Coran Savary/048

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 269-273).





LA VICTOIRE.


donné à la mecque, composé de 29 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


Nous t’avons accordé une victoire éclatante[1].

Dieu t’a pardonné tes fautes[2] ; il a accompli ses grâces, et il te conduira dans le sentier de la justice.

Sa protection est pour toi un bouclier puissant.

C’est lui qui a fait descendre la sécurité dans le cœur des fidèles, et qui a fortifié leur foi. Il commande aux milices du Ciel et de la terre. Il est savant et sage.

Il introduira les croyans dans les jardins où coulent des fleuves, et les purifiera de leurs taches. Ils jouiront dans le séjour éternel de la souveraine béatitude.

Les impies, les idolâtres, et ceux qui blasphèment, seront rigoureusement punis. Le courroux et la malédiction du ciel les poursuivront. L’enfer sera leur funeste demeure.

Dieu a sous ses ordres les armées du ciel et de la terre ; il est puissant et sage.

Nous t’avons envoyé pour rendre témoignage à la vérité, et pour prêcher nos promesses et nos menaces.

Croyez en Dieu, défendez la cause du ciel, glorifiez le Seigneur, et publiez ses louanges le matin et le soir.

Ceux qui te prêtent serment de fidélité, le prêtent à Dieu. La main de l’Éternel est sur leur main. Celui viole la sainte alliance, est coupable d’un parjure ; celui qui l’observe fidèlement en recevra la récompense glorieuse.

Les Arabes qui n’ont point sorti pour combattre[3], diront : Nos facultés et le soin de nos familles ont été un obstacle pour nous ; prie Dieu de nous pardonner. Leur cœur dément ce que leur bouche profère. Réponds-leur : Qui arrêtera le bras du Tout-Puissant, s’il a dessein de vous punir ou de vous récompenser ? Il connaît vos actions.

Vous avez pensé que le prophète et les fidèles étaient pour jamais séparés de leurs familles. Vos cœurs ont évidemment saisi cette opinion. Elle vous a trompés. Elle causera votre perte.

Que ceux qui ne croient point en Dieu et en son envoyé sachent que nous avons allumé des brasiers pour les incrédules.

L’empire du ciel et de la terre appartient au Très-Haut. Il punit ou pardonne à son gré. Il est indulgent et miséricordieux.

Allez-vous enlever des dépouilles assurées ? Ceux qui sont restés au sein de leurs maisons, veulent marcher avec vous, et changer le précepte du Seigneur. Dis-leur : Vous ne nous suivrez point ; la défense du ciel est formelle. L’envie, continuent-ils, vous dicte cette défense. Point du tout ; mais peu d’entre eux ont l’intelligence des lois.

Dis aux Arabes qui ont resté au sein de leurs familles : Nous vous inviterons à combattre contre une nation puissante et belliqueuse ; lui ferez-vous la guerre jusqu’à ce qu’elle ait embrassé l’islamisme ? La félicité sera le prix de votre obéissance. Si vous refusez de marcher comme vous l’avez déjà fait, attendez la vengeance céleste.

L’aveugle, le boiteux, le malade, sont dispensés de combattre. Quiconque suivra Dieu et le prophète aura pour partage les jardins arrosés par des fleuves. Ceux qui retourneront sur leurs pas sont destinés aux supplices.

Dieu a regardé d’un œil complaisant les croyans, lorsqu’ils t’ont prêté serment de fidélité[4] sous l’arbre. Il lisait au fond de leurs cœurs ; il leur a envoyé la sécurité. Une victoire éclatante a couronné leur dévouement.

Un riche butin en a été le prix. Dieu est puissant et sage.

Il vous l’avait promis ; il s’est hâté de vous en rendre maîtres. Il a détourné de vous le fer de vos ennemis[5], afin de donner aux fidèles un signe de sa protection, et de vous affermir dans la vraie foi.

D’autres dépouilles plus précieuses encore sont dans ses mains. Il est prêt à vous les livrer. Rien ne borne sa puissance.

Si les infidèles eussent combattu, ils auraient pris la fuite, et ils n’auraient trouvé ni asile ni protecteur.

La loi de Dieu est telle qu’elle était auparavant. Ses décrets sont immuables.

Il arrêta le bras de vos ennemis dans les murs de la Mecque, et suspendit vos coups après qu’il vous eut accordé la victoire. Il est attentif à vos actions.

Les îdolâtres voulaient vous écarter du temple saint, et empêcher vos offrandes d’y parvenir. Si la crainte d’envelopper dans leur ruine une foule de croyans mêlés parmi eux, et de vous rendre coupables par ignorance, ne vous avait retenus, vous les auriez exterminés. S’ils eussent été séparés, nous les aurions punis sévèrement.

Tandis que les idolâtres entretenaient dans leurs cœurs la fureur d’un fanatisme aveugle, Dieu envoya la paix au prophète et aux fidèles. Ils firent leur profession de foi, et devinrent plus dignes de cet acte religieux. La science de Dieu embrasse l’univers.

La vérité éternelle a accompli la révélation qu’eut le prophète quand elle fit entendre ces mots : Vous entrerez dans le temple de la Mecque, sains et saufs, la tête rasée, et sans crainte. Dieu sait ce que vous ignorez. Il vous prépare une victoire prochaine.

Le Tout-Puissant a envoyé le prophète pour prêcher la vraie foi, et pour l’établir sur la ruine des autres religions. Son témoignage te suffit.

Mahomet est l’envoyé de Dieu. Ses disciples sont terribles contre les infidèles, et humains entre eux. Vous les voyez se courber, adorer le Seigneur, implorer sa miséricorde, uniquement occupés du soin de lui plaire. Les marques de leur piété paraissent sur leur front. Le Pentateuque et l’Évangile comparent leur zèle au grain de froment qui produit un tuyau. Il croît, il grossit, et s’affermir sur ses racines. Le moissonneur le voit avec complaisance. Tels sont les fidèles. Leurs vertus excitent la rage des méchans ; mais Dieu a promis sa miséricorde à ceux qui ont embrassé la foi, et qui ont exercé la bienfaisance. Il leur destine une récompense glorieuse.


  1. Cette victoire est la prise de la Mecque. Voyez vie de Mahomet, huitième année de l’hégire.
  2. C’est d’avoir été quarante ans idolâtre. Zamchascar.
  3. Ces Arabes sont ceux que Mahomet avait engagés à le suivre, et que la crainte des Coreïshites avait retenus.
  4. Environ treize cents hommes jurèrent à Mahomet qu’ils combattraient les Coreïshites jusquà la mort, et qu’ils ne prendraient jamais la fuite. Gelaleddin.
  5. Mahomet était campé près de la Mecque. Quatre-vingts idolâtres rôdaient autour de son camp pour tuer quelques-uns de ses soldats ; ils furent faits prisonniers. Il leur pardonna et les renvoya libres. Sa clémence servit à établir la paix et la concorde. Gelaleddin.