Coran Savary/035

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 186-191).
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LES ANGES.[1]


donné à la mecque, composé de 45 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Louange à Dieu, architecte des cieux et de la terre ! Les anges sont ses messagers. Il leur a donné deux, trois et quatre ailes. Il favorise à son gré ses créatures, parce que sa puissance est sans bornes.

Rien ne peut arrêter le cours de ses bienfaits, ni les procurer contre sa volonté. Il est le Dieu dominateur et sage.

Mortels, souvenez-vous de ses grâces. L’univers connaît-il un autre créateur ? Un autre vous dispense-t-il les trésors du ciel et de la terre ? Il est le Dieu unique. Pourquoi vous éloignez-vous de son culte ?

Ils nieront ta mission. Ainsi furent traités les premiers apôtres ; mais Dieu est le terme de toutes choses.

Mortels, les promesses de Dieu sont véritables. Que les charmes de la vie mondaine ne vous enivrent pas ; que le tentateur ne vous fasse pas tomber dans ses piéges.

Il est votre ennemi. Défiez-vous de sa haine. Il appelle ses sectateurs au feu de l’enfer.

Les infidèles n’éviteront point les supplices.

Les croyans qui auront fait le bien jouiront des dons honorables de la miséricorde divine.

Celui pour qui l’iniquité a des charmes croit-il être dans le droit chemin ? Dieu répand à son gré l’erreur ou la lumière. Que ton cœur ne s’afflige point sur eux. L’Éternel voit leurs actions.

Il envoie les vents qui portent les nuages sur les contrées où la terre languit. La pluie rend aux campagnes stériles, leur première fécondité ; image de la résurrection.

Celui qui cherche la vraie grandeur la trouve en Dieu, source de toutes les perfections. Les discours vertueux montent vers son trône. Il exalte les bonnes œuvres. Il punit rigoureusement le scélérat qui trame des perfidies. Ses noirs complots seront anéantis.

Dieu vous a formés de terre et d’eau. Il vous a donné les sexes. Il sait ce qui est caché dans le sein de la mer, et ce qu’elle doit enfanter. Il n’abrége point la vie de l’homme. Il ne la prolonge point au delà du terme marqué dans le livre. Tous ces prodiges sont faciles à sa puissance.

Une mer d’eau douce et salutaire, et une mer d’eau salée et amère sont bien différentes ; cependant l’une et l’autre vous fournissent une nourriture fraîche, et des perles pour votre parure. Vous y voyez les vaisseaux fendre les flots, pour vous procurer les commodités de la vie. Ces bienfaits appellent votre reconnaissance.

Dieu fait succéder la nuit au jour, et le jour à la nuit. Il a commandé au soleil et à la lune de vous dispenser leur lumière. Ils parcourent la route qu’il leur a tracée. Il est votre Seigneur. À lui appartient l’empire de l’univers. Les dieux que vous adorez, ne sauraient dans leur puissance disposer de la pellicule qui enveloppe le noyau de la datte.

Quand vous les invoquez, ils ne vous entendent pas ; et quand ils vous entendraient, ils ne pourraient exaucer vos vœux. Au jour de la résurrection, ils nieront votre hommage. Aucun d’eux ne saurait prédire avec vérité l’avenir.

Mortels, vous êtes pauvres devant Dieu. Lui seul possède la richesse et la louange.

Il peut vous faire disparaître de la terre, et produire une création nouvelle.

Ce prodige n’est point au-dessus de sa puissance.

Personne ne portera l’iniquité d’autrui. En vain vous voudriez qu’un autre se chargeât d’une partie de votre fardeau. Les liens du sang ne vous feront pas obtenir cette faveur. Avertis ceux qui, fidèles à la prière, nourrissent dans le secret la crainte du Seigneur, que l’aumône a un prix aux yeux du Très-Haut, et que les hommes retourneront à lui.

On ne comparera pas l’aveugle à celui qui voit, les ténèbres à la lumière, et la chaleur au froid.

On ne comparera pas la vie à la mort. Dieu donne l’intelligence à qui il lui plaît. Tu ne saurais faire entendre ceux qui reposent dans le tombeau. Ton ministère se borne à la prédication.

Messager de la foi, la vérité t’accompagne. Annonce nos promesses et nos menaces. Il n’est point de nation qui n’ait eu son apôtre.

