissemens du fleuve. Aussitôt qu’il commence à croître, des crieurs publics vont soir et matin consulter la colonne, et proclament dans les rues du grand Caire la hauteur journalière de l’eau. Lorsqu’elle est à un certain période, on fait de grandes réjouissances, on coupe les digues, et le Nil arrose les campagnes. Le mot mekias signifie mesure d’eau.
  3. Moïse partit de Memphis, capitale de l’Égypte, et demeura huit jours dans son voyage. Comme il ignorait le chemin, un ange fut son conducteur. Gelaleddin.
      Il ne reste aucune trace de Memphis. Les villes du Grand-Caire et de Boulac auront été bâties de ses débris. Si l’on creusait dans les monceaux de sable qui s’élèvent aux environs du vieux Caire, on trouverait peut-être des monumens qui fixeraient la position de cette ancienne capitale de l’Égypte. Thèbes et Alexandrie ont laissé des ruines qui attestent encore leur ancienne magnificence ; mais Memphis a subi le sort de plusieurs autres villes fameuses, elle a disparu entièrement de la face de la terre.
  4. Le mot cheikh signifie vieillard ; mais comme les vieillards avaient anciennement toute l’autorité, et que les Arabes ont conservé les mœurs antiques, ils se servent encore de ce mot pour désigner leurs chefs.
  5. Lorsque Moïse arriva à la demeure de Jetro, que les Arabes nomment Chaïb, il trouva le dîner prêt. Assied-toi et mange avec nous, lui dit le vieillard. Je n’accepte point ton offre, lui répondit Moïse, comme le prix du service que j’ai rendu à tes filles. Il est une loi inviolable dans ma famille : on fait le bien sans en recevoir de récompense. Et moi, répliqua Jetro, j’ai pour coutume (et ce fut celle de mes pères) de bien accueillir mes hôtes, et de les nourrir. Gelaleddin.
      L’hospitalité est encore en honneur parmi les Turcs. Si un étranger se présente à l’heure du repas, on le fait asseoir, et il est traité comme les autres. On ne lui demande point d’où il vient, où il va, ce qu’il est ; questions accablantes pour les malheureux. C’est un homme qui se présente à l’heure du repas, on le reçoit comme s’il était de la famille, et en le traite avec la même bonté. Aussi ne voit-on point de mahométan déshonorer l’humanité, en exposant, au milieu des chemins et des rues, sa misère à ses semblables.
  6. Lorsque Moïse fut sur le point de quitter Jetro, le vieillard ordonna à sa fille de lui donner la baguette avec laquelle il écartait les bêtes féroces de son troupeau ; c’était la verge des Prophètes. Elle était faite de myrte du Paradis terrestre. Adam l’avait possédée le premier. Moïse la reçut des mains de son épouse, avec la science de Jetro. Gelaleddin.
  7. Les auteurs arabes racontent des fables sans nombre au sujet de cette tour. Cinquante mille ouvriers y travaillaient chaque jour. Lorsqu’elle fut très-élevée, Pharaon monta sur le sommet, et lança contre le ciel un trait qui retomba couvert de sang. Le roi se glorifia d’avoir tué le Dieu de Moïse ; mais Gabriel d’un coup d’aile renversa l’édifice qui écrasa une partie de son armée. Zamchascar.
  8. C’est-à-dire consacrés au culte d’un seul Dieu.
  9. Les Démons.
  10. Caron ou Coré, le plus riche et le plus beau des enfans d’Israël, avait fait bâtir un palais magnifique. Il avait formé un parti parmi les Hébreux, et songeait à devenir leur chef. Il gagna à prix d’or une femme qui devait déclarer publiquement que Moïse avait eu commerce avec elle. Un jour que le prophète faisait un discours au peuple, et qu’il prononçait la peine de mort contre l’adultère, Caron se leva et lui dit : Si tu étais toi-même coupable de ce crime, quelle devrait être ta punition ? La mort, répondit Moïse. Aussitôt on fit paraître la femme apostée ; mais, loin de calomnier l’innocence, elle découvrit le complot. Moïse à l’instant s’écria : O terre engloutis les scélérats, et la terre les engloutit. Ismaël ebn Ali, au chapitre de Caron.
  11. C’est-à-dire son entrée à la Mecque, d’où il avait été obligé de fuir pour sauver ses jours.