Si l’on nie ta doctrine, les prophètes venus avant toi subirent le même sort, quoique les miracles, la tradition et les livres divins attestassent la vérité de leur mission.

La mort surprit les incrédules ; et quel fut leur châtiment !

N’as-tu pas vu comment Dieu verse la pluie des nuages ? Elle fait éclore les fruits diversement colorés. Les sentiers des montagnes sont rouges, blancs, ou de diverses couleurs. Le corbeau est noir ; l’homme et les animaux offrent une prodigieuse variété de nuances. Ceux qui ont la science, craignent le Seigneur, parce qu’il est puissant et miséricordieux.

Ceux qui lisent le livre divin, qui font la prière, l’aumône, en secret et en public, attendent un bien qui ne périra point.

Dieu les récompensera. Il leur départira les dons de sa magnificence. Il est miséricordieux et reconnaissant.

La religion que nous t’avons révélée est la véritable. Elle confirme les livres saints qui l’ont précédée. Dieu observe d’un œil attentif la conduite de ses serviteurs.

Nous avons donné le Coran pour héritage à nos élus. Quelques-uns d’eux s’abandonnent à l’iniquité. Le plus grand nombre a embrassé la vertu ; d’autres s’efforcent de se surpasser dans la pratique des bonnes œuvres ; c’est le comble de la perfection.

Les jardins d’Éden seront leur habitation. Des colliers d’or ornés de perles, et des habits de soie formeront leur parure.

Louange à Dieu, s’écrieront-ils ! il a écarté de nous la peine ; il est miséricordieux et reconnaissant.

Il nous a introduits dans le palais éternel, séjour de sa magnificence. La fatigue ni la douleur n’approcheront point de cet asile.

Les infidèles, au milieu des brasiers de l’enfer, ne pourront trouver la mort. Jamais la rigueur de leurs tourmens ne s’adoucira. C’est ainsi que l’impie sera récompensé.

Ils élèveront vers le ciel leurs cris plaintifs : Seigneur, retire-nous des flammes, nous ferons le bien que nous avons omis. N’avons-nous pas prolongé vos jours, leur répondra-t-on, afin que celui qui devait suivre la lumière ouvrît les yeux ? N’avez-vous pas reçu un apôtre ?

Subissez votre sort. Il n’y a point de secours pour les infidèles.

Dieu connaît les mystères du ciel et de la terre. Il lit au fond des cœurs.

Il vous a établis sur les ruines des générations passées. L’infidélité de l’impie l’accablera de son poids, et attirera sur lui le courroux et la vengeance du ciel.

Demandez aux idolâtres : Que pensez-vous de vos dieux ? Montrez-moi ce qu’ils ont créé sur la terre. Partagent-ils avec le Tout-Puissant l’empire des cieux ? Leur avons-nous donné un livre sur lequel ils puissent fonder leur culte ? Les trompeurs ne sauraient promettre que la fraude.

Dieu soutient les cieux et la terre. S’ils s’écroulaient, quel autre bras que le sien pourrait en arrêter la chute ? Il est clément et miséricordieux.

Ils ont promis à Dieu, par les sermens les plus solennels, que s’il leur envoyait un apôtre, ils s’empresseraient de suivre sa doctrine. L’apôtre a paru, et leur aversion pour la foi s’est augmentée.

Livrés à l’orgueil, ils ont formé des projets coupables ; mais la perfidie ne retombe que sur son auteur. Qu’attendent-ils, si ce n’est le sort de leurs prédécesseurs ? car les décrets de Dieu sont immuables.

Non, le ciel ne révoque jamais les arrêts qu’il a prononcés.

N’ont-ils pas parcouru la terre ? N’ont-ils pas vu quelle a été la fin déplorable des peuples qui, avant eux, marchèrent dans les voies de l’iniquité ? Ils étaient plus forts et plus puissans qu’ils ne sont ; mais rien, dans les cieux et sur la terre, ne peut s’opposer aux volontés du Très-Haut. La science et la force sont ses attributs.

Si Dieu punissait les hommes dès l’instant où ils sont coupables, il ne resterait point d’être animé sur la terre. Il diffère ses châtimens jusqu’au terme marqué.

Lorsque le temps est venu, il distingue les actions de ses serviteurs.


  1. Celui qui lira le chapitre des anges verra un jour les huit portes du paradis s’ouvrir devant lui, et il entrera par celle qu’il voudra. Zamchascar.